Évènement du 17 janvier 1342 :

Naissance de Philippe à Pontoise, dernier fils du roi de France Jean le Bon, il deviendra duc de Bourgogne.
Qui était Philippe ?
Il était le 6ème enfant de Jean de Valois, duc de Normandie, futur roi de France (Jean II), et de Bonne de Luxembourg.
Pour la bravoure dont il fit preuve lors de la défaite française de Poitiers, en 1356, contre les Anglais, alors qu'il était tout juste âgé de 14 ans, il fut surnommé « Hardi ».
Retenu prisonnier en Angleterre, pendant 4 ans, son père le roi Jean II le Bon, le récompensa, en 1360, lors de sa libération, en lui donnant la Touraine en apanage.
Le 23 décembre 1361,
le roi fit son entrée triomphante dans Dijon, ou il réunit les États de Bourgogne, et s’engagea à respecter les droits, privilèges et franchises du duché, il les confirma par une charte rédigée 5 jours
plus tard. Pour rappel, Jean avait hérité du duché, à la mort du dernier duc capétien de Bourgogne, Philippe de Rouvres, en 1361.
En juin 1363, le roi lui attribua le titre de lieutenant-général du duché de Bourgogne, puis le 6 septembre il lui concéda le duché de Bourgogne,
en pleine et entière donation et à ses héritiers issus de son corps et procréés en légitime mariage, quel que soit leur sexe, à perpétuité. Mais cet acte de donation était secret, le roi le confia au chancelier
de Bourgogne, Philibert Paillard, avec instruction de l’ouvrir qu’après sa mort.
Le roi décéda en avril 1364, à Londres, où il était retourné se faire prisonnier pour respecter sa parole donnée. Charles V qui succéda à son père sur le royaume, ouvrit l’acte de donation
et Philippe fut officiellement duc de Bourgogne, en juin 1364. Il restitua la Touraine à la couronne. Il devint le premier pair du royaume de France.
Le 26 novembre 1364, Philippe II de Bourgogne, dit le Hardi, célébra son « Joyeux Avènement » à Dijon, en compagnie de son frère Louis duc d'Anjou. Tout comme son père avant lui, il prêta alors serment en l'église abbatiale
de Saint-Bénigne de respecter les privilèges de la ville et du duché. Il confirma à cette occasion la charte de la commune.
Les prémices de son mariage :
Le mariage avec Marguerite de Flandre ne fut pas évident. Cette noble dame était la veuve de l’ancien duc Philippe Ier de Bourgogne, dit de Rouvres,
et la fille du comte Louis de Male et de Marguerite de Brabant. Louis était comte de Flandre, comte de Nevers et comte de Rethel et l’héritier de sa mère
Marguerite de Bourgogne ou de France, des comtés de Bourgogne et d’Artois.
Après le décès de son premier mari, son père voulut la marier avec Edmond de Langley, comte de Cambridge, mais la mère de Louis, Marguerite de France, ne
voulait pas d’un mariage anglais, suite à la mort de son mari à la bataille de Crécy en 1346.
Le roi Édouard III d’Angleterre engagea des manœuvres diplomatiques, et promit la somme de 175 000 livres, un contrat de mariage fut conclu le 19 octobre 1364. Les conseillers du roi de France Charles VI constatèrent que les futurs
époux étaient cousins à un degré interdit par l’église, aussi ils s’empressèrent d’obtenir du pape Urbain V, de refuser la dispense demandée par les futurs époux. Ce qui fit le pape qui
n'accorda sa permission.
Le roi de France proposa alors au comte de Flandre, de la marier à son frère Philippe, le récent duc de Bourgogne. Cette union permettait également au roi de contrecarrer l'union entre la Flandre et l'Angleterre.
De longues négociations furent nécessaires à la conclusion d’une telle alliance, car Marguerite était comme nous l'avons vu, une très riche héritière.
Le roi versa la somme de 200 000 livres tournois à Louis de Male en compensation de cet accord de mariage. En cadeau de mariage, il donna à
son frère Philippe, les châtellenies de Lille et de Douai.
Le mariage :
Le 9 juin 1369, à Gand en l'église Saint-Bavon, le duc Philippe II de Bourgogne dit le Hardi épousa Marguerite de Male
ou de Flandre. Les noces donnèrent lieu à de grandes réjouissances.
Cette union permit la fondation des États de Bourgogne, un empire au cœur de l'Europe !
