Événement du 21 mars 1098 :

Fondation de l'abbaye de Cîteaux par Robert de Molesme, Etienne Harding, Albéric et 20 moines.
Le récit
Nous allons faire un petit récit de l’histoire de Cîteaux. Sa fondation, son extension et son rayonnement sont dus à un ensemble de fortes personnalités.
En premier Robert de Molesme entré très jeune au monastère de Montier-la-Celle,
dans le diocèse de Troyes, puis devient abbé de Saint-Michel de Tonnerre et fonde en 1075 le
monastère de Molesme, au nord de
Châtillon-sur-Seine.
Devant le relâchement des moines Robert et vingt de ses disciples s’en vont et fondent dans le diocèse de Chalon, aux confins du duché et du comté de Bourgogne, au lieu-dit « les Cistels », sur une terre appartenant au vicomte Renard de Beaune, le monastère de Cîteaux en mars 1098 avec l’accord du
duc de Bourgogne Eudes Ier.
Mais Geoffroy, nouvel abbé de Molesme, en appelle à Rome et demande l’arbitrage du pape Urbain II, sur le discrédit où est tombée son abbaye.
Le légat du pape, Hugues de Die, réunit au printemps 1109 à Lyon, l’évêque de Chalon, Gauthier de Couches, l’évêque d’Autun, celui de Mâcon, les abbés de Tournus, de Saint-Bénigne de Dijon, et Geoffroy de Molesme. Robert doit retourner à Molesme, mais Cîteaux voit sa légitimité reconnue. Robert obéit avec douleur et retourne à Molesme, où il meurt onze ans plus tard.
Les moines de Cîteaux élisent le prieur Aubry pour succéder à Robert. L’évêque de Chalon Gauthier confirme Aubry, abbé du nouveau monastère ; les abbés du monastère seront toujours confirmés par les évêques de Chalon.
Les moines adoptent pour costume une tunique blanche et reçoivent le nom de « moines blancs », par opposition à celui de « moines noirs » attribué aux religieux de Cluny. À la différence de Cluny, dont les ressources matérielles reposaient sur le travail des serfs, Cîteaux veut appliquer à la lettre la règle bénédictine, les moines doivent donc se suffire à eux-mêmes.
Les maladies et notamment la peste frappent la communauté qui tombe à douze moines. En 1109, c'est un anglais, Étienne Harding qui devient abbé de Cîteaux. Quelques mois après l’élection d'Étienne, Élisabeth de Vergy, femme du comte de Chalon, Savary de Donzy, fait don au monastère de terres situées dans le voisinage de l’abbaye.
En 1113 Étienne Harding prend l’initiative de fonder la première « fille », La Ferté-sur-Grosne, entre Chalon-sur-Saône et Tournus. Le 18 mai l’évêque de Chalon, Gauthier de Couches, et celui de Langres, Jocerand de Brancion, participent à la cérémonie de fondation.
Quelques jours plus tard, Bernard de Fontaine, né près de Dijon, le futur saint Bernard accompagné d’une vingtaine de jeunes gens donne un élan décisif à cet humble monastère, en le rejoignant.
Les fondations vont alors se multiplier : celle de
La Ferté-sur-Grosne sera aussitôt suivie de celles de
Pontigny en 1114, de "Clairvaux"
(dont Bernard sera le premier abbé, en 1115) et
"Morimond" . Ce sont ces « premières filles » de l'ordre cistercien qui vont elles-mêmes rayonner à leur tour, soit par création de nouvelles abbayes, soit par affiliation d'abbayes préexistantes.
La charte de charité rédigée en 1118 par l’abbé Étienne Harding, successeur d'Aubry organise la vie des moines en une règle d’austérité, de pauvreté, de pénitence, et de travail manuel. Les cisterciens ne sont pas comme les clunisiens, seigneurs en nom collectif, ils se font eux-mêmes : exploitants, défricheurs, laboureurs et éleveurs.
La religion de saint Bernard est éloignée du formalisme, elle est empreinte d’amour et notamment de celui du culte de la Vierge. Ce mouvement devient l’un des piliers du christianisme occidental. Saint Bernard est le conseiller des princes et même du pape.
Il est l’ardent prêcheur au concile de Troyes en 1129 pour faire reconnaître par l’Église et les chevaliers la nécessité de la création des ordres des moines spécialisés dans la guerre contre l’infidèle.
À la mort d'Étienne Harding, en 1133, Guy lui succède un mois, puis Rainard, fils du comte Miles de Bar-sur-Seine prend la direction de l’abbaye jusqu’en 1151. Rainard qui a été moine à Clairvaux, et très proche de Bernard.
En 1193 la construction de la grande église, commencée vers 1140, est terminée. C'est dans cet édifice que seront inhumés les ducs de Bourgogne de la dynastie capétienne, car Cîteaux devient très vite un haut-lieu de pèlerinage. Un lieu de paix aussi où s'opérèrent des médiations, des réconciliations.
En 1209, lors de la
croisade contre les Albigeois ou Cathares, Arnaud Amalric, abbé général de Cîteaux aurait prononcé à Béziers cette terrible phrase : « Tues-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ». Vrai ou faux, le résultat sera bien là, au regard des terribles massacres que subirent les hérétiques cathares. L’hérésie cathare contestait à la fois la légitimité du pape et la subversion des pratiques chrétiennes par un clergé trop avide d’honneurs et d’argent. Ils prêchaient l’ascétisme et la pauvreté.
Louis IX, roi de France, visite Cîteaux en 1244, accompagné de sa mère, Blanche de Castille, de son épouse, la Reine, et de ses frères.
Au début du XIIIème siècle, Cîteaux est à cette époque l'un des grands centres de la chrétienté. Durant ce siècle a commencé la construction du grand monastère, pour abriter plusieurs centaines de moines.
L'abbé de Cîteaux acquiert une importance toujours croissante. Vers 1300, il achète le prieuré de Gilly qui deviendra plus tard la résidence de plaisance des abbés de Cîteaux.
Le mouvement religieux de Bernard ébranle le monde chrétien du XIIème siècle comme naguère Cluny. En quarante ans, Cîteaux devient le chef d’Ordre de sept cent trente abbayes d’hommes et on comptera près de trois mille fondations au plus fort de cette aventure spirituelle.
Cîteaux a difficilement survécu aux différents conflits, la guerre de Cent Ans puis les guerres de religion et la Réforme protestante. Le lieu se relève quelque peu au XVIIème siècle grâce à la réforme de l'abbé de Rancé, à La Trappe (Normandie).
En 1892, les monastères de la mouvance trappiste donnent naissance à l’Ordre des Cisterciens de la Stricte Observance.
Des moines s'installent quelques années plus tard à Cîteaux, dans les bâtiments à l'abandon depuis la Révolution, et redonnent vie à l'antique abbaye.
L'abbaye :

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