Marguerite d’Autriche
Le retour de la Franche-Comté sous la tutelle des Habsbourg amène
Besançon et le comté à dépendre du même seigneur. Cela ne c’est pas
produit depuis Frédéric Barberousse au XIIème siècle.
Maximilien confie le gouvernement de la Franche-Comté à sa
fille, la comtesse de Bourgogne Marguerite (1493-1530), sa bienveillante
politique est bénéfique pour la province. Sa sagesse préserve de toute
hostilité cette province qu’elle affectionne tant. Dole conserve la première
place du comté, grâce au Parlement et à l’Université.
Marguerite d'Autriche épouse Don Juan d'Aragon en 1497, mais
celui-ci décède peu de temps après.
Au début du XVIème siècle la province est
tellement dépeuplée que dix milles Picards et Normands sont accueillis avec
des conditions favorables (mainmorte réduite pour les paysans).
En 1501, Marguerite épouse en seconde noce, le duc de Savoie
Philibert II.
En 1504, Philibert meurt d’un accident de chasse, Marguerite
se retrouve veuve pour la seconde fois. Elle gouverne avec souplesse et son
administration ramène le calme et la paix dans la province. Elle fait
construire la magnifique église de Brou à Bourg en Bresse en mémoire de son
second mari.
Marguerite d’Autriche
En 1507, Maximilien suite au décès de son fils, Philippe le Beau, nomme
Marguerite, gouvernante des Pays-Bas. Elle tient sa cour à Bourg en Bresse ou
à Malines.
En 1508, Maximilien décide de prendre le titre d’empereur élu
des Romains, sans avoir reçu du pape la couronne impériale.
En 1511, une ligue héréditaire est signée avec les cantons
suisses, véritable reconnaissance de neutralité de la Franche-Comté avec
engagement de la défendre par les armes.
En 1513, des Suisses pénètrent en Bourgogne et menacent
Dijon, suite à la volonté des bourguignons de continuer à acheter leurs sels
à Salins, comme au temps des ducs. Louis de la Trémoille, gouverneur de la
Bourgogne, doit signer en septembre un traité et payer fort cher le retrait des
Suisses.
Charles Quint
En 1515, Charles de Habsbourg, fils de Philippe le Beau devient
prince des Pays-Bas. Charles, né à Gand en 1500, a voué à la Bourgogne et à
la Franche-Comté un attachement particulier, ces terres sont celles de ses ancêtres
les grands-ducs de Valois. De plus, Charles est fiancé avec Claude de France en
1505, avec la promesse de trouver dans la dot de sa fiancée le duché de
Bourgogne. Charles est élevé par sa tante Marguerite, dans les Flandres,
nourri de la lecture des chroniques bourguignonnes de ses ancêtres, et cette
filiation le marque profondément.
En 1516, à la mort de son grand-père
maternel, le roi d’Aragon Ferdinand, Charles de Habsbourg, devient Charles Ier,
roi de Castille, d’Aragon, de Sicile et de Naples.
En 1519, à la mort de
son grand-père paternel Maximilien, Charles est élu empereur Germanique, par
les sept grands électeurs germaniques au détriment du roi de France François
Ier; soutenu par l’aide financière des banquiers favorable à sa
cause, notamment les Fugger. Il prend le nom de Charles Quint (1516-1556), la
destinée fabuleuse de ce prince est en route.
Le 7 février 1522,
Charles Quint transmet à son frère Ferdinand ses domaines ancestraux
germano-habsbourgeois (Autriche, Carinthie, Carniole, Ferrette, Habsbourg,
Haute-alsace, Tyrol et Styrie), de son côté Ferdinand renonce à toute prétention
sur les domaines héréditaires de Bourgogne et d’Espagne.
La même année, les
envoyés de Marguerite, parmi lesquels Nicolas Perrenot de Granvelle, qui est
comtois, signent, à Saint-Jean-de-Losne, avec ceux du roi de France François Ier
(1515-1547), un traité de neutralité de la Franche-Comté, pour trois ans
reconductibles, dont le garant est les cantons suisses. Ce traité permet de
maintenir le commerce entre la Franche-Comté et la Bourgogne. Il est renouvelé
sans interruption jusqu’en 1611. Ces sages dispositions ont rendu la province
à l’abri de tous les conflits entre la France et les austro-espagnols durant
le gouvernement de Marguerite.
