L’origine du
comté – le royaume de Lotharingie – le comte Eudes
Lors du traité de Verdun en 843, les comtés de la
Haute-Bourgogne, c’est à dire : Portois, Varais, Escuens, Amous et Ajoie
sont incorporés dans le royaume de Lotharingie ou Lorraine, de Lothaire Ier
(843-855).
À la mort de Lothaire en 855, les comtés sont légués à son
fils Lothaire II (855-869).
Eudes, comte de Troyes est l’un des grands de Bourgogne qui
se révoltent contre Charles le Chauve en 858, et qui font appel à Louis le
Germanique. Mais quand l’année suivante, Charles prend le dessus sur son frère,
Eudes est châtié et perd son comté. Il trouve alors refuge l’autre côté
de la Saône. Eudes (859-870) semble titulaire d’une grande partie du comté
de Varais. La généalogie de Eudes est difficile à établir, certains en ont
fait un frère de Robert le Fort, mais cela semble exclus. Il est peut-être le
fils du missi dominici Arduin, comte en Neustrie, qui épousa Guérimbourg, sœur
de Robert le Fort. Il serait donc le neveu de Robert.
En 862, Lothaire II prend pour concubine Waltrade et souhaite
l’épouser en répudiant son épouse Thietberge. Cet évènement va perturber
toute l’existence de ce roi. Le pape Nicolas Ier (858-867) refuse
ce remariage et envoie ses légats à Metz où réside le roi, pour le
contraindre à renoncer.
En 863, les moines de Glanfeuil à l’ouest de la Francie,
fuyant les vikings ou Normands (Nortmanni dans les chroniques), emportent avec eux les reliques de leur fondateur
Saint-Maur. Après un périple par Saint-Savin de Poitiers, puis Saint-Martin
d’Autun, ils arrivent à l’abbaye de Baume-les-Messieurs en 864. Le comte Eudes
ou un autre comte homonyme Odon, comte de Scodingue, leur donne, au sud de
Lons-le-Saunier, un lieu désert. Ils construisent un monastère et une église,
dans laquelle ils déposent les reliques de leur saint patron. Celles-ci attirent
les pèlerins et donnent naissance à un village, Saint-Maur.
En 865, sous la menace de ses oncles Charles et Louis, et la
pression toujours aussi forte du pape, Lothaire doit renoncer à sa concubine et
reprend son épouse légitime.
En 869, lors du passage du roi Lothaire II à Besançon, Eudes
demande au roi de traiter le différend qui l’oppose à l’archevêque Arduic
(843-871) sur des possessions de terres dans le Jura. Le roi donne raison à
Eudes qui les conserve.
Entre les royaumes des Francs
À la mort du roi Lothaire II, Eudes participe à la découpe
du royaume de Lotharingie entre les deux oncles du défunt lors du traité du 8
août 870 à Meerssen (cf. histoire de la Bourgogne Transjurane).
Charles le Chauve récupère le comté de Portois et une partie
du comté de Varais et notamment Besançon. Les autres comtés sont incorporés
dans le royaume de Louis le Germanique.
À partir de 870, suite à la disparition de Eudes, le comte du
Varais, Rofroi (870-895), exerce un pouvoir archi-comtal sur la Haute-Bourgogne.
Cette unité autour de Rofroi, s’explique en partie par l’absence d’autre
cité importante, mais également par la présence de l’archevêché sur cette
ville.
Charles le Chauve séjourne quelques jours à Besançon en 872,
en attendant la succession de son neveu Louis l’empereur.
Il passe de nouveau en 875 dans la cité, à la mort de Louis
II pour aller se faire couronner empereur à Rome.
Vers 876, le fils de Eudes, Gui (876-882) est nommé comte, et
exerce sur la partie du comté de Varais de son père, un pouvoir délégué par
les rois carolingiens.
Lors de l’élection royale de Boson à Mantaille en octobre
879, la Haute-Bourgogne est incorporée dans ce nouveau royaume. Mais la
province est reprise rapidement par les Carolingiens, et Charles le Gros en est
le souverain.
Dans le royaume de Bourgogne – l’archi-comte Hugues
le Noir
En 888, les comtés de la Haute-Bourgogne sont englobés dans
le royaume de Bourgogne Transjurane au moment de sa création (voir ce chapitre
pour les autres événements).
Vers 914, Hugues le Noir (914-952) est pourvu du comté de
Varais. Hugues le Noir est le second fils du duc de Bourgogne Richard le
Justicier, et le neveu maternel du roi de Bourgogne Transjurane Rodolphe Ier.
Cette nomination peut s’expliquer par deux motifs, soit son père exerçait
une fonction archi-comtale dans les comtés Outre-Saône après le comte Rofroi,
soit son oncle, dans sa générosité, lui a accordé ce comté. Peu de temps
après, il exerce son autorité sur le comté de Portois, on le sait par un acte
relatif à l’abbaye de Faverney.
En 919, Hugues, à la mort du duc d'Aquitaine Guillaume le
Pieux, hérite du Lyonnais, dans le royaume de Bourgogne Cisjurane de son cousin
Louis, certainement avec l’appui de son royal cousin.
Dès 921, Hugues est le comte prépondérant sur la
Haute-Bourgogne, on peut le qualifier d’archi-comte.
L’année suivante, il est aux côtés de son frère Raoul et
du duc Robert dans la lutte contre le roi des Francs, Charles le Simple.
En 923, il accompagne le marquis Hugues d'Arles, son cousin,
dans une expédition en Italie.
