Évènement du 1 octobre 1161 :

Décès de l'archevêque de Besançon Humbert de Scey.
Sa famille :
Il est issu de la famille de Scey, une importante famille seigneuriale du comté de Bourgogne, connue depuis le IXème siècle, originaire de la terre de Scey-en-Varais qui
domine la vallée de La Loue. Humbert est le fils du seigneur Othon Ier de Scey-en-Varais.
Cette famille de Scey va donner naissance à la famille de Montfaucon, l’arrière-grand-père d’Humbert, Béraud de Scey fut le premier seigneur de la famille de Montfaucon,
et à la famille de La Roche-sur-L'Ognon, le frère d’Humbert, Pons Ier, en fut le premier seigneur, famille qui se scinda pour créer la famille de Ray, avec son petit-neveu Othon, premier seigneur de Ray.
Et enfin au XIIIème siècle, la famille de Scey va hériter du titre de comte de Montbéliard, par mariage entre Alix de Montfaucon, héritière du comté, et Othon II de Scey.
Ses débuts religieux :
Très tôt, il entre dans la vie religieuse et se dirige vers une carrière ecclésiastique, elle se déroule au sein du chapitre de Saint-Jean de la cathédrale de Besançon où il
reçoit sa formation intellectuelle et religieuse. Chanoine du chapitre de Saint-Jean, il devient archidiacre du Varais en 1123. Humbert de Scey a la confiance de l'archevêque Anséric qui fait de lui son chambrier
et le charge de la gestion du temporel de l’archevêché. Il devient l'un des plus proches collaborateurs de l'archevêque.
Son épiscopat :
À la mort de l'archevêque Anséric, le 20 avril 1134, les chanoines de Besançon élisent Humbert de Scey comme son successeur. Tout comme son prédécesseur, le nouvel archevêque sera un grand réformateur et affirmera sa volonté de continuer son œuvre, avec les mêmes préoccupations : le maintien de la paix pour le bien de l'Église et l'aide aux religieux.
En 1134, Humbert accueille avec un grand enthousiasme, dans sa cité,
l’abbé Bernard de Clairvaux qui revient de Rome, et qui s’arrête quelques jours à Besançon.
Les premières années de son épiscopat sont consacrées aux intérêts de son diocèse, chaque année de son administration est marquée par de nouveaux dons aux chapitres et aux abbayes.
En 1134, il bénit l’église de l’abbaye de Buillon, près de Chenecey en présence des seigneurs locaux, les seigneurs de Chenecey, de Châtillon-sur-Lison, de Scey-en-Varais, de Montfaucon.
Dès 1135 il donne au chapitre de Sainte Madeleine les églises de Saint-Pierre de Tromarey, de Saint-Maurice de Brussey et de Notre Dame de Pontarlier et confirme à
l’abbaye de Bellevaux les donations des sires de Chambornay et de Cirey.
De concert avec Adalbéron évêque de Bâle et du consentement des dignitaires de leurs Églises, il confirme en 1136 à Christian, abbé de Lucelle en Ajoie, les dons que lui avaient faits divers seigneurs soit au pays de Porrentruy, soit dans les terres de Clémont et de Neuchâtel.
L'archevêque fonde le 25 mars 1139,
le monastère cistercien de la Grâce-Dieu, pour ériger le monastère il s’appuie sur les puissants seigneurs locaux, d’abord son cousin, Richard II, seigneur de Montfaucon, et aussi Thibaut Ier de Rougemont, vicomte de Besançon, qui pourvoient à ses besoins, en association avec le comte Renaud III de Bourgogne, qui lui aussi donne des terres au-alentour.
En 1143 il retire des mains de Landri de Durnes, archidiacre du Varais, l’église de Martin près de Pontarlier pour la donner au monastère de Mouthier-Haute-Pierre.