Pendant cette période
François Ier et Charles Quint se font la guerre. Le roi de France
est fait prisonnier par les Espagnols à la bataille de Pavie en 1525, et envoyé
en Espagne. Il obtient sa libération au traité de Madrid en 1526 en cédant à
Charles Quint le duché de Bourgogne. Rentré en France, François Ier
s’empresse de désavouer le traité, soutenu par les États Généraux.
Charles Quint
La peste sévit sur la Franche-Comté de 1525 à 1527.
Le traité de Cambrai de 1529, confirme le rattachement du duché
de Bourgogne à la France et annule le traité de Madrid.
En 1530, Marguerite décède à Malines et lègue par testament
la Franche-Comté à son neveu, Charles Quint, le fils de son frère Philippe le
Beau. Charles Quint fait gouverner la Franche-Comté ainsi que les Pays-Bas par
sa sœur, Marie de Hongrie, aidé de son garde des sceaux, Nicolas Perrenot de
Granvelle. Charles Quint maintient les privilèges du Parlement de Dole, il
autorise la Commune de Besançon à battre monnaie. Il montre l’estime qu’il
a pour les gens du comté en s’entourant de certains d’entre eux (Mercurin
d’Arbois, ancien président du Parlement de Dole : grand chancelier ;
Nicolas Perrenot de Granvelle : chancelier et secrétaire d’état; Jean
Lalemand : premier secrétaire; François Bonvalot: délégué auprès du roi de
France; Simon Renard : ambassadeur ; Laurent de Gorrevod : gouverneur ;
Philibert de Montfalconnet : maître d’hôtel, …). Charles Quint ne viendra
pourtant jamais dans la région.
Le 24 février 1530 à Bologne, Charles est sacré empereur par
le pape Clément VII, le jour de son trentième anniversaire.
Malgré la famine qui frappe la Franche-Comté de 1529 à 1531,
cette période est heureuse, la paix est maintenue, la province bénéficie
d’une véritable prospérité, notamment par l’afflux de colons de
Normandie, de Suisse, de Savoie et de Picardie, qui s’assimilent très
rapidement aux autochtones. La Comté retrouve prospérité et se développe
l’art de la Renaissance : le palais Granvelle et le palais de justice à Besançon,
l’hôtel de ville de Gray et le château de Champlitte, en sont des exemples.
L’abdication de Charles Quint
Dès 1555, Charles Quint prépare sa succession entre son fils
Philippe et son frère Ferdinand dans le but de réconcilier les deux branches
familiales. Le 25 octobre à Bruxelles, devant les États Généraux il renonce
aux Pays-Bas au profit de son fils, par ses phrases : « mon cher
fils, je vous donne, cède et transporte tous mes pays de par-deçà, comme je
les possède, avec tous les avantages, profits et émoluments qui en dépendent.
Je vous recommande la religion catholique et la justice ».
Le 16 janvier 1556, Charles Quint renonce à ses états
espagnols et à la Sicile au profit de son fils Philippe. Le 10 juin, les États
de Bourgogne sont convoqués à Dole par le gouverneur du comté, Claude de
Vergy. Pierre de Barres, président du parlement de Dole renonce au nom de
l’empereur à la Franche-Comté, au profit de Philippe.
Le 8 août 1556, il adresse un courrier à son frère
Ferdinand, l’informant qu’il lui cède la dignité impériale. Ce n’est
que dix-huit mois plus tard, que les électeurs : les trois archevêques de
Mayence, de Cologne, de Trêves, le roi de Bohême, le margrave de Brandebourg,
le duc de Saxe et le comte palatin du Rhin admettent la renonciation de Charles
Quint et désigne Ferdinand successeur à son frère.
Il détache les Pays-Bas et la Franche-Comté de la mouvance de
l’empire pour les arrimer à l’Espagne. Il pense que cette dernière est
plus à même de défendre ses états bourguignons que l’Allemagne. Cette
tradition bourguignonne marque profondément la dynastie des Habsbourg d’Espagne
en s’appelant Philippe et Charles, du nom des grands ducs d’occident Valois.