En 924, il est présent au plaid d'Autun réunit par son royal
frère Raoul.
En 927, Hugues étend son autorité sur le comté de Mâcon, à
la suite de la disparition de la famille des comtes d’Auvergne. Il s’appuie
sur ce comté sur le vicomte Aubri ou Albéric.
Hugues est présent en 928, à l’assemblée de Lausanne tenue
par son cousin le roi Rodolphe II.
Par ces événements, on voit bien agir Hugues le Noir sur cet
ensemble bourguignon qui s’étend du duché aux deux royaumes de Bourgogne
Transjurane et Cisjurane.
Son frère, Raoul meurt subitement en 936, n’ayant pas d’héritier
direct, Hugues le Noir prend possession du duché de Bourgogne, mais ne réclame
pas la succession sur le royaume des Francs. Louis IV qui vient d’être
couronné se dirige vers la Bourgogne, pour faire reconnaître son autorité, il
arrive à Langres, Hugues le Noir refuse de prêter serment, et se retire dans
ses terres Outre-Saône. Il gouverne sur les deux rives de la Saône. Il
s’appuie sur ses fidèles vassaux que sont Gilbert, comte de Chalon et de
Beaune, Aubri, vicomte de Mâcon, Liétaud fils d’Aubri et Robert, vicomte de
Dijon.
En 937, Hugues le Noir refuse de consentir l’hommage au roi
de Bourgogne Conrad, sous prétexte que ce dernier est retenu prisonnier en
Allemagne par le roi de Germanie Othon Ier. La même année, les
Hongrois ravagent Lure et Besançon.
Hugues le Noir
L’année suivante, Hugues se soumet au roi des Francs, Louis IV et reconnaît son autorité.
Du coup, les terres de Haute-Bourgogne situées jusqu’à présent hors du
royaume des Francs Occidentaux entrent dans la dominance française. Louis IV
est donc souverain de la Haute-Bourgogne, du Lyonnais et du Viennois.
En 941, sous la pression du roi Othon de Germanie, il se voit
contraint de ne plus nuire à Hugues le Grand et Herbert de Vermandois, ses
adversaires sur la Bourgogne ducale.
Il se brouille de nouveau en 943, avec le roi Louis IV, et doit
partager sur le duché son autorité avec Hugues le Grand.
Cette même année, Albéric, fils du vicomte de Narbonne
Mayeul, qui a épousé Attala, l’héritière de la vicomté de Mâcon, étend
son autorité sur des terres de Salins, de Pontarlier et de Besançon, avec la
bienveillance de Hugues le Noir et du roi Conrad de Bourgogne. Son neveu Mayeul
est l’un des grands abbés fondateurs de l’ordre de Cluny.
Hugues est présent au plaid de 944 à Thoissey dans le
Viennois, organisé par le roi Conrad, où il agit pratiquement en seigneur. Détient-il
le pouvoir sur le Viennois, qui est alors aux mains de son cousin
Charles-Constantin ? aucun texte ne le précise.
Albéric est enterré
en 945, dans la première église Saint-Étienne de Besançon (monument qui fut
démoli en 1038 et remplacé par un nouvel édifice, lui-même démoli en 1674,
situé à l’emplacement actuel de la Citadelle). Liétaud II (945-965) fils de
Albéric, succède à son père sur les comtés de Mâcon et de Besançon,
tandis que son frère Humbert hérite des terres de Salins. Tous les deux
rendent hommage à Hugues le Noir.
Hugues se réconcilie
en 949, avec le roi Louis IV et redevient le premier personnage du duché.
Deux ans plus tard,
le roi Louis accompagné de Liétaud viennent à Besançon rencontrer Hugues le
Noir.
Les comtes de Besançon et de Mâcon
À la mort de Hugues le Noir, en 952, qui est enterré à l’église
Saint-Étienne de Besançon, l’assise du pouvoir comtal de Liétaud est indéniable
sur la Haute Bourgogne, comme sur le Mâconnais, sur la Bourgogne, c’est
Gilbert de Chalon qui récupère les terres de Hugues. On ne sait pas grand
chose de l’épouse de Hugues le Noir, juste un texte qui précise qu’elle
s’appelle Ermengarde. Sur ses héritiers, là aussi peu de chose certaine,
mais il est fort probable que Gilbert de Chalon et Liétaud épousèrent des
filles de Hugues. Ce qui explique la transmission des terres de Hugues à ces
deux personnages.
En 953, Liétaud intervient pour demander et obtenir la grâce
des seigneurs de Brienne, qui terrorisent la campagne aux limites de l'Auvergne
et de la Bourgogne, et qui viennent d’être condamnés à mort par le roi des
Francs.
Liétaud est inhumé à l’abbaye de Cluny, en 965.
Albéric ou Aubri II (965-982) hérite à la mort de son père
des mêmes territoires. Nous connaissons très peu d’événements sur ce
comte.
En 972, Eudes-Henri, duc de Bourgogne, et Lambert, comte de
Chalon, lancent une expédition militaire contre le châtelain Richard de
Vesoul. On ne sait pas si Aubri participa à cette opération.
À la mort d’Albéric II, un personnage déjà vu précédemment
dans l’histoire du duché entre en lice, c’est Otte-Guillaume (982-1026). Il
est le fils du roi d’échu d'Italie Adalbert Ier, et de Gerberge de
Chalon, fille du comte Lambert. Il est le beau-fils du duc de Bourgogne
Eudes-Henri après le remariage de sa mère. Il épouse Ermentrude de Roucy
veuve d’Albéric II, et gouverne les comtés de Mâcon et de Besançon, au nom
de ses deux beaux-fils, Liétaud et Aubri.
