Évènement du 13 mars 1131 :

Fondation de l’abbaye cistercienne à la Bussière-sur-Ouche.
Son histoire
En 1131 Garnier II, sire de Sombernon, fonde une abbaye à Aseraule et par une charte du 13 mars de la même année lui donne le village appelé « Tres Valles » ou Trois Vallées avec tout son territoire, à quelques lieues
au sud-ouest de Dijon dans la partie la plus sauvage de l’étroite vallée arrosée par l’Ouche, à une quarantaine kilomètre de Cîteaux.
Garnier pour peupler sa fondation s’adresse à l’abbé de Cîteaux, Étienne Harding, qui lui envoie une colonie de treize moines avec à leur tête un nommé Guillaume qui sera leur abbé.
La communauté est reconnue lors du chapitre général de l’Ordre tenu à Cîteaux le 20 octobre 1131, en présence du duc Hugues II de Bourgogne, de la duchesse Mathilde, et de leurs enfants Hugues, Robert, Henri, Raimond et Gauthier. Elle est la
dixième abbaye fille de Cîteaux. Lors de cet évènement le sire de Sombernon renouvèle les donations qu’il avait précédemment faites. D’autres seigneurs laïques et religieux font des concessions à la nouvelle abbaye, notamment les terres concédées par le
prieur Burchard de Saint-Vivant de Vergy.
Hélas, le site d’Aseraule ne devait pas subsister longtemps ses bâtiments n’étaient pas encore achevés lorsqu’un violent incendie les réduisit en cendres. Mais loin de se laisser décourager
le sire de Sombernon se remit immédiatement à l’œuvre et au lieu de relever sur le même emplacement les bâtiments détruits il transporta le siège de la communauté sur les bords de l’Ouche au centre de la villa qui avait
fait l’objet de sa donation primitive et qui changea son nom de « Tres Valles » pour prendre celui de « Buxeria » ou La Bussière. Non content de renouveler ses dons antérieurs Garnier acquit de plusieurs particuliers les biens
qu’ils possédaient dans les environs pour en doter l’abbaye.
Garnier décède en 1145, il ne verra pas la fin de la construction de l’église du monastère, qui est consacrée en 1172, par Pierre, archevêque de Tarentaise, légat du pape,
ancien abbé de La Ferté-sur-Grosne, en route pour rencontrer les rois de Francie et d’Angleterre. Cette église est aujourd’hui toujours visible, par contre le cloitre et le couvent
ont disparus. La tombe des quatre premiers abbés est visible à l’intérieur de l’abbaye (Guillaume, Pierre, Hugues et Galon).
Les exemples de libéralité donnés par le sire de Sombernon et le duc de Bourgogne ne tardèrent pas à porter leurs fruits. Dès la fin du XIIème siècle et pendant le cours du XIIIème
les possessions de l’abbaye s’accroissent avec une incroyable rapidité non seulement dans les environs de La Bussière mais encore à Dijon (une maison donnée par le duc Eudes III en 1196), à Beaune (construction d’un hôtel
particulier sur une terre donnée par Jean de Pommard en 1190), à Semur-en-Auxois et à Vitteaux.
L’abbaye de la Bussière connait son apogée à la fin du XIIIème siècle, après les donations nombreuses des seigneurs de Sombernon, de Montagu, de Mâlain et de Marigny, tous ses seigneurs
étaient parents, descendants de la famille de Garnier II de Sombernon et d’Alexandre de Montagu, fils cadet du duc Hugues III de Bourgogne. À l’intérieur de l’abbaye nous trouvons les tombeaux du couple qui réunit les
deux familles, Guillaume Ier de Montagu, seigneur de Montagu et de Marigny-le-Cahouët, et son épouse Jacquette de Sombernon, dame de Sombernon et de Mâlain. Nous pouvons également ajouter à la longue liste des bienfaiteurs
de l’abbaye, les noms des sires de Châtellenot, de Charny, de Chaudenay, de Saffres et de Commarin. Parmi les donations, nous pouvons citer la concession en 1211, par Guillaume II, seigneur de Marigny-sur-Ouche, à l’abbaye
de La Bussière du droit d’extraire du minerai de fer de la mine et d’y établir une forge à Gissey-sur-Ouche. Dans une charte sans date de Godefroi, évêque de Langres de 1139 à 1163, qui cède à l’abbaye les deux paroisses
d’Agey et de Gissey-sur-Ouche et la moitié de la paroisse de Remilly-en-Montagne et exempte les moines du paiement de toutes dimes.