Charles se retire au monastère de Yuste en Espagne, il meurt
le 21 septembre 1558.
Mercurin d’Arbois
Connu aussi sous le nom de Mercurio Arborio da Gattinara, de
part son origine piémontaise, fut choisi par Charles Quint en 1518 pour être
le « Grand Chancelier de tous les royaumes et états du roi ». Il
introduit Nicolas de Granvelle auprès de Marguerite d’Autriche. Il rédigea
le discours de son roi pour les « Cortés » de Castille après l’élection
impériale. Dès 1521, il est le principal conseiller de l’empereur. Il est présent
lors du traité de Madrid et lors du traité de Barcelone avec le pape en 1529.
Il meurt en 1530.
Philibert de Chalon-Arlay
Un noble comtois
s'est distingué pendant cette période, il s'agit du prince d'Orange et sire
d'Arlay Philibert de Chalon-Arlay (1502-1530).Il est le descendant direct de la
branche cadette des comtes de Bourgogne, les Chalon-Arlay. Il est mêlé aux
grands événements de la première partie de la lutte entre François Ier et Charles Quint.
Philibert naquit
le 18 mars 1502 au château de Lons le Saunier. Son père meurt trois semaines
après sa naissance. Il est élevé par sa mère dans son château de Nozeroy.
L'enfant bénéficie de la protection du roi de France Louis XII, mais sa mère
Philiberte de Luxembourg préfère l'alliance avec les Habsbourg. En juillet
1516, alors âgé de quatorze ans, il est libéré de la tutelle de sa mère. En
octobre de la même année, Charles Quint lui offre la distinction de l'ordre de
la Toison d'Or. Philibert s'engage dans le camp du habsbourgeois. En juillet
1517, il est nommé gouverneur et lieutenant-général du comté de
Bourgogne et de Charolais. François Ier réagit avec vigueur et lui
confisque la principauté d'Orange et les autres terres françaises.
Philibert de Chalon
Philibert accompagne son roi en Espagne où il lutte brillamment dans le Béarn. En 1523,
il accueille sur ses terres comtoises, le connétable et duc Charles III de
Bourbon, qui fuit ses terres en trahissant le roi de France François Ier,
en rejoignant l'empereur Charles Quint. En juillet 1524, il est à
Barcelone et décide de rejoindre à Marseille, le connétable de Bourbon pour
envahir la Provence. Hélas, son bateau est pris par la flottille française. Il
est attrapé et enfermé à Bourges, puis Lusignan et enfin à Lyon. Sa captivité
est dure, il est relâché après la défaite des Français à Pavie en 1525,
lors du traité de Madrid en janvier 1526 (François Ier et Philibert
sont libérés tous les deux par les deux camps).
En mai 1527, il
est au côté du duc de Bourbon, à la tête des troupes impériales qui pénètrent
dans Rome. L'empereur est en conflit avec le pape. Le duc est tué lors de
l'assaut, Philibert prend le commandement des armées, mais il ne peut pas empêcher
les massacres, les violes et le saccage de la ville sainte. Il réussit
cependant à sauver les archives et la bibliothèque pontificale du pillage.
Entre-temps, le pape Clément VII s'est réfugié dans le château Saint-Ange,
Philibert met le siège mais il est blessé au visage et doit se retirer dans la
campagne romaine. Trois mois plus tard, les impériaux viennent lui demander de
reprendre le commandement des troupes, car la peste vient de se déclencher dans
Rome, et les troupes françaises arrivent pour sauver la ville. C'est lui qui
dirige les négociations diplomatiques avec Clément VII.
Philibert entraîne
ses troupes vers Naples cité impériale. Les Français assiègent la ville. Le
vice-roi de Naples décède, les notables napolitains nomment Philibert à sa
place. La peste décime les troupes françaises, et il force les Français à
lever le siège de la ville.
