L’origine du comté – l’œuvre de Guérin
Le premier comte connu de Chalon est Adalard ou Alard ( ?-818),
on ne sait pas de quelle famille vient ce comte. Nous avons déjà évoqué dans
l’histoire des Carolingiens, sa participation active dans la lutte de Pépin
le Bref contre les Aquitains, en tuant Chilping, le comte d’Auvergne,
lieutenant du duc d’Aquitaine.
Quand Charlemagne se retrouve seul à la tête du royaume franc
en 771, Adalard reste fidèle au nouveau chef des Francs, il est même fort
probable qu’il exerce une autorité sur les autres comtes bourguignons. À sa
mort, nous ne savons pas à qui revient ses honneurs.
En 810, Charlemagne réunit un concile de toute la Gaule
lyonnaise dans l’église Saint-Vincent de Chalon, qui confirma le rôle des évêques
dans la direction des écoles.
Le personnage qui fait son apparition est Guérin ou Warin V.
Il est l’acteur incontournable dans les affaires bourguignonnes du IXème
siècle. Lors du partage de l’empire en 817, il est dit qu’il doit fidélité
au roi Pépin d’Aquitaine, or ce dernier est le souverain des comtés
bourguignons : Autunois, Avalonnais et Nivernais. Guérin est donc en
possession de terres sur l’un de ces trois comtés. Peut-être l’Autunois,
car il aurait épousé Aube, fille du comte Thierri III d’Autun, mais aucun
document ne nous donne la réponse. Il est connu depuis 825 comme comte de Mâcon.
Nous avons vu dans le chapitre sur les Carolingiens, la
participation de Guérin aux luttes entre l’empereur Louis le Pieux et ses
fils. Tout d’abord dans le camp de Lothaire, c’est lui qui emmène en exil
l’impératrice Judith en 830 à Poitiers.
Après le nouveau partage en 831, son influence sur les pays
bourguignons est grandissante, il entre certainement en possessions du comté de
Mémontois, et investi d’une autorité (marquis ?) sur les autres comtes
bourguignons.
En 834, il a pris le parti de l’empereur et défend la ville
de Chalon. Lothaire se jette sur la cité, mais la ville résiste pendant cinq
jours. Au sixième jour, la ville est ravagée et incendiée, ses habitants
massacrés. Lothaire fait décapiter Gaucelin, frère du duc Bernard de
Septimanie. Ensuite, il s’en prend à Gerberge, la sœur de Bernard, qui est
religieuse et la fait condamner pour sorcellerie. Elle est enfermée dans un
tonneau qui est ensuite roulé dans la Saône. Guérin doit son salut par la
reconnaissance à vie de sa fidélité à Lothaire.
Le Marquisat de Bourgogne
En 835, il est nommé comte de Chalon. Puis entre 835 et 840,
Guérin est absent de la Bourgogne, on le retrouve dans le Lyonnais, le Viennois
et le Toulousain. Dans les chroniques vers 840 et 842, Guérin est qualifié de
« dux », « dux Burgundiae potentissimus » et de « dux
Tolosanus ». L’ascension politique de Guérin se poursuit, il étend ses
honneurs dans la vallée du Rhône et en Gothie.
À la mort de l’empereur, En 840, Guérin prend parti pour
Charles le Chauve, il le rencontre à Orléans et l’assure de sa fidélité.
Nous l’avons vu comment il est aux côtés de Charles le
Chauve et de Louis le Germanique lors de la bataille de Fontenoy en Puisaye en
841 contre leur frère Lothaire.
Guérin est récompensé de sa brillante participation à cette
bataille, lors du traité de Verdun en 843, il reçoit les comtés d’Autun,
d’Auxois et de Duesmois, ce qui forme avec le Mâconnais, le Chaunois et le Mémontois
qu’il possède déjà, la Marche ou Marquisat de la Bourgogne méridionale et
fixe sa capitale à Chalon-sur-Saône. D’ailleurs, lors du traité de Verdun en 843, les frontières du royaume
de Charles le Chauve dépassent la Saône, pour englober les bénéfices que
possèdent Guérin sur la rive gauche, c’est à dire sur la Bourgogne « germanique ».
