Évènement du
20 janvier 1148 :

Décès du comte Renaud III de Bourgogne.
Qui est-il ? et comment hérite-t-il du comté de Bourgogne ?
Renaud ou Rainaud III de Bourgogne naît vers 1087, il est le fils d'Étienne Ier de Bourgogne, comte de Varasque (Varais) et co-comte de Mâcon, et de Béatrice de Fouvent. Il est
le petit-fils du comte de Bourgogne, Guillaume Ier, et le neveu du comte Renaud II de Bourgogne.
Le comte de Bourgogne et de Mâcon Renaud II s’engage dans les croisades en Palestine en 1095, et nomme son frère Etienne régent du comté de Bourgogne, car son fils Guillaume est trop petit.
Renaud décède en Terre Sainte vers 1097, Etienne part à son tour vers 1099, en croisade, avec ses 2 autres frères, Hugues, archevêque de Besançon,
Raimond, comte de Galice et son cousin
Henri de Bourgogne,
comte de Portugal. Seul Raimond et Henri reviendront vivant de cette expédition. Hugues et Etienne trouveront la mort vers 1102. Ces expéditions fragiliseront la puissance de la famille bourguignonne du comté avec
le décès de 3 de ses membres.
Guillaume II qui sera surnommé l’Allemand succède à son père sur les comtés de Bourgogne, de Mâcon et d’Oltigen vers 1099. Il doit être dans un premier temps sous la tutelle de
sa famille maternelle des Oltigen, et sous la bienveillance de son oncle paternel
Gui de Bourgogne, archevêque de Vienne, car il a dû naitre vers 1085. Guillaume épouse vers 1107, Agnès de Zahringen, fille de
Berthold II de Zahringen, duc de Zahringen. Il gouverne les comtés jusqu’à son assassinat en 1125 lors d’un complot tendu par ses vassaux.
Son fils Guillaume III surnommé l’Enfant lui succède sur les
trois comtés, mais sera à son tour assassiné en 1127 vers l’âge de 13 ans, dans l’enceinte de l’abbaye d’Hauterive à Payerne, avec ses conseillers, les seigneurs de Glane, crime certainement lié à celui de son père.
La mort de Guillaume l’Enfant ouvre la succession sur les comtés de Bourgogne et de Mâcon, entre son oncle maternel le duc Conrad de Zahringen et son cousin paternel le comte
Renaud III de Bourgogne.
La succession et la tentative d’indépendance
Renaud III fils d'Étienne Ier succède à son cousin, au détriment du Zahringen, en 1127 sur le comté de Bourgogne et son frère Guillaume sur le comté de Mâcon. Renaud refuse de rendre
l’hommage au roi de Germanie Lothaire II, sous prétexte que ce dernier n’a pas de droits sur le comté de Bourgogne. Il invoque que ses aïeuls rendaient l’hommage aux rois de Germanie car ils étaient issus du
roi
Conrad II de Bourgogne ou de Gisèle de Bourgogne, or Lothaire n’a pas de lien familial avec eux. Pour rappel, Gisèle était la fille de Conrad II, et la nièce du dernier
roi de Bourgogne, Rodolphe III, souverain du
comté de Bourgogne.
Lothaire lui confisque alors ses États helvétiques et les donne au duc Conrad de Zahringen, avec le titre de recteur de Bourgogne (vice-roi). Renaud III soutient la guerre contre le
recteur, avec l’appui du comte Amédée de Genève, et de ses vassaux, mais il n’arrive pas à chasser Conrad
de Zahringen. De même le recteur ne pénètre pas dans la Bourgogne comtale, Renaud le bloque.
C’est peut-être ce maintien de la Bourgogne comtale dans les mains du comte Renaud, qui serait à l’origine de l’emploi du mot Franche-Comté pour désigner le comté de Bourgogne,
quelques années plus tard. Le comte Renaud aurait été surnommé franc-comte (comte libre).
Un signe de son indépendance, le développement de l’atelier monétaire de Lons le Saunier qui a été créé par
son arrière-grand-père Renaud Ier. Il installe sa résidence à Dole,
qui devient la capitale du comté de Bourgogne.
Il fait construire un château-fort à proximité de Dole, à Lavans-les-Dole,
qui restera dans les mains de ses héritiers, jusqu'à la duchesse Marie de
Bourgogne qui dû le vendre en 1476, pour financer la guerre contre Louis XI.
Il fait édifier vers 1134, un hôpital hors les murs de Dole, et en confie la
gestion à l'Ordre Hospitalier du Saint-Esprit, qui fonctionnera jusqu'en
1797. Renaud III de Bourgogne épouse vers 1130 Agathe de Lorraine, fille de Simon Ier d'Alsace, duc de Lorraine, et d'Adélaïde de Louvain.
