Évènement du 18 novembre 1049 :
Le pape Léon IX accorde des lettres de
protection et d’immunité à l’abbé de Luxeuil
Histoire
chronologique de cette abbaye :
L’époque mérovingienne
La petite ville de Luxeuil « Luxovium » située sur le versant méridional des Vosges est très ancienne, on trouve trace de thermes gaulois ou celtiques sur ce site, les romains vont également entretenir les thermes après leur conquête.
Luxeuil était une des plus importantes bourgades de la Séquanie, elle fut détruite par les Huns au milieu du Vème siècle, et elle ne s’était pas relevée de ses ruines lorsque Agnoald un seigneur de Burgondie accueillit vers 593 une colonie de moines irlandais conduite par Colomban.
Le roi de Bourgogne Gontran leur cède des terres dans la région.
En 593, Colomban s’établit à Annegray et à Fontaine-lès-Luxeuil. Puis deux ans plus tard, il fonde un premier monastère à Luxeuil et répand le christianisme au pied des Vosges. La ville est bien située, sur la voie romaine qui relie Langres à Bâle. Colomban utilise les ruines des thermes gallo-romains présentes sur le site pour la construction de l’édifice. Le lieu va éclipser les 2 premières fondations.
Saint Colomban va se heurter à la reine Brunehaut, la veuve de Sigebert Ier, qui gouverne pendant les règnes de son fils Childebert II et de ses petits-fils Thierri II et Théodebert II. Childebert fait de nombreux dons aux monastères colombanistes. Colomban critique la façon de vivre de Thierri II, l’incitant à prendre une femme plutôt que des concubines qui lui donnent des bâtards.
En 608 il se présente à la cour de Thierri II qui a fixé la capitale de son royaume à Autun. Brunehaut lui montre les enfants que Thierri II a eus d’unions adultères : « ce sont les fils du roi. Confirme-les de ta bénédiction ». Il lui réplique : « jamais ils ne porteront le sceptre royal, car ils sont issus des lupanars ». Furieuse, Brunehaut exile en 610 saint Colomban à Besançon, puis veut l’expédier en Irlande mais il se réfugie en Neustrie et termine sa vie en Italie dans le monastère de Bobbio en 615, qu’il a fondé.
Colomban partit, ses successeurs Eustaise (610-625) et Valbert s’entendent avec la royauté mérovingienne. Les tombes de ces deux abbés ont été retrouvées sur le site.
Entre 610 et 636, le duc de Bourgogne Transjurane Waldelène fit don de nombreux domaines au monastère.
Au milieu du VIIème siècle l’abbaye de Luxeuil comptait six cents religieux elle passait pour l’une des plus riches et des plus célèbres de la Gaule mérovingienne. De nombreux monastères s’élevèrent sous les auspices de Valbert.
Sous l’abbatiat d’Ingofroy vers 665, le cloître de Luxeuil servit de prison à
deux personnages historiques de cette époque, Ébroïn maire du palais de Neustrie et Léger évêque d’Autun son rival.
À cette époque bien des monastères eurent à souffrir des guerres qui désolaient les royaumes mérovingiens celui de Luxeuil au contraire vit ses richesses s’accroître grâce aux libéralités de Bathilde épouse du roi Clovis II et de son fils Clotaire III.
Entre le VIIème et le VIIIème siècle, les sources textuelles mentionnent une seule église, dédiée à Saint-Pierre, sur le site. Au IXème siècle, une seconde église dédiée à Saint-Martin est mentionnée, reliée à la première par une galerie. Le monastère se développe. Les moines essaiment et partent évangéliser en Europe de l’Ouest, et rapidement cinquante-cinq abbayes sont créées et dépendent de Luxeuil.
Mais les invasions successives qui déferlent sur les royaumes francs entre le VIIIème et le IXème vont se répercuter sur l’abbaye. Tout d’abord en 731, les sarrasins qui ont remontés les vallées du Rhône et de la Saône, pillent l’abbaye et massacrent un grand nombre de moines. Pendant 15 ans, il n’y eut plus d’abbé.
L’époque carolingienne
Le roi Pépin le Bref dote l’abbaye de moyens financiers et territoriaux pour sa reconstruction, son fils
Charlemagne poursuit la même politique et rédigea des chartes d’immunités au profit de l’abbaye.
Louis le Pieux continua l’œuvre de son père et de son grand-père, il nomme à la tête de l’abbaye l’abbé de Fontenelle Anségise en 817, celui-ci
lèguera à sa mort en 834, une partie de ses biens personnels à Luxeuil.