Vers 981, Liétaud et Aubri disparaissent, Otte-Guillaume prend
possession des terres d’Aubri II.
Après la guerre de succession du duché de Bourgogne entre
1002/1005, où Otte-Guillaume renonce à celui-ci, les événements qui marquent
le XIème siècle, concernent la destinée du royaume de Bourgogne.
À la mort de son fils aîné, Gui, Otte-Guillaume partage ses
terres ; Renaud (1006-1057), son second fils reçoit les comtés d'Amous,
Varais et Portois, et Otton, son petit-fils reçoit le Mâconnais et l’Escuens.
Otte-Guillaume conserve ses droits sur les comtés de la Bourgogne Franque
(Beaumont, Fouvent et Oscheret). Les comtes de Bourgogne conserveront pendant
longtemps de nombreuses terres ou suzerainetés sur des comtés situés dans le
duché de Bourgogne.
Durant quarante-quatre ans, Otte-Guillaume est le maître
souverain des comtés Outre-Saône avec ses fils, et il ruine le peu d’autorité
du roi Rodolphe sur ces territoires.
Aussi, la reconnaissance des empereurs Germaniques, Henri II,
puis Conrad II, comme les héritiers du roi de Bourgogne Rodolphe III, n’est
pas du goût de Otte-Guillaume qui entre en rébellion contre son roi. Pendant
dix ans, il est le principal opposant à l’expansion germanique.
À sa mort en
1026, son corps est déposé dans l’église Saint-Bénigne de Dijon auprès de
son fils Gui. Son second fils Renaud à la tête, de nombreux comtés, depuis
une vingtaine d’année, devient le premier comte de Bourgogne, et poursuit la
lutte engagée par son père.
Le comté de Bourgogne au XIème siècle
Le
comte Renaud est en guerre en 1027, contre l’évêque-comte Hugues de Chalon.
Ce dernier le fait prisonnier. Il doit sa libération grâce aux troupes envoyées
par son beau-père le duc Richard de Normandie.
Un personnage important dans le début de ce XIème
siècle, occupe le haut du pavé, il s’agit de l’archevêque de Besançon
Hugues Ier (1031-1066), descendant de la famille des sires de Salins,
celle d’Humbert.
Nous l’avons vu, la succession du royaume de Bourgogne
Transjurane en 1032/1034 occupe les premières années du règne de Renaud,
celui-ci choisissant le parti du comte de Blois, Eudes II, au lieu de
l’empereur Germanique Conrad II.
Cette opposition armée des grands de Bourgogne échoue face à
la puissance germanique, le royaume de Bourgogne et le comté de Bourgogne
restent des terres sous vassalité de l’empire germanique. Renaud doit se réfugier
en Bourgogne ducale pour échapper aux armées impériales, quant à l’archevêque
Hugues qui a choisit le parti de Conrad, il sera récompensé.
l’archevêque
Hugues de Salins et le comte Renaud Ier
Hugues lance les travaux de restauration de l’église Saint-Étienne
de Besançon vers 1033, église du saint proto-martyr de la cité.
Après la mort de Eudes de Blois en 1037, lors de la bataille
de Hanol entre Bar-le-Duc et Verdun, contre les troupes impériales, Conrad décide
de lever les sentences contre ses adversaires d’hier. Le comte Renaud, chef de
la coalition, qui est réfugié à Dijon, reçoit une ambassade de l’empereur
qui lui annonce ses désirs de réconciliation. Renaud devient comte palatin (Pfalzgraf)
de Bourgogne, titre donné dans l’administration impériale germanique, à
ceux qui sont chargés d’administrer les terres et de rendre la justice au nom
de l’empereur. Ses successeurs continueront à porter ce titre.
Conrad fait couronner son fils Henri, roi de Bourgogne, en
1038. Les grands, dont le comte Renaud et l’archevêque de Besançon Hugues,
sont présents à cette cérémonie qui se tient à Soleure.
En janvier 1042, le roi de Germanie et de Bourgogne, Henri III
vient à Besançon, sur l’initiative de Hugues Ier, visiter son
royaume de Bourgogne. À cette occasion, l’archevêque est nommé
archichancelier du royaume de Bourgogne.
Henri revient en 1043, à Besançon, pour se fiancer avec Agnès,
nièce de Renaud, et fille du duc Guillaume VII d’Aquitaine. À cette
occasion, l’archevêque Hugues obtient les droits régaliens sur la ville
(juridique, politique, fiscal et économique). Il échappe ainsi au contrôle
comtal, pour dépendre directement de l’empereur. Besançon change de statut,
elle devient ville impériale (troisième dans l’ordre de la diète
germanique), et échappe aux comtes de Bourgogne, gouvernée par les archevêques,
elle a sa propre politique.
L’archevêque de Besançon devient prince d’Empire. Ce
changement de statut de la ville s’explique certainement par la reconnaissance
du roi vis à vis de Hugues qui a soutenu la maison impériale lors de la guerre
de 1032/1034. L’archevêque tire Besançon de sa misère, en créant une ville
nouvelle dans l’intérieur de la boucle. Hugues comme ses successeurs règnent
en souverain sur la cité.
