Évènement du 30 novembre 1424 :

Le duc de Bourgogne
Philippe le Bon épouse sa tante et cousine Bonne d’Artois.
Rappel du contexte :
Le duc a été marié une première fois en juin 1409, son grand-père
Philippe le Hardi, organise son mariage avec Michelle de France, fille du roi Charles VI, elle décède le 8 juillet 1422
à Gand. Le couple a eu une seule enfant, Agnès, morte très jeune.
Qui est Bonne d’Artois ?
Bonne d’Artois naît vers 1395, est la fille du comte d’Eu, Philippe d’Artois, et de la dauphine d’Auvergne, Marie de Berry, la petite-fille du duc Jean de Berry. Par son père, elle
descend du roi de France, Louis VIII, et par sa mère du roi de France, Jean II le Bon. Son père fait parti de l’expédition conduite par le
comte de Nevers Jean, en 1396, contre les Turcs, et sera capturé à
la bataille
de Nicopolis et mourra dans les geôles turques en 1397.
Premier mariage de Bonne avec Philippe de Bourgogne comte de Nevers :
Sa mère se remarie avec Jean Ier de Bourbon, vers 1400, futur duc de Bourbon. Bonne est mariée avec Philippe de Bourgogne, veuf d’Isabelle de Coucy, le 20 juin 1413, au château de
Beaumont-en-Argonne, dans le comté de Rethel. Philippe est le second frère cadet du duc de Bourgogne Jean sans Peur. Il est le fils de Philippe le Hardi et de Marguerite de Flandre. Il est comte de Nevers,
comte de Rethel et baron de Donzy depuis 1404, à la mort de ses parents. Philippe et Bonne sont cousins, car Philippe le Hardi et Jean de Berry, sont frères et fils du roi Jean II le Bon. Dans le contrat de mariage,
Bonne reçoit en dot une rente de 2 000 livres assises sur des terres en Vermandois. Bonne devient comtesse de Nevers, comtesse de Rethel et baronne de Donzy. Le duc Jean de Bourgogne n’a pas assisté au mariage de son
frère, pris dans les opérations militaires à Paris.
Ce mariage a été négocié et voulu par le grand-père de la dauphine, le duc Jean de Berry, et le frère du marié, le duc Jean sans Peur. C’est un mariage « d’arrangement » dans le
contexte politique du royaume, avec la guerre de Cent Ans, la folie du roi Charles VI, et le conflit entre Bourguignons et Armagnacs, c’est le gage de la fragile réconciliation qui suit l’épisode cabochien.
Philippe est le représentant du parti bourguignon et Bonne de celui des Armagnacs. Les 2 mariés passent quelques mois dans le comté de Rethel dans le château comtal de Mézières-sur-Meuse.
Philippe resta très distant de son frère le duc de Bourgogne, dans le conflit qui l’opposer au roi. Néanmoins, en dehors de ce conflit, Philippe assista régulièrement son frère ainé.
Il ne participa pas au complot qui déboucha sur le meurtre du duc Louis d’Orléans, en 1407. Il s’engagea avec les autres grands barons du royaume au côté du roi dans la lutte contre les Anglais, et sera hélas
présent à Azincourt.
De cette union va naitre deux enfants, Charles en juin 1414, qui sera comte de Nevers à la mort de son père, et Jean né en octobre 1415, qui sera comte d’Étampes, puis comte de Nevers
à la mort de son frère. Le duc Jean sans Peur était présent à Clamecy, au baptême de son neveu Jean, quelques jours avant le drame.
En effet le 25 octobre 1415, c’est la terrible défaite des Français à Azincourt, le duc de Bourgogne perd ses 2 frères, Antoine et Philippe, qui après avoir été faits prisonniers,
sont égorgés comme plus de 6 000 chevaliers et barons français, sur l’ordre du roi Henri V d’Angleterre. Jean de Bourbon, le beau-père de Bonne, est lui fait prisonnier par les Anglais, et restera prisonnier de
ces derniers jusqu’à sa mort en 1434 à Londres.
En reconnaissance des services militaires rendu par le comte Philippe de Nevers, le roi manda ses officiers de verser la somme de 32 600 livres à la comtesse de Nevers, somme qui
venait de l’héritage de Jeanne d’Artois, tante paternelle de la comtesse, qui avait mise en dépôt par les officiers royaux. Bonne, devenue veuve, élève seule ses 2 jeunes enfants, le plus souvent dans le Nivernais,
entre Clamecy, Décize, Moulins-Engilbert et Nevers, avec sa tante Jeanne d’Artois, également veuve. Elle correspond avec sa mère Marie, duchesse de Bourbon, qui se retrouve également seule, à élever ses enfants
de son second mariage. Leur correspondance sur fond de guerre de Cent Ans et du conflit franco-bourguignon, montre que les liens familiaux sont puissants, malgré que la duchesse soit du parti français, et la comtesse
de celui bourguignon.
Pendant son veuvage, elle gère au nom de ses fils, toutes les affaires politiques de ses comtés. En 1417, elle sollicite son beau-frère, le duc Jean sans Peur, de libérer, son demi-frère,
le comte de Montpensier, Louis de Bourbon, capturé par des hommes de main du duc, ce qui sera fait en 1418. Cette même année, elle fournit des hommes d’armes au duc de Bourgogne, lors du siège de la ville de
Cosne-sur-Loire, par les Armagnacs. Elle fonde, en 1419, à Decize, à côté du château des comtes de Nevers, un couvent de Clarisses. Elle fait l’acquisition du fief de Luzy en 1419, et éleva celui-ci en baronnie.
Son fils Charles réunit cette baronnie au comté de Nevers en 1442. A la mort de son beau-frère, le duc Jean sans Peur, elle assiste en septembre 1419, à une messe de commémoration dans la cathédrale Saint-Cyr de Nevers.
En 1420, elle perd sa tante Jeanne d’Artois, et hérite de la seigneurie de Houdan.
Second mariage de Bonne avec Philippe le Bon, duc de Bourgogne :
Onze ans après son premier mariage, elle se remarie avec son cousin mais aussi le neveu de son défunt époux, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, le 30 novembre 1424, au château de
Moulins-Engilbert dans la Nièvre, après la dispense papale de Martin V, dans la plus stricte intimité.
Parmi les participants à ce mariage, il y avait le comte de Richemont,
connétable de France, et beau-frère de Philippe, le mari de sa sœur
Marguerite. Quelques jours, avant son mariage, Bonne était aller à Nevers, rencontré ses sujets. Après les noces, le duc de
Bourgogne prit sous sa tutelle, ses 2 cousins et beaux-fils, Charles et Jean et les envoient en Flandre pour leur éducation.
Après leur mariage, le duc et la duchesse de Bourgogne viennent à Dijon, ils arrivent le 23 décembre, et ce jour Philippe le Bon remet aux habitants d’Auxonne la somme de 550 livres
en dédommagement de l’incendie qui détruisit presque toute la ville en septembre dernier. Le 30 décembre, le couple ducal visite les Chartreux de Dijon.
Début septembre 1425, Bonne d'Artois assiste à Autun, au mariage de Charles de Bourbon, son demi-frère, comte de Clermont, avec Agnès de Bourgogne, sa belle-sœur, sœur de Philippe le Bon.
Bonne attrape un refroidissement et meurt lors de son retour à Dijon, le 17 septembre 1425, moins de dix mois après son remariage.
Elle est inhumée dans
la chartreuse de Champmol, nécropole dynastique des ducs de Bourgogne de la
Maison de Valois et de leur famille.
Les portraits de Bonne d'Artois et de Philippe le Bon:


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