Évènement du 25 juin 1115 :
12 moines de l’abbaye de Cîteaux emmenés
par un jeune abbé, Bernard de Fontaine, s’installent dans un vallon boisé.
Fondation de Clairvaux par Bernard :
En 1115, l’abbé Étienne Harding envoie Bernard à la tête d'un groupe de moines pour fonder une nouvelle maison cistercienne dans une clairière près de Bar-sur-Aube,
donnée par le comte Hugues de Champagne. La fondation est appelée « claire vallée » qui devient ensuite « Clairvaux ». Bernard est élu abbé de cette nouvelle abbaye.
Elle est la troisième des quatre abbayes filles de
Cîteaux, après
La Ferté-sur-Grosne, puis
Pontigny, et sera
suivi par Morimond. Ces abbayes avaient un rôle de première importance dans l’organisation de l’Ordre de Cîteaux.
C’est sur un terrain marécageux de 30 hectares,
au milieu de la forêt, qu’ils bâtissent une petite église en bois et des cabanes provisoires, rapidement remplacées par un petit monastère en pierre. Peu de traces subsistent du Vieux monastère
certainement réalisé à la hâte et sans confort, mais où le nouvel abbé Bernard entendait appliquer la Règle de saint Benoît.
Détruit au XIXe siècle et connu aujourd’hui sous le
nom de « Petit Clairvaux », il comprend tous les éléments indispensables au bon fonctionnement d’une communauté cistercienne, tournés autour de l’église. Autour du monastère, les moines
défrichent le domaine pour y planter des cultures (vignes et céréales). Ils canalisent les rus du vallon pour être alimentés en eau.
Pendant cette période d’installation, Bernard met en application les principes fondateurs de l’ordre cistercien, fondés sur l’application « dans sa rectitude » de la Règle de saint Benoît :
orare et laborare : prière dans l’ascèse, et travail pour être autonome et permettre la charité aux pauvres.
Son charisme et sa force de persuasion attirent alors des dizaines de moines à Clairvaux. Les premières colonies « filles » de l’abbaye naissent, à Trois-Fontaines,
à Fontenay, dès 1118, à
Reigny
en 1128 et à Cherlieu en
1131.
La construction d’un nouveau monastère en
pierres, débute en 1135, à 400 m à l’est de l’ancien, sur l’emplacement de l’actuelle abbaye. Financés par le comte de Champagne et le roi d’Angleterre,
les travaux connaitront plusieurs phases tout au long du Moyen Âge.
L’agencement des bâtiments est le prototype-même du plan dit bernardin, synthèse de la tradition bénédictine et du mode de vie cistercien centré autour du cloître.
Le principal vestige qui nous reste de
cette abbaye médiévale est le bâtiment des convers, constitué d’un
réfectoire et d’un cellier au rez-de-chaussée, d’un dortoir à l’étage et de
combles.
À la mort de Bernard en 1153, 888 actes de profession de moines passés par Clairvaux sont retrouvés dans sa cellule, dont celui
du pape Eugene III.
L’abbaye compte déjà 169 « filles » en France et en Europe, preuve de son renom. En 1250, 339 « filles » de Clairvaux seront recensées sur les 651 abbayes cisterciennes existantes, dont les trois quarts hors de France.
L'après Bernard :
Aux XIIe et XIIIe siècles, l’abbaye de Clairvaux rayonne dans toute l’Europe sur le plan spirituel, mais aussi intellectuel avec la constitution par les moines d’une bibliothèque
parmi les plus importantes de l’Occident médiéval. L’inventaire réalisé en 1472 à la demande de l’abbé Pierre de Virey recense 1 790 volumes manuscrits, qui constituent l’un des fonds monastiques
les plus importants de l’Occident médiéval. À la Révolution, l’ensemble des ouvrages est transféré à Troyes. Cette bibliothèque de 1472, conservée dans sa majeure partie à la médiathèque du Grand Troyes,
a été inscrite au registre Mémoire du Monde par l’Unesco en 2009.
Mais le rayonnement de Clairvaux va
devenir économique avec le développement du « réseau des granges », qui place l’abbaye à la tête d’un patrimoine foncier considérable.
L’idéal cistercien de pauvreté, prêché par Bernard, basé sur le travail, la
prière, l’isolement et les dons, est brisé dès les premiers achats de
terres.
Au XIIIe siècle, ce mode d’acquisition prend le pas sur les dons, avec pour conséquence l’incroyable essor économique de l’abbaye.
Le "réseau des granges" comptera jusqu’à 44 centres d’exploitation agricole et industrielle, où travaillaient les frères convers
(500 au XIIIe). Ces religieux barbus, non soumis à toutes les règles de la vie monastique,
effectuent les tâches domestiques et les travaux à l’extérieur de l’abbaye. L’activité économique de l’abbaye de Clairvaux prospère alors dans de nombreux domaines (agriculture, viticulture, sylviculture et élevage).
La proximité des foires de Champagne, et les nombreuses franchises obtenues dans tout l’Occident placent l’abbaye au cœur du commerce médiéval.
L'abbaye développe alors un patrimoine foncier et financier considérable avec des terres (25 000 hectares), des maisons (133) et des moulins (43).
À ce patrimoine s’ajoutent les rentes en espèces perçues par les moines, violant les principes fondateurs de l’ordre cistercien mais permises dès la fin du XIIe siècle.
Mais à la fin du Moyen Âge, après la guerre de Cent Ans et le Grand Schisme, l'ordre cistercien et Clairvaux entrent en déclin comme l'ensemble du monachisme occidental...
La fin de l'abbaye :
En 1708, grâce à un patrimoine considérable, l'abbé de Clairvaux construit de nouveaux bâtiments dans un style somptueux qui n'a plus rien à voir avec l'austérité des origines.
Mais quand survient la Révolution, il ne reste plus à Clairvaux que 35 moines. Suite à la suppression des ordres monastiques, ils se retirent à Bar-sur-Aube avec une pension du gouvernement.
Les bâtiments sont vendus comme biens nationaux, et le lieu devient une prison. Au XIXe, il y aura jusqu'à 3 000 prisonniers à Clairvaux.
Grâce aux efforts de l'Association de renaissance de l'abbaye de Clairvaux, les visiteurs peuvent admirer le dortoir des convers, avec sa superbe et sobre architecture du XIIe siècle, en style roman,
et, à l'étage inférieur, le réfectoire des convers et le cellier, en style gothique. Du monastère du XVIIIe siècle, ils peuvent aussi voir les deux cloîtres et le réfectoire, converti en chapelle
par l'administration pénitentiaire au XIXe siècle.
L'abbaye de Clairvaux :
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