Évènement du 1 novembre 921 :
Décès du premier duc de Bourgogne Richard dit le Justicier.
Qui est-il ?
Il est le fils d’un noble de Lotharingie, Bivin, qui fut comte et peut-être abbé laïc à Gorze (près de Metz), et d’une noble dame
dont le nom est inconnu, qui était la fille du comte Boson de Verceil, sœur
de l'impératrice Teutberge. Ce comte Bivin, serait un descendant de
Jérôme, fils naturel de Charles Martel. Richard, a deux frères connus,
Boson, comte de Vienne, comte de
Lyon, duc de Provence, duc d'Italie, futur roi de Provence ou Bourgogne, et Bivin, lui comte à Gorze ; et une sœur Richilde.
Il a du naître vers 855.
Sa vie politique sous Charles le Chauve et Louis le Bègue :
Sa montée en puissance, est liée au mariage le 22 janvier 870, de Charles le Chauve, avec sa sœur Richilde, qui était probablement la
maîtresse du roi. Le roi s’appuie alors sur son nouveau beau-frère Boson, pour gouverner. Boson entraine avec lui dans sa progression, son jeune frère Richard. Ce mariage va permettre à la famille de la mariée,
les Bosonides, d’atteindre les plus hautes sphères du pouvoir.
Le 25 décembre 875, Richard assiste au couronnement de Charles le Chauve,
et de sa sœur Richilde, comme empereur et impératrice d'Occident, à Rome par le pape, avec son frère Boson.
En février 876, Boson reçoit à Pavie le titre de vice-roi d'Italie, au départ de Charles le Chauve pour la Francie. Cette même année, il épouse Ermengarde,
la seule fille survivante du défunt Louis II, empereur d'Occident et roi
d'Italie.
Rappelé début 877, par Charles le Chauve, Boson confie l’Italie et la Provence, à son frère Richard et au comte d'Auxerre, Hugues l’Abbé, avec le titre de missus. En mars, les deux hommes
souscrivent les premiers, le testament de l'impératrice douairière Engelberge.
À la mort de Louis II le Bègue,
fils de Charles le Chauve, le 11 avril 879, les insignes royaux sont donnés
à Thierry le Chambrier, pour qu’il les apporte aux deux fils du souverain,
Louis III et Carloman. Thierry a besoin de l’appui de Boson, qui est aussi
son beau-fils, depuis son remariage avec la mère de Boson.
Aussi pour faire accepter par les Grands, la succession de Louis, les deux hommes passent un accord
par un échange, Thierry donne
le comté d’Autun à Boson, et ce dernier lui donne les églises qu’il possède dans cette région.
Sa vie politique pendant la royauté de son frère :
Il est présent le
15 octobre 879, au concile de Mantaille, près de Vienne, qui élève à la royauté son frère Boson. Dans la lutte pour le maintien à la tête de son royaume, Boson ne
semble pas avoir compter sur une prise de position très claire de son frère Richard. Le comte Richard qui s'accapare ou obtient le comté d'Autun, en 880, au détriment de Boson, avec l'appui des rois de Francie, n'est pas son frère.
Il s'agit du fils de Thierry le Chambrier, l'ex-comte d'Autun, qui s'appelle
également Richard, mais qui est son demi-frère, depuis le remariage de sa
mère.
Mais c'est peut-être Richard, frère de
Boson, qui en 882, vient chercher sa belle-sœur, la reine Ermengarde, son neveu
Louis et ses deux nièces Engelberge et Ermengarde, à Vienne, pour les emmener sur ses terres en Bourgogne.
Le centre de gravité de ses pouvoirs, est le nord de la Bourgogne, avec Auxerre et Sens. Il est très proche de la famille des Welfs,
notamment du duc de Francie, comte
d'Auxerre et abbé laïque de Saint-Germain d'Auxerre, Hugues l'Abbé, il épousera d'ailleurs sa nièce,
Adélaïde, fille du défunt comte d'Auxerre et duc de Bourgogne Transjurane, Conrad. Ces deux frères sont très proches de
la famille des Robertiens, car leur mère Adélaïde s'étant remarié, avec le duc Robert le Fort, les deux fils de ce remariage, Eudes et Robert, les deux futurs rois de Francie sont leurs demi-frères utérins.
Richard gravite dans la plus haute sphère politique du royaume.
Vers 886, à la mort de Hugues l'Abbé, il entre en possession du comté d'Auxerre et de
l'abbaye de Saint-Germain, mais aussi de l'abbaye de Sainte-Colombe de Sens. Cette
transmission est peut-être liée au futur mariage ou au mariage de Richard avec Adélaïde, nièce de Hugues.
A la destitution en 887, puis la mort de l'empereur d'Occident, Charles le Gros, en 888, l'empire
carolingien se disloque, des émancipations d’indépendance se font jour, les différents royaumes se donnant un souverain, Eudes en Francie, Arnulf en Germanie, Bérenger en Italie,
Rodolphe en Bourgogne. Richard prend le parti de son oncle par alliance le robertien Eudes, en Francie.
Il se fait d'ailleurs confirmer ses possessions par le nouveau roi des Francs Eudes, en juin 891.
Son aide à son neveu après le décès de son frère :
Après la mort de son frère, le roi Boson, en janvier 887, un plaid important est tenu à Varennes, en 890, dans la Bourgogne, sous la présidence de la reine douairière Ermengarde et du
princeps de Bourgogne Richard dit le Justicier, il réunit entre-autres, Rostaing, archevêque d’Arles, les comtes Teutbert d’Avignon, Adalelme de Valence, Gui de Dijon et Rainard vicomte d’Auxerre. Cette assemblée évoqua
les troubles internes en Bourgogne Transjurane, en Provence, en Bourgogne Cisjurane et en Italie. Elle statua sur le soutien à Louis, fils de Boson.
