Évènement du 21 avril entre 811 et 838 :

Consécration de la première cathédrale Saint-Jean de Besançon - Histoire de cet édifice.
Des origines au XIème siècle
Besançon était depuis la fin du IIIème siècle, la capitale de la province de la
grande Séquanaise. Le premier évêque de Besançon connu par les sources était Pancharius, attesté en 346 (souscription des évêques de la Gaule à Cologne).
À cette époque, il y avait déjà plusieurs bâtiments, une église principale, une secondaire, la résidence de l’évêque, et cet ensemble formait l’église épiscopale. Les noms de Saint-Etienne, Sainte-Marie et Saint-Jean-Baptiste
étaient portés par ces premiers édifices.
Les premières traces écrites de ces premiers édifices sont rares, un document du VIème siècle, indique que la sépulture de l’évêque
Silvestre (†592/595) se trouvait dans la crypte de la basilique. Au VIIème siècle, l’évêque de Besançon avait rang de
métropolitain, en 614 au concile de Paris, l'évêque Protadius siégeait parmi les douze métropolitains de la Gaule.
Comme nous venons de le voir, les époques burgonde et mérovingienne nous fournissent très peu d’indication écrite sur la nature des éléments, ce sont les fouilles ultérieures qui nous
permettent d’avancer des conjonctures.
Tout change sous l’épiscopat de Bernoin, archevêque de Besançon (connu entre 811 et 838), il signa le testament de Charlemagne en 811. Il consacra
cette première cathédrale carolingienne dite de Saint-Jean un 21 avril
pendant son épiscopat. C’était un édifice de 65 m de long, qui ressemblait à
la cathédrale contemporaine de Cologne, et édifié à la place de l’actuelle.
Même si la cathédrale prit le nom de
Saint-Jean, le maitre-autel demeura Saint-Etienne, et on continua de nommer le diocèse de Besançon, « chapitre de Saint-Etienne ». Cette nomination provoquera plus tard, une longue querelle entre l’ancien chapitre
« de Saint-Jean et Saint-Etienne » et le nouveau chapitre de « Saint-Etienne ». Nous l’évoquerons ultérieurement.
Avec l’arrivée de Hugues de Salins, à la tête de l’archevêché (1031 à 1066), la cathédrale Saint-Jean de Besançon sera restaurée peu de temps avant sa mort en 1061. Hugues s’était consacré
à la construction de l’église Saint-Etienne sur le Mont en 1033, à la transformation de l'abbaye Saint-Paul en collégiale Sainte-Marie-et-Saint-Paul au centre de la ville,
et de l'édification de l’église Sainte-Madeleine dans le quartier Battant.
En 1048, l’archevêque accueilli dans sa cité, son ami le pape Léon IX, ce dernier consacra les églises Saint-Étienne et Sainte-Madeleine de Besançon. Hugues de Salins sera inhumé dans la cathédrale.
La querelle des chapitres
Lorsqu’il fit construire l’église Saint-Etienne, l’archevêque Hugues de Salins lui avait institué un chapitre nombreux pour la servir. Les 2 chapitres devaient vivre dans le même quartier
et présider tous les 2 à l’élection des archevêques. En 1092, l’archevêque Hugues de Bourgogne, frère du futur pape Calixte II, reçut
une réclamation du chapitre de Saint-Etienne qui réclamait la préséance au
titre que son église était « l’église-mère » du diocèse. Hugues rejeta cette
prétention. Mais les chanoines de Saint-Etienne revinrent à la charge en
1107 et obligèrent l’archevêque Ponce à démissionner. Guillaume d’Arguel, le
nouvel archevêque reçut de l’aide de Guy de Bourgogne, archevêque de Vienne et futur Calixte II, qui fit
confirmer « l’ancienneté du chapitre de Saint-Jean » par le pape Pascal II
en 1112. Mais les chanoines insistèrent et portèrent leur recours auprès de l’empereur Henri V. Le pape Pascal II convoqua un concile à Tournus en 1115, sous la présidence de Guy de Bourgogne, son légat, qui confirma
la décision antérieure. Mais voilà, les chanoines insistèrent de nouveau et
réussissaient à convaincre le pape, qui désavoua son légat en 1116, l’église de Saint-Etienne
fut considérée comme l’église-mère, ce qui obligea Guillaume d’Arguel à
démissionner. Mais en 1119, Guy de Bourgogne fut
élu pape à Cluny et tout changea par 2 bulles en 1121 et 1122 et un concile à Rome en 1123, le nouveau pape Calixte II confirma
la primauté ou la « maternité » du chapitre de Saint-Jean, les chanoines de
Saint-Etienne s’inclinèrent. Pour autant, les chanoines s’opposèrent régulièrement aux archevêques, notamment contre Amédée de Dramelay en 1197, Geoffroy en 1238, puis sous l’épiscopat de Guillaume de la Tour,
en 1253, le légat du pape trouva la solution en fusionnant les deux chapitres. Après 140 années de querelles, le conflit fut terminé.
La reconstruction du XIIe et les transformations au XIIIème siècle
Le 5 mai 1148 eut lieu une cérémonie dans la cathédrale Saint-Jean, en présence du pape Eugène III qui
était réfugié en Bourgogne.
