Évènement du 26 juillet 853 :
Décès du marquis de Bourgogne Guérin ou Warin, qui fut comte de Mâcon, Chalon-sur-Saône, Autun.
Qui est Guérin ?
Il est souvent désigné par la variante Warin, et généralement en latin par Warinus, plus rarement Werinus. On trouve aussi des variantes Guarin ou Garin.
Guérin est ni plus ni moins que l'un des principaux vassaux de l'Empire. Il a été successivement comte d'Auvergne de 818 à 838, de Mâcon de 825 à 853, de Lyon de 830-843,
de Chalon-sur-Saône de 834 à 853, et d’Autun de 837 à 839. Il occupe aussi des fonctions d’abbé laïc à Saint-Marcel de Chalon en 835 et
Flavigny en 849.
Ce puissant personnage, familier de l'empereur
Louis le Pieux, puis de son fils, le roi
Charles le Chauve, est ce qu'on appelle aussi à cette époque un Grand.
Judith de Bavière, seconde épouse de Louis-le-Pieux, est une nièce de Guérin, ou une « demie-nièce » si ce dernier est né d'un premier mariage de son père Isembard. Ce lien peut expliquer la proximité entre l’empereur et le comte.
Sa famille fait partie de la haute aristocratie que les Carolingiens recrutent au nord-est de l'empire pour combattre au sud-ouest contre les Sarrasins.
C'est ainsi qu'Isembard Ier, père de Guérin fait plusieurs campagnes en Catalogne sous Charlemagne, au début du VIII siècle.
Sa vie de militaire et diplomate :
Il apparait la première fois en 817, en Aquitaine, ou l’empereur Louis-le-Pieux, lui demande d’aider son fils Pépin Ier, âgé de 20 ans, nouvellement nommé roi.
L'année suivante, en Gascogne, Loup Centulle, comte de Vasconie, se rebelle contre le pouvoir de Pépin. Guérin écrase cette rébellion. C’est peut-être en récompense de ses actions, que l’empereur lui confie le comté d’Auvergne.
À l'été 825, dix-neuf hauts dignitaires religieux et laïques, se sont réunis à Cluny, autour de l’empereur Louis le Pieux, il y a l'évêque Hildebald de Mâcon, le comte Guérin/Warin de Mâcon,
son épouse la comtesse Albane/Ava et une quinzaine d’autres personnages proches de l’empereur et du comte, dont Hilduin, abbé de Saint-Denis et archichapelain du palais impérial, et Adalgise comte du palais.
A l’issue de ce congrès, le 4 juillet 825, Guérin et son épouse Albane fondent le premier monastère à Cluny.
En 834, Guérin défend la ville de Chalon-sur-Saône au nom de Louis le Pieux, contre Lothaire, en révolte contre son père, il joue le négociateur entre le père et le fils.
L’ascension politique de Guérin se poursuit, dans les chroniques vers 840 et 842, Guérin est qualifié de « dux », « dux Burgundiae potentissimus » et de « dux Tolosanus ».
Le 25 juin 841, à Fontenoy-en-Puisaye, dans l'Auxerrois, une terrible bataille oppose les 3 fils de l’empereur.
C’est le comte Guérin à la tête d’une armée de Provençaux, Toulousains et Bourguignons, qui renverse la situation et permet à Charles le Chauve de gagner.
Le 15 juin 842, les trois frères royaux carolingiens et leurs représentants se réunissent non loin de Mâcon, sur l’île de Saint-Romain-des-Îles,
pour tenir une Diète Impériale. Le comte Guérin est présent à cette assemblée pour préparer la paix et le partage de l’empire.
Le découpage du
Traité de Verdun en août 843, a pris en compte, le respect des fidélités des
comtes vis-à-vis de leurs rois, mais pour certains, ils doivent changer de
territoires pour s’installer dans le royaume de leur suzerain. Guérin est
lui récompensé de la perte du Lyonnais et du Viennois (inclut dans la
Lotharingie), il reçoit les comtés d'Auxois et de Duesmois, ce qui forme
avec le Mâconnais, le Chalonnais, l’Autunois et le Mémontois qu’il possède
déjà, la Marche ou le Marquisat de la Bourgogne et fixe sa capitale à
Chalon-sur-Saône qu'il conservera jusqu'en 853.
Charles envoie le duc Guérin, en Aquitaine, pour empêcher son neveu Pépin II d’Aquitaine, de se proclamer roi.
Pépin nomme Bernard de Septimanie, duc d’Aquitaine, la confrontation entre les deux parties tourne à l’avantage des troupes de Guérin, et en 844,
Bernard est capturé et exécuté à Toulouse, sur les ordres de Charles le Chauve, une paix s’installe sur la Francie.
On le trouve ensuite essentiellement dans sa Marche de Bourgogne, où il décède. Il est enterré
à Cluny au pied du monastère qu’il a fondé, avec son épouse, qui viendra le rejoindre 5 ans plus tard.
Son mariage :
Il a épousé une très noble dame Ava ou Albane ou Abba, dont la filiation reste encore débattue par les historiens, la principale hypothèse est de faire d’Ava une fille du comte Thierri II d’Autun,
de la puissante famille des Guilhemides, qui par son grand-père le comte Thierri Ier d’Autun est un descendant du roi mérovingien Théodoric III,
donc un cousin de la future reine des Francs, Bertrade, épouse de Pépin le
Bref, et par sa grand-mère Alda épouse du comte Thierri Ier, une descendante de Charles Martel, grand-père de Charlemagne.
Voilà une ascendance plus que prestigieuse pour cette épouse du comte Guérin, car elle est à la fois une « mérovingienne » et une « pippinide ».
Le couple Guérin / Ava a un enfant, Isembard, qui succèdera à son père sur les mêmes honneurs de Bourgogne. En 858, il se retire dans la région de Narbonne au moment où sa mère quitte ce monde.
Il est à noter que 80 ans plus tard, la première famille héréditaire du comté de Mâcon est issue des vicomtes de Narbonne.
Sa sépulture au pied du monastère de Cluny :
|