Évènement du 30 septembre 1267 :
Mort de Jean de Chalon, dit Jean le Sage,
ou Jean l'Antique, comte de Chalon-sur-Saône, puis seigneur de Salins et comte de Bourgogne.
Biographie
Il est le fils de la comtesse de Chalon-sur-Saône Béatrice de Thiers, et d’Etienne
III de Bourgogne, comte d’Auxonne. Il est né vers 1190. Son père appartient à la branche cadette des comtes héréditaires de Bourgogne.
Il a épousé en 1214, en premières noces, Mahaut la fille du duc de Bourgogne Hugues III ; il est aussi l’arrière-petit-neveu maternel de l’empereur
Frédéric Barberousse. Voilà une belle ascendance.
En 1209, il est avec son père à l’assemblée à Villeneuve-sur-Yonne organisée par le roi de France Philippe Auguste, des Grands de Bourgogne, pour lancer une croisade contre les Albigeois.
Il succède à sa mère en 1228 et son premier geste est d’aller se recueillir au
monastère de Paray-le-Monial, lieu de sépulture des comtes de Chalon.
Il participe aux évènements nationaux, en assistant en 1230 à un plaid du roi Saint Louis à Melun, et en 1234, il sert son suzerain dans sa lutte contre le comte de Champagne.
Son fils Hugues épouse en 1236, Alix de Méranie, la fille du comte de Bourgogne Othon II.
Ce dernier a engagé son comté de Bourgogne au comte de Champagne, pour 15
000 livres, ce qui amène les Champenois à contrôler les places fortes du
comté.
Alors en 1237, c’est un évènement majeur dans sa carrière politique, Jean échange ses comtés de Chalon-sur-Saône et d'Auxonne, avec son neveu le duc de Bourgogne Hugues IV contre la seigneurie de Salins dans le comté de Bourgogne. Le duc avait acquis cette seigneurie en 1225 à Marguerite de Salins, dame et héritière de Salins, fille de Gaucher V de Salins.
Jean réalise cet échange, avec le consentement de son père, le contrat est passé à Saint-Jean-de-Losne et met fin au comté héréditaire de Chalon qui est annexé au duché de Bourgogne.
Alix de Dreux, veuve de Gaucher V de Salins, réclame l’exécution de son douaire comme prévu dans l’acte de sa fille en 1225. Alors Jean cède ses seigneuries de Traves et de Scey-sur-Saône à Alix et
à son nouveau mari Renard de Choiseul.
Il verse des indemnités aux héritiers des deux maris de Marguerite de Salins, afin qu’ils renoncent à leurs droits sur la seigneurie de Salins.
Ces nouvelles possessions lui apportent une richesse plus importante grâce notamment aux salines de Salins. Les coulées de sel se transforment en « livres estevenantes » sonnantes et trébuchantes, ce qui lui permet d’acheter des appuis auprès des nobles comtois sans recourir à des prêts
auprès des banquiers lombards.
Mais cet échange lui permet surtout une plus grande autonomie dans ses actions et décisions politiques, les comtes de Bourgogne de la famille des Méranie sont peu puissants et ne sont pas suzerains de la seigneurie de Salins, ils n’interviennent pas lors de cet échange.
De plus, Jean s’implante sur la terre de ses ancêtres, celle des comtes héréditaires et palatins de Bourgogne, issus du comte
Guillaume-Otton.
Le château d'Arlay lui permet de tenir Lons le Saunier sous son autorité ; mais sa résidence principale est celle de la forteresse de Nozeroy entre Pontarlier et Lons le Saunier. Elle sera la résidence de ses descendants les Chalon-Arlay pendant trois cents ans.
Il investit dans les salines de Salins en laissant celles de Lons, où il devait partager les ressources avec ses cousins les Vienne.
Les terres entre Salins et Pontarlier lui permettent aussi de contrôler les péages sur cet axe qui relie la France à la Suisse et l’Italie
Jean est en possession des seigneuries de Salins, Arlay, Arinthod, Ornans et Rochefort, et conserva le nom de sa mère (Chalon) que ses descendants vont rendre célèbre en Bourgogne et Franche-Comté (les Chalon-Arlay, les Chalon-Auxerre, les Chalon-Tonnerre).
En mars 1241, son père Étienne III décède et choisit l’abbaye de La Charité à Neuvelles-lès-la-Charité comme lieu de sépulture, fondée par sa grand-mère Alix de Traves.
En 1242 le duc Hugues IV de Bourgogne obtient, du comte Othon III de Bourgogne, en contrepartie d’un remboursement de dettes
dû au comte de Champagne, la garde du comté de Bourgogne. Cette même année, Jean de Chalon, veuf, épouse en deuxième noces, Isabeau de Courtenay.
En 1248, avant de mourir Othon III de Bourgogne, choisit parmi ses quatre sœurs, Alix pour lui succéder sur le comté. Hugues devient comte de Bourgogne, Jean se fait appeler également comte de Bourgogne. Dans de nombreuses chartres, il est nommé régulièrement avec ce titre «
comitis Burgundiae ».
Hugues en devenant comte de Bourgogne, redonne à sa famille ce titre qu’elle avait perdue, il y a 100 ans, en 1148, à la mort du
comte Renaud III, dernier descendant mâle de la branche aînée.
