Évènement du 19 avril 1314 :

La tragique histoire des brus de Philippe le Bel, les princesses de Bourgogne.
Rappel du contexte :
Nous allons raconter, la plus tragique histoire privée de
la monarchie capétienne française. Cette histoire mit en scène les 3 belles-filles du roi Philippe IV le Bel, il y
avait Marguerite de Bourgogne, fille du duc Robert II de Bourgogne, épouse du futur roi de France Louis X ; Jeanne de Bourgogne, fille du comte Otton IV de Bourgogne, épouse du futur roi de France Philippe V,
frère de Louis X ; et de Blanche de Bourgogne, sœur de Jeanne de Bourgogne, épouse du futur roi de France Charles IV, frère de Louis X et Philippe V.
Début :
Tout commença dans l'été 1313, quand Isabelle de France, reine d'Angleterre, alors âgée de 22 ans, et sœur des trois princes français vint en voyage en France.
Lors d'une cérémonie, elle offrit en cadeau à ses trois belles-sœurs
des aumônières de soie brodées.
En décembre, Isabelle reçut à Londres sa famille, des rumeurs y bruissaient déjà sur la cour de France, des regards furtifs, des absences
suspectes des princesses, et des mauvaises langues chuchotaient sur le « dévergondage » des princesses. Isabelle remarqua deux frères Gaubert et Philippe, les chevaliers d'Aulnay,
écuyers des princes français, qui portaient à la ceinture les aumônières qu’elle avait offerte à ses belles-sœurs. Elle alla trouver son père le roi de France Philippe IV le Bel et lui raconta son histoire.
Philippe IV inflexible sur la morale et la discipline, ordonna
une enquête discrète. Des espions royaux surveillèrent les allées et venues autour de la tour de Nesle identifiée comme le lieu de rencontre. Les
preuves s’accumulaient : des rendez-vous clandestins, des serments murmurés dans l’ombre. L'enquête confirma les dires d'Isabelle, les princesses Marguerite et Blanche
étaient accusées d'entretenir des relations adultères
avec les deux frères d'Aulnay, à la tour de Nesle.
Les procès :
Quand les preuves furent patentes, le roi n’hésita plus, il fit arrêter ses trois belles-filles et fit
mettre sous la torture les chevaliers d’Aulnay. Ces derniers avouèrent d’être les amants de Marguerite et de Blanche.
Les aveux, arrachés par le fer et le feu, seront consignés dans les chroniques de l’époque, notamment par le moine
et chroniqueur Jean de Saint-Victor ou Jean Bouin dans son "Memoriale Historiarum".
Philippe le Bel était furieux et ordonna une exécution
exemplaire et unique. Les 2 écuyers furent exécutés à Pontoise sur la place publique, dans d'atroces conditions, le 19 avril 1314. Ils
furent écorchés vifs,
plongés dans l’eau bouillante avant d’être trainés par des chevaux dans la poussière, puis émasculés, étêtés, pendus par les aisselles et leurs sexes
furent jetés aux chiens.
Les princesses Marguerite et Blanche furent jugées devant le Parlement de Paris et officiellement convaincues
d'adultère, elles furent tondues et enfermées dans un cachot à
Château-Gaillard en Normandie. Marguerite y mourut certainement de froid en 1315, Blanche sollicita d’entrer au couvent et se retira à l’abbaye de Maubuisson, où elle
décéda en 1326.
Quant à Jeanne, elle réussit à montrer devant le Parlement de Paris, son innocence. Elle « savait » mais ne disait rien par « la honte de son lignage ».
Elle fut enfermée momentanément à Dourdan, jusqu'en décembre 1314. Son mari Philippe lui pardonna et le Parlement l’acquitta. Lorsque son époux monta sur le trône de France, en novembre 1316, tout
fut oublié. Il lui donna en cadeau, l’hôtel de la
tour de Nesle à Paris en 1319.
Épilogue :
Le scandale de la tour de Nesle toucha au cœur de la monarchie capétienne, qui reposait sur une image de vertu et de stabilité. L’adultère des princesses n’était pas qu’une faute personnelle, il mit en
péril la légitimité des enfants des futurs rois. Si Marguerite et Blanche
avaient fauté, qui garantissait la pureté du sang royal ? D'ailleurs Jeanne, fille de Marguerite et de Louis ne pourra prétendre au
trône de France, et les conseillers royaux inventeront « la loi Salique » pour empêcher les femmes de régner
sur le trône de France, mais également de transmettre leur droits
royaux.
Les trois fils de Philippe le Bel règneront successivement après sa mort en novembre 1314, mais aucun ne laissera d’héritier mâle viable. Cette « malédiction dynastique
», amplifiée par l’affaire, marqua la fin des Capétiens directs. Le changement dynastique qui va suivre, va déclencher la guerre de Cent ans. Mais c'est une autre histoire.
Les brus de Philippe le Bel : Marguerite, Jeanne et Blanche :


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