Évènement du 22 mars 1119 :
Fondation de l'abbaye cistercienne de Bellevaux.
Origine et histoire de sa fondation et de ses filles :
À la demande des seigneurs comtois Pons Ier de La Roche-sur-L’Ognon et Étienne Ier de Traves, et de l’archevêque Anséric de Besançon, en 1119, des moines provenant de l’abbaye de Morimond,
elle-même fondée en 1115 par des moines issus de celle de
Cîteaux, s’établissent à Bellevaux dans la vallée de l’Ognon (Bella Vallis). Ils fondent ainsi la première abbaye cistercienne dans le comté de Bourgogne.
Le premier abbé est Pons de La Roche, fils du fondateur.
Celle-ci fonde à son tour des abbayes filles : Lucelle en 1126, Neubourg en 1128, Rosières en 1132,
La Grâce-Dieu en 1133, Montheron en 1135.
Les libéralités se multiplient en faveur de Bellevaux, d’abord le
comte Renaud III de Bourgogne adressa à l’abbé Pons, une charte par laquelle il exempte les religieux de ce monastère
de toutes les redevances dues au souverain pour la vente l’achat ou le transport des denrées dans le comté de Bourgogne.
En 1139, une bulle du pape Innocent II adressée à l’abbé Pons, approuve la création du monastère et l’autorise à recevoir des dons et à conserver ceux qu’il a déjà reçu et l’exempte
de la juridiction des évêques. Cette bulle sera confirmée régulièrement par les papes, les abbés de Bellevaux sollicitant les souverains pontifes pour valider leurs possessions, leurs privilèges et leur indépendance.
En 1143, l’église de l’abbaye est consacrée par
l’archevêque de Besançon, Humbert de Scey, en présence de l’abbé Pons de La Roche, de l’abbé Gui de l’abbaye de Cherlieu,
des bienfaiteurs. L’archevêque était le frère du fondateur de l’abbaye Pons de La Roche. L’archevêque demanda aux nobles présents de confirmer leurs dons et leurs cessions à l’abbaye. Richard II seigneur de Montfaucon
et son fils Amédée, Bernard de Rosières, Pons de Cirey, Guy II et Renaud Ier de Traves, connétable de Bourgogne, déposèrent solennellement les actes et accédèrent à la demande de l’archevêque.
L’arrière-petit-fils du fondateur, Othon de La Roche, seigneur de Ray, s’engage dans la quatrième croisade (1202-1204) et devient duc d’Athènes en 1205. Il fonde les abbayes de Daphni
près d'Athènes en 1207 et Laurus dans le diocèse de Constantinople en 1214, et les rattache à Bellevaux.
Le développement économique :
L’abbaye va développer un réseau de granges, on dénombre quatre granges dès 1139, auxquelles s’ajoutent trois nouvelles en 1156, puis deux autres vers 1178. Au cours du XIIIème siècle,
de nouveaux centres d’exploitation sont opérationnels on en dénombre cinq autres. La plupart de ces granges étaient agro-pastorales et forestières. À Cirey, l’abbaye possède également une tuilerie. Bien gérées et avec
des rendements supérieurs à ceux des domaines laïques, les granges cisterciennes représentaient un modèle économique performant dans le monde rural des XIIème et XIIIème siècles.
En 1295, un état des abbayes cisterciennes du comté de Bourgogne, ordonné par
le comte Othon IV, indique que l’abbaye de Bellevaux avait un revenu annuel de terres de 2000 livres.
En 1171, l’archevêque de Besançon, Eberhard, confirme à l’abbé Bernard de Bellevaux la donation d’un terrain à Besançon, près du pont Battant, faite par un dénommé Hugues. Sur ce terrain,
Bellevaux, avec l’autorisation de l’archevêque fera bâtir un hôtel, un hôpital pour les pauvres puis une chapelle.
L'une des gloires de l'abbaye est d'avoir possédé jusqu'à la fin du XVIIIème siècle le corps de Pierre II de Tarentaise, moine
à l'abbaye de La Ferté-sur-Grosne, puis archevêque de Tarentaise mort en cette abbaye en 1174.
En 1191, la canonisation de Pierre de Tarentaise, par le pape Célestin III, va générer un pèlerinage important vers l’abbaye de Bellevaux, et inciter les familles nobles locales à se faire ensevelir dans l’abbaye
(voir ci-dessous).
En 1301, l’abbé Jourdain de Bellevaux prête la somme de 400 livres à son homologue Renaud abbé de la Grâce-Dieu, pour subvenir aux difficultés financières de leur abbaye-fille.
Les donations :
En 1140, le doyen de la cathédrale Saint-Etienne de Besançon, Pierre de Traves, frère du fondateur Etienne Ier, fait une donation à l’abbaye.
En 1147, le comte Renaud III de Bourgogne, fait une donation à l’abbaye de Bellevaux, de deux manses et une perche de terre à Puitsmur.
En juin 1156,
l’empereur Frédéric Barberousse lors de son mariage avec Béatrice de Bourgogne, en présence de l’archevêque de Besançon, Humbert de Scey, confirme plusieurs diplômes
en faveur des abbayes du comté de Bourgogne : Cherlieu, Acey, Bellevaux,
Clairefontaine, La Charité, Grâce-Dieu, en considération des dons qui leur avaient été donnés par le comte Renaud III, père de Béatrice.
