Évènement du 1 octobre 448 :

Fondation de la première abbaye de Saint-Germain d’Auxerre.
Historique
Germain nait dans l’Auxerrois vers 378, issu d’une famille de propriétaires aisés, il fait des études à Autun puis Rome. En 418, il est nommé évêque d’Auxerre. Il fait don à l’église d’Auxerre de la majorité de ses biens.
Germain tombe malade et meurt à Ravenne le 31 juillet 448. Conformément à ses dernières volontés, un convoi funéraire est organisé pour ramener son corps à Auxerre. Il fut inhumé le 1er octobre 448 dans l'oratoire modeste qu'il avait fondé en l'honneur de saint Maurice (à l’emplacement de l’actuelle crypte). Son tombeau devint l’objet d’une grande vénération.
Vers 500,
la reine des Francs, Clotilde, princesse burgonde, épouse de Clovis, fait construire une basilique mérovingienne pour honorer ses reliques. C’était une église de près de 50 mètres de longueur avec une nef rectangulaire et un chœur intégrant l’oratoire primitif. Elle devint la basilique funéraire des évêques de la ville.
Des moines bénédictins sont attestés dès 725.
Le comte Conrad d’Argenau, oncle maternel de Charles le Chauve et abbé laïc du monastère, entreprend une grande campagne de reconstruction avec sa femme Adélaïde de Tours. Le couple fait édifier une basilique carolingienne à partir de 841,
pour célébrer sa guérison. C’était une large église de 100 mètres de longueur avec une nouvelle avant-nef à trois vaisseaux plafonnés, une nef unique, un chœur
vouté à deux niveaux (dont les cryptes inférieures de l'abbaye subsistent encore) et une rotonde orientale.
L’évêque d’Auxerre Héribald, qui participa avec le comte et la comtesse à cette reconstruction fut inhumé dans la crypte en 857.
La translation des reliques de Germain dans la crypte en 859 réalisée sous la direction de l’abbé Hugues, fils du comte Conrad d’Argenau, en présence du
roi Charles le Chauve, cousin germain de l’abbé, et du comte Conrad d’Auxerre, frère de Hugues, marque l’achèvement de la crypte.
L’ensemble fut consacré en 865 par l’évêque d’Auxerre Chrétien. À partir de cette époque les évêques d’Auxerre seront enterrés dans la nouvelle crypte.
Le monastère fut également en partie reconstruit au IXème siècle, après les invasions des normands en 887 et 889.
La réforme clunisienne du monastère en 987 par
Mayeul, abbé de Cluny, fut demandée par le duc Eudes-Henri de Bourgogne, et son demi-frère l’évêque Héribert d’Auxerre. Mayeul dirige pendant quelques temps l’abbaye puis en confie la direction à son disciple Heldric en 989, qui dirigea l’abbaye jusqu’en 1010.
L’abbaye obtint le privilège royal d’élire librement son abbé à partir de 994, et se délie de Cluny.
Entre 1020-1040, une nouvelle campagne de construction élève une nouvelle avant-nef et des nef romanes.
Deux incendies en 1064 et en 1075 causent des dégâts à l’abbaye.
Après la déposition de l’abbé Guibert par le pape Urbain II en 1096, Saint-Germain doit engager une nouvelle réforme, un siècle après celle de Mayeul. Or cette seconde réforme aboutit, après un temps de querelles de plusieurs années, à l’intégration de Saint-Germain dans l’Ecclesia cluniacensis. Cluny désigne les abbés de Saint-Germain d’Auxerre.
Sous l’abbé Arduin entre 1148 et 1174, de nouvelles reconstructions eurent lieu dans le style roman tardif. Une nouvelle façade fut ajoutée avec des portails sculptés et un haut clocher dédié à Saint-Jean.
Les moines obtiennent leur indépendance de Cluny en 1256, à l’issue d’un long procès à la cour de Rome et s’associent avec ceux de l’abbaye de Saint-Martin d’Autun.
En 1266 à une époque où les monastères bénédictins sont souvent considérés comme étant en plein déclin, les moines sous l’égide de l’abbé Jean de Joceval, rédige le grand cartulaire de Saint-Germain d’Auxerre, l’histoire de leur abbaye, qu’ils intitulent, dans la tradition des récits carolingiens, les
Gesta abbatum sancti Germani Autissiodorensis. Un codex qui n’a cessé d’être enrichi par des insertions et des continuations jusqu’au XVIIIème siècle.
L’abbé Jean de Joceval décide de reconstruire l’abbatiale qui menace ruine et dans laquelle il était devenu impossible de célébrer l’office à l’autel majeur. Il veut embellir le monastère dans le style gothique, à l’image de la cathédrale de la cité reconstruite par l’évêque Guillaume de Seignelay dès 1215. Les travaux commencent en 1277 : destruction de la partie est, nouvelles fondations, construction de deux cryptes souterraines et dans la partie supérieure, nouveau chœur avec déambulatoire, chapelle d'axe et transept.
Après une interruption, c'est l'abbé Gaucher Dignon de Chéu qui poursuivit les travaux durant son abbatiat entre 1309 et 1334 et fit achever les parties hautes.
Dans les années 1360, la partie de la nef préromane qui jouxtait le nouveau transept s'écroula. On reconstruisit grâce aux subsides du pape Urbain V.
À la mort de François de Beaujeu-sur-Saône, dernier abbé régulier de l’abbaye, des abbés commendataires s’installent à partir de 1540. Ils sont nommés par le pouvoir royal. Dans le régime de la commende, un ecclésiastique ou un laïc tient une abbaye ou un prieuré, c'est-à-dire, en percevant personnellement les revenus, sans toutefois avoir la moindre autorité sur la discipline interne des moines.
L’abbaye fut pillée et saccagée en 1567 par les Huguenots, dispersant les reliques de saint Germain.
En 1629, les bénédictins de Saint-Maur apportent la dernière réforme à l’abbaye et commencent plusieurs reconstructions de ses bâtiments aux XVIIème et XVIIIème.
La Révolution marque la fin de l’abbaye qui devient bien national. Les moines quittent le site en 1793 et les bâtiments sont transformés en collège militaire.
Napoléon y installe un Centre Hospitalier en 1810.
Des premières restaurations datent de 1924, 1929 et 1948 et la découverte des fameuses fresques carolingiennes remonte à 1927.
L’abbaye fut enfin achetée par la ville en 1968 pour y installer les musées municipaux. Les grands travaux de 1969-1972 restaurent l’église et l’abbaye et l’ensemble des bâtiments fut classé en 1971. De nouvelles restaurations datent de 1984. Des projets importants de fouilles furent menés dans l’avant-nef et les cryptes en 1986-1989 et en 1989-1999.
L'abbaye :

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