Dès cette époque, l’ancienne résidence royale de Gontran, devient le vrai
centre de décision de la Bourgogne Franque.
En 850, Isembard, fils de Guérin est envoyé en mission en
Gothie pour lutter contre le comte Guillaume, fils de Bernard de Septimanie, en
rébellion contre Charles. Guillaume retient prisonnier Isembard, mais il
parvient à s’évader. Les forces loyalistes sont plus nombreuses, et
Guillaume est attrapé, puis exécuté sur l’ordre du roi.
À la mort de Guérin, son fils aîné Isembard (853-858) lui
succède sur les comtés : Mâconnais, Chaunois, Autunois, Dijonnais et
Atuyer dans lesquels il exerce la fonction de « missi dominici ».
Contrairement à son père, Isembard est un personnage effacé, aucun document
relate un conflit avec ses voisins.
Isembard disparaît peu après le plaid de Quierzy de mars 858,
celui qui lui succède est, Onfroi (858-863), certainement son frère. Dès 858,
il est comte de Beaune et d’Autun, et certainement de Chalon et de Mâcon,
Charles le Chauve lui confie le marquisat de Bourgogne.
En 862, Onfroi proche parent du régent de Provence, Girard,
est accusé de rébellion vis à vis de son roi, par le vicomte de Blois. Le roi
ne donne pas suite.
Mais en avril 863, Onfroi enlève le comté de Toulouse au
marquis Raymond, et prend le titre de marquis de Gothie. Charles se doit de réagir,
ses troupes se dirigent vers la Bourgogne, les honneurs d’Onfroi sont supprimés
et distribués. Onfroi disparaît de la scène politique.
Les comtes Echard, Boson et Adémar
C’est Echard (863-877), l’ex-comte de Morvois, un révolté
de 858, qui hérite du comte de Chalon. Echard est un descendant de Childebrand,
donc un Carolingien. À compter de cette date, le pouvoir du comte de Chalon
n’est plus ce qu’il était au temps de Guérin, c’est à dire responsable
de la Marche de Bourgogne, il doit partager avec le comte d’Autun l’autorité
sur la bourgogne éduenne.
En 864, le roi désigne les huit ateliers royaux ayant le
privilège de la frappe de la monnaie, Chalon-sur-Saône est citée.
Echard se voit confier le comté de Mâcon, et l’Autunois méridional,
en 870, c’est peut-être à cette date que le Charolais et le Brionnais sont détachés
de l’Autunois pour être rattaché au Chalonnais. Notons qu’Echard est un
grand propriétaire du Charolais, puisqu’il détient de ses ancêtres
l’important domaine de Perrecy.
En 872, un concile se tient à Chalon dans l’église de
Saint-Laurent.
Les moines de Noirmoutier, sous la conduite de l’abbé Gilon,
fuyant les invasions normandes, s’installent en 875, à Tournus sur une terre
concédée par Charles le Chauve. Le roi octroie à Gilon, outre l’abbaye de
Saint-Valérien de Tournus, des terres outre Saône sur les communes d’Uchizy
et de Louhans. Les moines apportent les reliques du fondateur de leur ordre
Saint-Philibert.
Boson (877-880), beau-frère du roi Charles, mais également
beau-fils d’Echard, ce dernier ayant épousé sa mère Richilde, lui succède
sur le comte de Chalon en 877. L’histoire de ce personnage est narrée dans le
chapitre de l’histoire du royaume de Bourgogne Cisjurane.
En récompense des services rendus, Louis qui succède à son père
à la tête du royaume, en 877, sous le nom de Louis II le Bègue, nomme
Thierry, frère d’Echard, grand chambellan royal.
Le pape Jean VIII en compagnie de Boson, s’arrête à Chalon
au retour de son entrevue avec Louis II. Il est accueilli par Thierry et par
l’évêque de Chalon, en 878.