En 1044, le drapeau de la révolte se soulève de nouveau, le
roi Henri favorise ceux qui ont soutenu son père, il donne la ville de Montbéliard
au comte Louis de Mousson. Renaud assiège le château de Montbéliard, mais
Louis défait les troupes de Renaud et maintient ainsi l’indépendance de ses
terres hors du comté de Bourgogne. Le comté de Montbéliard prend forme et va
vivre sa propre histoire.
En 1045, le jour de la Saint-Étienne, l’archevêque Hugues
et le comte Renaud rendent justice à Besançon, et condamnent le frère de
l’archevêque, Gaucher II de Salins, à renoncer à l’avouerie du monastère
de Romainmôtier qu’il occupe injustement.
La même journée de Noël 1046 voit se succéder à
Saint-Pierre de Rome, l’intronisation du nouveau pape, Clément II
(1046-1047), et le couronnement impérial de Henri et de Agnès.
Le 3 octobre 1050, l’archevêque accueille dans sa cité, son
ami le pape Léon IX (1049-1054), ce dernier consacre l’église Saint-Étienne.
En l’espace d’un an, deux des grands personnages de ce siècle
disparaissent. C’est d’abord l’empereur, Henri III, qui meurt en octobre
1056. Son fils Henri (IV) n’a que cinq ans, et c’est sa mère Agnès qui
assure la régence.
En septembre 1057, c’est le comte Renaud qui disparaît à
son tour. Son fils Guillaume (1057-1087), lui succède, il est déjà associé
aux décisions comtales depuis quelques années et assure l’autorité sur la
Comté en l’absence de tout souverain. Renaud est enterré dans l’église
Saint-Étienne de Besançon.
Le comte Guillaume Ier et ses enfants
Dans les premières années de son gouvernement, Guillaume doit
lutter contre son frère Gui, comte de Brienne, qui ayant échoué dans la conquête
du duché de Normandie, tente de lui ravir le comté.
Le 23 mai 1059, l’archevêque Hugues nommé légat du pape,
représente celui-ci lors du couronnement du fils du roi de France Henri Ier,
Philippe, à Reims.
Le 27 juillet 1066, s’éteint l’archevêque Hugues de
Salins (ou Besançon), homme d’église et de politique, qui marqua de toute sa
marque la moitié du XIème siècle. Son corps est enseveli dans la
cathédrale Saint-Jean et son cœur dans l’église de la Madeleine qu’il
avait fait édifier en 1063.
Guillaume s’affirme le personnage le plus important du comté,
après la mort de l’archevêque, puis celle de son frère Gui en 1069.
Il reçoit son suzerain et neveu l’empereur Germanique Henri
IV, le jour de Noël 1076 à Besançon.
Guillaume Ier, surnommé le Grand ou Tête Hardi, récupère
en 1078, le comté de Mâcon, suite au retrait au monastère de Cluny de son
cousin Gui de Mâcon. Ces neuf enfants ont une destinée merveilleuse.
-
Son fils Renaud II (1087-1105) lui succède sur les comtés de
Bourgogne et de Mâcon.
-
Étienne Ier (1087-1102) partage le pouvoir sur le comté
de Mâcon avec son frère Renaud.
-
Hugues III (1086-1101) devient archevêque de Besançon.
-
Guy atteint la célébrité en devenant archevêque de Vienne
(1088-1119) puis pape sous le nom de Calixte II (1119-1124).
-
Raimond (1095-1107), le dernier de ses fils, participe à la
reconquête de l'Espagne en 1081, avec ses deux beaux-frères, le duc de
Bourgogne Eudes et son frère Henri. Il se couvre d’exploit en combattant les
Maures. Il obtient la main d’Urraque, héritière de Castille et de Leõn, et
devient comte de Galice, leurs descendants seront rois de Castille et de Leõn.
-
Sa fille Sibylle épouse le duc de Bourgogne Eudes, ils seront les
ancêtres de tous les ducs de Bourgogne du XIème au XIVème
siècle.
-
Sa fille Gisèle épouse le comte de Savoie Humbert II, et eux
seront les ancêtres des comtes puis ducs de Savoie.
-
Une autre de ses filles, Ermentrude épouse le comte de Montbéliard
et de Ferrette Thierri Ier, ils seront les ancêtres des premiers
comtes de Montbéliard, de Ferrette et de Bar.
-
Enfin Clémence épouse le comte de Flandre Robert II, puis en
seconde noce Godefroy Ier le duc de Brabant.
Henri IV excommunié en début d’année par le pape Grégoire
VII (1073-1085), passe par Besançon en 1076, pour se rendre en Italie à
Canossa afin de rencontrer le pape. Le conflit entre l’empereur et le pape débouche
en 1084 sur un schisme, lié à la querelle des investitures des élections épiscopales.
En 1092, la puissance de Renaud II est énorme, ses terres s’étendent
du Beaujolais aux rives de l’Aar, suite à son mariage avec l’héritière du
comté d'Oltigen et l’héritage laissé par son père.
La famille s’engage massivement dans la lutte en Terre Sainte
et paie un lourd tribut lors de la première croisade vers l’an 1100, puisque
Renaud, Étienne et Hugues meurent là-bas. La puissance de la famille se trouve
fortement réduite dans la Comté.
Guillaume II (1105-1125) élevé par son grand-père maternel
Conon, succède à son père Renaud II. Il porte le surnom de l'Allemand, peut-être
dû à son mariage avec Agnès de Zähringen ou par sa filiation maternelle.