En 1159, le seigneur Othon Ier de La Roche, fils du fondateur, donne à l’abbaye tout ce qu’il possède au village de Valeroy, avec le consentement de sa mère Sibille, et ses deux
frères Hugues de Roulans, et Pons de La Roche, abbé de Bellevaux, et de son oncle Humbert de Scey, archevêque de Besançon.
En 1197 Etienne III de Bourgogne, comte d’Auxonne, donne à l'abbaye de Bellevaux une chaudière de sel et des terres sises à Thurey et Moncey.
En 1217, Othon de La Roche, seigneur de Ray, peu avant de partir en croisade, donna à l’abbaye le droit de pêche pendant 15 jours dans les rivières des châtellenies de La
Roche-sur-L'Ognon et de Ray avec le consentement de son frère Humbert de La Roche. Sa sœur Sibille, elle-aussi sur le départ pour le Moyen-Orient donna 2 serfs à Bellevaux.
En 1223, Hugues de Scey donne 2 vignes sises à Besançon à l’abbaye.
En 1233, Guy sire de La Roche donne l’usage de son bois au-lieu-dit La Vêvre au monastère de Bellevaux.
En 1243,
Jean de Chalon, seigneur de Salins, fait don à l’abbaye de Bellevaux de 10 livres de revenus et 2 billions de sel à prendre annuellement sur sa saunerie de Salins à charge
à l’abbaye de célébrer annuellement l’anniversaire du comte.
En 1254, Jean sire de La Roche donne deux meix au village de Chaudefontaine à l’abbaye et trois meix au village de Pirey.
En 1280, le comte Othon IV de Bourgogne par deux lettres patentes confirme tous les droits et privilèges de l’abbaye et toutes les donations faites à l’abbaye.
En 1289, Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard, fait une donation annuelle de 100 sous estevenants à prendre sur les revenus des puits de sel à Salins, à l’abbaye de Bellevaux.
Cette donation est actée par son frère le comte Othon IV de Bourgogne.
Les personnages inhumés dans l’abbaye :
La famille des seigneurs de la Roche-sur-L’Ognon :
-
Pons II de la Roche † 1203 (fils du fondateur)
-
Jean de La Roche † 1290
-
Odon de La Roche † 1312
-
Odat de La Roche † 1321
-
Les 2 épouses de Ferry de La Roche, Catherine de Brattes † 1338 et Jeanne de Vaugrenans † 1340
La famille de Rougemont :
-
Girard de Rougemont, archevêque Besançon † 1225
-
Eudes de Rougemont, archevêque de Besançon † 1301
-
Humbert V seigneur de Rougemont † 1331
-
Guillaume Ier seigneur de Rougemont † 1352
-
Guy II seigneur de Rougemont † 1420
Un autel dans le chœur était dédié à la mémoire de l’amiral de France, Jean de Vienne, † 1396, seigneur de Roulans, qui fit édifier une chapelle dans l’église au XIVème siècle.
Le déclin :
Le déclin à partir du XIVème siècle, est consécutif aux guerres et à la peste noire. Puis l’abbaye périclite avec le système de la commende introduite en 1455. Dans le régime de la
commende, un ecclésiastique ou un laïc nommé par le pouvoir royal ou papal tient une abbaye, c'est-à-dire, en percevant personnellement les revenus, sans toutefois avoir la moindre autorité sur la discipline interne
des moines. L'abbaye de Bellevaux perd une grande partie de ses revenus. L’abbaye ne compte plus que six moines en 1497.
En 1603 l'abbaye ne compte que cinq moines. La guerre de Dix ans, qui ravagea la Franche-Comté de 1635 à 1644, n’épargna pas l’abbaye, dont les terres retombèrent en friche.
En 1768, l’abbaye ne compte plus que sept moines. Une tentative de début de reconstruction et de réparations de l’abbaye en 1739, sera arrêtée au moment où la Révolution éclate.
Le bâtiment principal, appelé « château » depuis le XIXème siècle, est l’ancienne maison conventuelle, construite entre 1786 et 1788 sous la direction de l’architecte bisontin Joseph Cuchot.
La fin de l’abbaye :
L’abbaye est vendue comme bien national aux enchères en 1791, ou cinq moines y demeuraient, avec douze employés. Dans les années suivantes les bâtiments non reconstruits au XVIIIème
siècle furent démolis. De l’église abbatiale consacrée en 1143, seules quelques pierres taillées sont conservées.
1795 : Acquisition de Bellevaux par le général Pichegru
1817 : Des religieux cisterciens se réinstallent à Bellevaux, ils y restent jusqu’en 1830
1838 : Acquisition de Bellevaux par la famille de Ganay
1957 : Acquisition de Bellevaux par le diocèse. Le lieu devient un centre de vacances pour les jeunes, un lieu d’hébergement temporaire pour personnes âgées, et accueille des adultes
en formation ou séminaires.
1994 : Vente de Bellevaux à des particuliers
L'abbaye :
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