À la mort de Louis en 879, Thierry devient le tuteur des deux
fils du roi, Louis III et Carloman, aux côtés du régent Hugues l’Abbé,
Thierry est un vieillard, il meurt en 883.
En octobre 879, Boson est élu roi à Mantaille et le comté de
Chalon est incorporé dans ce royaume.
La coalition des rois carolingiens reprend la ville dans l’été
880, sans détail sur cette opération.
Le comté passe alors aux mains du comte Adémar (880-887). La
généalogie de ce comte est très confuse. Ce comte est connu pour avoir exercé
en 871, la fonction de missus en Bourgogne. Il est connu pour avoir exercé la
fonction comtale sur Dijon dans les années 901. Il se rattache par ses origines
à la famille des Robertiens de Troyes, et à la famille vicomtale de Chalon. Le
changement de dynastie n’est pas expliqué.
Le comte Manassès et ses fils – La famille de Vergy
Celui qui apparaît sur le comté de Chalon, est Manassès l’Ancien
(887-918), il est également
en possession du comté de Beaune. Il est et restera l’ami du duc Richard le
Justicier, qui le surnomme le Preux, à cause de sa
bravoure.
En 893, le roi Eudes pour se concilier Richard et Manassès se
rend à Chalon en mai et séjourne quelques jours dans la région, mais les deux
bourguignons conservent leur neutralité dans la lutte qui oppose Charles le
Simple à Eudes, à la tête du royaume des Francs.
Richard soutient Manassès l’Ancien, qui s’empare de l’évêque
de Langres, Thibaut, en 894, car ce dernier conteste l’élection de Gales, frère
de Manassès sur le siège d’Autun.
En 895, le conflit oppose Richard et Manassès contre
l’archevêque Gautier de Sens sur la vacance du siège de Troyes. Richard et
Manassès triomphent, ainsi Thibaut et Gautier sont remplacés par des ecclésiastiques
favorables à leur cause.
Les deux princes combattent les vikings ou
Normands (Nortmanni dans les chroniques)
qui ravagent la
Bourgogne. Ils participent ensemble aux succès des Francs lors des batailles de
Saint-Florentin et d’Argenteuil contre les Normands, en 898.
À la fin de sa
vie, Manassès se retire dans son château de Vergy, et vécut fidèle aux
pratiques chrétiennes de son époque, en protégeant les populations venues se
regrouper autour de cette forteresse. Il fonde avec son épouse Ermengarde, le
monastère de Saint-Vivant ou il y dépose le corps du saint qu’il ramena d’Auvergne,
arraché à la fureur des Normands. Le monastère est accolé au château de
Vergy.
L’héritage de Manassès se partage en 918, entre ses fils,
Gales (918-924), l’aîné succède à son père sur le comté de Chalon,
Gilbert le second fils est comte ou vicomte d’Avallon, Manassès II son troisième
fils hérite des comtés d’Auxois et de Dijon et de Vergy, et Hervé le
dernier devient évêque d’Autun.
Vers 920, Gilbert épouse Ermengarde, dont l’origine est
inconnue, mais qui peut être rattachée à Louis, comte de Thurgovie, fils du
roi Rodolphe Ier de Bourgogne.
Gilbert (924-956) prend la succession de son frère sur le
Chalonnais ou Chaunois.
Entre 931 et 932, Gilbert est en lutte contre le roi-duc Raoul,
suite au conflit qu’il l’oppose à la reine-duchesse Emma, qui a confisqué
à ses dépens le château d’Avallon. Un accord est trouvé.
Lors de l’avènement de Hugues le Noir à la tête du duché
de Bourgogne en 936, Gilbert est et restera un de ses fidèles vassaux, à la tête
des comtés de Chalon, Beaune, Auxois, Duesmois, Mémontois, et Avalonnais.
Gilbert succède en 952, à Hugues le Noir sur le duché, le
voici duc de Bourgogne, et partage les droits sur le duché avec Hugues le
Grand.