Le pape Calixte II (Guy de Bourgogne) élu en février 1119
consacre sont temps à réconcilier l’Église et l’empereur sur
l’investiture des élections épiscopales. Il convoque en octobre un concile
à Reims, et grâce à l’action médiatrice de Pons, abbé de Cluny, et de sa
rencontre à Mouzon avec Henri V, un compromis est conclu.
Les négociations s’achèvent par le concordat de Worms en
septembre 1122. L’empereur garantit les élections épiscopales et concède à
l’élu l’investiture temporelle et les régales par la remise du sceptre, de
son côté, le pape accepte la présence de l’empereur aux élections et
obtient que l’élu reçoive du métropolitain l’investiture spirituelle par
la remise de l’anneau et de la crosse.
Un fait étrange a été rapporté sur la vie du comte
Guillaume. Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, raconte que de son temps, un
comte portant le surnom de l'Allemand, a été emporté par le diable, parce
qu’il a enlevé des biens de son abbaye. Aussi quand Guillaume est victime
d’un complot mortel en 1125, de ses barons au moment où il tente de
s’emparer du comté de Valais, le lien entre la réalité et la croyance se
trouve réunit.
Cette même année, Henri V décède et il n’a pas d’héritier
direct. Dans cette Allemagne du XIIème siècle, le roi est l’élu
des princes, et l’élection royale consiste à entériner le choix fait par le
régnant, mais voilà Henri V dans sa lutte contre la papauté, c’est également
opposé aux princes. Les électeurs réunis à Mayence ont le choix entre Frédéric
de Hohenstaufen, neveu de Henri V et duc de Souabe, et Lothaire de Supplimbourg,
duc de Saxe. C’est ce dernier qui est élu, malgré les dernières volontés
de Henri V en faveur de son neveu. Lothaire est soutenu par les princes ecclésiastiques
et notamment l’archevêque de Mayence.
Le fils de Guillaume II, Guillaume III (1125-1127) encore
enfant, disparaît en février 1127 assassiné avec des barons de sa suite dans
l’enceinte de l’abbaye d’Hauterive à Payerne, sans qu’on sache la
raison de cet assassinat. Sa mort ouvre la succession sur le comté entre son
oncle maternel Conrad de Zähringen et son cousin paternel Renaud de Mâcon.
La tentative d’indépendance
Renaud III (1127-1148), fils d'Étienne de Mâcon, succède à
son cousin au détriment du Zähringen. Il refuse de rendre l’hommage au roi
Lothaire II, sous prétexte que ce dernier n’a pas de droits sur le comté de
Bourgogne. Il invoque que ses aïeuls rendaient l’hommage aux rois de Germanie
car ils étaient issus de Conrad II et de Gisèle, or Lothaire n’a pas de lien
familial avec eux. Pour rappel, Gisèle était la nièce du roi Rodolphe III de
Bourgogne, souverain du comté de Bourgogne.
Un signe de son indépendance, le développement de l’atelier
monétaire de Lons le Saunier qui a été créé par son arrière-grand-père
Renaud Ier. Il installe sa résidence à Dole, qui devient la
capitale du comté de Bourgogne.
En 1138, l’élection à l’empire de Conrad III de
Hohenstaufen se fait au détriment des pouvoirs du comte. Conrad a lui des liens
familiaux avec les prédécesseurs de Lothaire, par sa mère, il est le neveu de
Henri V. L’empereur confisque les états de Renaud III et les donne à Conrad
de Zähringen, avec le titre de recteur de Bourgogne. Renaud III soutient la
guerre contre le recteur, mais il est battu par ce dernier, fait prisonnier et
amené devant l’empereur. Il doit alors abandonner les terres à l’est du
Jura, mais il conserve les terres à l’ouest du massif jurassien.
À la mort de Renaud III, son frère Guillaume IV de Mâcon, de
retour de Terre sainte assure la régence en attendant la majorité de sa nièce
Béatrice. Il tente de prendre le titre de comte de Bourgogne, en retenant
prisonnière la jeune comtesse, mais l’empereur envoie Berthold IV de
Zähringen la délivrer.
À la mort de
Guillaume, et suite à son mariage le 09 juin 1156, dans la cathédrale de
Wurzbourg, avec l’empereur Germanique Frédéric de Hohenstaufen, dit
Barberousse, Béatrice de Bourgogne (1156-1184) récupère ses droits sur le
comté. Frédéric est le neveu de l’empereur Conrad III.
Les deux fils de
Guillaume IV, le comte de Mâcon Gérard Ier (1156-1184) et le comte
d'Auxonne Étienne II (1156-1173) restent encore très présents dans
l’histoire du comté, et notamment sur Lons Le Saunier et sa saline où ils
exercent une co-seigneurie. Étienne exclut de l’héritage comtois
s’emploiera à miner l’autorité impériale.
Les Hohenstaufen et les Méranie
Frédéric Barberousse
(1156-1190) a déjà visité la Comté en 1153, il séjourne à Besançon et à
Baume-les-Dames et il entend s’intéresser personnellement à l’ancien
royaume de Bourgogne.
En octobre 1157, il préside
une diète à Besançon et se rend dans le sud du comté, notamment à Salins et
Arbois.
Il revient en 1161 à
Vesoul et à Besançon après que ses représentants ont rencontré ceux du roi
de France Louis VII à Saint-Jean-de-Losne pour échanger sur le schisme
religieux de l’époque. Frédéric soutient les antipapes Victor IV
(1159-1164), Pascal III (1164-1168) et Calixte III (1168-1177), et Louis VII le
pape Alexandre III (1159-1181), ils se mettent d’accord sur une entrevue
commune des souverains pontifes; mais celle-ci n’a pas lieu.