Lors du traité de Meerssen entre les rois Charles le Chauve et Louis le Germanique, en aout 870, pour le partage du royaume de Lotharingie de leur neveu le roi Lothaire II, l’abbaye de Luxeuil est attribuée à Louis.
Vers 888, les vikings pillent l’abbaye et les religieux sont tués ou doivent s’enfuir pour sauver leur vie. Aucune aide, ne viendra du roi Louis. Les lieux sont inoccupés pendant plusieurs années et les seigneurs locaux vont en profiter pour s’accaparer des terres de l’abbaye.
Le moyen-âge
En 948, on dénombre que 16 moines dans l’abbaye. Les abbés de Luxeuil vont engager de longues procédures pour récupérer leurs terres usurpées. Mais petit à petit, l’abbaye récupèrera ses biens.
Le pape Léon IX dans son périple depuis Rome jusqu’au concile de Reims en octobre 1049, délivrera une bulle le 18 novembre, qui accordait des lettres de protection et d’immunité à l’abbé de Luxeuil,
et qui interdisait à tout seigneur laïque d’arrêter à une demi-journée de l’abbaye, les personnes ou les biens appartenant à celle-ci,
cette bulle permis le renouveau de l’abbaye.
Toutefois l’abbaye de Luxeuil dut lutter entre 1061 et 1064 contre
l’abbaye de Saint-Bénigne de Dijon sur les possessions des prieurés de Vignory et de Clefmont-en-Bassigny, le pape Honorius II dut arbitrer les différends en attribuant un prieuré à chacune des abbayes, Luxeuil reçu le prieuré de Clefmont.
Elle est aussi en conflit entre 1130 et 1136 avec
Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, qui souhaitait imposer à Luxeuil des abbés et des officiers issus de sa congrégation. Des moines clunisiens s’établirent à Luxeuil. Mais en 1136, le pape Innocent II pris l’abbaye de Luxeuil sous sa protection et confirma les biens et les privilèges et
le pape Eugène III renouvela en 1147 la bulle d’Innocent II.
Les abbés de Luxeuil étaient directement rattachés sur le plan spirituel aux souverains pontifes et les archevêques de Besançon respectèrent ce privilège jusqu’au XVème siècle. Sur le plan temporel, l’abbaye était une abbaye royale depuis les Mérovingiens, et l’abbaye dépendait du roi et pas du comte de Bourgogne. Lorsque
le royaume de Bourgogne fut rattaché à l’empire en 1032, l’abbaye de Luxeuil fut rattachée à l’empereur.
En 1123 l’abbé de Luxeuil Hugues obtint du roi de Germanie Henri V, la confirmation de tous les droits et franchises dont l’abbaye avait joui jusqu’alors.
Au cours au XIIIème siècle, l’abbaye va subir les conséquences du conflit sur le comté de Bourgogne, entre le comte Etienne III d’Auxonne, et les comtes de Bourgogne de la famille ducale de Méranie, qui ont hérité du titre comtal par mariage, Othon II et Othon III de Méranie.
Les vassaux du comte d’Auxonne notamment le seigneur René d’Aigremont, incendièrent les bâtiments du monastère en 1201. Etienne et René donnèrent des biens à l’abbaye pour réparer leurs torts, mais l’abbaye demanda aussi de l’aide à Philippe de Souabe, roi de Germanie, et celui-ci confirma tous les diplômes précédents de l’abbaye.
Le comte de Montbéliard, Richard de Montfaucon, allié du comte Etienne III, finit de dévaster et d’incendier l'abbaye de Luxeuil en 1201, car elle était favorable au parti de Philippe de Souabe.
Le pariage
La construction de l’actuelle église débute en 1215 sous l’égide de l’abbé Hugues II de Faucogney, et durera un siècle, faute de moyens.
En février 1218, l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, neveu de Philippe de Souabe, déclare prendre sous sa garde spéciale l’abbaye de Luxeuil. Mais
Frédéric déposé de son titre par le pape, en 1245, l’abbaye décide de rechercher un nouveau gardien pour assurer sa sureté, et à proximité de ses terres, ce type d’accord se nomme un pariage.
En 1248, l’abbé Thibaud II choisit le duc Mathieu de Lorraine, comme gardien de son abbaye, puis en 1251, le comte Thiébaud II de Bar.
