Évènement du 30 juillet 1178 :
L'empereur Frédéric de Hohenstaufen, dit Barberousse se fait couronner roi de Bourgogne, par l’archevêque d’Arles.
Pourquoi ? Rappel du contexte :
Le 6 septembre 1032, Rodolphe III, dernier roi de Bourgogne meurt, la lutte pour sa succession s’engage entre ses 2 neveux, l’empereur germanique Conrad II et le comte de Blois Eudes II.
La lutte entre les deux cousins, Conrad et Eudes, dure deux ans. Eudes avec l’appui du comte Renaud de Bourgogne, s’empare de villes dans le Jura. Conrad pénètre dans le royaume bourguignon par Bâle et se fait élire et couronner roi de Bourgogne à Payerne,
le 2 février 1033, mais il ne peut pas reprendre les
châteaux occupés par Eudes.
Conrad intervient de nouveau avec des renforts lombards, et s’empare des places fortes détenues par son adversaire. Le 1 août, il se fait de nouveau couronner dans l’église Saint-Pierre de Genève et les Grands de Bourgogne sont nombreux à le reconnaître.
Ces 2 couronnements permettent à Conrad d’être reconnu comme le légitime successeur à Rodolphe III.
Le royaume de Bourgogne éclate, et les différents comtés
vont avoir chacun une histoire particulière : comté puis duché de Savoie, comté de Lyon, comté de Viennois puis Dauphiné, comté de Provence et comté de Bourgogne ; mais tous dépendent en théorie de l’empire germanique.
Ces terres de langue française seront progressivement incorporées dans le royaume de France. En 1312, c’est le comté de Lyon, en 1349 le Dauphiné, en 1481 le comté de Provence, en 1678 le comté de Bourgogne ou Franche-Comté et en 1860 le duché de Savoie.
Les empereurs germaniques sont impuissants à diriger eux-mêmes l'ancien royaume de Bourgogne, ils sont loin, mais ils sont aussi incapables de le confier à des princes puissants.
Frédéric reprenant le plan de ses prédécesseurs ; ne pouvant gouverner la Bourgogne et la Provence directement, l'empereur voulait, à la place des dynasties locales, y implanter une sorte de vice-royauté, confiée à une famille sur la fidélité de laquelle il pouvait compter.
Frédéric comme ses prédécesseurs fait le choix de la dynastie des Zahringen, en les nommant recteurs de Bourgogne (soit vice-roi) mais charge à eux de réussir dans cette implantation.
Berthold de Zahringen échouant dans sa prise en main du comté de Bourgogne, contre le comte Guillaume IV de Mâcon, Frédéric rencontre,
le comte, à Besançon en février 1153. Le comte Guillaume fait sa soumission, et se maintien en poste.
Par cette intervention, Frédéric montre qu’il souhaite s’occuper de ses terres bourguignonnes, aussi quelques Grands laïcs et religieux viennent le rencontrer.
A Worms, en juin 1153, c’est le comte Amédée Ier de Genève qui assiste à la diète impériale, ou Frédéric y confirme les privilèges des archevêques d’Arles et de Vienne.
En janvier 1154, à la diète de Spire, ce sont
l’archevêque de Besançon, Humbert de Scey, et ses 2 suffragants, les évêques de Lausanne et de Genève, ainsi que le comte de Montbéliard, Thierri II de Mousson, qui sont présents.
En juillet 1155, c’est Guigues V, dauphin du Viennois, qui rencontre en Italie, Frédéric, et reçoit à cette occasion, le droit de battre monnaie. Berthold de Zahringen, vice-roi (nominal), profite de cette rencontre, pour céder à Guigues, tous ses droits sur la ville de Vienne, afin d’écarter le comte Guillaume IV de Mâcon, qui avait des droits sur la cité.
Mais le nombre d’indifférents voire d’opposants à l’autorité de l'Empire,
sont très nombreux, à commencer par le plus important d'entre eux, l'archevêque de Lyon,
Héraclius de Montboissier, frère de Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, vassal du roi de Francie pour une partie de ses domaines, est bien plus enclin à tourner ses regards du côté des Capétiens que du côté des Hohenstaufen.
Parmi les laïcs, Raymond-Bérenger II, comte de Barcelone et de Provence, ne peut entretenir la moindre sympathie pour Barberousse, qui s'est fait le protecteur attitré de la famille des Baux, rivale en Provence de la maison de Barcelone. De même, le comte Humbert III de Savoie, ne saurait soutenir l'empereur qui est l'allié du dauphin du Viennois.
Dans le sud de l’ancien royaume de Bourgogne, en 1125, le marquisat de Provence se détache du comté de Provence pour passer dans les mains du comte de Toulouse, même si le comté et le marquisat de Provence sont des terres d’Empire, leurs comtes consentent à grand-peine à rendre hommage à l'Empereur.
En prenant parti pour une famille, l’empereur s’attire l’hostilité d’une autre, et de plus son alliance avec les Zahringen, souverains en titre de l’ancien royaume, provoque de nombreux mécontentement, et nombre de seigneuries échappent
ainsi à l'influence impériale.
Par des empiétements successifs, les possessions de l’empereur sont réduites à sa plus simple expression : quelques châteaux en Provence et dans le Comtat.
Alors l’empereur s’implique dans l’ancien royaume bourguignon, après
son mariage avec Béatrice de Bourgogne, héritière du comté, en 1156, Barberousse est très souvent dans le comté de Bourgogne, ou
il viendra à de très nombreuses reprises entre 1156 et 1178.
Si Frédéric Barberousse ne s’était pas empêtré dans sa
lutte sur l’investiture des ecclésiastiques et provoquer le schisme dans
l’église chrétienne, pendant 15 ans, en élisant un anti-pape, pour ne pas
reconnaitre le pape, il aurait peut-être pu redonner un semblant d’unité à
l’ancien royaume bourguignon. Tout rentre dans l’ordre en 1177, par la paix de Venise
entre lui et le pape, Alexandre III, et la fin du schisme.
Il décide de se faire couronner roi de Bourgogne dans la cathédrale Saint-Trophime d'Arles par l'archevêque Raimon de Bollène, en 1178.
Son couronnement :
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