Entre 1249 et 1250, Amaury IV de Joux et son frère Hugues d’Usier sont en guerre contre Jean de Chalon et Amédée IV de Montbéliard, seigneur de Montfaucon, suite à des différends qui les opposent, sur la succession des biens de la maison de Salins. Mais les deux frères ne peuvent lutter contre ces deux grands seigneurs et doivent s’incliner et faire l’hommage lige de leurs terres. La famille de Joux perd de sa puissance après ces conflits.
Jean de Chalon octroie en 1249, une charte de franchise aux habitants de Salins. C’est la plus ancienne franchise communale connue sur le comté de Bourgogne.
Les différends entre Hugues de Chalon et son père Jean sont nombreux dès 1250, car Jean est autoritaire et veut tout régenter et diriger le comté au nom de sa bru et de son fils. Hugues refuse et se dresse contre lui.
Entre 1251 et 1256, le père et le fils se font régulièrement la guerre,
directement ou par le biais de leurs vassaux respectifs.
En 1251, Jean rencontre le roi des Romains, Guillaume d'Orange et lui demande d’ériger la seigneurie de Salins en terre d’empire. Il obtient également des droits impériaux sur Besançon et Lausanne. Il rachète les droits que possèdent Frédéric III d’Hohenzollern sur la Comté (ce dernier était le beau-frère d'Othon III).
L’abbaye de Luxeuil s’était endettée pour se protéger des conflits dans la région, elle demanda en 1253 de l’aide au Saint-Siège, pour obtenir des lettres engageant les seigneurs locaux
à l'aider. Le comte Jean de Chalon fut le premier à répondre, et s’engagea à donner tous les ans, 15 charges de gros sel à prendre sur la saunerie de Salins.
Jean possède plus de cinq cents fiefs dans la Comté, il est l’homme fort de la région.
En 1258, les Bisontins se révoltent de nouveau contre l’archevêque Guillaume II de La Tour, Jean et Hugues de Chalon les soutiennent, la querelle gagne tout le comté et de nombreux nobles rejoignent les révoltés, parmi eux on peut citer : Thibaud IV de Rougemont, Thibaut Ier de Neufchâtel, Eudes III de La Roche, Amaury IV de Joux.
Le château de Gy, propriété de l’archevêque est assiégé et détruit par les révoltés. Le pape Alexandre IV condamne en 1259 cette entreprise et demande l’intervention du roi de France Saint-Louis, et du duc de Bourgogne Hugues IV.
En 1260, tout rentre dans l’ordre sans que nous sachions à quel prix se fait ce retour au calme à Besançon. Il revient au roi de France de mettre fin au conflit entre le père et le fils cette même année.
En 1264, un traité de garde est passé entre le duc de Bourgogne Hugues IV et les citoyens de Besançon.
En juin 1266, la seigneurie d’Usier, dépendante de celle de Joux passe à Laure de Commercy, la troisième femme de Jean de Chalon, moyennant la somme de deux cents livres remis à Lucette de Neublans, veuve d’Amaury IV de Joux.
En 1267 le comte Hugues de Chalon meurt, suivi l’année suivante par son père Jean de Chalon. Jean fut le personnage le plus marquant en Franche-Comté au XIIIème siècle.
Il est inhumé dans le chapitre de l'abbaye de La Charité à
Neuvelles-lès-la-Charité, à côté d'Étienne III d'Auxonne, son père.
Jean fut veuf deux fois et se maria trois fois, il laisse à sa mort onze enfants issus de ses trois mariages, qui forment trois lignées rivales et qui vont se partager ses domaines.
Alix de Méranie gouverne le comté jusqu’à sa mort en 1279. Elle se remarie en 1268, avec le comte de Savoie Philippe, mais aucun enfant ne naît de cette seconde union.
Le fils d’Hugues de Chalon et d'Alix de Méranie,
Othon IV devient comte Palatin de Bourgogne et hérite des terres de ses parents, dont la seigneurie de Salins.
Ses oncles Jean de Chalon, sire de Rochefort, et Jean de Chalon, sire d'Arlay, héritent des autres terres de leur père Jean de Chalon.
Le sire de Rochefort hérite des terres au sud du comté, il épouse la comtesse d'Auxerre Alix, petite-fille du duc de Bourgogne Hugues IV, leur descendance gouvernera les comtés d’Auxerre et Tonnerre pendant plus de 100 ans.
Le sire d'Arlay hérite des terres dans le sud du Jura (Lons, Heute), dans le centre du Jura (Mouthe, Nozeroy) et dans Besançon, il épouse Marguerite la fille du duc de Bourgogne Hugues IV, leur descendance gardera la seigneurie d’Arlay pendant 300 ans, et par mariage au XIVème héritera de la principauté d’Orange.
Les rivalités entre
le neveu Othon et son oncle Jean de Chalon-Arlay alimentent une période de troubles, et pas seulement des brouilles familiales. Le nouveau comte se jette éperdument dans l’alliance française, tandis que son jeune oncle se tourne vers l’empire de
Rodolphe d’Habsbourg.
Mais c’est une autre histoire.
Son sceau :
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