En 956, avant de mourir, Gilbert remet l’ensemble de ses
droits sur le duché à Hugues le Grand, le gardien testamentaire de sa fille aînée
Liégarde. Peu de temps après, Liégarde est mariée à Otton, second fils de
Hugues le Grand. Adélaïde, la cadette de Gilbert, avait épousé Robert de
Troyes, celui-ci intervient en Bourgogne et souhaite mettre la main sur l’héritage
de sa belle-sœur.
Le roi Lothaire intervient et confirme les dispositions prises
par Gilbert, Liégarde est l’héritière du duché. Le roi confie le comté de
Chalon à Lambert (956-978), fils cadet du vicomte Robert de Dijon.
Les comtes Lambert et Hugues
Vers 968, Lambert doit affronter le duc d'Aquitaine Guillaume
IV qui veut conquérir le Charolais. Avec l’appui du sire de Semur-en-Brionnais, Geoffroy Ier, il bat la coalition des Aquitains et des
Auvergnats à Chalmoux, près de Bourbon-Lancy, et assure la frontière sud de
son comté avec la Loire comme limite.
En 973, Lambert fonde le monastère de Paray le Monial. Ami de
Mayeul, grand abbé de Cluny, Lambert fonde ou concède de nombreux autres édifices
à la gloire de l’ordre des moines clunisiens.
Lambert décède le 22 février 978, il est inhumé dans le
monastère de Paray. Il laisse trois enfants, sa fille aînée Gerberge, mariée
en première noce avec Adalbert d’Ivrée, puis en seconde noce avec le duc
Eudes-Henri de Bourgogne, Mathilde mariée avec le sire de Geoffroy de Semur, et
son fils Hugues.
Hugues Ier de Chalon (979-1039) est certainement le
plus célèbre des comtes de Chalon. En effet, en plus de sa couronne de comte,
il portera aussi la mitre d’évêque d'Auxerre.
En 987, les Hongrois pénètrent dans le comté et saccagent de
fond en comble les abbayes de Saint-Pierre et Saint-Marcel de Chalon. La ville
est en partie brûlée.
Dès son enfance, Hugues est résolu à entrer dans les ordres.
En mars 999, de passage à Auxerre, les chanoines de l’église de Saint-Étienne,
le choisisse comme évêque, cette élection est confirmée par le duc de
Bourgogne Eudes-Henri. Cette nomination, ne l’empêche pas de conserver sa
fonction comtale à Chalon malgré la distance entre les deux villes. Il sera
tour à tour prêtre et soldat, ce qui lui vaudra bien souvent de mélanger les
droits et les devoirs de ses deux fonctions.
En mai 999, il place le monastère de Paray sous la dépendance
de Cluny, avec l’approbation et la présence du roi de France Robert II, et du
duc de Bourgogne Eudes-Henri. Cette donation s’effectue au monastère de
Saint-Marcel de Chalon en présence des grands de Bourgogne.
Hugues est un partisan du roi capétien Robert lors de la
succession sur le duché de Bourgogne, entre 1002 et 1017. Il soutient toujours
le Capétien dans sa lutte contre les grands de Bourgogne. Il est l’ami et le
conseiller de ce roi qui a le même âge que lui.
L’église Saint-Philibert de Tournus est reconstruite entre
1006 et 1008, elle avait été détruite par un incendie. Elle est consacrée en
1019.
L’évêque crée trois baronnies dans l’Auxerrois, dont
celle de Donzy, confiée à son neveu Geoffroy de Semur-en-Brionnais, qui prit
le nom de Geoffroi de Donzy.
En 1021, le comte-évêque confirme le don de l’église de
Saint-Gengoux au monastère de Cluny, réalisé l’année précédente.
En 1024, Hugues préside en compagnie du roi Robert II une
grande assemblée d’archevêques, d’évêques, d’abbés et de comtes à Héry-en-Auxerrois
au cours de laquelle, est lancée «une Paix de Dieu» (cf. l’histoire de
Cluny) pour tout le royaume.