Il passe de nouveau à Besançon et à Dole en 1166 pour aller
combattre en Italie du Nord, les villes lombardes qui soutiennent le pape, et
repasse dans la Comté lors de son retour en 1168.
Il est encore présent en 1173, 1176 et 1178 à Besançon et
dans le comté; mais c’est Dole qui a sa prédilection, il y construit un château,
et il confirme cette ville comme capitale du comté.
Pendant quinze ans, Frédéric Barberousse s’épuise en vain
à vouloir imposer son antipape. Il soutient les exactions de ses vassaux les
comtes de Chalon-sur-Saône et de Mâcon contre les églises et notamment celle
de Cluny, qui soutiennent le pape. Tout rentre dans l’ordre en 1177, par la
paix de Venise et la fin du schisme.
Après la paix de Venise, Barberousse pénètre en Bourgogne,
et le 30 juillet 1178, il se fait couronner roi de Bourgogne, par l’archevêque
d’Arles.
Étienne II d'Auxonne marie son fils Étienne, avec l’héritière
du comté de Chalon, en 1186. À dater de ce mariage, leurs descendants prennent
le patronymique de Chalon.
L’empereur répond favorablement à l’appel à la croisade
du pape. Barberousse décide de prendre le chemin par la Hongrie et l’empire
byzantin, mais il meurt en route le 10 juin 1190, en se noyant lors de la
traversée du fleuve Cydnos, en Cilicie.
À sa mort, il laisse le comté à son troisième fils Othon Ier
(1190-1200). Celui-ci a un comportement brutal, il tue de ses propres mains, le
comte de Montbéliard Amédée en 1195; l’année suivante il cherche à
s’emparer de force des terres de son frère Conrad, duc d'Alsace, et en 1197,
c’est le comte de Ferrette Ulrich Ier, qu’il assassine.
Sa rapide disparition favorise l’opposition des nobles
locaux, et notamment du comte d'Auxonne Étienne III (1173-1237), fils d'Étienne
II.
À la mort de Othon, il laisse deux filles, l’aînée Jeanne
(1200-1205) hérite du comté, mais elle meurt rapidement et c’est sa sœur Béatrice
II (1205-1231) qui hérite du comté de Bourgogne, et le gouverne avec sa mère,
Marguerite de Blois.
Pour mettre fin aux agitations dans le comté, le roi de
Germanie, Philippe de Hohenstaufen, frère de Othon Ier, marie sa nièce
Béatrice II en 1208 à Othon II (1208-1234), duc de Méranie (duché situé sur
la côte dalmate), mais prince d’origine bavaroise. Ce mariage déclenche un
conflit entre Othon et le comte Étienne d'Auxonne, de 1208 à 1211. Étienne
souhaitait que son fils Jean épouse Béatrice pour que le comté revienne dans
les mains de la famille des premiers comtes de Bourgogne.
Othon II comme son fils Othon III (1234-1248), étrangers aux
pays par leur origine, leur langue et leur culture se désintéressent de ce
lointain comté. Les forces locales conduites toujours par le comte Étienne d'Auxonne, s’abandonnent aux désirs d’autonomie, plus ou moins attisés par le
roi de France et le duc de Bourgogne, seul l’archevêque de Besançon conserve
le parti de l’empire.
La guerre qui oppose le comte Palatin de Bourgogne au comte
d'Auxonne entre 1225/1227, à pour conséquence l’endettement des deux
parties. Leurs fournisseurs sont le comte de Champagne et le duc de Bourgogne.
Jean de Chalon (1224-1268), fils d'Étienne de Chalon,
intervient en 1224/1225 dans le conflit qui oppose les Bisontins érigés en
Commune contre l’archevêque de Besançon Gérard (1220-1225), en soutenant
les Bisontins. Un accord est conclut en 1225, entre Jean de Chalon et le nouvel
archevêque Jean Halgrin (1225-1227), et les Bisontins font leur soumission.
Les Chalon
À partir de 1230, l’homme fort du comté est Jean de Chalon,
surnommé le Sage ou l'Antique par les historiens. Il est comte de Chalon-sur-Saône
et d'Auxonne, il a épousé Mahaut la fille du duc de Bourgogne Hugues III ;
il est aussi l’arrière-petit-neveu maternel de l’empereur Frédéric
Barberousse.
Son fils Hugues épouse en 1236, Alix de Méranie, la fille du
comte de Bourgogne Othon II.
Jean de Chalon réalise en 1237 un échange de terres avec le
duc de Bourgogne Hugues IV, il lui cède ses terres de Chalon-sur-Saône et
d'Auxonne contre la baronnie de Salins et d’autres terres comtoises (Ornans,
Val de Miège, Chaussin, …). Cette possession lui apporte une richesse plus
importante grâce notamment aux salines. Les coulées de sel se transforment en
« livres estevenantes » sonnantes et trébuchantes, ce qui lui
permet l’achat des appuis sans recours à des prêts.
Le château d'Arlay lui permet de tenir Lons le Saunier sous
son autorité; mais sa résidence est celle de la forteresse de Nozeroy entre
Pontarlier et Lons le Saunier. Elle sera la résidence de ses descendants les
Chalon-Arlay pendant trois cents ans. Il investit dans les salines de Salins en
laissant celles de Lons, où il doit partager les ressources avec ses cousins
les Vienne.