L’abbaye a besoin de moyens financiers pour rebâtir l’église, Thibaud demanda en 1253 de l’aide au Saint-Siège, pour obtenir des lettres engageant les seigneurs locaux à l’aider dans la reconstruction, en échange d’indulgence.
Le comte Jean de Chalon, fils d’Etienne III d’Auxonne, fut le premier à répondre, et s’engagea à donner tous les ans, 15 charges de gros sel à prendre sur la saunerie de Salins.
Puis en 1258, c’est le roi de Navarre et comte de Champagne, Thibaut V, un personnage beaucoup plus puissant que ses
deux prédécesseurs, qui est choisi comme gardien de l’abbaye. La faiblesse de ce personnage, c’est qu’il vit rarement en Champagne, donc éloigné de Luxeuil.
Le choix de l’abbé Thibaud de Luxeuil, de choisir le comte de Champagne provoqua chez le comte Hugues de Bourgogne, fils de Jean de Chalon, devenu comte en se mariant avec la comtesse de Bourgogne, Alix de Méranie, un élan de révolte. La guerre débuta Hugues s’allia avec Thiébaud de Bar, Jean de Chalon, son père, des seigneurs de Choiseul et d’Aigremont.
En 1267, à la mort de Hugues, le conflit perdure, car sa veuve Alix continue les exactions, elle fait occuper le monastère par ses troupes.
Puis des trêves sont signées et reconduites régulièrement, ensuite les successeurs sur les 2 comtés se rapprochèrent. La comtesse Jeanne de Champagne, nièce de Thibaut V, épousera en 1284, le futur roi Philippe le Bel, et
le comte Othon IV de Bourgogne, fils d’Hugues, épousera en 1285, la comtesse Mahaut d’Artois, cousine de Philippe le Bel. Le futur roi par son mariage avec Jeanne de Champagne, devient le gardien de l’abbaye de Luxeuil.
Ces mariages participent à la stratégie des rois Capétiens, qui veulent étendre leur influence sur les territoires en périphérie du royaume. L’union, d’Othon avec Mahaut entraîne le basculement du comté de Bourgogne dans l’aire d’influence française. D’autant que Philippe le Bel ne cache pas ses ambitions de s’accaparer les terres de l’ancien royaume de Bourgogne.
Othon et Mahaut vécurent en bonne intelligence avec l’abbaye, et reconnurent l’indépendance de la principauté de Luxeuil.
Lors du conflit en 1289, entre
Rodolphe de Habsbourg, roi des Romains, et le comte Othon IV de Bourgogne, l’abbé de Luxeuil, Thiébaud de Faucogney viendra soutenir le comte.
En décembre 1291, l’abbé Thiébaud octroya une charte de franchise aux bourgeois de Luxeuil.
Le 9 juin 1291 Othon signe un traité secret à Évreux, avec Philippe IV le Bel, par lequel il s’engage à marier sa fille Jeanne, qui vient de naître, avec en dot le comté de Bourgogne, à Philippe le deuxième fils du roi.
La mort du roi des Romains Rodolphe de Habsbourg en juillet 1291 délivre Othon de son hommage, d’autant que la succession à l’empire est difficile entre Albert, fils de Rodolphe, et Adolphe de Nassau, candidat de certains électeurs.
Alors Philippe le Bel se fait céder le comté le 2 mars 1295, lors d’un traité à Vincennes, en échange d’une somme de 100 000 livres, d'une rente annuelle de 10 000 livres et une rente viagère de 2 000 livres à Othon.
L’abbé fait partie des nobles comtois qui refusent de rendre hommage au roi et se regroupent autour de Jean de Chalon-Arlay, mais Philippe le Bel gagnera la partie. Après six ans de conflit, et sans réel vainqueur, en 1301, les barons comtois se soumettent à leur nouveau maître, Philippe le Bel.
En mars 1302, le contrat de pariage entre l’abbaye et le roi est de nouveau signé. Philippe sera un gardien fidèle de l’abbaye, par l’intermédiaire de ses baillis et conseillers qui viendront défendre l’abbaye contre toutes les agressions. Ce qui décida l’abbé à soutenir le roi dans sa lutte contre le pape Boniface VIII.
Le fils et successeur de Philippe le Bel, Philippe le Long, mais aussi comte de Bourgogne, sera lui aussi présent chaque fois que l’abbaye était attaquée par des seigneurs locaux. Son épouse,
Jeanne de Bourgogne, reine de France, et comtesse de Bourgogne, financera les derniers travaux de reconstruction de l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Luxeuil en 1328.