À la Pentecôte 1027, Hugues assiste à Reims, au sacre du
fils du roi des Francs, Henri de France. Cette même année, c’est le guerrier
et pas l’ecclésiastique qui prend les armes contre le fils du comte de
Bourgogne Otte-Guillaume. En effet, Renaud de Bourgogne a pénétré en armes
dans le Chalonnais, mais il est vaincu et jeté en prison. Le beau-père de
Renaud, le duc de Normandie, Richard, envoie des troupes pour le libérer. Il
est délivré après que les troupes normandes ont ravagé le Chaunois. Le comte
se souvient qu’il est aussi évêque et se rend à Rome auprès du pape pour
se faire pardonner. Le saint-père l’engage à aller faire le pèlerinage en
terre sainte. Ce qu’il fit au alentour de 1034/1035, après avoir organisé
ses états en son absence.
À son retour de Palestine, Hugues continue ses donations en
faveur de Cluny par un prieuré à Bourbon-Lancy et deux autres dans le
Lyonnais. Il termina ses jours à Auxerre et quitta ce monde en 1039.
La famille de Semur-en-Brionnais
À la mort de Hugues, c’est son neveu Thibaut de Semur
(1039-1065), qui lui succède sur le comté, il est déjà associé au
gouvernement du comté depuis 1038. Thibaut est le fils de Mathilde, la sœur de
Hugues, qui a épousé le baron de Semur-en-Brionnais Geoffroy Ier.
On se rappelle l’aide apportée par Geoffroy au comte Lambert, le père de
Mathilde, dans sa lutte contre les Auvergnats. La main de sa fille était peut-être
la récompense ?
Cette famille de Semur donnera de nombreux ecclésiastiques. Le
neveu de Thibaut, Hugues de Semur, est l’un des grands abbés de Cluny. Un
autre Hugues de Semur sera évêque d'Auxerre, Raynaud de Semur deviendra archevêque
de Lyon et le petit-fils et arrière-petit-fils de Geoffroy, tous les deux
barons de Semur, finiront leur jour à l’abbaye de Cluny comme moines.
Le comté de Chalon au XIème siècle
En 1056, un concile régional d’évêque se tient à Chalon
sous l’égide du légat du pape Hildebrand, et la présence de l’abbé
Hugues de Cluny (ou Semur). L’évêque de Chalon Guy est accusé de simonie et
malgré la défense du comte Thibaut, il est reconnu coupable et déposé de son
ministère.
En août 1063, un concile extraordinaire se tient encore à
Chalon. Son objectif est de traiter la plainte des moines de Cluny pour l’empiétement
de leurs libertés par l’évêque de Mâcon. Ce concile s’ouvre sous la présidence
de Pierre Damien, évêque d'Ostie, mais surtout légat du pape. Parmi les évêques
on trouve Aganon d'Autun, Achard de Chalon, Drogon de Mâcon, Hugues de Nevers,
Geoffroi d'Auxerre, mais aussi l’archevêque Hugues de Besançon et l’abbé
Hugues de Cluny. Le légat rappelle les textes de fondation de Cluny, qui sont
reconnus par l’assemblée, et Drogon ne peut que s’incliner : Cluny dépend
du Saint-Siège et non pas de l’évêché de Mâcon.
Thibault a eu quatre enfants. Hugues qui lui succèdera, et
trois filles, Adélaïde qui épouse Guillaume de Thiers, Mathilde qui épouse
Geoffroy de Donzy et Ermengarde qui épouse Humbert de Bourbon.
Hugues II (1065-1078) succède à son père Thibaut. Il épouse
Constance, la fille du duc de Bourgogne Robert Ier.
En 1073, un autre concile est tenu à Chalon sous l’égide du
légat du pape et du comte Hugues.
En 1078, Hugues va en pèlerinage à Saint-Jacques de
Compostelle, mais malheureusement, il meurt en rentrant en France. Son beau-frère
Guillaume de Thiers rapporte son corps pour être inhumé dans le prieuré de
Paray le Monial. Il meurt sans héritier, le comté change une nouvelle fois de
famille.
Sa veuve Constance est demandée en mariage par Alphonse VI roi
de Castille. En partant pour l'Espagne, elle s’arrête à l’abbaye de
Tournus et fait don de ses vignes de Givry aux religieux.