Les possessions des terres entre Salins et Pontarlier lui
permettent aussi de contrôler les péages sur cet axe qui relie la France à la
Suisse et en Italie.
En 1242 le duc Hugues IV obtient, de Othon III en contrepartie
d’un remboursement de dettes, la garde du comté de Bourgogne. Cette même année,
Jean de Chalon épouse en seconde noce, Isabelle de Courtenay.
Avant de mourir en 1248, Othon III choisit parmi ses quatre sœurs,
Alix pour lui succéder sur le comté. Elle est l’épouse de Hugues de Chalon.
Jean de Chalon octroie
en 1249, une charte de franchise aux habitants de Salins. C’est la plus
ancienne franchise connue sur le comté de Bourgogne.
Les différends entre
Hugues de Chalon et son père Jean sont nombreux dès 1250, car Jean est
autoritaire et veut tout régenter et diriger le comté au nom de sa bru, Hugues
refuse et se dresse contre lui.
La charte de franchise de Salins
En 1251, Jean rencontre l’empereur Guillaume d'Orange et lui demande d’ériger
la seigneurie de Salins en terre d’empire. Il obtient également des droits
impériaux sur Besançon et Lausanne. Il rachète les droits que possèdent Frédéric
III de Hohenzollern sur la comté (ce dernier est le beau-frère d'Othon III).
Jean possède plus de cinq cents fiefs dans la Comté.
En 1258, les Bisontins
se révoltent de nouveau contre l’archevêque Guillaume (1245-1268), Jean et
Hugues de Chalon les soutiennent, la querelle gagne tout le comté et de
nombreux nobles rejoignent les révoltés. Le pape Alexandre IV (1254-1261)
condamne en 1259 cette entreprise et demande l’intervention du roi de France
saint Louis, et du duc de Bourgogne Hugues IV. En 1260, tout rentre dans
l’ordre sans que nous sachions à quel prix se fait ce retour au calme à
Besançon. Il revient au roi de France de mettre fin au conflit entre le père
et le fils cette même année.
En 1264, un traité de
garde est passé entre le duc de Bourgogne Hugues IV et les citoyens de Besançon.
En 1267 le comte
Hugues de Chalon meurt, suivi l’année suivante par son père Jean de Chalon.
Ce dernier fut veuf deux fois et se maria trois fois, il laisse à sa mort onze
enfants issus de ses trois mariages, qui forment trois lignées rivales et qui
vont se partager ses domaines.
Alix de Méranie
(1248-1279) gouverne le comté jusqu’à sa mort. Elle se remarie en 1268, avec
le comte de Savoie Philippe (1268-1285), mais aucun enfant naît de cette
seconde union.
Le fils de Hugues de
Chalon et d'Alix de Méranie, Otton IV (1279-1303) devient comte Palatin de
Bourgogne et hérite des terres de ses parents. Ses oncles Jean de Chalon, sire
de Rochefort (1268-1309) et Jean de Chalon, sire d'Arlay (1268-1315) héritent
des autres terres de leur père Jean de Chalon. Le sire de Rochefort hérite des
terres au sud du comté, épouse la comtesse d'Auxerre Alix, petite-fille du duc
de Bourgogne Hugues IV; le sire d'Arlay hérite des terres dans le sud du Jura
(Lons, Heute), dans le centre (Mouthe, Nozeroy) et dans Besançon, il épouse
Marguerite la fille du duc de Bourgogne Hugues IV.
Les rivalités entre le neveu Otton et son oncle Jean de
Chalon-Arlay alimentent une période de troubles, et pas seulement des brouilles
familiales. Le nouveau comte se jette éperdument dans l’alliance française,
tandis que son jeune oncle se tourne vers l’empire de Rodolphe Ier
de Habsbourg.
Le conflit s’accentue par l’alliance entre le comte de
Bourgogne et les Bisontins qui se sont érigés en Commune en 1277, et qui se
rapprochent de plus en plus de la France.
Rodolphe profite du conflit entre l’évêque de Bâle et le
comte de Montbéliard Renaud de Bourgogne, frère de Otton IV, pour ramener à
la soumission le comte de Bourgogne. L’armée de Rodolphe forte de
vingt-milles hommes se met en marche en 1289, et après la prise de Montbéliard,
se présente devant Besançon, où se sont réfugiés Otton et Renaud. Rodolphe
ne peut s’emparer de la cité, il fait dévaster les abords notamment les
vignes de la rive droite, tandis que Jean Ier de Chalon-Arlay, son
allié, bloque les murs.
Otton IV se soumet à l’empereur, et conseille à la Commune
de traiter avec l’empereur, ce dernier reconnaît aux Bisontins leur commune
autonome. La ville de Besançon obtient son indépendance communale et se
gouverne librement, tout en étant soumis comme tout le comté de Bourgogne à
l’autorité de l’empereur. Besançon devient une sorte de « république
autonome » et conserve ce statut jusqu’à la conquête française, elle
ne dépend plus de l’autorité de l’archevêque, c’est une grande victoire
pour les Bisontins.
Les Capétiens français
Déçu dans ses déboires, Otton IV s’abandonne davantage au
clan français. Il épouse en seconde noce Mahaut en 1291, fille du comte
d'Artois Robert II, petite-nièce de saint Louis.