Après le traité
de Cambrai en août 1529, entre Charles Quint et Clément VII d'une part et
Charles Quint et François Ier d'autre part, une des clauses lui rend
sa principauté d'Orange. Pour préparer son couronnement par le pape,
l'empereur désigne Philibert comme chef de ses armées pour remettre en place
un Médicis à la tête de Florence; le pape étant un Médicis. Il part en
campagne contre les Florentins, le siège de la ville dure dix mois, mais
il meurt neuf jours avant la reddition des Florentins, le 3 août 1530. Il est
le dernier descendant des premiers comtes de Bourgogne. Son corps est ramené à
Lons le Saunier.
Ses terres de
Franche-Comté et la principauté d'Orange reviennent à son neveu René de
Nassau, fils de sa sœur Claude. À la mort de René en 1544, sans descendance
directe, l'ensemble des terres passe à son cousin germain le comte de Nassau
Guillaume Ier le Taciturne, stathouder (gouverneur) de Hollande, et
ancêtre des rois des Pays-Bas.
Les Habsbourg d’Espagne
Philippe II donne à sa demi-sœur la duchesse de Parme
Marguerite, le gouvernement de la Franche-Comté et des Pays-Bas, plaçant auprès
d’elle le cardinal Antoine Perrenot de Granvelle, le fils de Nicolas. L’hérésie
protestante gronde sur les terres de Flandres, Philippe rappelle le cardinal
dans la Franche-Comté et nomme le duc d’Albe Francisco Alvarez de Toledo,
pour réduire la révolte. Après les Pays-Bas, ce dernier intervient en
Franche-Comté, où il établit un absolutisme religieux rigoureux, avec une
violence inouïe.
Puis la guerre réapparaît. Le gouverneur de la Bourgogne
Charles de Lorraine, duc de Mayenne, mais surtout chef de la Ligue contre le roi
de France Henri IV (1589-1610), tient la Bourgogne et demande l’intervention
de Philippe II. Une armée espagnole, sous la conduite de Vélasco, marche sur
Dijon, Henri IV à la tête de ses troupes, bat celles de Philippe II à
Fontaine-Française le 5 juin 1595. Charles de Lorraine perd son poste de
gouverneur.
En 1595 et par représailles de l’invasion des troupes
austro-espagnoles celles de Henri IV ravagent les villes de Jussey, Marnay,
Vesoul et Quingey. Les troupes françaises conduites par le maréchal de Biron
se présentent devant Arbois, défendue par le capitaine Morel. Après trois
jours de siège infructueux, le maréchal accorde la vie sauve à tout le monde
si la ville capitule immédiatement. Les habitants d’Arbois cèdent et malgré
la parole donnée, de Biron fait pendre Morel. Henri IV doit faire preuve de
grande diplomatie pour calmer la colère des Arboisiens.
La paix de Vervins en 1598 rend la Comté à l’Espagne.
Philippe meurt dévoré par la vermine et les ulcères, il laisse la
Franche-Comté et les Pays-Bas à sa fille Isabelle (1598-1633), qui va épouser
l’archiduc Albert d’Autriche en 1599.
Le traité de neutralité avec la bourgogne française est
renouvelé en 1611 pour une durée de vingt-neuf ans.
Antoine de Granvelle
Antoine, fils aîné de Nicolas Perrenot de Granvelle, est
destiné à la succession de son père. Son père lui choisit la voie ecclésiastique,
meilleur moyen pour accéder à la diplomatie quand on n’a pas de titre. Il
est chanoine à Besançon à douze ans, et à dix-sept ans premier secrétaire
de Charles Quint. À la mort de son père en 1550, il prend sa place de
conseiller d’État et de garde des Sceaux. Puis il devient ministre de
Marguerite de Parme, puis après une période de disgrâce, Philippe II le nomme
vice-roi de Naples et enfin président du Conseil Suprême d’Italie et de
Castille. Parallèlement à sa vie politique, il gravit les échelons ecclésiastiques
jusqu’à celui de primat des Flandres, cardinal-archevêque de Malines et en
1584 archevêque de Besançon. Antoine est un fin lettré, il est très riche et
très influent.
