L’origine du royaume – le royaume de Lotharingie
Lors du traité de Verdun en 843, la Bourgogne Transjurane est
incorporée dans le royaume de Lothaire Ier (843-855). L’un des
vassaux le plus important du roi, est le marquis de Transjurane, Hubert, beau-frère
du fils du roi, suite au mariage de Lothaire II avec Thietberge, sœur de
Hubert.
Lors du partage de 855, Lothaire II récupère le nord du
royaume, avec la Bourgogne Transjurane, de son père, et fixe sa capitale à
Metz.
En 863, à la mort de son frère Charles de Provence, il reçoit
le duché du Lyonnais, et son principal conseiller est Girard, le régent de
l’ex-royaume de son défunt frère.
En 864, le comte d'Auxerre, Conrad quitte son comté, abandonne
sa fidélité à Charles le Chauve et se met au service de Lothaire II. Cette
attitude tient au fait que Charles reproche à son neveu Lothaire, son
comportement inconvenant vis à vis de son épouse Thietberge, qu’il répudie
pour épouser sa concubine Waltrade. Or Conrad a épousé une cousine de
Waltrade, et soutient donc son royal cousin. Cette même année, près d'Orbe,
Conrad tue le marquis et abbé laïc de Saint-Maurice d'Agaune, Hubert, pour le
compte de Lothaire. Quand on se rappelle que Hubert est le frère de la reine déchue
Thietberge, on comprend mieux le geste de Conrad. En récompense de son acte, il
reçoit les comtés de Genève, de Valais, de Vaud, et de Gex. Ces comtés
forment alors le duché de Bourgogne Transjurane.
En 865, Charles menace Lothaire de châtiments, s’il ne
revient pas sur son attitude maritale inconvenante pour un monarque. Charles a
le soutien de son frère Louis le Germanique et du pape. Lothaire, de peur de
perdre son royaume, accepte toutes les exigences du souverain pontife. Il
renvoie sa concubine et reprend son épouse légitime, et en juillet il
rencontre son oncle Charles à Attigny, les deux souverains se sont raccommodés.
En 869, Lothaire II passe par Besançon, où il est accueillit
par l’évêque Arduic (843-871), pour se rendre en Italie, rencontrer le pape
Nicolas Ier (858-867) afin de lui demander le pardon. Lothaire meurt
d’une maladie contagieuse lors du voyage retour à Milan.
À la mort de Lothaire, son royaume est partagé entre ses deux
oncles, par le traité de Meerssen en août 870. Louis obtient la plus grande
partie de la Lotharingie, mais Charles récupère sur la Haute-Bourgogne, le
comté de Portois et une partie du comté de Varais avec Besançon.
Hugues, fils bâtard de Lothaire II, revendique le royaume de
son père, mais il se heurte aux carolingiens et entre en clandestinité.
À la mort du duc Conrad, en 876, son fils, Rodolphe (876-888)
est nommé comte, il accueille cette même année, l’impératrice Engelberge
au monastère de Saint-Agaune.
Le royaume de Boson
Ce royaume fondé à Mantaille le 15 octobre 879, avec la présence
de l’archevêque de Besançon, englobe la Bourgogne Transjurane. Boson exerce
son pouvoir jusqu’en 880, la région est reprise à cette date par les rois
carolingiens.
Dans le même temps, le comte Thibaud, fils du marquis Hubert,
associé à Hugues le bâtard, sont pourchassés par les troupes loyalistes et
doivent se réfugier en Provence.
Le royaume de Bourgogne
Vers 885, Rodolphe prend le titre de duc de Bourgogne
Transjurane grâce au soutien de l’empereur Charles le Gros.
En 888, dans l’abbaye de Saint-Maurice d'Agaune (dans
l’actuel Valais suisse), à la mort de l’empereur d'Occident Charles III le
Gros, les dignitaires de Bourgogne Transjurane et de Haute Bourgogne, dont
Thierry évêque de Besançon, élèvent à la dignité royale, le duc Rodolphe
Ier (888-912).
Ce nouveau royaume de Bourgogne s’étend sur les deux
versants du Jura avec comme limite à l’ouest, les rives de la Saône. Ce découpage
entérine la séparation entre la bourgogne franque et la bourgogne germanique.
Mais Rodolphe rêve de reconstituer la Lotharingie. Il va même se faire
couronner roi par l’évêque de Toul, mais le roi de Germanie Arnulf
intervient avec vigueur et force Rodolphe à se maintenir en Transjurane.
Rodolphe s’appuie sur l’évêque de Besançon Thierry,
qu’il nomme archichancelier de son royaume. Au début de son règne, le
nouveau roi a fort à faire avec les rois carolingiens : Arnulf roi de Germanie,
Zwentibold roi de Lorraine et fils du précédent, et Louis roi de Provence fils
de Boson.