Entre 1134 et 1139, le comte Renaud et son
frère le comte Guillaume vont subir au nouvel archevêque de Besançon,
Humbert de Scey, qui est obligé de suivre l'avis de l'empereur, de nombreux
dégâts sur les possessions archiépiscopales.
En 1138, l’élection à l’empire de Conrad III d’Hohenstaufen permet au comte Renaud d’assoir sa position sur le comté de Bourgogne, le nouvel empereur veut mettre fin au conflit
entre lui et le duc Conrad de Zahringen.
En 1139, à la diète d’empire à Strasbourg, l’empereur parvient à mettre d’accord les
deux belligérants, le duc de Zahringen conserve les terres bourguignonnes helvétiques et Renaud le comté de Bourgogne.
A partir de cet accord, les relations
entre les 2 comtes et l'archevêque vont considérablement s'améliorer, et ils
vont s'associer bien souvent dans les donations et fondations des abbayes
comtoises. Ses participations dans les fondations des abbayes cisterciennes
En recherchant l'appui de l'Église locale, notamment
l'archevêque de Besançon Anséric, dans sa lutte contre le Zahringen, le
comte va favoriser l'implantation des Cisterciens dans son comté. Il va instaurer une coutume dans tout son comté, il exempt tous les monastères de l'ordre cistercien de redevances lors de la vente, l'achat et le transport de denrées. Cette coutume va
permet la création de nombreuses abbayes dans le comté. Les autres grandes familles nobles de la Bourgogne comtale vont imiter le comte, en instaurant cette même règle sur leurs terres.
Le comte Renaud III participe à la fondation d’un
prieuré en 1127 à Cherlieu, et lorsque ce site est choisi en 1131 par Bernard de Clairvaux pour fonder une abbaye, fille de Clairvaux, le comte sera
l’un des principaux donateurs.
Renaud à la suite des sires de Salins, viendra aider l’abbaye de Rosières dans sa fondation en 1133, en leur attribuant des bouillons de sel près de Salins.
Renaud est également un donateur lors de la fondation de
l'abbaye de la Grâce-Dieu, par
l'archevêque Humbert de Scey, en 1135, fille de l’abbaye de La Charité, qui elle-même est fille de
Bellevaux et celle-ci de Morimond,
cette dernière la 3ème « fille » de Cîteaux.
Le comte Renaud est également un des bienfaiteurs lors de la fondation de l’abbaye d’Acey, en 1136, fille de celle de Cherlieu.
Vers 1140, le comte Renaud III de Bourgogne tient un plaid à
l’abbaye de Faverney. Le comte avait convoqué ses vassaux, qui étaient aussi avoués et gardiens de l’abbaye, à savoir Richard II, seigneur de
Montfaucon, Gui et Henri, seigneur de Jonvelle, Thiébaud Ier, seigneur de Rougemont, Hubert et Louis, seigneur de Jussey. Renaud les obligea à restituer les biens qu’ils avaient usurpés et à renoncer aux droits
qu’ils avaient sur l’abbaye et le village, leur laissant que leurs droits sur les villages dépendants de l’abbaye, et leur fit signer cet acte, qu’il remit à l’archevêque de Besançon,
Humbert de Scey.
En 1140, le comte fait des donations à l'abbaye de
Lieu-Croissant, fille de celle de Lucelle, elle-même fille de Morimond.
En 1145, le comte fait une donation à l’abbaye de Bellevaux, fille de celle de Morimond.
Sa succession
Il décède le 19 janvier selon le nécrologe
de l'abbaye Saint-Paul de Besançon ou le 20 janvier pour celui de l'église Saint-Etienne de Besançon, ou il sera inhumé à côté de ses
ancêtres, puis transféré dans la
cathédrale Saint-Jean au XVIIème. De son épouse Agathe de Lorraine, Renaud a eu une seule fille vivante, Béatrice. Cinq autres enfants, trois garçons et deux filles sont morts en bas âge. À son décès, en janvier 1148,
Béatrice qui a dû naitre vers 1143, est sa fille unique et héritière, elle est désignée comtesse de Bourgogne, mais c’est une enfant. Sa mère Agathe de Lorraine, est décédée en avril 1147, Béatrice est sous la tutelle
de son oncle Guillaume IV de Mâcon.
C’est son oncle paternel, il est comte de Mâcon et d’Auxonne, et de retour de Terre Sainte, il exerce la régence sur le comté de Bourgogne, en attendant la majorité de sa nièce.
Guillaume va tenter de s’accaparer du comté, mais l’empereur
Frédéric Barberousse épousera Béatrice pour annuler cette prétention, mais c’est une autre histoire.
Son portrait (cathédrale Saint-Jean à Besançon) :


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