En 1143, Humbert de Scey, en présence de l’abbé de Bellevaux, Pons de La Roche, son neveu, de l’abbé Guy de
l’abbaye de Cherlieu, il consacre l’église de l’abbaye de Bellevaux, fondée par son frère Pons de La Roche. L’archevêque demanda aux nobles présents de confirmer leurs dons et leurs cessions à l’abbaye. Richard II seigneur de Montfaucon et son fils Amédée, Bernard de Rosières, Pons de Cirey, Guy II et Renaud Ier de Traves, connétable de Bourgogne, déposèrent solennellement les actes et accédèrent à la demande de l’archevêque.
En 1145, Humbert de Scey, archevêque de Besançon, accompagné de Geoffroy de La Roche-Vanneau, évêque de Langres, et cousin de Bernard de Clairvaux, et des abbés Guy de Cherlieu et Lambert de Clairefontaine, visitent
l’abbaye de Clairefontaine.
En 1147 il autorise une cession faite par Sibille, abbesse de Baume-les-Dames, à l’abbaye de Lucelle, d’une redevance de sel à Soulce dans le Jura Suisse.
Cette même année, Humbert confirme les donations faites par ses prédécesseurs à l’abbaye de Saint-Oyand de Joux. Il traite les différends entre les comtes Étienne II d’Auxonne et Girard de Mâcon avec Adélaïde, abbesse du
monastère de Château-Chalon.
Toujours en 1147, Humbert de Scey, approuve les donations de Gaucher III, sire de Salins, et du comte Renaud III de Bourgogne, à l'abbaye de Tart pour fonder au village d'Ounans un couvent de religieuse selon la règle cistercienne.
Au mois d’avril 1148 Humbert officie dans l’église Saint Étienne de Besançon, les obsèques de Sophie de Mousson, femme de son cousin Richard II de Montfaucon, en présence des 2 enfants du couple, Amédée de Montfaucon, et Thierry de Montfaucon, et du père de cette dame, le comte de Montbéliard, Thierri II de Mousson.
Le 5 mai 1148 a lieu une cérémonie dans
la cathédrale Saint-Jean, en présence du
pape Eugène III qui été réfugié en Bourgogne. L'archevêque Humbert de Scey, qui venait de faire réparer la cathédrale, pria le pape Eugène III de bien vouloir la bénir. Le pontife se rend à Besançon est en présence de plusieurs prélats consacra le nouvel édifice, mais également huit autels.
Cette même année, l’abbé de Cluny,
Pierre le Vénérable, vient à Besançon, et en présence du cardinal Guy, et du chapitre de Saint-Jean, reçoit la confirmation par Humbert, du rattachement de l’abbaye de Baume-les-Messieurs à l’abbaye de Cluny. En juin 1147, le pape Eugène III avait réduit l’abbaye de Baume au rang de simple prieuré et avait demandé au comte Guillaume IV de Mâcon de chasser les moines pour les remplacer par ceux de Cluny, suite à l’insulte qu’avait reçue l’envoyé du pape par les moines de Baume.
En février 1160, il consacre dans la cathédrale Saint-Jean de Besançon, Landri de Durnes, archidiacre du Varais, comme évêque de Lausanne, en présence de nombreux prélats.
Ses relations avec les empereurs germaniques et les comtes de Bourgogne :
Humbert de Scey continue, comme Anséric, à rechercher la coexistence pacifique avec les comtes de Bourgogne et les empereurs germaniques. Humbert de Scey privilégie cependant la carte impériale plutôt que les comtes de Bourgogne, car il pense que l'Empire constitue pour l’Église comtoise la meilleure défense contre les
empiètements seigneuriaux. Vassal direct de l'empereur, en tant que seigneur de la ville de Besançon, il pense que le système de l’Église impériale est une garantie d’autonomie, les empereurs ayant peu de possibilité d'exercer leur pouvoir dans le diocèse de Besançon. Rappelons que les archevêques de Besançon avaient le statut de prince d'Empire, et à ce titre, ils devaient prêter allégeance à l’empereur, depuis Hugues de Salins en 1043.