Zwentibold envahit en 894 le nord du nouveau royaume jusqu’au
diocèse de Besançon et Louis intervient dans le sud de celui-ci. Zwentibold se
maintient jusqu’en 900 sur la Haute Bourgogne, et Thierry s’est rallié au
nouveau souverain. Les décès successifs de Arnulf et Zwentibold et l’intérêt
pour l'Italie de Louis, laissent le champ libre à Rodolphe Ier qui
agrandit et consolide son royaume. Il organise son royaume à la manière
carolingienne, avec une chancellerie Il accroît ses ressources foncières,
notamment avec les mines de sel de Salins.
Son fils Rodolphe II (912-937) lui succède en 912, et laisse
le souvenir d’un souverain batailleur. Il doit dans un premier temps, défendre
avec succès son royaume contre une tentative de conquête par le roi des Francs
et de Lorraine, Charles III le Simple.
En 918, il fait la guerre au duc de Souabe, Burchard, mais il
est défait. La paix s’obtient par le mariage en 921, de la fille du duc,
Berthe, avec Rodolphe II, c’est les mœurs de cette époque !
En 922, Rodolphe II est appelé par les grands d'Italie afin de
lui offrir la couronne de ce pays. Il traverse les Alpes avec son armée, le roi
Bérenger de Frioul se retire sur Vérone. L’Italie est divisée en deux
royaumes.
En 926, Pavie est assiégée et pillée, Bérenger est assassiné.
Les grands d'Italie appellent le marquis Hugues à prendre la couronne, ils ne
veulent plus de Rodolphe. Le 9 juillet, Hugues (924-947) est élu roi d'Italie
à Pavie.
En 926, le roi
germanique, Henri (918-936), intervient dans le royaume bourguignon, il reconnaît
à Rodolphe, les terres situées entre l’Aar et le Rhin, ainsi que le comté
de Bâle, mais en contrepartie il se fait remettre symboliquement la sainte
Lance, insigne de la monarchie bourguignonne. Cette alliance ressemble à un
acte de vassalité, mais elle permet à Rodolphe de se protéger contre les
ambitions du roi des Francs Raoul.
Rodolphe II n’empêche
pas les «ogres» Hongrois de dévaster son royaume en 926 et 937, notamment
Besançon et Lure.
La réunification des deux royaumes de Bourgogne
En 934, Rodolphe II réunit
le royaume de Provence ou Bourgogne Cisjurane, comme nous l’avons vu au
chapitre précédent, à son royaume. Ce nouvel ensemble appelé aussi «royaume
d'Arles», par certains historiens, couvre pratiquement le royaume de Bourgogne
mérovingien, à l’exception de la Basse Bourgogne qui est devenue, le duché
de Bourgogne, du Lyonnais et du Viennois qui dépendent du royaume des Francs.
Il laisse 4 enfants
mineurs à sa mort. Conrad (937-993) succède en théorie à son père en 937,
mais il n’a que douze ans. Hugues, roi d'Italie, souhaite profiter de la
minorité du jeune roi, pour unir ce royaume à celui d'Italie, et former un
immense royaume. Il épouse Berthe, la veuve de Rodolphe, et prend sous sa
protection sa fille Adélaïde, qui est fiancée à son fils Lothaire. Mais
Othon Ier (936-973), roi de Germanie, voir le danger dans la
constitution de ce royaume à cheval sur les cols alpins. Se souvenant que son père
Henri a reçu l’hommage de Rodolphe, il intervient dans le royaume bourguignon
et sous prétexte de servir de protecteur à Conrad, le conduit en Allemagne et
le retient prisonnier dans son palais. Conrad est élevé à la cour germanique.
Hugues le Noir, frère du roi Raoul, archi-comte dans le royaume de Bourgogne,
refuse de prêter l’hommage à un roi captif.
Vers 940, Conrad épouse
Adélanie, qui lui donnera 2 enfants, dont un fils qui décédera avant son père.
Othon libère Conrad
en 942, qui prend enfin la succession de son père sur le royaume de Bourgogne.
L’un de ses premiers actes est du 3 juillet 942 à Saint-Maurice d'Agaune où
Conrad concède à Albéric Ier, vicomte de Mâcon, un certain nombre
de terres et de biens dans la région de Salins, base de la seigneurie de
Salins.
