Évènement du 6 septembre 1032 :

Décès du roi de Bourgogne Rodolphe III de Bourgogne.
Qui est Rodolphe - sa vie
Le roi Conrad meurt le 19 octobre 993 après avoir tenu pendant plus d’un demi-siècle le royaume de Bourgogne.
Rodolphe III son fils, lui succède mais il est dominé par les ecclésiastiques, que son père avait enrichis pour diminuer les prérogatives des seigneurs laïques.
L’hérédité des honneurs et des bénéfices n’a pas cour dans le royaume bourguignon, contrairement à ce qui se passe dans le royaume voisin de la Francie.
Lorsqu’il monte sur le trône en octobre 993, Rodolphe et son demi-frère Bouchard s’activent à prendre le contrôle du
diocèse de Besançon, futur comté de Bourgogne, rare comté échappant à leur emprise, mais le comte
Guillaume-Otton est un prince puissant, ayant de
nombreuses alliances, fort de son ascendance royale italienne, et du soutien de son beau-père le
duc Eudes-Henri de Bourgogne, la difficulté est de
taille pour le roi rodolphien.
Malgré le fait qu’ils sont cousins par alliance, en effet la mère de Rodolphe, Mathilde, est la sœur utérine d’Albérade, la mère d’Ermentrude, l’épouse de Guillaume-Otton.
Rodolphe continue de montrer qu’il est bien le souverain du diocèse de Besançon, il tente d’intervenir dans l’élection de l’archevêque bisontin en 993, mais celui qui est choisi,
certainement le candidat de Guillaume-Otton, Liétaud, est un membre de la famille comtale de Mâcon, un cousin par alliance du puissant comte. Le comte gagne la partie, et son cousin siège sur l’archevêché bisontin.
Avant mai 994, selon la charte 1957 de
Cluny, le roi Rodolphe III de Bourgogne, avec l’archevêque Burchard II de
Lyon, son demi-frère, les évêques Hugues de Genève, Henri de Lausanne et
Hugues de Sion, ainsi que les comtes Lambert, Burchard et Adalbert viennent
à Cluny, pour assister à la succession à la tête de l’abbaye de Cluny
de l’abbé Mayeul
qui désigne Odilon comme son successeur. Cette charte est singulière,
car nous ne voyons pas la présence du duc Eudes-Henri de Bourgogne, avoué de
l’abbaye, et du comte Guillaume-Otton de Mâcon, seigneur de la contrée !! Mais vu
les conflits entre Rodolphe et Guillaume cette situation peut s'expliquer.
Après avoir échoué contre le comte Guillaume-Otton, Rodolphe décide de s’attaquer aux sires de Salins, branche cadette des comtes de Mâcon de la famille de Narbonne,
en profitant de la mort de son chef, le seigneur Gaucher Ier de Salins, en 993. Rodolphe désire reprendre les salines qui ont été concédées par son père le roi Conrad, au grand-père de Gaucher, Albéric Ier, vers 942/943.
Le roi reproche également aux Salins, de s’approprier des biens appartenant à l’abbaye de Romainmôtier.
Les nobles à l’ouest du Jura se rebellent contre cette décision royale. Alors Rodolphe décide d’intervenir militairement et traverse le Jura, en 995, mais ses troupes sont
mise en déroute par celles de ses adversaires, conduites par notre comte Guillaume-Otton, qui repoussent la tentative d’agression de leur suzerain.
Cet évènement va accentuer la révolte de l’aristocratie bourguignonne contre son roi, elle est certainement sous-jacente à l’époque de Conrad, mais ce dernier avec cinquante ans de
règne a réussi à la museler. Les grands laïcs songent-ils à devenir plus autonomes dans des territoires, comme cela existe dans le royaume de Francie, et/ou reprendre leurs privilèges sur les ecclésiastiques,
qui ont été trop favorisés par Conrad ou veulent-ils transformer leur autorité sur un domaine public en patrimoine familial ?
Il y a certainement un peu de tout cela dans les rangs des révoltés, le comte Guillaume-Otton de Mâcon et les Salins désirent une autonomie plus grande, les aristocrates de Transjurane,
eux veulent transformer leur autorité publique en patrimoine familial, et bénéficier de l'hérédité des honneurs comme dans le royaume de la Francie.
Le début du règne de Rodolphe III est rempli par des intrigues de cour et des révoltes.
L’impératrice Adélaïde, tante du roi, est obligée d’intervenir pour rétablir
la paix en essayant de trouver des accommodements entre le roi et les grands vassaux.
C’est ainsi que l’impératrice sexagénaire doit revenir de Germanie pour entreprendre un dernier voyage, en compagnie de l’abbé Odilon de Cluny, dans sa bourgogne natale, elle se rend à Payerne,
puis à Saint-Maurice d’Agaune, puis à Genève, puis à Lausanne et pour finir à Orbe, où elle préside des séances de conciliation, en 999, au palais royal, entre le roi et les grands du royaume. Ces derniers reprochent
les donations effectuées au profit de l’Église par Rodolphe, mais aussi ses tentatives armées, certes infructueuses, dans le comté de Bourgogne.
Adélaïde essaye de négocier, arbitrant les différends, par ses sages conseils, elle réussit momentanément à calmer les rebelles, mais sans réel succès définitifs, et va finir ces jours,
le 16 ou 17 décembre de cette même année dans l’abbaye de Saint-Barthélemy de Seltz en Alsace.
