Évènement du 13 juin 823 :
Naissance à Francfort-sur-le-Main, de Charles, fils de l’empereur
Louis le Pieux et de sa seconde épouse
Judith de Bavière.
Impact de cette naissance sur la Bourgogne carolingienne :
L’empereur Louis avait déjà trois fils de son précédent mariage avec Ermengarde de Hesbaye ; Lothaire, Pépin et Louis.
Judith, cette mère ambitieuse pour l’avenir de son fils, va déclencher les nombreux conflits familiaux d’héritage, entre le père et ses fils et les fils entre eux, et leurs petits-fils, pour les quarante années à venir.
Ces conflits auront également une répercussion sur la Bourgogne, qui sera découpée et redécoupée aux grès des accords ou traités entre les différentes parties.
C’est à l’occasion de ces différents découpages, que la Bourgogne ou la Burgondie va se scinder pour donner naissance à un duché de Bourgogne et un comté de Bourgogne, avec la Saône comme frontière, entre les 2 territoires.
Mais ces luttes fratricides, annonce aussi le lent affaiblissement de l'Empire carolingien.
Les découpages entre 817 et 842 :
Par l’ordinatio imperii, à Aix-la-Chapelle en 817, Louis le Pieux divise son empire entre ses trois fils, Lothaire, l’aîné, est associé à l’empire, Pépin reçoit l'Aquitaine avec trois comtés bourguignons (Autun, Avallon et Nevers) et Louis reçoit la Bavière, et son neveu Bernard, fils de Pépin d'Italie, conserve le royaume italien. La charte stipule que les trois rois sont subordonnés à Lothaire, seul véritable souverain. Les grands de l’empire signent ce document.
Pourtant, Bernard se sent lésé de ce partage et se révolte contre son oncle, il constitue une armée, mais Louis rassemble une armée colossale et campe à Chalon-sur-Saône et attend son neveu. Bernard apprend la nouvelle et vient demander pardon à son oncle. Il est arrêté et condamné à mort. Louis accorde son pardon et commue la peine en faisant aveugler son neveu. Ce jeune prince de vingt-trois ans meurt trois jours plus tard, le 17 avril 818, dans d’atroces souffrances.
À Worms en août 829, Louis convoque l’assemblée des grands et accorde à son quatrième fils, Charles, qui a seulement 6 ans, un duché (composé de l'Alémanie, de l'Alsace, de la Rhétie et une partie de la Bourgogne Transjurane), il envoie son fils ainé Lothaire en Italie et démet son oncle Wala du poste de premier ministre. Beaucoup de grands s’offusquent de cette décision qui viole la charte de 817.
Pépin d’Aquitaine et Louis de Bavière, les
deux fils de l’empereur rejoignent le mouvement. Louis nomme le duc Bernard de Septimanie chambrier impérial et grand chambellan.
En avril 830, Wala encourage Lothaire à rejoindre le mouvement et les trois frères se rendent au palais de Compiègne où se trouve la famille impériale. L’empereur et Charles sont enfermés dans une chambre et Judith est exilée dans le monastère de Sainte-Radegonde de Poitiers, sous la conduite du comte de Mâcon Guérin ou Warin. Louis ne se résigne pas à abandonner le pouvoir. Bernard de Septimanie s’est enfuit sur ses terres avant l’arrivée des contestataires.
Au mois d’octobre de la même année, Lothaire convoque un plaid pour proclamer la déchéance de son père. Il se tient à Nimègue, mais la majorité des grands vassaux sont d’origine germanique, et sont favorables à l’empereur. Lothaire doit s’incliner et reconnaître l’autorité de son père, Louis a gagné, mais pour combien de temps ? Wala est lui exilé et renvoyé dans son monastère de Corbie.
Le partage de 831 à Aix-la-Chapelle, qui suit cette réconciliation redécoupe l’empire. Pépin récupère deux nouveaux comtés bourguignons (Auxerre et Sens) en plus des trois autres qu’il possède déjà, tandis que les autres comtés bourguignons sont donnés à Charles.