Le 7 décembre 1340, la nouvelle église est consacrée par l’abbé Eudes II de Châtillon.
En 1364, moyennant 15 livres de rente sur la saunerie de Salins, l’abbaye cède à la comtesse de Bourgogne,
Marguerite de France, fille de Philippe le Long, tous ses droits sur les villages d’Amblans, Bouhans et Velotte.
Les ducs de Valois
Avec l’arrivée des Valois sur le trône de France, les rois Philippe VI et Jean II, trop occupés dans la Guerre de Cent Ans contre les Anglais furent peu présents dans la défense de l’abbaye. Jean de Bourgogne, arrière-petit-fils du comte Hugues et de la comtesse Alix, seigneur de Montaigu, sera le protecteur de l’abbaye jusqu’à son décès en 1373.
Avec le mariage en 1369, de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, fils du roi Jean II, avec Marguerite de Flandre, petite-fille de la comtesse de Bourgogne, Marguerite, le duché et le comté sont réunis. Mais Philippe reconnut l’indépendance de l’abbaye et laissa son frère le roi Charles V gardien de celle-ci.
Toutefois, l’abbaye fut taxée en 1396, pour financer
la croisade de Jean, fils du duc Philippe, puis en 1397, pour financer la rançon afin de libérer ce même Jean des geôles turques.
Le duc Jean sans Peur, fils de Philippe, laisse régulièrement ses officiers empiéter sur les droits de l’abbaye. En mai 1411, la duchesse de Bourgogne, Marguerite de Bavière, épouse de Jean reçoit à Luxeuil la duchesse d’Autriche pendant 5 jours, elle se croyait sur ses terres !
En 1416, la même duchesse intervint dans les affaires de l’abbaye, à la mort de l’abbé Guillaume de Bussul, pour l’élection du nouvel abbé. Les compétiteurs étaient Pierre de Lugney, voulu par les moines, et Pierrecy de l’Isle, évêque de Verdun, soutenu par l’anti-pape Benoît XIII. Marguerite demanda à son bailli d’Amont, Erard Dufour, de régler le différend. L’accord fut de soumettre au concile pontifical, la décision, celle-ci fut décidée seulement en 1418, et finalement Pierrecy de l’Isle fut choisi.
Philippe le Bon, fils de Jean, défendit en 1420 à ses officiers d’intervenir sur les terres de l’abbaye de Luxeuil.
Puis en septembre 1435, au traité d’Arras qui mit fin à la guerre franco-bourguignonne de la Guerre de Cent Ans, le roi cède au duc et à ses descendants, la garde de l’abbaye de Luxeuil. Désormais les ducs de Bourgogne eurent comme jadis les rois de France puis avant eux les comtes de Champagne, la moitié des revenus de l’abbaye.
L’abbaye va subir comme tant d’autres abbayes, les exactions des compagnies d’aventuriers, cette soldatesque qui avait été licenciée à la suite du traité d’Arras, qui ravageront le royaume de France, le duché de Bourgogne et le comté de Bourgogne, qu’on appellera les Écorcheurs. Ils passeront par Luxeuil en 1439, puis en 1444.
Sous l’abbatiat de Jean Jouffroy de 1449 à 1468, l’abbaye jouit d’un tranquillité grâce aux bonnes relations entre l’abbé et le duc de Bourgogne.
La mort de Charles le Téméraire devant Nancy le 5 janvier 1477, permet au roi Louis XI de revendiquer le duché et le comté de Bourgogne, au nom de sa filleule Marie de Bourgogne. Les États du duché de Bourgogne ainsi que ceux du comté de Bourgogne votent la réunion avec la France, dans l’espoir du mariage du dauphin Charles avec Marie, fille du Téméraire.
Le 18 août 1477, Marie de Bourgogne épouse l’archiduc d’Autriche Maximilien d’Habsbourg, fils de l’empereur Frédéric III, pour combattre Louis XI.
Les Habsbourg
1479, Charles d’Amboise au nom du roi, entreprend la conquête de la Franche-Comté, il prend
Dole, le 25 mai, par traitrise, et ses troupes massacrent les habitants. Les Suisses et les Français se conduisent avec cruauté partout où ils passent, et notamment à Salins, Poligny, Arbois, Auxonne, Gray, Luxeuil, Faucogney et Vesoul. La Franche-Comté et la seigneurie de Luxeuil passent sous la suzeraineté du royaume de France.