En 944, il organise
son premier plaid royal dans le Viennois en présence des ecclésiastiques :
Gui, archevêque de Lyon, Sobon, archevêque de Vienne, Aymon, évêque de Genève,
Béraud, évêque de Lausanne et des nobles: Hugues, archi-comte de la Haute
Bourgogne, Charles-Constantin, comte de Vienne, Boson Comte d'Arles, Guillaume,
Comte d'Avignon, frère de Boson, Liétaud, vicomte de Mâcon et Humbert, sire
de Salins, frère de Liétaud.
Le royaume de Bourgogne au Xème siècle
En 949, Burchard, frère de Conrad est nommé archevêque de Lyon. Adélaïde, la veuve du roi d'Italie Lothaire, épouse en 951,
en seconde noce Othon Ier. Elle apporte à celui-ci, ses droits sur
l’Italie. Othon devient roi d’Italie. Conrad devient le beau-frère du roi
de Germanie et d’Italie.
En 958, Conrad épouse Mathilde, fille du roi des Francs Louis
IV, mais surtout nièce de Othon, la mère du futur Rodolphe III. Les relations
avec la famille Ottonienne se renforcent.
Le retour de l’empire
En 963, Othon est sacré empereur et c’est le début de l’Empire
Germanique qui va s’étendre sur une grande partie de l'Europe de l'Ouest,
englobant le royaume de Bourgogne.
Cette mainmise de l’autorité impériale amène la suzeraineté
du royaume bourguignon à glisser doucement vers leurs parents germaniques,
tandis que le pouvoir local tombe entre les mains des grands. Sur la Haute
Bourgogne, les comtes ont tendance à privilégier l’ouverture vers
l’occident, terre de même culture française, notamment Hugues le Noir qui
est à la fois duc de Bourgogne et archi-comte sur la Haute-Bourgogne.
D’autre part Conrad comme son père et comme ses successeurs
est peu libre de ses mouvements, et se déplace uniquement sur son domaine
propre : Aix les Bains, Lausanne, Vevey. Il est peu présent sur les autres
terres de son royaume.
Conrad a trois filles, l’aînée Gisèle, de son premier
mariage, épouse le duc de Bavière Henri; Berthe du second mariage, épouse le
comte de Blois Eudes, et Gerberge, la cadette, épouse le duc de Souabe Hermann.
Elles sont à l’origine de la guerre de succession après la mort de leur frère.
Conrad a également deux enfants d’une concubine, Burchard et Conon-Conrad.
Sur la Provence, Conrad nomme le comte d'Arles, Guillaume,
gouverneur de cette région. Guillaume est par sa mère Constance, le petit-fils
de Charles-Constantin. En 972, Guillaume rassemble avec son frère Rothbold
(Roubaud), une armée de fidèles et ils chassent de toute la Provence, les
groupes de pirates sarrasins qui ont infesté la région, depuis de nombreuses
années. Par cet acte où Conrad n’a pas pris part, Guillaume obtient la
suzeraineté sur la Provence, et ses descendants régneront en tant que comtes
de Provence jusqu’en 1112.
973, Othon II (973-983) succède à son père sur l’empire
germanique.
Burchard, fils bâtard de Conrad, devient archevêque de Lyon,
en 979.
Vers 982, Otte-Guillaume (982-1026) s’implante sur les terres
à l’ouest du Jura, berceau du comté de Bourgogne. Fort de l’appui de son
beau-père le duc de Bourgogne, Eudes-Henri, Otte-Guillaume agit en maître.
En 984, Adélaïde, veuve de Othon Ier, demande à
son frère Conrad d’intervenir dans la succession de Germanie, en effet son
petit-fils Othon III (983-1002) est retenu prisonnier par Henri le duc de Bavière.
Le roi de Bourgogne accompagné de seigneurs italiens et lorrains, se dirigent
vers le bavarois, celui-ci voyant la partie perdue, relâche Othon. Ce dernier hérite
de l’empire.
Rodolphe III (993-1032) succède à son père Conrad, mais il
est présenté par les historiens, comme sans courage. L’archevêque Burchard
II sillonnera le royaume pour garantir les pouvoirs de son royal demi-frère.
En 996, Berthe la sœur de Rodolphe, veuve de Eudes de Blois,
épouse le roi des Francs Robert II. Ce mariage est rejeté par l'Église, pour
lien de parenté entre les deux époux. Les deux grands-mères, paternelle de
Robert et maternelle de Berthe, sont sœurs et filles du roi de Germanie Henri Ier.
Le sceau de Rodolphe III

En 1002, Henri (1002-1024), duc de Bavière, est élu roi de
Germanie. Cette même année, Otte-Guillaume est nommé par les nobles de
Bourgogne, duc de Bourgogne, mais il se heurte au roi des Francs, Robert II.
Le roi Robert doit se séparer de Berthe, et épouse en 1003,
Constance d'Arles, la fille du comte de Provence Guillaume.