La guerre de Trente Ans
En 1618 la guerre de Trente Ans éclate dans l’Empire, il
faut chercher les causes de cette guerre dans la grave crise religieuse qui
affecte l’Europe à la suite de la Réforme. Depuis une centaine d’année,
la Réforme s’est répandue à la suite des prédications de Luther et de
Calvin, et de nombreux princes ont embrassé la nouvelle religion. La guerre
oppose l’Union évangélique conduite par l’électeur Palatin Frédéric V,
à la Ligue catholique soutenue par l’empereur Germanique Ferdinand II. Les
Provinces Unies et la France soutiennent le Palatin, tandis que le roi d’Espagne,
Philippe III, appui son cousin l’empereur.
En 1630, la Suède s’allie aux princes allemands en rébellion.
En 1631, La France attaque la Lorraine pour chasser les Impériaux,
mais également pour punir le duc de Lorraine Charles III, qui a accueilli son
beau-frère le duc d’Orléans Gaston, frère de Louis XIII, qui est en fuite.
Gaston a épousé Marguerite la sœur de Charles III.
En 1633, Isabelle d’Espagne décède, c’est son frère le
roi d’Espagne Philippe IV (1621-1665), qui hérite de la Franche-Comté.
En 1635, Charles III et Gaston se réfugient à Besançon.
Charles reçoit un régiment de la part du roi d’Espagne. Cet événement
permet à Richelieu de dénoncer la neutralité de la Franche-Comté, Louis XIII
déclare la guerre à l’Espagne.
Le prince de Condé Henri II à la tête de vingt mille hommes
se présente devant la capitale comtoise le 29 mai 1636. Les Dolois ne se
laissent pas impressionner, tout le monde défend la ville. Dole reçoit aussi
de l’aide de l’extérieur, et l’armée de secours des Impériaux finit par
arriver le 15 août et délivre les Dolois après un siège de quatre-vingt
jours. Mais les troupes du duc de Longueville prennent Lons le Saunier, Orgelet,
Bletterans, celles « suédoises » conduites par le duc Bernard de
Saxe-Weimar s’emparent de Champlitte, Marnay, Baume-les-Dames. Seul le Haut
Doubs semble encore épargné.
De 1635 à 1636, c’est la terrible peste noire, dite
bubonique qui frappe la région et qui accentue encore les malheurs dus à la
guerre.
En 1638, le duc de Lorraine se réfugie entre Ornans et
Pontarlier. La même année, le comte de la Suse à la tête d’une armée française
enlève de nuit par un coup d’audace la forteresse de Belfort. Richelieu le
nomme gouverneur.
En 1639, les « suédois » de Weimar pénètrent de
nouveau en Franche-Comté, venant de l’Alsace, ils se divisent en deux et
prennent les villes de Maîche, Morteau, Pontarlier, le château de Joux,
Nozeroy et Ornans entre janvier et février.
Cette période est une catastrophe par l’ampleur des
massacres, on dénombre entre mille et mille-deux cents morts à Morteau, et
pendant longtemps les générations se transmettent les récits des sinistres
exploits accomplis par les bandes qui ruinent toute la contrée. Les habitants
sont torturés, les maisons sont brûlées, les vignes et les arbres arrachés.
La famine est si terrible qu’on mange de la viande humaine. Seules les villes
de Besançon, Dole, Gray et Salins échappent à la destruction totale et des
milliers d’habitants quittent la Franche-Comté, pour la Suisse, la Savoie,
l’Italie; ce qui amène à dire que la contrée est tellement dépeuplée
qu’elle ressemble à un désert. Pendant un siècle, l’expression suivante
survit : « mauvais comme Weimar ». Le héros comtois de cette
lutte d’indépendance est Jean-Claude Prost dit Lacuzon, qui réussit pendant
toute cette période à lutter contre les envahisseurs dans une guerre
d’escarmouche sur les plateaux jurassiens.
En 1642, à la mort de Richelieu et de Louis XIII, Condé
accorde à la Franche-Comté un armistice contre le versement d’une pension
annuelle et l’entretien de certaines places fortes occupées par les Français.
