Évènement du 29 juillet 1257 :

Mort de la comtesse de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre, Mahaut de Courtenay.
Qui est-elle ?
Mahaut ou Mathilde de Courtenay est la fille de Pierre II de Courtenay et d’Agnès de Nevers. Sa mère est l’héritière des comtés de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre, elle est une descendante directe de la première famille héréditaire de ces
trois comtés issus du comte Landri. Elle porte le nom de sa grand-mère
maternelle, Mathilde de Bourgogne, petite-fille du duc Hugues II. Son père est issu de la famille des seigneurs capétiens de Courtenay,
petit-fils du roi Louis VI. Pierre devient comte des trois comtés en épousant Agnès en 1184.
Le mariage de ses parents est voulu, par le roi, en effet, Pierre
est le cousin germain du roi de France, Philippe Auguste. Pierre et Agnès sont également cousins au quatrième degré.
Mahaut est née en 1185, elle est la seule enfant du couple, sa mère décède en 1193, Mahaut est orpheline à 8 ans.
Son père se remarie avec Yolande de Hainaut, fille du comte Baudoin V. De cette seconde union, 12 enfants vont naître. Mais Mahaut, est la seule héritière des
trois comtés bourguignons, ses demi-frère et sœur ne sont pas concernés par cette succession.
En épousant Yolande, Pierre devient le beau-frère de son cousin germain, le roi Philippe Auguste, qui avait épousé Isabelle, sœur de Yolande.
Sa vie :
En 1199, un conflit armé oppose Pierre de Courtenay au baron Hervé IV de Donzy, son voisin, c’est ce dernier qui remporte l’affrontement. Pierre est
fait prisonnier par Hervé et obtient sa libération qu’en acceptant les exigences de ce dernier : la cession du comté de Nevers et le mariage avec sa fille Mahaut.
Philippe Auguste ratifie ces conditions en octobre 1199,
sous réserve que la baron de Donzy, lui cède la seigneurie de Gien, et Hervé devient comte de Nevers. Pierre conserve les comtés d'Auxerre et de Tonnerre, à titre viager.
Le mariage d’Hervé et de Mahaut a lieu l’année suivante, mais celui-ci n’est pas autorisé par
le pape Innocent III, car les deux mariés sont cousins au troisième degré, un degré de consanguinité prohibé, leur
deux arrière-grand-mère maternelle, Ida pour Mahaut, et Mathilde pour Hervé, sont sœurs, fille de Engelbert II de Sponheim,
duc de Carinthie.
Entre 1204 et 1205, Hervé accompagne son suzerain et roi, Philippe, dans sa guerre en Normandie, en Poitou et en Touraine, contre les Anglais.
En 1208, le pape Innocent III reproche à
Hervé la protection qu’il accorde aux Juifs, chassés par le roi. En 1210,
devant les pressions papales et royales, Hervé renonce à protéger les Juifs,
ils doivent s'exiler.
De retour de
sa croisade contre les Albigeois, en
1209, Hervé reprend l’éternelle querelle des comtes de Nevers envers l’abbaye de Vézelay.
Pour favoriser l’autorisation papale à leur mariage, les
deux époux fondent des établissements religieux. En 1209, c’est la chartreuse de Bellary, en 1211 c’est l’abbaye de l’Épeau près de Donzy, et un monastère à Vielmanay. L’abbé de Vézelay,
pour calmer les attaques du comte Hervé contre son abbaye, et suite aux
actes de fondation religieux, réalisés par le couple comtal, sollicite le
pape sur la dispense de mariage. Elle arrive en 1212. Suite à l’intervention de l’abbé, auprès du pape, le comte renonce à ses attaques contre l’abbaye.
Cette même année, décède leur seul fils Guillaume qui a cinq ans.
En 1213, Mahaut et Hervé accordent la
charte de franchise aux bourgeois de Clamecy. Hervé trahit son roi et passe dans le camp des Anglais, lors de la bataille de Bouvines, en 1214, Hervé est du côté de la ligue anglo-germano-flamande, alors que son beau-père Pierre II est au côté du roi et du duc de Bourgogne. Les Français
sortent vainqueurs de cette bataille.
En 1217,
Pierre de Courtenay est nommé empereur latin de Constantinople pour succéder à son beau-frère Henri d’Hainaut. Il est couronné à Rome mais retenu par les Grecs sur le trajet
vers Constantinople, il meurt en captivité en 1219.
La fille d’Hervé et de Mahaut, Agnès de Donzy, est mariée en 1217, avec Philippe de France, le fils du futur Louis VIII. Philippe meurt l’année suivante.
Mahaut fait reconstruire le château de Montenoison vers 1217, cette forteresse domine la riche vallée du val de Montenoison,
pas moins de 121 fiefs dépendaient de la Châtellenie de Montenoison.
En 1218, Hervé et Mahaut participent à la cinquième croisade et reviennent rapidement en 1219, suite à la mort de Pierre de Courtenay et de Philippe de France.