Puis suite au
traité de Senlis en mai 1493, le roi Charles VIII redonne la Franche-Comté et la garde de l’abbaye de Luxeuil à Maximilien de Habsbourg, en attendant que sa fille Marguerite soit majeure. Maximilien choisit le nouvel abbé de Luxeuil, en la personne de Jean de La Palud.
En 1503 le procureur général du parlement de Dôle intente un procès à Jean de La Palud et demande qu’indépendamment de la redevance pour droit de garde les religieux prennent l’engagement d’abandonner à Maximilien tous les droits régaliens. Un long procès allait commencer.
Dès 1522, Jean de La Palud, s’entendit avec la comtesse de Bourgogne,
Marguerite de Habsbourg, celle-ci reconnut l’autonomie de la seigneurie de Luxeuil. Le procès du parlement de Dole fut suspendu, en attendant un arrangement.
En 1534,
l’empereur Charles Quint ratifia un traité passé entre son chancelier Nicolas Perrenot de Granvelle, Marc de Rye, ses deux mandataires, et Jacques Perrot, mandataire du nouvel abbé François de la Palud. Ce traité cède définitivement la souveraineté de la seigneurie de Luxeuil aux comtes de Bourgogne, mais également le choix de l’abbé passe par le système de la commende. Dans le régime de la commende, un ecclésiastique ou un laïc est nommé par le pouvoir royal ou impérial et tient une abbaye, en devenant son abbé, et percevant personnellement les revenus, sans toutefois avoir la moindre autorité sur la discipline interne des moines.
Les abbés commendataires
En 1542, François Bonvalot sera le premier abbé commendataire de Luxeuil, il est le beau-frère de Nicolas Perrenot de Granvelle. En 1550, il entreprit la construction du palais abbatial de Luxeuil, l’actuel hôtel de ville.
À sa mort, il transmit ses principaux avantages, à son neveu Antoine Perrenot de Granvelle, qui était conseiller et garde des Sceaux de Charles Quint de 1550 à 1559, puis de Marguerite de Parme, gouverneure de la Franche-Comté. Il sera nommé cardinal l’année suivante. Les moines de Luxeuil virent rarement leur abbé, pris par les affaires politiques européennes des Habsbourg.
Mais les successeurs de Granvelle ne firent pas mieux par leur acte de présence.
En 1605, leur abbé Antoine de la Baume est fait prisonnier par 2 chefs calvinistes, qui réclamèrent 5 000 écus pour sa rançon. Les moines doivent s’endetter pour la payer. En 1617, l’abbé lance la construction de l’orgue de l’église abbatiale.
La guerre de Dix ans, qui ravagea la Franche-Comté de 1635 à 1644, n’épargna pas l’abbaye, et en 1644 Luxeuil tomba aux mains des troupes de Turenne.
Tous ces épisodes de malheur réduisirent les revenus de l’abbaye et celle-ci déclina.
La réunification à la France et la fin de l’abbaye
Les deux conquêtes de la Franche-Comté par les troupes de Louis XIV finiront de réduire la puissance de l’abbaye. Les Français s’emparent de Luxeuil le 1er juillet 1674.
Tout au long du XVIIème et XVIIIème, les conflits seront nombreux entre l’abbé et les religieux, l’abbaye et les bourgeois, l’abbaye et les conseillers royaux, l’abbaye et la Mairie, sur les droits des uns et des autres.
Puis à la nouvelle de la prise de la Bastille, du 19 au 22 juillet 1789 les paysans se soulevèrent tout autour de Luxeuil, ils envahirent l’abbaye et pillèrent les archives et forcèrent l’abbé à signer l’abandon de ces droits seigneuriaux.
Le 7 juillet 1790 l’abbé Jean IV Louis-Aynard de Clermont Tonnerre et les moines quittaient pour toujours l’abbaye de Luxeuil.
Les bâtiments du monastère sont vendus comme biens nationaux, ils ont pour l'essentiel disparu sous la ville actuelle, à l'exception de la chapelle du XIVème siècle, du cloître et des
dépendances conventuelles, celles-ci seront un petit séminaire diocésain jusqu'en 1985, puis aujourd'hui occupées par un centre pastoral et culturel (abbaye Saint Colomban) et un collège catholique (collège Saint-Colomban).
L'ancienne abbaye de Luxeuil-les-Bains :
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