En 833, les révoltés se retrouvent et lancent une expédition contre leur père. Pépin et ses Aquitains et Bourguignons, Louis et ses Bavarois, Lothaire et ses Italiens accompagnés du pape Grégoire IV qu’il a convaincu de le suivre se retrouvent à Rothfeld en Alsace, près de Colmar. L’empereur et ses Austrasiens, Neustriens et Saxons vont à leur rencontre. Le pape sert de médiateur entre le père et ses fils. Nombre de partisans de Louis le Pieux voyant le pape dans le clan adverse décident de changer de camp. L’empereur se rend à ses fils, il est enfermé à Saint-Médard à Soissons, Judith est exilée cette fois-ci en Lombardie et Charles à Prüm. En souvenir des trahisons réalisées, Rothfeld (champ rouge) sera appelé plus tard Lügenfeld (champ du mensonge).
En octobre de la même année ; l’assemblée des grands à Compiègne destitue Louis, et proclame Lothaire, empereur. Mais les deux autres frères se sentent désavantagés, Lothaire ne leur accorde aucun autre domaine, il s’installe à Aix-la-Chapelle au palais impérial. Pépin d’Aquitaine et Louis de Bavière se révoltent contre leur frère, et marchent vers Aix.
De leurs côtés, Guérin de Mâcon et Bernard de Septimanie soulèvent la Bourgogne et se mettent en route et rejoignent les troupes des deux rois. Lothaire dans l’incapacité de lever une armée en Austrasie, part vers la Neustrie en amenant en otage son père. Il le laisse à Paris pour gagner au plus vite Vienne qui lui est fidèle. Louis est libéré, rétabli et reçoit à Quierzy-sur-Oise ses deux fils et leurs lieutenants, dont Guérin et Bernard.
Il somme Lothaire de comparaitre devant lui, mais celui-ci continue la lutte. Il remonte la vallée du Rhône et de la Saône, et se heurte à la défense de Chalon, tenu par Guérin. La ville tombe et Guérin est obligé pour sauver sa vie, de jurer une perpétuelle fidélité à Lothaire. Le siège de Chalon a fait perdre à Lothaire du temps, il occupe ensuite Autun et Orléans. Mais
entretemps, l’empereur a réuni une armée imposante et Lothaire doit s’incliner. Il reconnaît l’autorité de son père et retourne en Italie avec interdiction d’en sortir.
En 835, à Thionville, Louis est de nouveau couronné empereur.
En 837, Louis s’obstine sur l’insistance de Judith, à donner un royaume à son fils Charles, il convoque les grands et annonce que ce nouveau royaume est délimité au nord par le Rhin, à l’est par la Meuse, au sud par la Seine avec un prolongement en Bourgogne (Auxerre et Sens), c’est à peu près les terres correspondantes à l’ancien royaume de Neustrie mérovingien.
L’année suivante Louis fait couronner Charles, roi à Quierzy-sur-Oise.
À Worms, en 839, l’empereur partage entre Charles et Lothaire son empire. Pépin étant mort l’année précédente, Charles a hérité de son royaume d'Aquitaine, Louis de Bavière se sent lésé avec sa seule Bavière. Le partage de l’empire s’effectue selon une ligne qui passe par la Meuse, la Saône et la crête des Alpes, à l’est se sont les terres de Lothaire à l’ouest celles pour Charles.
Entre 806 et 839, la Burgondie a subi six partages différents !!
À la mort de Louis Ier en juin 840, les querelles reprennent entre les trois frères survivants, Lothaire, Louis et Charles, et leur neveu Pépin II d’Aquitaine. Lothaire s’allie avec Pépin et Charles avec Louis. En Bourgogne, les comtes Ermenaud III d'Auxerre, Arnoul de Sens et Audri d'Autun sont dans le camp de Lothaire, tandis que Charles peut compter sur Guérin de Mâcon et Aubert d’Avallon, et Pépin sur Bernard de Septimanie.
Les préparatifs de la guerre s’engagent dans les deux camps. Le comte de Paris, Girard, autre personnage important dans l’histoire de la Bourgogne, entre en lice. Girard a épousé Berthe, sœur d’Ermengarde, femme de Lothaire, il est donc dans le camp de son beau-frère.