A l’hiver 890 à Valence
Louis est reconnu comme roi de Provence ou roi d'Arles ou roi de Bourgogne Cisjurane, sur un territoire pratiquement similaire à celui de son père, son oncle
le duc Richard le Justicier assure la régence, et Barnoin, archevêque de Vienne, est nommé archichancelier de ce royaume.
A cette date, les trois Bourgognes (française,
Transjurane et Cisjurane) sont maintenant dans les mains de personnages ayant des liens de parenté multiples : Richard est l’oncle de Louis,
sa femme est la sœur de Rodolphe, Rodolphe épouse la sœur de Louis et donc la nièce de Richard, enfin Louis épouse la fille de Rodolphe, née d’un premier mariage.
La mise en place
progressive du duché de Bourgogne :
Début 888, les Normands (Nortmanni dans
les chroniques) sont aux portes de Dijon, la ville est défendue par le comte Manassès, elle résiste, les
vikings pillent la campagne. Richard épouse à cette période, Adélaïde de
Bourgogne.
Vers 893, les luttes en Francie, entre Eudes et Charles dit le Simple,
fils posthume de Louis le Pieux, à la tête du royaume, occupent les Grands du royaume, notamment depuis le couronnement de Charles.
Il y a deux rois en Francie. Le roi Charles pour se concilier Richard se rend à Chalon-sur-Saône en mai et séjourne quelques jours dans la région, mais Richard conserve sa neutralité dans la lutte qui oppose Charles
à Eudes.
Puis en 894, Richard soutient le comte Manassès, qui s’empare de l’évêque de Langres, Thibaut, car ce dernier conteste l’élection de Gales
ou Walon, frère de Manassès sur le siège d’Autun.
En 895, le conflit oppose Richard et Manassès contre l’archevêque Gautier de Sens sur la vacance du siège de Troyes. Richard et Manassès triomphent, Thibaut et Gautier sont remplacés
par des ecclésiastiques favorables à leur cause, et sur les comtés, Richard installe des fidèles : Garnier est nommé vicomte à Sens, et Rainard,
frère de Manassès, est vicomte à Auxerre.
À la mort d’Eudes, en 898, Richard est l’un des
Grands qui peut prétendre à la couronne, mais comme les autres, il reconnaît Charles III le Simple, le Carolingien,
et dans le
même temps, le nouveau souverain reconnaît l’autorité de Richard sur la Bourgogne. Cette même année, les
vikings hivernent entre Tonnerre et Montbard, mais Richard les surprend et les défait à Argenteuil, puis
à Saint-Florentin, et les repousse dans la vallée de la Seine.
Au plaid de Courtenot en 901, Richard agit en véritable souverain de la Bourgogne, il règle un conflit entre les moines de Montiéramey et le comte Renard de Bar-sur-Seine, frère
de Manassès. Dès cette année, la légitimité de Richard le Justicier est acquise sur les villes d'Auxerre, d'Avallon, d'Autun, de Beaune, de Brienne, de Chalon, de Dijon, de Langres, de Nevers, de Sens et même de Troyes.
Sur les dix-huit comtés de la Bourgogne franque, quatorze sont soumis à Richard.
Il lui manque en-autre le Mâconnais.
À partir de cette date, Richard occupe la première place au conseil du roi et prend le titre de marquis de Bourgogne. il s'appuie beaucoup sur le comte de Dijon, Manassès,
qui devient son bras droit.
En juillet 911, la coalition des troupes de Robert, duc des Francs, de Richard le Justicier, marquis de Bourgogne, et son bras droit le comte Manassès Ier de Dijon, et d’Ébles d’Aquitaine,
comte de Poitiers, lance une contre-attaque contre les Normands et leur fait subir une terrible défaite, le 20 juillet, en plein cœur de la Beauce, dans l’actuelle commune de Lèves près de Chartres, plus de 6 000
vikings
sont tués.
Vers 918, Richard est nommé duc, et c'est lui qui sur la demande des chanoines de Langres, et de son fidèle Manassès Ier, comte de Dijon, restitue aux dits chanoines diverses possessions,
qui leur avaient été données autrefois par le comte Amédée, l'acte est du 18 mai 918.
L’unité autour de Richard cimente ce sentiment bourguignon qui existe sur cette contrée depuis les Burgondes et qui se maintient sur les siècles suivants. Il s’installe le plus souvent
à Dijon, au détriment d’Autun et prépare le changement de capitale de la Bourgogne franque. Le facteur décisif du maintien dans le royaume franc de la Bourgogne franque, est l’œuvre de Richard le Justicier, mais ce sont
surtout les luttes contre les Normands ou vikings qui cimentent ce duché très fragile à son début. La disparition du duc Richard, le 1er septembre 921, est ressentie comme une grande perte pour toute la Bourgogne.
Son corps est déposé dans la cathédrale Sainte-Colombe de Sens.
Sa descendance :
II se marie vers 887/888, avec Adélaïde de Bourgogne, sœur du nouveau roi Rodolphe Ier de Bourgogne, fille du
duc de Bourgogne Transjurane, Conrad, nièce du comte d'Auxerre, Hugues l'Abbé. Le couple aura 3 enfants,
Raoul ou Rodolphe qui sera roi de Francie, Hugues dit le Noir, qui sera comte et marquis en Bourgogne et Boson,
qui sera comte en Lotharingie.
Denier de Richard le Justicier :
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