Évènement du 12 novembre 722 :
Fondation de l'abbaye de Faverney
Son Histoire
Le site de Faverney appartient à l’époque mérovingienne, à un seigneur burgonde nommé Widrad ou Widerard. On ne connait pas beaucoup d’informations sur la famille de ce Widrad, son père se nomme Corbon.
En 719, il va fonder l’abbaye de Flavigny, dont il sera le deuxième abbé, puis en 722, pour ses deux sœurs, il fonde deux abbayes, une à Saulieu et une autre à Faverney, des communautés de moniales bénédictines. La première supérieure à Faverney sera sa sœur Gude.
Lors du traité en août 870 à Meerssen,
sur le partage du royaume de Lotharingie, entre les deux rois, Louis et Charles, l’abbaye de Faverney est citée dans
le texte, elle est rattachée au royaume germanique de Louis, comme abbaye royale.
L'abbaye a certainement été endommagée
vers 888, par les raids vikings dans la région.
En février 939, selon le cartulaire de Saint-Bénigne de Dijon, le roi Louis IV de Francie donne à la demande du comte Hugues de Dijon, à un couple de fidèle, Adalard et Addila, l’abbaye de Faverney.
Au XIème siècle, les abbesses Luce (en 1031) et Euphémie (en 1066) font serment de fidélité à la règle de Saint-Benoît et à l'archevêque de Besançon,
Hugues de Salins.
L’abbesse Odiarde, vers 1130, tente de ramener l'ordre, la discipline et la prospérité dans l'abbaye en pleine décadence,
à la demande de l’abbé Bernard de Clairvaux, mais en vain, elle sera la dernière abbesse de Faverney.
En 1132 les sœurs quittent le lieu. L'archevêque Anséric de Besançon
donne les bâtiments à l'abbé de La Chaise-Dieu. Le 8 novembre de cette même
année, les quatorze premiers religieux bénédictins venant de la Chaise-Dieu
pénètrent dans l'abbaye en ruine.
Les années qui suivent sont difficiles, due notamment aux querelles engagées entre l'abbé Bernard de Faverney, soucieux de faire
reconnaitre les droits de sa nouvelle abbaye,
à ses voisins, les communautés cisterciennes de
Clairefontaine et de
Cherlieu, et
des seigneurs locaux censés la protéger.
Vers 1140, le
comte Renaud III de
Bourgogne se rend sur place et tient un plaid. Le comte avait convoqué ses
vassaux, qui étaient aussi avoués et gardiens de l’abbaye, à savoir Richard
II, seigneur de Montfaucon, Gui et Henri, seigneur de Jonvelle, Thiébaud
Ier, seigneur de Rougemont, Hubert et Louis, seigneur de Jussey. Renaud les
obligea à restituer les biens qu’ils avaient usurpés et à renoncer aux
droits qu’ils avaient sur l’abbaye et le village, leur laissant que leurs
droits sur les villages dépendants de l’abbaye, et leur fit signer cet acte,
qu’il remit à l’archevêque de Besançon.
Puis au fil des années, l'abbaye de Faverney gagne son indépendance, marque son autorité et se développe économiquement.
C'est ainsi que sous l'abbatiat de Pierre III (1250-1266), deux faits importants modifient la vie de l'abbaye et de la cité. Tout d’abord, l’abbaye est rattachée directement à l’abbaye de la Chaise-Dieu, et non plus à l'archevêque de Besançon. Puis l’abbé de Faverney, accorde en 1260, une charte de franchise aux bourgeois de Faverney, qui en contrepartie, le reconnaissent comme le seigneur du lieu.
À la mort de Henri de Vienne, dernier abbé régulier de l’abbaye, des abbés commendataires s’installent, à partir de 1386. Ils sont nommés soit par l’abbé précédent, soit par le duc de Bourgogne, soit par le comte de Bourgogne. Dans le régime de la commende, un ecclésiastique ou un laïc tient une abbaye ou un prieuré, c'est-à-dire, en percevant personnellement les revenus, sans toutefois avoir la moindre autorité sur la discipline interne des moines, qui est assurée par un prieur élu par les religieux. Ce système porte à la tête de l'abbaye des individus qui ne cherchent qu'à en tirer le maximum de bénéfices personnelles pour eux, leur famille et leurs alliés, au détriment de l’abbaye.
Pourtant, en 1410, l'abbé de Faverney se voit
reconnaitre, par le pape, le droit de porter l'anneau, la mitre et la crosse, lui donnant ainsi le rang d'évêque.
L’abbaye va souffrir des différentes guerres du XVème siècle, les troupes des Écorcheurs en 1444 emmenées par le dauphin Louis (le futur Louis XI) lors de leur retour de leurs exactions en Suisse, les guerres franco-bourguignonne d’abord entre
Charles le Téméraire et Louis XI en 1474 puis entre
Marie de Bourgogne et Louis XI en 1478. Lors de ces 3
évènements, l’abbaye est pillée et incendiée.
En 1486, il ne reste que quatre religieux dans l'abbaye pratiquement en ruines !!
Puis au XVIème siècle, ce sont les guerres de Religion qui viennent donner le coup de grâce, en mars 1569, les troupes des protestants sèment la désolation dans la région, Faverney est envahie et incendiée. L'église, l'abbaye, le palais de l'abbé sont ravagés et pillés.
A la veille du Miracle de 1608, l'abbaye de Faverney offre une sinistre
situation, il reste six religieux, sans abbé, livrés à eux-mêmes, plus d'office religieux, plus aucune vie régulière, la règle bénédictine n’est
plus observée !!
Et puis le 25 mai 1608, un incendie éclata dans l’église et seul l’ostensoir contenant les hosties fut épargné, et resta figé dans l’air. Le lendemain, lors de la messe, celui-ci se déplaça tout seul !! Ce miracle dit eucharistique attira des foules de curieux des villages voisins, mais aussi de la région et de plus loin.
Après le concile de Trente, qui se termina en 1563, l'application des décrets du concile jeta les bases du renouveau monastique, en commençant par prescrire l’obéissance à la règle bénédictine. Son introduction en Comté date de 1611, le monastère de Faverney s’y rallia à son tour en 1613.
Douze nouveaux moines et leur prieur prennent possession du monastère et de ses biens pour y vivre dans la stricte observance de la règle bénédictine.
L’arrivée des nouveaux moines et la renommée du Miracle
qui déclencha des pèlerinages réguliers, provoquent un renouveau religieux, des bâtiments sont reconstruits, on ouvre des écoles, l’abbaye retrouve une réputation et une influence. La forme actuelle de l’édifice date de cette époque.
Mais les évènements dans la région au XVIIème siècle, vont de nouveau réduire la puissance de l’abbaye. Dès 1635, c’est la Guerre de Dix Ans, puis les deux conquêtes de Louis XIV de la Franche-Comté en
1668 et
1674 provoqueront crimes, pillages, dévastations et famine dans la région, et l’abbaye subira le même sort.
À la Révolution, l’abbaye est vendue comme bien national, les vingt-deux bénédictins quittent le lieu.
De 1896 à 1908, Madame Garret qui avait racheté les locaux, restaure l’édifice. Une école de jeune fille apprenant la
dentelière s’installe, ainsi qu’une distillerie de liqueur. En 1906, elle en fait don au diocèse de Besançon pour installer les
maitres et élèves du séminaire de Vesoul qui vient de fermer. Le séminaire de Faverney ouvre ses portes en 1911 et les fermera 56 ans plus tard en 1967.
L'abbaye de Faverney :
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