Évènement du 10 septembre 1419 :

Meurtre de Jean de Bourgogne, dit "Jean sans Peur",
duc de Bourgogne.
Pourquoi ? :
Retour sur les évènements précédents, le 23 novembre 1407, Jean fait assassiner son cousin le duc Louis d’Orléans,
pour assurer sa présence au conseil royal.
La guerre civile va s’engager entre Bourguignons et Armagnacs.
Elle va s'étaler entre le 15 avril 1410, date du mariage de Charles d'Orléans avec Bonne d'Armagnac, jusqu'au 10 septembre 1419, date de l'assassinat de Jean sans Peur.
En mai 1418, des troupes bourguignonnes pénètrent dans Paris, et un soulèvement général s’en suit.
Le connétable Bernard d’Armagnac est tué, ainsi que 3 000 de ses soldats.
Des rapprochements ont lieu entre le dauphin Charles, le futur Charles VII, et Jean sans Peur, pour lutter contre les Anglais.
L'entrevue :
Le 10 septembre 1419, les deux parties se présentent vers 15 h sur les deux berges de l'Yonne, de part et d'autre du pont de Montereau.
Dès deux côtés, chacun pense qu’il s’agit d’un piège et qu’on veut attenter à sa vie, leurs gardes sont en alertes. Au milieu du pont, des charpentiers ont élevé un enclos avec une porte de
chaque côté. Il est convenu que les deux princes entreront dans l'enclos avec chacun une escorte de dix chevaliers et que les portes seront fermées pendant toute la durée de l'entrevue. Chacun des
vingt hommes prête serment.
De chaque côté de l'Yonne, les deux princes s'épient et se méfient l'un de l'autre. Enfin, à 17 h, Bourgogne se décide, il s'avance sur le pont de Montereau et se
dirige vers l’enclos accompagné de son escorte de 10 personnes. Le dauphin fait de même. L'atmosphère est tendue. Le duc s'agenouille avec respect devant le dauphin.
Pour la suite deux récits différents nous sont rapportés par les chroniqueurs de l'époque.
Pour les bourguignons, Jean sans Peur s'est fait agresser immédiatement, par l’escorte royale, sans avoir entamé un début de discussion avec le dauphin,
dès qu'il était à genoux, Tanneguy du Chastel, le frappa à la tête.
Pour les conseillers royaux, le dauphin reproche au duc d'avoir préservé sa neutralité, sinon son alliance avec les Anglais, malgré la paix d’Arras
signée en 1415. Le duc lui répond « qu'il avait fait ce qu'il devait faire ». Le ton monte, le duc se serait montré arrogant et
il aurait signifié au dauphin qu'il était dépendant du roi son père et donc dans l'incapacité de traiter en son nom.
Le duc aurait fait le geste de tirer son épée du fourreau, ce qui aurait déclenché la réaction immédiate de la garde armée du dauphin. Tanneguy du Chastel porte
un coup de hache au visage ou à la tête du duc en criant « Tuez, tuez ! ». Le dauphin est écarté de la scène, les hommes d'armes de chaque parti brandissent leurs
épées et c'est alors la bataille.
Pour les bourguignons, le dauphin est considéré comme le principal instigateur du meurtre du duc de Bourgogne, malgré
les dénégations du dauphin.
Ce crime est la vengeance de l’assassinat du duc d'Orléans intervenu 12 ans plus tôt.
Il est difficile d'arbitrer entre ces deux versions qui restent historiquement contradictoires.
Notons que lors du traité d'Arras en 1435 entre Charles VII et Philippe le
Bon, le roi fera amende honorable au duc pour le meurtre de son père Jean. Les dix chevaliers qui accompagnèrent le duc à cette entrevue étaient : Charles de Bourbon, fils du duc Jean Ier, Archambault de Foix,
seigneur de Navailles et chambellan du duc, Jean de Fribourg, comte de Fribourg-en-Brisgau, Pierre de Giac, seigneur de Giac, Gui III de Pontailler,
seigneur de Talmay et conseiller du duc, Jean Ier de Neufchâtel, seigneur de
Montaigu et capitaine-général de Bourgogne, Charles de Récourt, amiral de
France, Antoine de Vergy, seigneur de Champlitte et conseiller du duc, Jean de Vergy,
seigneur de Fouvent et conseiller du duc, Guillaume de Vienne,
seigneur de Saint-Georges et capitaine-général de Bourgogne.
Archambault meurt de ses blessures quelques jours plus tard, Charles de Récourt sera tué quelques jours plus tard par les Armagnacs, Jean de Neufchâtel réussit à se
sauver et à prévenir les autres bourguignons. Les 7 autres furent prisonniers puis libérés,
en versant des importantes rançons, peu après le
traité de Troyes de mai 1420.
Charles de Bourbon épousera Agnès de Bourgogne, fille du défunt duc Jean en
1425. Le corps de Jean sans Peur fut dépouillé de ses joyaux et de ses riches vêtements, par les partisans du dauphin.
Le cadavre du duc de Bourgogne aura la main droite sectionnée, à l'instar de ce qu'avaient fait les partisans de Jean sans Peur quelques années auparavant,
lors de l'assassinat de Louis Ier d’Orléans. Le cadavre du duc resta toute la nuit sur le pont, le lendemain son corps fut porté à l’hôpital de Montereau puis en l’église de Notre Dame.
Le doyen inhuma le corps de Jean sans Peur dans son église devant l’autel de Saint Antoine.
La duchesse, Marguerite de Bavière, fut avertie très rapidement et envoya Gauthier de Bauffremont informer
son fils Philippe qui était en Flandres. Elle écrivit partout à ses alliés et vassaux pour demander du secours et
réclamer la vengeance pour ce meurtre.
C'est seulement le 4
juin 1420 après le traité de Troyes, que Philippe le Bon est à Montereau pour récupérer le corps de son père et le fit
transporter à Dijon, par Guillaume de Vienne, qui venait d'être libéré, dans
la chartreuse de Champmol. Une
cérémonie émouvante eut lieu en présence de la duchesse et épouse de Jean,
Marguerite de Bavière, ainsi que de nombreux prélats et nobles du duché et
comté de Bourgogne.
Son tombeau était en cours de fabrication. Philippe le Bon confie la
réalisation de l'œuvre à Jean de la Huerta et Antoine le Moiturier, avec ordre de
reprendre fidèlement le modèle du tombeau de Philippe le Hardi. Les tombeaux de ses parents sont terminés en 1470, Jean sans Peur et Marguerite de
Bavière y sont ensevelis.
Son héritage :
De son union avec Marguerite de Bavière, naissent un fils et sept filles :
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Marguerite qui épouse en 1404, le duc Louis de Guyenne, puis en 1423 le duc Arthur III de Bretagne
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Marie qui épouse en 1406 le duc Adolphe Ier de Clèves
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Philippe qui hérite des États bourguignons, et qui sera appelé Philippe le Bon
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Isabelle qui épouse en 1406 le comte de Penthièvre Olivier de Châtillon
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Anne qui épouse en 1423 le duc de Bedford Jean de Lancastre
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Agnès qui épouse en 1425 le duc Charles Ier de Bourbon
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Et 2 filles mortes jeunes
Il a également quatre enfants illégitimes :
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Philippote de sa maîtresse Margaretha van Borselen, qui épouse en 1429 Antoine de Rochebaron, seigneur de Berzé-le-Châtel
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Jean VI de sa maîtresse Agnès de Croÿ, qui sera évêque de Cambrai de 1439 à 1479
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Et 2 enfants mort jeunes
Pont de Montereau :

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