Entre 1134 et 1139,
le comte Renaud de Bourgogne et son frère le comte Guillaume vont subir au nouvel archevêque de Besançon, Humbert de Scey, qui est obligé de suivre l'avis de l'empereur, de nombreux dégâts sur les possessions archiépiscopales. Ces dommages sont liés au conflit entre le comte Renaud et le duc Conrad de Zahringen, sur la possession du comté. Le duc ayant reçu de l’empereur le titre de « recteur de Bourgogne » et Renaud refusant de reconnaitre la suzeraineté de l’empereur sur son comté.
En 1139, Humbert assiste à la diète d’empire à Strasbourg, ou l’empereur Conrad III de Hohenstaufen parvient à mettre d’accord le comte Renaud III de Bourgogne et le duc Conrad de Zahringen, en conflit sur les possessions des terres bourguignonnes. Le duc de Zahringen conserve les terres bourguignonnes helvétiques et Renaud celles du comté de Bourgogne, l’archevêque Humbert signe l’acte final.
À partir de cet accord, les relations entre les 2 comtes et l'archevêque vont considérablement s'améliorer, et ils vont s'associer bien souvent dans les donations et fondations des abbayes comtoises.
En 1148, le comte Renaud décède, sa fille et héritière Béatrice est retenue prisonnière par son oncle le comte Guillaume IV de Mâcon.
Quand en 1153 le nouvel empereur, Frédéric Barberousse décide d’intervenir dans le comté de Bourgogne en imposant sa suzeraineté par une démonstration militaire,
l’Église de Besançon ne manifeste pas d’opposition au séjour de l'empereur dans les murs de la ville. La rencontre entre Humbert de Scey et l'empereur renforce l’allégeance de l’archevêché à l’Empire.
En janvier 1154, à la diète de Spire, ce sont l’archevêque de Besançon, Humbert de Scey, et ses 2 suffragants, les évêques de Lausanne et de Genève, ainsi que le comte de Montbéliard, Thierri II de Mousson, qui sont présents.
Suite au
mariage en juin 1156, entre l’empereur et
la comtesse Béatrice de Bourgogne, la réunion entre les mêmes mains des fonctions impériales et comtales, va amener une dépendance plus forte de l’archevêque vis-à-vis du pouvoir impérial.
Le 24 octobre 1157, Frédéric préside avec son épouse Béatrice, une diète à Besançon, où il a convoqué les Grands de Bourgogne, en présence du légat du pape, le cardinal Roland Bandinelli, les participants sont Etienne, archevêque de Vienne, Héraclius, archevêque de Lyon, Humbert, archevêque de Besançon, Pierre, archevêque de Tarentaise, Odon, évêque de Valence, Geoffroy, évêque d'Avignon, Mathieu, duc de Lorraine, Thierri, comte de Montbéliard. Cette assemblée fut l'occasion de délivrer des diplômes d'immunité et des concessions de privilèges à tous les participants qui étaient venus apporter à Frédéric l'hommage de leur soumission. C’est un succès complet, sauf une altercation entre Frédéric avec le cardinal Roland Bandinelli, auquel il refuse de satisfaire à la requête du pape « l'empereur tenait l'Empire comme un bénéfice du pape ».
L'incident à la Diète de Besançon, n’aurait eu aucune conséquence, si le légat n’avait pas été élu pape deux ans plus tard sous le nom d’Alexandre III. Ce fut le déclenchement du schisme, il en résulta une division au sein du Sacré Collège, qui aboutit à une double élection après la mort du pape Adrien IV, en 1159. Roland devint pape sous le nom d'Alexandre III ; le cardinal Octavien, élu de la minorité pro-germanique, prit le nom de Victor IV.
L'engagement d'Humbert de Scey avec ses suffragants envers l'empereur et surtout la reconnaissance de l'antipape Victor IV entraine l’histoire du diocèse de Besançon dans les remous du schisme, et montre un aveu de faiblesse de l’archevêque vis-à-vis de l'Empire.
Il décède à Besançon le 1 octobre 1161 et fut enseveli dans l'église Saint-Paul.
Sceau de Humbert de Scey :

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