La guerre de Trente Ans se termine, les traités de Westphalie
en 1648 rattache la Franche-Comté à l’Espagne. Belfort reste définitivement
rattachée à la France, et Louis XIV ordonne à Vauban de fortifier la cité et
d’en faire une place imprenable. L’indépendance de la principauté de Montbéliard
est confirmée. La Franche-Comté est complètement ruinée.
En 1659, au traité des Pyrénées, la France rend les dernières
places qu’elle occupe dans la Comté au roi d’Espagne.
En 1664, le roi d’Espagne échange avec son cousin
l’empereur Germanique, la ville allemande de Frankenthal (proche de Worms)
contre Besançon. La ville quitte son rattachement avec l’empereur après six
cents ans de lien direct.
La conquête française
À la mort de Philippe IV, son fils Charles II (1665-1674) lui
succède, mais il a seulement quatre ans, et présente également une débilité
physique et intellectuelle.
Le roi de France Louis XIV, réclame les Pays-Bas et la
Franche-Comté en 1667, au nom de son épouse, Marie-Thérèse, la fille aînée
de Philippe IV, au nom du principe de « dévolution », ancienne
coutume espagnole qui réserve au premier enfant royal, sans distinction de
sexe, la succession.
Le siège de Besançon

Louis II le Grand Condé, franchit la Saône le 06 février
1668. Il fait prendre les châteaux de Rochefort et de Marnay, les villes d’Arbois,
de Bletterans et de Poligny. Il se présente devant Besançon, le même jour et
entre dans la ville. Le 07 février Salins tombe, le 09 les troupes françaises
sont devant Dole, la ville capitule cinq jours plus tard. Louis XIV entre dans
la capitale comtoise, il promet de conserver à la cité son Parlement et à la
province tout entière ses privilèges. Pontarlier, Nozeroy, le château de Joux
tombent à leur tour, sous les troupes françaises conduites par Jean de
Watteville, ensuite elles se dirigent vers Gray le 16, la ville résiste mais
elle se rend trois jours plus tard. Le roi entre dans la ville. En seize jours,
la Franche-Comté est conquise.
Mais Louis XIV doit rendre la Franche-Comté à l’Espagne au
traité d’Aix la Chapelle, le 02 mai 1668.
En 1672, la France déclare la guerre aux Pays-Bas, Turenne et
Condé passent le Rhin et envahissent le pays, mais pour forcer les Français à
la retraite, les Hollandais brisent les digues et les vainqueurs reculent devant
l’inondation. L’Angleterre, l’Empire et l’Espagne se liguent contre la
France.
Les troupes françaises se tournent vers la Franche-Comté,
plusieurs armées débutent la conquête fin janvier 1674. Les troupes sous les
ordres du duc de Noailles prennent Gray, Vesoul, Lure, Luxeuil, Faucogney.
Celles du sire d’Apremont s’emparent de Lons le Saunier, Poligny et Arbois.
Celles du maréchal de Luxembourg prennent Baume-les-Dames, Pontarlier, Ornans
et Dole. Les curés de campagne poussent les paysans à une véritable guérilla
contre les Français. Louis XIV et Condé se tournent vers Besançon, le siège
de la ville dure un mois, Vauban installe ses canons sur les monts de Brégille
et de Chaudanne et devant le quartier d’Arènes. Les boulets écrasent la
porte d’Arènes et les remparts attenants, les troupes françaises pénètrent
dans la ville. Le 22 mai, Louis XIV entre dans Besançon et fait chanter un «Te
Deum». La province est conquise en deux mois, près de douze cents partisans du
roi d’Espagne émigrent dans le Milanais.
En 1676, le Parlement est transféré à Besançon. Le traité
de Nimègue en 1678 consacre le rattachement définitif de la Franche-Comté à
la France, sauf la principauté de Montbéliard qui sera annexée en 1793.
Louis XIV ne pardonne pas à Dole d’avoir été le foyer de
la résistance comtoise, il démantèle les murs de la ville, et Besançon
devient la capitale de la région.
En 1681, la chambre de réunion prononce l’annexion de la
principauté de Montbéliard à la province, mais le traité de Ryswick en 1697
l’a rend à ses propriétaires, les ducs de Wurtemberg.
Cette page vous plait, vous pouvez la tweeter
|