Évènement du 19 mars 875 :
Acte de fondation de l’abbaye de Tournus suite à la donation du
roi Charles le Chauve.
Rappel historique de cette abbaye :
Le premier édifice sur ce site a été édifié vraisemblablement au VIème siècle sur la tombe de Saint-Valérien, moine martyr vivant au IIème siècle. Cette première église devient monastère peu de temps après.
Le 19 mars 875, le roi Charles le Chauve donne le monastère, le castrum et le centre-ville de Tournus, aux moines bénédictins de Noirmoutier, chassés par les invasions des
Normands (Nortmanni dans les chroniques), qui s’installent avec leur « propre relique », celle de leur saint patron,
Philibert. Cette date est donc retenue comme étant celle de la fondation de l’abbaye. Ils s’installent sous la direction de l’abbé Geilon.
En 878, le roi Louis le Bègue confirme la donation de son père et ajoute à celle-ci la possession des villages d’Uchizy et de Louhans à l’abbaye.
L’abbaye est endommagée par le passage des Hongrois en 937.
Entre 944/949, le comte de Chalon, Gilbert ou Gislebert voulut imposer son abbé aux moines, devant la pression forte du comte, ceux-ci se réfugient avec leurs reliques auprès du comte de Mâcon, Liétaud. Ce dernier leur conseille de se réfugier en Auvergne, et les moines s’installent à Saint-Pourçain. Il fallut l’intervention des prélats locaux, Gui, archevêque de Lyon, Gerfroi, archevêque de Besançon, Rotmond, évêque d’Autun, Hildebold, évêque de Chalon et Mainbode, évêque de Mâcon, qui organiseront un concile à Tournus, pour faire revenir les moines et leur laisser le choix de désigner eux-mêmes leur abbé. Les prélats firent des donations à l’abbaye pour l’enrichir.
Après quelques dissensions entre la communauté de Valérien et celle de Philibert, les deux communautés fusionnent, en 979, et décident de (re)construire une nouvelle abbaye.
Dès 982, l’avoué de l’abbaye tournusienne, est le
comte de Mâcon Guillaume-Otton, qui est choisi par les moines.
Une première reconstruction a été engagée par Guillaume-Otton, souche de la lignée des comtes de Mâcon et de Bourgogne, de la Maison d’Ivrée, autour de l’an Mil. Reprenant à son compte le projet initié par son prédécesseur, le comte Aubry II de Mâcon, ex-époux de sa femme Ermentrude, Guillaume-Otton sera, grâce aux moyens qu’il va y engager, le maître d'ouvrage de la principale phase de construction romane de l'abbatiale de Tournus.
Guillaume-Otton va s’appuyer sur son cousin Guillaume de Volpiano, tant pour l’élaboration du programme que pour les choix techniques de l’édification. Guillaume de Volpiano semble s’être inspiré de l'Aula de Trèves pour dessiner l'extérieur de son avant-nef de Tournus, il avait visité un peu avant l’an Mil la ville germanique.
À travers cette implantation à Tournus, Guillaume-Otton et son cousin Guillaume de Volpiano, mettaient leur famille d’Ivrée sous la protection de saint Filibert. Guillaume-Otton est choisi comme l’avoué de l’abbaye par les moines.
La (re)construction de l’abbaye débute à la fin du premier millénaire et se poursuivra jusqu’au XIIème siècle. L’architecte de cette construction est l’abbé de Saint-Bénigne de Dijon, Guillaume de Volpiano, le cousin de Guillaume-Otton. Il commence par édifier l’avant-nef de la future abbaye, en conservant le fonctionnement de l’ancien édifice.
En 1007, un incendie ravage le chœur et la nef de l’ancienne abbaye, cela ralentit les travaux.
Entre 1018-1019, la construction de la nef et du chœur de la nouvelle abbaye en style roman, est réalisée, ainsi que la création du tombeau pour Saint-Philibert, sous l’impulsion de l’abbé Bernier.
Le chœur de l’église est consacré le 29 aout 1019, par les évêques Geoffroy de Chalon et Gauslin de Mâcon. À cette occasion, l’avouerie de l’abbaye est transférée de Guillaume-Otton, à l’évêque d’Auxerre et comte de Chalon,
Hugues de Chalon, qui était présent à cette cérémonie.
Entre 1028-1056, le nouvel architecte est le nouvel abbé, Ardain, peut-être le neveu de Guillaume de Volpiano, il poursuit les travaux sur la nef.
Entre 1066-1107, les travaux de voûtement de l’église en berceaux transversaux et du haut-vaisseau de la nef sont entrepris.
Deux tours, une sur la croisée et l’autre au nord de la façade, sont ensuite ajoutées. Les bâtiments conventuels (cellier, réfectoire, salle capitulaire) datent également des XIème et XIIème siècles.
En 1115, l’église de Tournus en pleins travaux de reconstruction, reçoit la visite de l’archevêque de Vienne, Gui de Bourgogne, qui est le fils du comte de Bourgogne et de Mâcon Guillaume Ier et l’arrière-petit-fils de Guillaume-Otton, il tient un concile dans la ville.
Le 11 février 1120, l’édifice est consacré par
le pape Calixte II, ex archevêque de Vienne, Gui de Bourgogne. Calixte confirme solennellement les propriétés et les privilèges de l'abbaye. Certainement un message fort de la Maison des comtes de Bourgogne de la famille d’Ivrée, de montrer leur attachement profond à l’abbaye de Saint-Philibert.
En 1184, construction du gros clocher, qui abritera à partir de 1224, la tombe du comte Guillaume IV de Mâcon.
Entre 1233/1236, celui qui est à l’œuvre, c’est Hugues de Mirebel, fils naturel du comte Guillaume IV, qui réalise le voutement de la nef. C’est sa nièce, la comtesse Alix de Mâcon, qui finance les travaux. Hugues fut aussi le constructeur de l’église à Saint-Albain.
D’autres chapelles sont construites aux XIVème et XVème siècle, ainsi que l’actuel palais abbatial. Il convient de noter que l’église abbatiale, le cloître, la salle capitulaire, le réfectoire et le cellier constituent le seul ensemble monastique roman du XIIème siècle conservé en Europe.
En 1562, pendant les guerres de Religion, les Huguenots ravagent l’abbaye.
Le 27 octobre 1627, la sécularisation de l’abbaye est décidée, l’abbaye devient un collège de chanoines.
L’église échappe à la destruction pendant la Révolution en servant de Temple de la Raison et redevient église paroissiale après le Concordat, en 1802.
Vers 1840, des travaux de restauration sont entrepris sur le portail, la colonnade de l’abside et des chapiteaux.
D’autres travaux sont engagés au XXème et XXIème, installation de nouveaux vitraux, restauration du clocher de façade, réalisation d’un nouveau mobilier, restauration de la nef et du chœur, et redécouverte des mosaïques du déambulatoire.
En 2019, célébration du Millénaire de la consécration de l’abbaye Saint-Philibert de Tournus.
L'édifice :
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