Le 25 juin 841, à Fontenoy-en-Puisaye, c’est la bataille. Lothaire perd cette bataille.
Puis le 14 février 842, c’est le serment de Strasbourg entre Louis et Charles, par lequel les deux frères se jurent mutuellement assistance.
Le 15 juin 842, les représentants des trois frères se réunissent non loin de Mâcon.
Le morcèlement de l’empire, le traité de Verdun et les troubles en Bourgogne :
Le traité de Verdun, du 11 août 843, fait éclater l’empire de Charlemagne et la Bourgogne mérovingienne.
L’empire continue son fractionnement, après le traité de Verdun qui l’a divisé en trois royaumes ; Lothaire Ier, avant de se retirer dans le monastère de Prüm,
partage ses états en 855 entre ses trois fils. L’empire compte maintenant cinq royaumes !!
Louis II, l’aîné, obtient le titre d’empereur d'Occident et roi d'Italie, Lothaire II est roi de Lotharingie, royaume qui englobe la Bourgogne Transjurane et la Haute Bourgogne, et Charles le cadet est roi de Provence ou Bourgogne Cisjurane. Lothaire Ier confie à son beau-frère, le comte Girard, la tutelle de son dernier fils. Girard assure la régence du royaume de Provence.
Des troubles éclatent en Bourgogne franque, liés à la fois à l’élection controversée sur l’évêché de Langres, mais également au fait que les grands sont excédés des comportements de Charles le Chauve. Aussi en mars 858, Charles convoque les grands de Bourgogne à Quierzy-sur-Oise pour régler le conflit.
Malgré des serments de fidélité, les grands de Bourgogne se révoltent, parmi les chefs, on trouve l’archevêque Ganelon de Sens, les comtes Eudes de Troyes et Echard du Morvois. Ils font appel à Louis le Germanique et lui demandent d’intervenir. Louis franchit le Rhin, occupe Châlons-sur-Marne, puis Sens. Charles lui coupe la route du retour en reprenant Châlons-sur-Marne, Louis fait demi-tour et fait face à son frère. Charles dont une partie de ses forces passent à l’ennemi, n’engage pas la lutte et se réfugie à Auxerre, auprès de son oncle maternel Conrad.
Louis se voit déjà roi des francs occidentaux, et de regrouper toutes les terres de son grand-père. Mais pour devenir roi, il faut un sacre. Alors, l’archevêque de Reims, Hincmar, s’élève et refuse ce sacrement, car il s’agit d’une imposture, et pour faire entendre raison à l’épiscopat de la Francie, Hincmar réunit un concile en novembre 858 à Quierzy, il déclare que Charles n’a pas commis de forfaiture et ne peut être destitué ; Louis ne sera pas couronné.
En janvier 859, Charles quitte Auxerre et se porte contre son frère, car celui-ci avait commis l’imprudence de renvoyer en Germanie
une partie de ses troupes, Louis se dérobe et retourne dans son royaume.
Les sanctions tombent, Eudes et Echard perdent leur comté. Charles récompense ses fidèles, à son oncle maternel, Rodolphe ou Raoul, le comté de Troyes, à ses cousins germains maternels, Conrad, le comté d’Auxerre et à Hugues,
dit l'abbé, l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre.
En 862, le marquis Humfrid, comte d’Autun, proche parent du régent de Provence, Girard, est accusé de rébellion vis à vis de son roi, par le vicomte de Blois. Le roi ne donne pas suite.
Mais en avril 863, Humfrid enlève Toulouse au marquis Raymond, et le tue. Charles se doit de réagir très vite, ses troupes se dirigent vers la Bourgogne. Les honneurs d’Humfrid sont distribués, Echard qui s’est réconcilié avec Charles, hérite du Chalonnais ou Chaunois, Bernard Plantevelue reçoit l’Autunois, et Eudes reçoit le Mâconnais.
Sur la Bourgogne germanique, ce n’est pas mieux, les trois fils de Lothaire n’ont pas l’esprit de confraternité, chacun réclamant une partie du royaume de leur père, toutefois, à Orbe, dans le Jura, en 863, les trois rois s’accordent sur un statu quo.