De toutes ces négociations, rien de bien concret en sortie, car Rodolphe continue à s’appuyer sur les ecclésiastiques, en leur accordant des donations comtales, au détriment des grands laïques,
ces derniers continuent leur rébellion régulière. C’est ainsi que le roi accorde le comté du Valais, à l’évêque de Sion, en 999, cette concession est réalisée à la demande de sa première épouse Algiltrude, de son demi-frère
Burchard et de Hugues évêque de Genève.
Nous pouvons peut-être mieux comprendre cette attitude, si nous rappelons que Rodolphe III lorsqu’il hérite du royaume de son père, s’appuie sur son demi-frère Burchard, âgé d’une dizaine d’années
de plus que lui.
Burchard est un ecclésiastique fervent et éduquera son royal demi-frère dans le plus grand respect des institutions religieuses.
À la mort de l’empereur Otton III, dernier descendant de la famille ottonienne, le 24 janvier 1002, après celle de l’impératrice
Adélaïde en 999, les relations entre la famille royale bourguignonne et les empereurs germaniques furent très différentes.
Les chroniqueurs germaniques de son temps, ne sont pas tendres avec Rodolphe, ils le nommèrent le Fainéant, l’Efféminé, le Faible, le Pieux, certainement pour mieux préparer la succession
du royaume bourguignon à la famille de Saxe ou plutôt l’incorporation de ce royaume à l’Empire.
Les nouveaux souverains germaniques avaient pour objectif de placer sous protectorat, le royaume bourguignon.
Rodolphe se marie en avril 1011 avec Ermengarde, dans l'espoir d'avoir un héritier.
Le 27 octobre 1015, le décès de l’archevêque Hector de Besançon ouvrit une crise de succession, souvent fréquente à cette période. Deux candidats prétendaient à la succession d’Hector :
le premier,
Berthold, pouvait compter sur le soutien de l’empereur Henri II et peut-être de Rodolphe, le second, Gautier, issu de l’aristocratie locale, disposait de l’appui du comte Guillaume-Otton, dont l’autorité s’étendait
sur la quasi-totalité de l’archidiocèse de Besançon. Comme souvent à cette époque, la décision joua en faveur de l’aristocratie locale, Gauthier l’emporta sur Berthold.
En mai 1016, Rodolphe n’ayant toujours pas d’enfant mâle légitime, et sur la pression de son demi-frère l’archevêque Burchard II de Lyon, décida de désigner son successeur,
à savoir, son neveu le roi Henri II de Germanie. Rodolphe reconnut solennellement l’empereur Henri comme son héritier, pour son royaume de Bourgogne, et l’associa de son vivant à la gestion en lui promettant de ne
rien décider
d’important sans son consentement. Ce traité mécontenta les grands de Bourgogne, qui refusèrent de reconnaître les droits attribués à Henri.
En 1018, Rodolphe III confirma et compléta,
à Mayence, les engagements initiaux, en remettant sa couronne, son sceptre et la lance de Saint-Maurice à Henri II.
Ce dernier pénétra dans le royaume jusqu’au Rhône, puis retourna en Germanie.
De plus, Rodolphe se comporta en véritable vassal de l’empereur, en lui remettant en libre disposition les fiefs tenus par le comte Guillaume-Otton, dans le diocèse de Besançon.
Par cette attitude, Rodolphe reconnaissait son impuissance à mâter les grands de son royaume, mais de plus la royauté rodolphienne était désormais totalement soumise au pouvoir impérial.
Le 18 ou 21 août 1019, l’évêque Henri de Lausanne
était assassiné, fidèle du roi, mais surtout celui de l’empereur, son assassinat certainement accompli par quelques grands de Bourgogne, fut un signe envoyé à Rodolphe pour montrer leur opposition à sa politique
de rapprochement avec le Germanique. Hugues, fils d’Ermengarde, beau-fils de Rodolphe, fut promu à l’évêché de Lausanne pour succéder à Henri, avec l’acquiescement de l’empereur.
Vers 1020, les troupes impériales
sous la conduite de l’évêque Werner de Strasbourg livrèrent bataille aux bourguignons, sous le commandement du comte Guillaume-Otton, et remportèrent la victoire.
À la mort d’Henri II, en 1024, Rodolphe III malgré l’opposition des nobles de son royaume, réitère son engagement initial, vis à vis du nouveau roi de Germanie Conrad II.
Il semble qu’avant de quitter ce monde, Guillaume-Otton, se soit réconcilié avec Rodolphe, les deux hommes étaient alors âgés de plus de soixante ans. Nous avons une charte de
Saint-Bénigne de Dijon, datée du 13 juillet 1026 à Orbe, le roi à la demande du comte et de son fils
Renaud, confirma l’ensemble des dons fait et à venir par le dit comte sur Salins au profit de l’abbaye dijonnaise.
En 1027, Conrad II est couronné empereur Germanique, Rodolphe assiste à la cérémonie et confirme sa succession.
Rodolphe s'attache à un ecclésiastique
comtois, Hugues de Salins, il le repère et
le nomme son chapelain, en récompense de ses services, le roi lui donne l’abbaye de Saint-Paul à Besançon.
A la mort de l'archevêque Gauthier, Hugues est élu archevêque de Besançon, poste qu’il occupera pendant 35 ans de 1031 à 1066.
Le 6 septembre 1032, il meurt, la lutte de
succession s’engage entre ses 2 neveux,
l’empereur Conrad II et le comte de Blois Eudes II. Mais c’est une autre histoire !!
Son sceau :


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