Évènement du 31 mai 1114 :

Sous la direction d’Hugues de Vitry, un groupe de moines, envoyé par l'abbé Étienne Harding de Cîteaux, vient s’installer à Pontigny.
Fondation de Pontigny :
Le lieu a été donné par un prêtre Ansius, dans la vallée du Serein, et avec l’accord de l’évêque Humbaud d’Auxerre, la communauté peut s’installer. Le site est bien placé en zone frontière, à la fois ecclésiastique (dans le diocèse d’Auxerre, mais à la limite de ceux de Sens, de Langres et de Troyes), et politique (dans le comté de Tonnerre, mais à la limite des comtés d’Auxerre et de Troyes).
Cette implantation va favoriser l’expansion de l’abbaye.
La donation était petite, alors l’abbé Etienne sollicite le comte de Nevers, d’Auxerre et de Tonnerre, Guillaume II, qui accorde des terres et des forêts, à la communauté pour agrandir leur domaine.
Elle est la deuxième des quatre abbayes-filles de
Cîteaux, elle suit
La Ferté-sur-Grosne, et sera suivie par
Clairvaux et Morimond. Ces abbayes ont un rôle de première importance dans l’organisation de l’Ordre cistercien de Cîteaux.
C’est Hugues de Vitry qui est le premier abbé de Pontigny. Hugues de Vitry est l’ami de Bernard de Clairvaux, Hugues fut appelé de Mâcon, sans aucune raison spécifique. Il est certainement du village de Vitry-les-Cluny. Hugues et Bernard se sont connus à l’école canoniale de Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine. Puis ils entrent tous les deux, à l’abbaye de Cîteaux.
L’abbatiale est construite vers 1138, en pierre calcaire des toutes proches carrières de Bailly, les travaux se terminent aux alentours de l’année 1150.
L’abbé Hugues de Vitry sollicite le comte de Blois et de Troyes, Thibaut IV, qu’il connait et qui l’apprécie, car la chapelle initiale est trop petite, alors le comte finance la construction d’une église. La fille du comte Thibaut, Adèle de Champagne, qui épousera plus tard le roi des Francs Louis VII, se fera inhumer dans cette église, en 1206.
Vie de l’abbaye :
La communauté prospère rapidement, reçoit un grand nombre de novices, accroit son domaine, par des donations de nobles locaux, et crée à son tour de nouvelles abbayes. L’abbaye essaime, elle compte 43 abbayes-filles, constituant un réseau développé sur le territoire de la France, mais aussi en Italie, en Hongrie et jusqu’en Roumanie.
L’abbaye compte entre le XIIème et XIIIème siècle une centaine de moines et deux cents frères convers en moyenne. À partir du XIVème, le nombre diminue et on estime une trentaine de moines en moyenne.
Les 4 premiers abbés furent : Hugues de Vitry jusqu’en 1137, qui deviendra évêque d’Auxerre de 1137 à 1151, puis Guichard jusqu’en 1165, qui deviendra archevêque de Lyon de 1165 à 1181, puis Garin de Gallardon jusqu’en 1174, qui deviendra archevêque de Bourges de 1174 à 1180, et Guillaume jusqu’en 1178.
Les rois de France à partir de Louis VII, mari d’Adèle de Champagne, sont très présents dans la protection et les confirmations de possession de l’abbaye de Pontigny.
De même, les comtes de Nevers, Auxerre et Tonnerre seront régulièrement des donateurs pour l’abbaye. En 1216, le comte
Pierre II de Courtenay, comte de Nevers, Auxerre et Tonnerre et son épouse Yolande de Flandre, donnent à l’abbaye une rente annuelle de 10 livres parisis à percevoir sur la censive de Courtenay.
Le comte de Nevers, Hervé IV de Donzy, se fera inhumer dans ce lieu en 1222, son épouse
Mahaut de Courtenay léguera 10 livres à l’abbaye lors de son testament. L’abbaye reconnait le rôle de fondateur et de gardien aux comtes de Nevers.
Les papes et les évêques régionaux soutiennent et favorisent le développement de l’abbaye.
Le lien particulier avec les archevêques de Cantorbéry :
L'archevêque de Cantorbéry et primat d'Angleterre Thomas Becket qui, à la suite du violent conflit qui l’oppose au roi Henri II Plantagenêt, se réfugie à l'abbaye de Pontigny de 1164 à 1166.
Étienne Langton, consacré archevêque de Cantorbéry par le pape en 1207, se voit refuser l’accès à l’Angleterre par le roi Jean sans Terre, il se réfugie dans l’abbaye de 1207 à 1213.
Edmond d’Abingdon, lui aussi archevêque de Cantorbéry, fait une halte, sur son chemin pour Rome, à l’abbaye début novembre 1240, mais souffrant de maladie, rebrousse chemin et meurt dans un prieuré près de Provins, le 16 novembre 1240. L’abbé Jean de Pontigny le fait enterrer dans son abbaye.
Les difficultés :
Les guerres de Religion causent de grands dégâts à Pontigny mais, dès le XVIe siècle, des travaux de restaurations sont engagés.
La Révolution met fin à la présence des 23 moines et 2 frères convers. L’abbaye est vendue, l’enclos du monastère est acquis par des particuliers en 1792, l’église abbatiale est conservée à l’usage de la commune de Pontigny, ainsi que la galerie sud du cloître nécessaire à sa stabilité.
Les autres bâtiments monastiques sont détruits jusqu’aux fondations, à l'exception notable d'une aile du cloître et du bâtiment des frères convers, toujours visible aujourd’hui.
Les bâtiments :


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