Évènement du 25 mars 1139 :

Fondation du monastère de la Grâce-Dieu par l'archevêque de Besançon, Humbert de Scey.
Origine et histoire :
Le XIIème siècle est l'époque du grand essor de
Cîteaux qui voit des filiales s'élever aussi en Franche-Comté (Bellevaux, Rosières, Acey, La Charité, Lieu-Croissant,
Clairefontaine, …).
Bernard, abbé de Clairvaux est reçu par
l'archevêque de Besançon Humbert de Scey, en 1135 qui, dans l'élan, fait élever l'abbaye de la Grâce-Dieu quatre ans plus tard. La Grâce-Dieu est « la fille » de l’abbaye de La Charité, qui elle-même est « la fille » de Bellevaux et celle-ci de Morimond, cette dernière la 3ème « fille » de Cîteaux.
L'archevêque pour ériger le monastère s’appuie sur les puissants seigneurs locaux, d’abord son cousin, Richard II, seigneur de Montfaucon, et aussi Thibaut Ier de Rougemont, vicomte de Besançon, qui pourvoient à ses besoins, en association avec le
comte Renaud III de Bourgogne, qui lui aussi donne des terres au-alentour.
Le vallon où se dresse le monastère a été donné par Richard II de Montfaucon, cité dans la charte du 11 mai 1147 de l’archevêque de Besançon. Cette puissante famille du comté de Bourgogne, détient presque toutes les terres situées au comté de Varais depuis Besançon jusqu'au val de Morteau, et de Morteau à Montbéliard, où elle accédera à la tête du comté de Montbéliard, par Amédée, fils de Richard II. Les « deux bars » du motif du blason des Montfaucon sont repris dans celui de la Grâce-Dieu. Par cette donation, les Montfaucon ont le privilège d'être les seuls à pouvoir être inhumés dans le chœur de l'église.
Au printemps 1139, cinq religieux partent de l'abbaye de la Charité sous la conduite de Pierre Gauthier. Arrivés sur les lieux, ils construisent un abri et un oratoire avant d'être rejoints par d'autres. Gauthier est le premier abbé de la Grâce-Dieu.
Les premiers temps sont difficiles pour la petite communauté : la région est sauvage, dépeuplée, les terres doivent être défrichées et des bâtiments construits. Ils trouvent de l'aide en premier lieu dans la coutume du comte Renaud III qui veut que les monastères de l'ordre cistercien soient exemptés de redevances lors de la vente, l'achat et le transport de denrées. Les autres seigneurs de la région l'imitent, favorisant ainsi l'installation des premiers moines.
L’empereur
Frédéric Barberousse, devenu gendre de Renaud III lorsqu'il épouse son unique fille et héritière Béatrice, ne manque pas de rappeler l'attachement de son beau-père à cette abbaye lors de la confirmation des biens de celle-ci en 1156.
Comme toutes les abbayes, celle de la Grâce-Dieu se doit d'avoir de puissants et proches protecteurs. Le choix se porte naturellement sur les seigneurs de Montfaucon, fondateurs du monastère, qui signent un traité de gardiennage en 1249 avec l'abbé Humbert. En contrepartie ils réclament des revenus tirés des exploitations agricoles. Pour assurer la protection des religieux, les Montfaucon élèvent une forteresse à Châtelard, située à cinq cents mètres de l'abbaye, celle-ci se dresse au-dessus de la vallée de la Grâce-Dieu.
Les deux siècles suivants sont l'époque la plus florissante du monastère, le nombre de religieux augmente en même temps que les donations des seigneurs des alentours.
Lors des guerres entre 1335/1348 opposant le
duc de Bourgogne Eudes IV, aux hauts barons franc-comtois menés par Jean II de Chalon-Arlay,
lors de sa prise de fonction du comté de Bourgogne, l'abbaye souffre d'exactions, elle est dévastée et ses archives perdues.
Dans le même temps, il y a la peste noire qui sévit entre 1346 et 1349.
Puis il y a vers 1366, les Routiers et Mercenaires utilisés
pendant la Guerre de Cent Ans, qui
ravagent la Franche-Comté. La noblesse franc-comtoise aide l'abbaye à se relever et les religieux peuvent réintégrer les lieux en 1383.
En mars 1476, lors des
Guerres de Bourgogne, entre Bourguignons et Français, les troupes de la coalition suisses avec leurs alliés français s'en prennent aux populations et tuent des religieux à la Grâce-Dieu, mettant les derniers moines présents en fuite. Cette succession de désastres signe le déclin de l'abbaye malgré le retour des religieux, après le traité de Senlis en 1493.
Pour attirer les ouvriers et paysans à son service, le monastère leur abandonne des terres moyennant une redevance concrétisée par l'acensement. L'équilibre reste fragile, d'autant plus qu'elle doit soutenir des tentatives d'usurpation de la part de certains nobles mais également l’introduction de la Réforme protestante entraîne des tentatives des habitants du lieu, pour se soustraire aux droits seigneuriaux de l’abbaye.
Il s'ensuit une période financièrement difficile ; l'abbaye se voit dans l'obligation d'hypothéquer tous ses biens à l'abbaye de Bellevaux.
Fin juillet 1789 les portes de la Grâce-Dieu sont forcées par la population voisine. L'année suivante, les religieux quittent l'établissement qui devient bien national. En octobre 1790 le mobilier est vendu aux enchères. Le 15 mai 1792 le monastère est adjugé 51 600 livres à un maître de forge qui y installe une forge.
En 1844 les trappistes rachètent l'abbaye et les forêts qui en dépendent. L'année suivante, le haut-fourneau est démoli et les fondations des nouveaux bâtiments sont tracés. En 1846 les moulins sont réparés, puis la scierie et le réfectoire en 1847.
En 1929, sous l'impulsion de l'archevêque de Besançon, des moniales cisterciennes de l'abbaye de Port-Royal des Champs réinvestissent les lieux jusqu'en 2008. Maintenant se sont des Travailleuses missionnaires qui occupent les lieux.
L'abbaye actuelle :

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