À partir de 864, le premier personnage de la Bourgogne est Robert le Fort, celui qui est l’ancêtre des Capétiens, est l’homme de confiance de Charles. Cette même année, il lui confie l’Autunois, puis l’année suivante, le Nivernais et l’Auxerrois.
Dès 866, les Normands sont de plus en plus présents et ravagent la Francie. Robert le Fort et son frère Eudes, l’ex-comte de Troyes, à la tête de l’armée royale sont chargés de les combattre, mais en septembre Robert est tué.
À la mort de Charles de Provence en 863, et de Lothaire II en 869, sans héritiers directs, leurs parts doivent revenir à leur frère l’empereur Louis II, mais celui-ci est occupé en Italie à lutter contre les Sarrasins. Leurs deux oncles Louis II le Germanique et Charles II le Chauve vont alors conquérir leurs territoires.
Le 22 janvier 870, Charles épouse, en secondes noces, Richilde, fille du comte et abbé de Gorze, Bivin. Il s’appuie alors sur son nouveau beau-frère Boson.
Lors du traité
du 8 août 870 à Meerssen, Louis le Germanique et Charles le Chauve se partagent la Lotharingie.
Dès 872, Charles s’intéresse à la succession de son neveu, Louis l’empereur, il est prêt à intervenir et fait un long séjour en Bourgogne, on le voit à Besançon, à Pontailler. Cette année, il nomme Boson, grand
chambrier du royaume.
Le 19 mars 875, le roi Charles le Chauve donne le monastère, le castrum et le centre-ville de Tournus, aux moines bénédictins de Noirmoutier, chassés par les invasions des
Normands (Nortmanni dans les chroniques), qui s’installent avec leur « propre relique », celle de leur saint patron,
Philibert. Cette date est donc retenue comme étant celle de la
fondation de l’abbaye. Ils s’installent sous la direction de l’abbé Geilon.
En 875, à la mort de l’empereur, Charles le Chauve se dirige vers Rome, accompagné de
deux bourguignons, Boson et son frère
Richard, et le 25 décembre, il est couronné empereur par le pape Jean VIII, soixante-quinze ans après son grand-père, Charlemagne. L’empereur revient en France et confie l’Italie à son beau-frère Boson, avec le titre de duc, puis de vice-roi. La fin de l’empire carolingien :
L’empereur convoque les grands au plaid de Quierzy-sur-Oise le 14 juin 877, une partie d’entre eux ne sont pas présents, mais Charles demande à son fils Louis de prendre conseil auprès d’eux. Puis Charles part une dernière fois, pour l'Italie à l’appel du pape, pour lutter contre les Sarrasins. Charles passe par Besançon, où il rencontre Boson, et part rejoindre l’Italie, mais sans son beau-frère.
Dans le même temps, Carloman, fils de Louis le Germanique, arrive de Germanie, avec une grande armée pour couper la route de l’empereur. Charles se replie sur le Pô, fait couronner sa femme Richilde impératrice et attend les renforts. Mais les grands du royaume se sont soulevés, et refusent d’aller au secours de l’empereur, qui a « déserté » son royaume », car ils n’étaient pas d’accord avec lui sur cette expédition, prétextant que la lutte contre les Normands était plus importante pour le royaume.
Les révoltés sont les 4 hommes forts du royaume, Boson, Hugues l’Abbé, Bernard Plantevelue et Bernard de Gothie. N’ayant pas le secours attendu, Charles fait demi-tour, mais il meurt lors du voyage au pied du mont Cenis,
le 6 octobre 877, il est enterré à Nantua.
Son fils
Louis II le Bègue lui succède sur le royaume des francs occidentaux, mais ne respecte pas les conseils de son père, en ne consultant pas les 4 hommes forts du royaume.
Ceux-ci se regroupent et marchent contre le roi. Une entrevue a lieu à Compiègne entre les révoltés et le souverain et sa belle-mère Richilde, Louis souscrit à toutes leurs demandes.
Seul, Bernard de Gothie continue la révolte, contre le nouveau souverain, mais il est tué en 879. Le roi, malade, le suit dans le trépas, l’empire carolingien se désintègre.
Son portrait :
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