L’indivision du comté
L’héritage du comté se joue entre les descendants des deux
filles de Thibaut ; le fils d’Adélaïde, Guy de Thiers, et le fils d’Ermengarde,
Humbert de Bourbon-Lancy, ainsi que le fils de Hervé II de Donzy, frère de
Thibaut, Geoffroy de Donzy, Humbert ne réclame pas sa part. Un débat
s’ouvrit entre les parties, et en attendant un règlement, Adélaïde seule
survivante des deux sœurs assure la régence.
À la fin des débats, il est décidé que le comté reste
indivis entre les deux prétendants et tous deux portent le titre de comte de
Chalon. Ils vécurent en paix et moururent sans avoir lutter l’un contre
l’autre.
Geoffroy de Donzy
(1078-1096) s’enrôle dans la première croisade de 1096, mais n’ayant pas
les moyens pour payer son voyage, vend à son frère Savaric de Donzy dit de
Vergy, lequel, voulant aussi probablement prendre part à la croisade, mais
n'ayant pas l'argent nécessaire pour cette lointaine expédition, engagea la
moitié de son acquisition à l'évêque Gauthier de Couches. Savaric de Donzy
n'ayant pas remboursé l'argent prêté par Gauthier de Couches, la partie engagée
resta la propriété de l'évêché et les évêques prirent alors le titre de
comte de Chalon.
La fin de Geoffroy
est différente selon les auteurs, pour certains il est mort en Palestine, pour
d’autre il entre en religion à son retour de la Terre sainte. Guy de Thiers
(1078-1113) partit lui aussi pour la Terre sainte où selon les récits, il se
couvrit de gloire.
À cette même époque
un grand événement religieux secoue la Bourgogne, il s’agit de la fondation
de Cîteaux. Son histoire est racontée au chapitre sur le duché de Bourgogne.
La famille de Thiers
Les héritiers de Savaric de Vergy vendent leur part (le quart)
du comté de Chalon-sur-Saône, au duc Hugues II de Bourgogne.
Guillaume Ier de Thiers (1113-1166) succède à son
père Guy et se retrouve le seul maître du comté. Il participe à la création
de l’abbaye de Ferté-sur-Grosne, la première fille de Cîteaux, mais il
n’a pas la même considération vis à vis des moines de Cluny.
Avec l’aide de Brabançons, de son fils Guillaume et du comte
de Mâcon Gérard Ier, ils s’en prennent à l’abbaye. Le château
de Lourdon, forteresse de Cluny tombe aux mains du fils de Guillaume ;
l’abbaye devient la proie des pillards.
En 1166, le roi de France Louis VII intervient dans la région,
à la demande de l’abbé de Cluny Étienne, contre les violences du comte de
Chalon-sur-Saône. Il accourt à la tête d’une armée afin de rétablir
l’ordre dans les comtés de Chalon et de Mâcon. Louis VII après avoir
choisit la méthode amiable pénètre dans Chalon puis se dirige contre la ville
de mont Saint-Vincent où Guillaume s’est réfugié. Le roi l’enlève de
force.
Mais Guillaume continue ses exactions et oubliant les
sentiments si pieux de la maison de Semur-en-Brionnais, dont il descend par sa
grand-mère paternelle, il ravage le Brionnais ; Paray, Marcigny et Semur
subissent les brutalités du comte. Les moniales de Marcigny en appellent au
pape Innocent II qui somme le comte de se retirer sous peine
d’excommunication. Le roi accourt au secours des opprimés et confisque le
comté et le remet au duc de Bourgogne. Guillaume accusé de forfaiture perd ses
états. Il meurt en 1168.
Son fils Guillaume II (1168-1192), qui a participé aux guerres
de son père, décide de demander le pardon au roi ; Il se rend à Vézelay,
accompagné de sa mère Béatrice, où se trouve le roi, et l’obtient. Il
retrouve une partie du comté, mais la part concédée par Savaric de Vergy
reste aux mains du duc de Bourgogne.