Marguerite aura un rôle de premier plan auprès de son mari, l’assistant dans ses tâches administratives et dirigeant de facto la Flandre lorsqu’il était absent. Peu de temps, après son mariage, vers 1371, sa mère, Marguerite de
Brabant disparaissait de la scène politique, elle se retira dans le comté de Rethel et décéda en avril 1380, sans qu'on sut
exactement les causes de ce retrait.
La cérémonie :
La construction des États de Bourgogne :
En 1373, Philippe acheta à Henri de Longwy, pour le prix de 20 000 florins, les châteaux de Faucogney et de Château-Lambert, dans le comté de Bourgogne au baillage d'Amont.
Entre 1382 et 1385, Philippe était en guerre avec son beau-père contre les villes flamandes soutenues par les Anglais. Sur cette guerre civile se greffa un conflit religieux entre les Flamands et les Anglais qui
soutenaient le pape Urbain VI à Rome, et les Français et les Bourguignons qui soutenaient le pape Clément VII à Avignon. Malgré deux victoires françaises en 1382, le conflit se poursuivait l’année suivante, les Anglais
débarquèrent à Calais, le comte Louis et ses alliés Bourguignons et Français repoussèrent les envahisseurs. Louis décéda en janvier 1384, sa fille Marguerite de Flandre hérita de ses terres. Philippe dut de nouveau engager la lutte contre les Gantois qui
étaient toujours insoumis et une troisième intervention en 1385, permit enfin de ratifier un traité de paix à Courtrai. La guerre des Flandres fut terminée.
En janvier 1384, à la mort de son beau-père, il devint
comte de Flandre, de Nevers, de Rethel, d’Artois et de Bourgogne. Philippe
devint ainsi le prince le plus puissant de la chrétienté. Le duc de
Bourgogne et la duchesse organisèrent des funérailles grandioses le 27 février, à la collégiale Saint-Pierre de Lille, une façon de se poser en successeur légitime de Louis de Mâle. A cette occasion le corps de Marguerite de Brabant fut ramené
à côté de son mari.
Les territoires étaient riches mais hétérogènes. Pour les gouverner, une capitale s'imposa : Paris, au nœud des communications entre Flandre et Bourgogne. Le duc, la duchesse et leur cour
résidèrent plus de la moitié de l'année à l'hôtel d'Artois, dans l'île de la Cité. De nombreux chevaucheurs transmettaient ses ordres et ceux de son chancelier, Jean Canard. Il créa pour chaque région, une administration particulière.
On s’aperçu que le centre stratégique des domaines des ducs de Bourgogne se décalait vers les Flandres. En effet, la Flandre s’urbanisait à un rythme effréné au point de devenir la région la plus densément peuplée d’Europe occidentale.
Vers 1200, un quart de sa population vivait dans les villes, lesquelles n'étaient séparées que par plus ou moins cinq heures de marche, une situation inédite sur le continent. Les nombreuses voies d’eau permettaient un développement rapide de la
navigation, et donc du commerce.
Les villes devenaient des centres importants pour l’industrie textile, et s’enrichissaient comme peu d’autres villes le faisaient en Europe. Gand était le principal centre de draperie du monde occidental, et Bruges devint le
centre économique et financier le plus important de l’époque, où des commerçants de tout le monde connu se retrouvaient. On disait que c’était là qu’était née la toute première bourse du monde. La laine anglaise
était le produit de base sur laquelle tournait toute l’économie.
D'autre part, la Bourgogne lui apportait par le commerce du vin, une autre et grande diversité commerciale.
Il attira en Bourgogne des artistes flamands et commença l’édification de somptueux monuments, et le duc-comte choisit l’église de la chartreuse de Champmol, aux portes de Dijon, comme lieu de nécropole familiale.
En 1385, Philippe maria son fils Jean, comte de Nevers, à Marguerite de Bavière ; et sa fille Marguerite à Guillaume de Bavière, les deux enfants du comte Albert de Bavière.
Ce dernier était comte d’Hainaut, d’Hollande et de Zélande. Marguerite de Bavière apporta 200 000 écus en dot. Les noces seront célébrées à Cambrai
avec une magnificence jamais vue, tous les grands de France, de Bourgogne, de Flandre, d’Hainaut, d’Hollande et du Brabant étaient présents. Philippe s’offrait des perspectives d’expansion avec le mariage croisé de ses deux enfants avec ceux
de la famille des Wittelsbach de Bavière.