L'archevêque Humbert de Scey, qui venait de faire réparer la cathédrale, pria le pape Eugène III de bien vouloir la bénir. Le pontife se rendit à Besançon
et en présence de plusieurs prélats consacra le nouvel édifice,
mais également huit autels. Les travaux de reconstruction avaient débuté en 1120 sous l’épiscopat d’Anséric, le nouveau bâtiment reprenait les grandes lignes du précédent. Il nous est parvenu en grande partie.
En 1212, un incendie ravagea la charpente de l’église romane. L’archevêque Amédée de Dramelay lança des souscriptions pour sa restauration. Les travaux furent terminés en 1246, et on procéda à la translation des reliques
des protomartyrs saints Ferréol et Ferjeux. Lors de ces travaux la cathédrale se transforma partiellement en édifice gothique.
L‘édifice du XVIe au XVIIIème siècle
Du XVe au XVIIème siècle, Besançon et la Franche-Comté
appartenaient à l’empire des Habsbourg, et l’intérieur de la cathédrale va conserver les apports culturels de cette période.
De nombreuses chapelles seront érigées et richement décorées. Ce fut aussi l’époque des 2 puissantes familles de la province les Bonvalot et Granvelle, liées par mariage et tout proche du pouvoir des Habsbourg,
de Charles Quint, à Marguerite d’Autriche, puis Philippe II d’Espagne. Entre 1552 et 1564, Nicole de Granvelle fit édifiée la chapelle de son frère François Bonvalot.
Le 23 février 1729, la tour-clocher de la cathédrale
s’effondra dans un bruit assourdissant en entrainant une partie de la nef.
Les grosses cloches ne furent pas cassées lors de leur chute, et l’édifice
étant vide, il n’y eut aucun blessé. Les travaux de reconstruction
commencèrent en mai 1731 et seront prévus pour une durée de 5 ans. Les derniers travaux furent réalisés en 1738. L’intérieur de l’édifice
fut décoré pose de nouvelles peintures, tableaux, sculptures, retables, marbres, pavements, des aménagements seront opérés par la création de 2 chapelles sur les flancs de celle abritant le Saint-Suaire, tout au long du
XVIIIème.
La démolition de l’église Saint-Etienne au XVIIème siècle
Il nous faut évoquer le triste destin de cette église située sur le Mont. Cette église fondée par Hugues de Salins au XIe abrita
les sépultures des archevêques mais aussi ceux qu’on appelait les « casati » de Saint-Etienne, à savoir les comtes de Bourgogne, les seigneurs de Montfaucon, les vicomtes de Besançon, les seigneurs d’Abbans, les seigneurs de Scey-en-Varais, les seigneurs d’Arguel
et les seigneurs de Montmorot.
Toute commença lors de la première conquête française
de Février 1668, Louis XIV souhaitait la construction d’une citadelle sur le Mont. Vauban en sera le maitre d’ouvrage, il conçut
le
plan et fit commencer les travaux, mais en mai le
traité d’Aix-la-Chapelle redonna la Franche-Comté à l’Espagne. Les Espagnols reprirent le projet et poursuivirent
les travaux selon le plan de Vauban. Les premières démolitions de bâtiments
ecclésiastiques commencèrent, en principe l’église Saint-Etienne n’était pas
menacée mais au fur et à mesure des travaux, et dès mars 1669, les chanoines
quittèrent les maisons et mirent à l’abri
les mobiliers précieux de l’édifice : le Saint-Suaire, les reliques, les tableaux, les livres liturgiques, les ornements, les cloches, l’orgue et l’horloge.
Fin 1671, l’église fut complètement abandonnée et
commença à tomber en ruine. Et puis à la seconde conquête française
en mars 1674, l’édifice fut incendié lors des combats. Vauban
fera construire sur cette église, un édifice de guerre, qu’il nommera « front Saint-Etienne ». Le 31 mai, on retira le maitre-autel, un autel circulaire en marbre blanc dit « La Rose de Saint-Jean », qui avait été
consacré en 1050 par le pape Léon IX. C’était la fin de l’église Saint-Etienne.
Dans l’été 1674, les tombes dans l’église furent transférées dans la cathédrale de Saint-Jean, ce fut le cas des archevêques, des comtes de Bourgogne (Renaud Ier,
Guillaume Ier,
Renaud III,
Guillaume IV et Othon Ier), et quelqu’une des familles seigneuriales et des chanoines.
L‘édifice du XIXème à aujourd’hui
La cathédrale passa sans trop de dommages, la période révolutionnaire. Un nouveau
maitre-autel fut réalisé entre 1829 et 1830. D’autres travaux furent réalisés, l’éclairage de la nef entre 1849 et 1853 et les vitraux de la nef entre 1873 et 1874. Entre 1935 et 1951 les vitraux de la première,
seconde et quatrième chapelle du bas-côté gauche ainsi que ceux de l'abside occidentale furent remplacés, se furent les derniers travaux.
Au XIXème, des tableaux sur toile des
comtes de Bourgogne, furent réalisés d'après d'anciennes fresques datant du XVème siècle qui ornaient les tombeaux des comtes de Bourgogne dans l’église Saint-Etienne, et furent installées dans la chapelle du Sacré-Cœur.
La cathédrale et son plan :


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