En 1180, Guillaume fournit à son beau-frère, Jocerand Gros de
Brancion, une bande de Brabançons octroyée par son beau-père l’empereur
Germanique, Frédéric Barberousse. Jocerand guerroie dans la vallée de la
Grosne contre les moines de Cluny. L’abbé de Cluny appelle à son secours le
roi Philippe Auguste. Ce dernier intervient avec force et contraint le sire de
Brancion ainsi que le comte de Chalon à un traité, qui est signé au château
de Lourdon.
Béatrice, fille de Guillaume, épouse le comte d'Auxonne Étienne
II de Bourgogne, petit-fils du comte de Bourgogne et de Mâcon Guillaume IV, en
1186.
En 1190, Guillaume II s’embarque avec le roi et le duc Hugues
III de Bourgogne dans la troisième croisade. Il confie la régence du comté à
sa fille Béatrice.
À son retour de Palestine en 1192, Guillaume abdique en faveur
de sa fille et va terminer sa vie à l’abbaye de Cluny, qu’il avait tant
molestée. Il meurt dans la foi et la piété en 1202.
Béatrice (1192-1228) gouverne le comté, son long gouvernement
est l’une des plus heureuses périodes de l’histoire de Chalon. Elle met
tous ses soins à pacifier le comté.
Vers 1200, elle se sépare de son mari et gouverne seule le
comté.
Jean de Chalon son fils intervient en 1224/1225 dans le conflit
qui oppose les Bisontins érigés en Commune contre l’archevêque de Besançon
Gérard, en soutenant les Bisontins. Ces derniers lui avaient demandé d’être
le gardien de leur ville.
La fin du comté
Jean de Chalon (1228-1237), n’a pas encore reçu
l’investiture du comté qu’il doit gérer un différend que ses agents
viennent de provoquer avec Cluny. Les tords sont réciproques et Jean cède au
monastère douze livres dijonnaises. Dès qu’il entre en possession de ses États
héréditaires, Jean se rend au monastère de Paray le Monial, et jure fidélité
sur les évangiles de respecter les us et coutumes du Charolais et du Brionnais.
Jean assiste à Melun, en 1230, à un plaid « assemblée
judiciaire et politique en public» tenu par le roi saint Louis au cours duquel
une ordonnance est signée par les nobles, qui condamne les Juifs sur les
conditions des agios qu’ils pratiquent.
Il apaise, en 1232, une sédition des bouchers de Chalon qui prétendaient
être les seuls en droit de vendre de la viande. Le comte rendit une ordonnance
qui allait contre cette sotte prétention et qui autorisait tous ceux qui le
voulaient à vendre de la viande dans la ville. Sa modération dans
l’administration de son comté lui a valut le surnom de « Sage »,
que la postérité lui a conservé sous le nom de Jean le Sage.
Il est de nouveau sollicité par le roi, en 1234, ainsi que les
grands du royaume pour aller à Saint-Germain-en-laye pour assister et servir le
souverain en lutte contre le comte de Champagne Thibaud.
En 1237, pour contrôler la politique du comte de Bourgogne,
Othon de Méranie, qui a engagé le comté de Bourgogne aux Champenois, Jean cède
ses comtés de Chalon-sur-Saône et d'Auxonne, à son neveu le duc de Bourgogne
Hugues IV contre la baronnie de Salins et d’autres seigneuries dans le comté
de Bourgogne. Cet acte réalisé avec le consentement de son père le comte
d'Auxonne Étienne, et de sa première épouse Mahaut de Bourgogne, est passé
à Saint-Jean-de-Losne et met fin au comté héréditaire de Chalon. Les comtés
de Chalon-sur-Saône et d'Auxonne sont annexés au duché de Bourgogne.
Jean prend le titre de sire de Salins et conserve le nom de sa
mère que ses descendants vont rendre célèbre dans le comté de Bourgogne et
dans les comtés d'Auxerre et de Tonnerre, c’est à dire les sires de
Chalon-Arlay, puis Princes d'Orange, et les comtes de Chalon-Auxerre.
La suite de la vie de Jean le Sage est relatée au chapitre du
comté de Bourgogne.
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