Enfin, dans une charte du 26 avril 1285, le duc Robert II de Bourgogne confirme à l’abbaye de La Bussière la possession de tous ses biens et la prend sous sa garde. Moins d’un siècle après
sa fondation outre des biens de toute sorte la communauté possédait des droits de pâturage et d’usage dans presque toute l’étendue des forêts de l’Auxois et jouissait du droit exclusif de pêche dans l’Ouche qui traversait
leur territoire. Elle acquit soit par donation de seigneurs locaux soit par l’achat, des vignes près de Beaune, de Pommard, de Morey, de Daix, etc.
En dehors des privilèges généraux de l’Ordre auquel elle appartenait, l’abbaye de La Bussière en avait de spéciaux qu’elle tenait tant du pouvoir séculier que du pouvoir ecclésiastique.
Ces privilèges avaient été confirmés d’abord en 1181 par le pape Lucius III puis par Nicolas IV en avril 1290. L’abbaye était confrontée régulièrement à l’autorité épiscopale des évêques d’Autun qui prétendaient soumettre
l’abbaye à leur juridiction diocésaine et notamment à l’exercice de leur droit de visite. De là des querelles incessantes des plaintes et des réclamations continuelles à l’abbé de Cîteaux et au duc de Bourgogne. Mais les
abbés de la Bussière tenaient une position ferme vis-à-vis des évêques. En 1345, Guy de la Chaume, évêque d’Autun, tente de dompter l’obstination des moines de l’abbaye, mais le refus de l’abbé, Guy de Châteauneuf, de
recevoir son envoyé, a dû décourager les évêques d’Autun qui se lassèrent de frapper à une porte qui ne s’ouvrait jamais devant eux et laissèrent désormais les moines gérer leurs affaires comme ils l’entendaient.
En juillet 1359, lors de la guerre de Cent Ans, les Anglais ravagent l’Auxois et dévaste l’abbaye, que les moines avaient quittés en se réfugiant à Dijon, dans l’une de leur maison.
Les moines reviennent en février 1360, et constatent les dégâts.
Au XIVème, les moines édifient un second cloitre, une maison monacale, un réfectoire, un pressoir et restaurent la voûte du chœur. Ce cloitre et une partie de la maison ont disparus.
Au XVème, ils construisent une piscine et décorent l’abbaye, par des bas-reliefs et des statuettes.
Le régime de la commende au début du XVIème siècle fait tomber l’abbaye dans l’oubli. Dans le régime de la commende, un ecclésiastique ou un laïc nommé par le pouvoir royal tient une
abbaye, c'est-à-dire, en percevant personnellement les revenus, sans toutefois avoir la moindre autorité sur la discipline interne des moines, qui étaient sous la responsabilité du prieur. L'abbaye de la Bussière perd
une grande partie de ses revenus.
Au XVIème, un retable est installé dans l’église. Au XVIIème, ils bâtissent une abbatiale, et installent sur le pignon sud de la maison monacale une tour d’horloge. La coupole de l’église
est remplacée par une flèche. Quatre tableaux sont installés dans le chœur et deux chapelles sont construits dans l’église.
À la Révolution, en 1793, elle est vendue comme bien national (hormis l’église devenue paroissiale en 1791). Les moines doivent alors quitter les lieux.
À la fin du XIXème siècle, le baron Jean Hély d'Oissel entreprend de rénover les lieux. Il fait alors appel à l’architecte Charles Suisse pour remanier dans un style
néogothique les bâtiments existants et pour en créer de nouveaux. L’abbatiale et la tour de l’horloge sont démolis.
En 1921, l’héritière du baron, sa fille Thérèse, qui avait épousé le marquis Pierre de Ségur, écrivain et historien français, fait don du domaine à l’évêché de Dijon pour en faire un lieu
de retraite spirituelle.
Quelques années plus tard, les bâtiments sont cédés par l’évêché à l’Association des Amis de la Bussière, puis, en 2005, vendus à un couple d’Anglais qui a pour idée de transformer
l’abbaye en hôtel.
L'abbaye de La Bussière


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