Otte-Guillaume renonce au duché en 1004, et se consacre à
assurer son autorité sur les terres bourguignonnes à l’est de la Saône, au
détriment de Rodolphe III. Le comte agit en véritable suzerain.
Le roi de Germanie Henri II, neveu de Rodolphe prend possession
en 1006, de la ville de Bâle qui appartient à son oncle. Henri II est le fils
de Gisèle, la sœur de Rodolphe.
En 1014, Henri II est couronné empereur à Rome.
La guerre de succession
À Strasbourg, en 1016, Rodolphe reconnaît comme protecteur et
héritier, son neveu l’empereur Germanique Henri II, mais toutes les villes du
comté de Bourgogne sous l’impulsion du comte Otte-Guillaume ferment les
portes à l’empereur.
En 1018, Rodolphe renouvelle à Henri sa promesse, mieux que
cela, il se comporte en véritable vassal de l’empereur en lui remettant en
libre disposition les fiefs tenus par le comte de Besançon, Otte-Guillaume, et
en se faisant investir par lui de sa couronne et de son sceptre.
Hugues, fils de Rodolphe est promu à l’évêché de Lausanne
en 1019.
Rodolphe concède le comté de Vienne à l’archevêque de
Vienne en 1023.
À la mort de Henri II, en 1024, Rodolphe III est contraint par
les nobles de Bourgogne, de révoquer sa donation faite huit ans auparavant.
Toutefois, en 1025, il se voit contraint de renouveler son
engagement initial, vis à vis du nouveau roi de Germanie Conrad II (1024-1039),
le mari de sa nièce Gisèle, fille de sa sœur Gerberge, et qui occupe Bâle
pour faire pression sur lui.
En 1027, Conrad II est couronné empereur Germanique, Rodolphe
assiste à la cérémonie et confirme la succession.
En juin 1032, Burchard, fils de Conon-Conrad succède à son
oncle sur l’archevêché de Lyon. Il désavoue la succession sur le royaume et
fera parti des révoltés. En septembre, à la mort de Rodolphe III, la lutte
s’engage entre l’empereur Conrad II et l’autre neveu de Rodolphe III, le
comte de Blois et de Troyes Eudes II. Il est vrai que Eudes est l’héritier le
plus direct de Rodolphe, car il est le fils de sa seconde sœur Berthe, tandis
que Conrad n’est que le mari de sa nièce Gisèle. Eudes trouve des appuis en
la présence du comte de Bourgogne Renaud Ier, fils de
Otte-Guillaume. La lutte entre les deux cousins dure deux ans. Ce conflit
accentue le malheur des pauvres, qui subissent depuis deux ans les méfaits de
la grande famine qui sévit sur la France et la Bourgogne.
Eudes occupe les châteaux de Joux, de Neuchâtel et de Morat,
dès 1033, dans le Jura et conserve l’appui du Comte Renaud sur le comté de
Bourgogne.
Conrad pénètre en Bourgogne par Bâle et se fait élire et
couronner roi de Bourgogne à Payerne, le 02 février 1034, mais il ne peut pas
reprendre les possessions d'Eudes.
En 1034, Conrad intervient de nouveau et avec l’appui des
troupes lombardes du marquis Boniface de Toscane, ils s’emparent des places
fortes détenues par son adversaire. Le 01 août, il se fait de nouveau
couronner dans l’église Saint-Pierre de Genève et les grands de Bourgogne
sont nombreux à la reconnaître. Le comte Renaud reçoit le châtiment suprême,
comme chef des révoltés, il est banni. Il se réfugie au-delà de la Saône et
trouve refuge auprès du duc de Bourgogne Robert le Vieux.
Le 15 septembre 1037, Eudes est tué à la bataille de Hanol
dans le Barrois, en luttant contre Conrad.
Les terres composant le royaume de Bourgogne basculent dans le
royaume germanique pour une longue période.
Le royaume de Bourgogne éclate, et les différents comtés ont
chacun une histoire particulière : comté puis duché de Savoie, comté de
Lyon, comté de Viennois puis Dauphiné, comté de Provence et comté de
Bourgogne ; mais tous dépendent de l’empire germanique. Ces terres de
culture française reviendront dans le royaume de France progressivement.
En 1312, c’est le comté de Lyon, en 1349 le Dauphiné, en
1481 le comté de Provence, en 1678 le comté de Bourgogne ou Franche-Comté et
en 1860 le duché de Savoie. Nous retrouvons dans les chapitres suivants,
l’histoire du comté de Bourgogne.
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L'histoire du Duché de Bourgogne :
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L'histoire du Comté de Bourgogne
ou Franche-Comté :
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