Évènement du 11 Décembre 986 ou 991 :
Décès de Gerberge de Bourgogne, mère de Guillaume-Otton, comte de Mâcon et du
diocèse de Besançon. Elle se maria 2 fois d’abord avec le marquis
Adalbert d'Ivrée puis avec le duc Eudes-Henri de Bourgogne.
Son origine :
L’origine de Gerberge est un véritable casse-tête pour les historiens, nombre d’entre eux ont élaboré des solutions, toute plus ou moins différente les unes des autres,
mais aucun consensus à ce jour.
Que savons-nous précisément d’elle ?
Nous savons par une chronique de l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon, son nom, celui de son fils et son second mariage avec le duc Eudes dit Henri de Bourgogne vers 973.
D’autre part, la Vita des évêques d’Auxerre indique que le comte-évêque Hugues de Chalon, fils du comte Lambert de Chalon-sur-Saône, a eu une sœur qui se maria avec
le duc Henri de Bourgogne ; donc si nous suivons ces deux documents, Gerberge est une sœur de Hugues, mais cela pose plusieurs difficultés, comme nous allons le voir.
Premièrement, lors du décès, sans héritiers directs, en 1039, du comte-évêque Hugues de Chalon, le comté de Chalon-sur-Saône passe
à Thibaut de Semur-en-Brionnais, le fils de sa sœur Mathilde, cadette de Gerberge, alors que les lois de la succession auraient plutôt désigné les descendants de sa sœur ainée, Gerberge, c’est-à-dire
les enfants de Guillaume-Otton, car lui-même était décédé en 1026.
Deuxièmement, l’opposition systématique et acharnée de Hugues de Chalon à l’encontre de Guillaume-Otton lors de la
succession sur le duché de Bourgogne,
à la mort du duc Henri. Pourtant ils étaient oncle et neveu, certes le neveu
était plus âgé que son oncle, mais cette opposition reste énigmatique.
Troisièmement, la différence d’âge importante entre Gerberge et Hugues, Gerberge décéda une cinquantaine d’années avant son frère. Elle décède un 11 décembre entre 986 et 991, et
Hugues quitte ce monde le 8 novembre 1039. Pour nous, Gerberge n’est pas la sœur de Hugues, mais plutôt sa demi-sœur, consanguine ou utérine ? nous allons étudier les deux solutions.
Nous allons essayer d’identifier la famille de Gerberge, en recherchant pourquoi elle appela son fils Guillaume ou Otton, car au 10ème siècle, dans les familles nobles, les enfants
portent un nom de leur ascendance.
Un certain nombre d’historiens font de Gerberge, une fille du comte Lambert de Chalon-sur-Saône et de son épouse Adélaïde. Mais nous ne trouvons aucun personnage, du nom de
Guillaume ou Otton dans l'ascendance de la famille de Lambert.
Nous allons nous tourner vers la famille d’Adélaïde, la mère de Gerberge, la grand-mère de Guillaume-Otton. Une piste sérieuse, nous amène à proposer que le comte Lambert de
Chalon-sur-Saône, est le second époux d’Adélaïde, elle était veuve d’un comte Guillaume !! Gerberge serait la demi-sœur utérine de l’évêque-comte Hugues de Chalon.
Que savons-nous de ce comte Guillaume, il est appelé Guillaume Barbe Sale (Bucca Uncta), par Adémar de Chabannes, mais il l’a confondu avec notre Guillaume-Otton.
Ce Guillaume fut comte de son état, il a épousé une noble Adélaïde, son père se nomme Eudes et sa mère Engelberge.
Partons tout d’abord, à la recherche des parents, de ce comte Guillaume ; Eudes et Engelberge.
Nous identifions une première fois Eudes dans une charte de 918 à Langres, où il figure au nombre des ayants-droits sur la restitution de la terre de Lecey à l’église de
Saint-Mammès de Langres. Il signe la charte, du duc de Bourgogne Richard le Justicier, après Adélaïde, épouse du duc, et Hugues, Raoul et Boson, les trois fils du couple. Dans la charte son nom latin est Aldo.
En venant signer cette charte, cet Eudes par ses ancêtres avait des droits sur ces terres du diocèse de Langres.
Nous reconnaissons le comte Eudes et son épouse Engelberge dans la charte n° 476 de Cluny, datée de 937, ou nos deux personnages sont désignés comme propriétaires d’une demeure
dans la ville de Vienne au cœur du royaume de Bourgogne.