Mahaut fait valoir ses droits sur les comtés d'Auxerre et de Tonnerre.
Avec l’aide de son mari, elle prend possession
du Tonnerrois sans difficulté, mais se heurte à ses deux demi-frères, le
marquis Philippe de Namur, et le seigneur Robert de Courtenay, pour l’Auxerrois.
Sa fille, Agnès, héritière par sa mère, demande l’arbitrage du pape, et en 1220, Honorius III tranche le différend et attribue le comté d'Auxerre à Mahaut.
Cette même année, Mahaut assiste à la consécration de l'église Saint-Adrien
à Milly-le-Château, édifice qu'elle a voulue faire édifier. Agnès de Donzy se remarie avec Guy de Châtillon, en 1221.
En 1222, Hervé de Donzy meurt, sans doute empoisonné, dans son château de Saint-Aignan, près de Bourges, et avait demandé à être inhumé dans
l’abbaye de Pontigny, haut lieu cistercien, aux côtés de nombreux seigneurs bourguignons et champenois.
Mahaut signe le 15 août 1223 à son château de Druyes une charte d'affranchissement aux bourgeois envoyés par la ville d’Auxerre. Cette charte, qui accorde des libertés et franchises aux habitants d'Auxerre et marque la naissance de leur commune, confirme celle octroyée par son père le comte Pierre de Courtenay en 1188.
Peu de temps après, la comtesse signe une charte d'affranchissement en
faveur des serfs de Mailly entre 1223 et 1230.
En 1225, elle perd sa fille unique, Agnès, et élève ses petits-enfants Gaucher et Yolande de Châtillon, qui deviennent les héritiers de ses
trois comtés.
Mahaut se remarie vers 1226 au comte de Forez, Guigues IV, mais administre ses
trois comtés bourguignons jusqu'à sa mort.
Son gendre, Guy de Châtillon participe à la seconde croisade de 1227, contre les Albigeois et meurt lors du siège d'Avignon, d’un
jet de pierre.
En 1234, Yolande de Châtillon, sa petite-fille, épouse Archambaud IX de Dampierre, seigneur de Bourbon.
Mahaut fonde en 1235 l’abbaye Notre-Dame-du-Réconfort, pour des moniales cisterciennes, à Saizy près de Monceaux-le-Comte dans la haute vallée de l’Yonne. Elle choisit ce lieu isolé pour sa sépulture.
Son second mari, Guigues de Forez part en croisade, en 1235, il meurt lors de son voyage retour en 1241. Mahaut est veuve pour la seconde fois.
En 1248, ses deux arrière-petites-filles,
les filles de Yolande et d’Archambaud épousent les deux fils du duc de Bourgogne Hugues IV. Mahaut de Dampierre épouse Eudes de Bourgogne et Agnès de Dampierre épouse Jean de Bourgogne.
La même année, le roi Saint-Louis repasse par Vézelay au moment de partir pour la septième croisade. Il est accompagné
notamment de Gaucher de Châtillon, d’Archambaud de Dampierre et de Yolande de Châtillon.
Archambaud meurt d’une épidémie à Chypre, Yolande ramène
le corps de son mari.
En 1250, Gaucher de Châtillon, le petit-fils
de Mahaut, est tué lors de la septième croisade à Damiette en Égypte, au côté du roi
Saint-Louis. Sa sœur Yolande devient la seule héritière des trois comtés de
leur grand-mère.
En 1254, Mahaut perd sa petite-fille Yolande de Châtillon, son arrière-petite-fille Mahaut de Dampierre, qui porte son nom, devient l’héritière.
En 1257, elle confirme au château de Druyes, dans lequel elle réside fréquemment, les biens
de l'abbaye de Reigny. Cette même année, elle échange son moulin de Pont-Cizeau aux religieux de l'abbaye Saint-Martin de Nevers, contre une rente de 100 sous.
Elle décède le 29 juillet 1257 au château de Coulanges-sur-Yonne, et dans son testament, elle demande à être enterrée dans l'abbaye Notre-Dame-du-Réconfort de Saizy. Sa dépouille y fut conduite en grand cortège depuis la cathédrale de Nevers.
La communauté cistercienne féminine du Réconfort veilla sur la tombe de Mahaut, dans le calme et la prospérité, pendant près de quatre siècles. L’abbaye détruite pendant les Guerres de Religion, une riche abbesse la fit alors reconstruire, la tombe de Mahaut fut transférée dans l’église.
Son arrière-petite-fille Mathilde ou Mahaut de Dampierre lui succède comme comtesse de Nevers,
d'Auxerre et de Tonnerre. Elle meurt en 1262, en laissant à son mari, Eudes de Bourgogne, la charge des trois comtés, en attendant la majorité de leurs enfants.
Mahaut de Courtenay, l'une des plus grandes figures de l'histoire du Nivernais.
Son sceau :

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