Cette même année, le duc organisa les institutions de ses principautés, il créa un office de « chancelier de monsieur le duc », dont le titulaire devint le garde des sceaux du duc
et le chef de l’administration de l’ensemble des états du prince.
En 1386, une Chambre du conseil et des comptes fut instaurée et siégeait à Lille. Philippe fixa le siège du
Parlement comtois à Dole, qui avec sa Chambre de justice, jugeait en appel, consacra le pouvoir de la bourgeoisie toute dévouée au duc comte.
Le duc mit également en place une Chambre du conseil et des comptes à Dijon pour la Bourgogne.
En 1390, Philippe acheta le comté de Charolais pour 60 000 écus d’or à Bernard VII d'Armagnac, avec l’argent de la dot de sa bru Marguerite de Bavière, l’expansion bourguignonne continuait.
Le Charolais faisait un retour dans la Maison de Bourgogne, rappelons qu’elles faisaient parties du comté de Chalon-sur-Saône depuis le Xème siècle, puis intégrées dans le duché jusqu’au XIIIème siècle.
En 1392, Philippe continua sa politique d’alliance matrimoniale, en mariant sa fille Catherine avec le futur duc d’Autriche, Léopold IV d’Habsbourg, puis l’année suivante son autre fille Marie avec le duc Amédée VIII de Savoie.
En 1393, en raison de la folie du roi de France
Charles VI, Philippe avait la charge de la politique générale du royaume ; mais dans ses périodes de lucidité, Charles VI s’appuyait sur son frère le duc d'Orléans Louis.
Les deux princes s’affrontaient, se haïssaient et passaient leur temps à mettre à néant les décisions de l’autre.
Pour mieux manifester son attachement à son duché, Philippe fit confectionner en 1398 un anneau que l’abbé de Saint-Bénigne de Dijon
devait passer au doigt de chaque nouveau duc. Philippe le Hardi avait la cour la plus fastueuse d'Europe, dont le luxe et les dépenses coutèrent gros à la Bourgogne.
En 1402, Philippe et Marguerite étaient en Flandre pour marier leur fils Antoine, avec Jeanne de Luxembourg, la fille et héritière du comte de Ligny et de Saint-Pol, Waleran de Luxembourg. Le duc et la duchesse feront don du comté
de Rethel à leur fils Antoine, lors de ce mariage.
En avril 1404, le duc de Bourgogne se rendit en Flandre pour faire reconnaître son fils Antoine, comme l’héritier par
sa mère, des duchés de Brabant et de Limbourg, au moment du décès de la duchesse Jeanne de Brabant, tante de sa mère.
À Bruxelles, il attrapa une grippe infectieuse, qui l’emporta en quelques jours, il décéda dans son château d’Hal, le 27 avril. Il mourut criblé de dettes.
Sa veuve fut obligée de renoncer à la communauté des biens, pour sauver son douaire des créanciers, et selon le rituel en Bourgogne elle déposa sur le cercueil, ses clefs, sa bourse et sa ceinture.
Son corps fut transporté à la chartreuse de Champmol de Dijon, qu’il avait fait construire, où
fut édifié un superbe tombeau en marbre.
Marguerite décéda peu de temps après son mari, le 16 mars 1405 à Arras, elle
fut inhumée en la collégiale Saint-Pierre de Lille, à côté de son père. La succession de Philippe le Hardi et Marguerite de Male entre leurs trois fils :
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L’aîné Jean dit sans Peur, qui portait le nom de son grand-père, comte de Nevers depuis 1384, reçut le duché de Bourgogne et les comtés de Flandre, d'Artois et de Bourgogne.
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Le deuxième Antoine, comte de Rethel depuis 1402, hérita des duchés de Limbourg et de Brabant en 1406.
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Le troisième Philippe hérita des comtés de Nevers et de Rethel et de la baronnie de Donzy, cédés par ses deux frères.
Leurs 3 filles épousèrent :
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Marguerite épousa Guillaume de Wittelsbach, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande, et le couple eut une seule fille Jacqueline dite de Bavière
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Catherine épousa Léopold IV de Habsbourg, duc d'Autriche, le couple n'eut pas d'enfant
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Marie épousa Amédée VIII de Savoie, comte puis duc de Savoie, le couple eut 9 enfants
Son portrait :


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