Évènement du 1 novembre 893 :
La comtesse et abbesse Ava lègue à son frère le duc d'Aquitaine et comte de Mâcon Guillaume le Pieux, la villa de Cluny.
Origine
Cette transaction est connue sous le nom de « Testament d'Ava », nous avons ce document dans la charte n°53 du cartulaire de Cluny, au moment de l’abbatiat d’Odon. C’est un document
de droit privé. Celui-ci n'est souscrit par aucune autorité religieuse ; cependant, on y voit la signature d’une autorité civile : le vicomte de Mâcon Raculfe, qui se trouve là pour valider juridiquement l’acte, non
comme mandataire privé du comte. On ne nous dit pas si le comte Guillaume, donataire, était présent, mais tout l’indique dans la rédaction « dono tibi, fratri meo », néanmoins Guillaume ne signe pas la charte.
En fait, il s’agit d’un échange, Ava donne Cluny à Guillaume, en échange celui-ci lui donne une villa nommée Audoenis dans le comté de Chaumont-Porcien (comitatu Calmontensi) dans
les Ardennes.
Pas plus qu’en 825, cette donation de Cluny n’est faite en faveur du comté de Mâcon : elle est faite à la personne de Guillaume-le-Pieux. Cluny restera un alleu. L’occasion de remarquer
que Guillaume est qualifié de glorieux comte « glorioso comiti », mais que le terme « de Mâcon » n’est pas accolé à sa titulature, pour éviter tout méprise. Jamais, en fait, cette villa de Cluny n’a fait partie du
domaine comtal de Mâcon.
D’où vient cet héritage ?
Ava a certainement reçu Cluny de ses parents, comme élément nous pouvons préciser le fait qu'Ava ait été enterrée à Cluny aux côtés du
comte Guérin V (fondateur du prieuré de 825),
ensuite elle signe « Ava abbatissa ». Une abbesse peut-elle conserver des propriétés personnelles après avoir fait ses vœux monastiques ? La Règle de Saint-Benoît s’y oppose sauf certains biens personnels reçus en
héritage personnel. Enfin cette transaction est signée peu de temps après l’obtention par Guillaume-le-Pieux de l’abbatiat de Brioude. Les biens personnels de l’abbesse Ava sont donnés par elle à quelqu’un qui lui
aussi est un abbé.
Contenu de la donation :
Cluny, au moment du testament d'Ava, constitue déjà une petite seigneurie, aux contours difficiles à déterminer avec précision faute d’une liste explicite, mais qui forme le noyau
primitif du futur patrimoine de l'abbaye qui sera restauré
en 908 par Guillaume. Dans la charte, il est dit : « Cette commune avec tout ce qui s'y rapporte, tant dans les églises que dans les chapelles, les domestiques
des deux sexes, les manoirs, les houx, les herbiers, les champs cultivés et incultes, les vignes, les prairies, les moulins à farine, les cours d'eau ».
L'acte de donation de Cluny :
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