Nous trouvons également la présence de notre comte Eudes, lors du plaid royal dans la ville de Vienne tenu par le roi Conrad de Bourgogne en 943, par le biais de la charte n° 622
de Cluny, où il précède le comte Liétaud de Mâcon et Humbert, frère de celui-ci. Eudes est un personnage de premier plan dans le royaume
Welf de Bourgogne, le voici présent au plaid royal de Conrad.
Nous avons également à notre disposition la charte de l’église Saint-Vincent de Mâcon, n° 243, rédigée au temps de l’évêque Maimbode (938 à 958) et du comte Liétaud II (935 à 962).
Cette charte concerne la restitution par Eudes, à l'église Saint-Vincent de Mâcon, de la chapelle de Saint-Gengoux avec ses
dimes et ses biens. La charte nomme Eudes comme le très illustre
« virum inlustrem »; Eudes est peut-être décédé au moment de la rédaction de la charte.
Comme de nombreux aristocrate de l’époque carolingienne, Eudes était possessionné dans de nombreuses régions distantes les unes des autres, et dans des royaumes différents,
nous avons vu au travers de trois chartes, qu’il avait des biens dans le Langrois, le Viennois et le
Mâconnais.
Nous avons identifié Eudes, recherchons maintenant son épouse Engelberge. Tout d’abord, une parenthèse sur le nom de la mère de notre Guillaume, Engelberge ou Ingelberge, ce nom est
aussi le nom de l’épouse du duc Guillaume le Pieux d’Aquitaine, qui est aussi comte de Mâcon et d’Auvergne.
Était-elle une fille ou une petite-fille ou une nièce du duc ? cela est fort possible. Nous pensons qu’elle est la fille du comte Acfred et de la comtesse Adélanie, sœur du duc
Guillaume le Pieux, elle est la sœur des deux comtes d’Auvergne et de Mâcon qui se sont succédés, Guillaume II et Acfred, sur ces deux comtés.
Cette fille échappe pour l'instant à nos recherches.
Par cette parenté, sur le plan onomastique, on peut expliquer le nom de Guillaume pour le fils d’Engelberge, mais également le nom de Gerberge pour une de ses petites-filles.
Nous allons maintenant, identifier notre comte Guillaume dans les chartres.
Nous avons la charte n° 656 de Cluny, datée du 28 mars 944, du temps du roi Conrad de Bourgogne, qui relate un différend entre l’abbaye de Cluny et le vicomte Arnaud ou Adémar de Lyon,
un plaid est tenu à Lyon, sous la présidence du comte et marquis de Lyon Hugues. Parmi les signataires de l’acte, à la cinquième place se trouve un comte Guillaume, qui signe après le comte Liétaud II de Mâcon. Guillaume
remplace dans les assemblées du royaume de Bourgogne, son père Eudes, décédé.
Mais autre élément à prendre en compte, le marquis de Lyon Hugues est le
beau-père de notre comte Guillaume, le père de la comtesse Adélaïde.
Nous notons la présence de notre comte Guillaume dans la charte n° 250 de Brioude, datée de mai 955, troisième année du règne du roi Lothaire. Un couple de fidèles serviteurs
de notre comte, Etienne et son épouse Ermengarde, font une concession à l’église Saint-Julien de Brive.
Nous le retrouvons aussi dans la charte n° 1164 de Cluny, non datée, du temps du roi des Francs Lothaire, c’est-à-dire entre 952 et 986, avec son épouse la comtesse Adélaïde.
Ils signent la donation d’une villa à Reillac, de leur fidèles Etienne et son épouse Ermengarde, les mêmes fidèles que la charte précédente, villa située dans le comté de Brive, au profit du monastère de Cluny.
Par cette parenté, sur le plan onomastique, on peut expliquer le nom de Guillaume pour le fils d’Engelberge, mais également le nom de Gerberge pour une de ses petites-filles, et
Guillaume pour son arrière-petit-fils.
On explique aussi par cette généalogie,
pourquoi Guillaume-Otton hérita du comté de Mâcon du chef de sa mère, car
elle était la dernière descendante des ducs d’Aquitaine et comtes de Mâcon,
Guillaume II et Acfred, par son père et descendante du comte Hugues dit de
Troyes, qui fut aussi comte de Mâcon, par sa mère.
L'ascendance de la comtesse, marquise
et duchesse Gerberge de Bourgogne :
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