Jean de Chalon-Arlay acquiert par personne interposée, la
mairie de Besançon en 1293. L’année suivante grâce au soutien de
l’empereur, il obtient la vicomté de la ville. L’empereur le nomme
ambassadeur impérial auprès du Saint-Siège.
En 1291 Otton signe un traité secret à Vincennes, avec le roi
de France Philippe IV le Bel, par lequel il s’engage à marier sa fille aînée
et héritière Jeanne, avec en dot le comté, à Philippe le fils du roi, et sa
fille cadette Blanche au second fils du roi, Charles.
Sans attendre le mariage, Philippe le Bel se fait céder le
comté en 1295 en échange d’une somme de 100 000 livres à Otton. La plupart
des nobles comtois refusent de rendre hommage au roi et se regroupent autour de
Jean de Chalon-Arlay. Ce dernier prend la tête de la ligue des coalisés pour
s’opposer à la possession par le roi de France de la province. Ils sont
financés par les Anglais et l’empereur.
Après six ans de conflit, en 1301, les nobles comtois se
soumettent à leur nouveau maître, Philippe le Bel. Jean de Chalon-Arlay reçoit
en 1302 une pension royale, et en 1303.
Otton meurt au service du roi, suite à des blessures à la
bataille de Cassel, en 1303. Le glissement vers la France s’accentue,
d’autant plus que Philippe le Bel affirme sa volonté de continuer à
gouverner la province.
En 1306, il attribue le titre de «gouverneur du comté au nom
du roi de France» à Jean de Chalon-Arlay.
En 1307, le mariage entre Jeanne Ier de Bourgogne
(1307-1330) et Philippe de France, le futur Philippe V le Long, ne change pas la
situation, Philippe le Bel gouverne la province.
Les Bisontins se soulèvent contre le nouveau gouverneur, mais
ce dernier mate la rébellion en infligeant une sévère défaite aux troupes
communales dans la combe de Gisey, près d'Arguel en août 1307.
En 1308, un traité de gardiennage est signé entre Jean de
Chalon-Arlay et les Bisontins, à Montfaucon, valable soixante ans. Ainsi après
vingt ans d’effort, il est enfin le maître de la ville, puisqu’il possède
la mairie, la vicomté et qu’il en est le gardien. Les descendants de Jean de
Chalon-Arlay seront à la tête de tous les mouvements de rébellion dans
l’histoire du comté de Bourgogne.
Ce n’est qu’à la mort en 1314 de Philippe le Bel, suite à
une chute de cheval, que Jeanne et Philippe se mettent en possession du comté.
Philippe devenu roi de France en 1316, confie le comté à son
épouse Jeanne, et à sa mort en 1322, celle-ci recueille le gouvernement du
comté et règne avec sagesse jusqu’en 1330. Elle est souvent secondée par sa
mère Mahaut, comtesse d'Artois, et tient sa cour à Gray, à Salins, à Quingey
ou à la Tour de Nesle à Paris. Jeanne fait venir de Paris des drapiers pour
les installer à Gray.
Nous l’avons vu dans l’histoire du duché de Bourgogne,
Jeanne a été mêlée à la triste histoire des belles-filles de Philippe IV le
Bel; mais lorsque son époux monte sur le trône de France, tout est oublié. Il
lui donne en cadeau, l’hôtel de la Tour de Nesle à Paris en 1319. À sa
mort, Jeanne avait indiqué dans son testament que l’on vendît l’hôtel
pour fonder un nouvel établissement à l'Université de Paris, le Collège de
Bourgogne.
La suite de l’histoire du comté est racontée dans le
chapitre traitant de l’histoire commune du duché et comté de Bourgogne.
La mort des comtesses d'Artois
Un fait étrange et commun à la mort de ces deux femmes
n’a jamais été vraiment élucidé, ont-elles été empoisonnées? Pourquoi
ces empoisonnements? Mahaut d'Artois, l’épouse du comte de Bourgogne Otton
IV, était en lutte contre son neveu Robert d'Artois sur la possession du comté
d'Artois depuis de nombreuses années. Robert débouté de ses droits par un arrêt
de la cour de Paris en 1309, usa de nombreux moyens illégaux pour récupérer
le comté. Aussi qu’en Mahaut d'Artois meurt subitement en quelques jours en
1329, et sa fille Jeanne de Bourgogne quelques mois plus tard de façon si
soudaine, Eudes IV, duc de Bourgogne et gendre de Jeanne, demande à Philippe
VI, roi de France, une enquête. La guerre de Cent Ans vient d’éclater,
l’enquête ne prouvera rien. Robert d'Artois s’exilera en Angleterre en
trahissant son roi et trouvera la mort en 1343 en combattant les Français.
L’origine du nom « Franche-Comté »
Il y a trois hypothèses :
Selon une tradition, à l'époque où la Franche-Comté qui
s'appelait alors le Comté de Bourgogne, le comte de Bourgogne, Renaud III
(1127-1148) revendiqua l'indépendance du Comté et refusa de prêter hommage à
l'Empereur Lothaire II, sous prétexte que ce dernier n’était pas un
descendant direct des rois de Bourgogne, ce qui lui valu le surnom de
"Franc Comte". D'où le nom de Franche-Comté donné à la province.
Une autre explication fait état de la situation particulière
du Comté de Bourgogne vis-à-vis de l'Empire Germanique après son rattachement
à ce dernier en 1032, mais sans y être véritablement incorporé. Bien que
devant le service militaire à l'Empereur, le Comté reste libre de toutes
tailles et impositions et gardait sa langue et ses traditions. C'était donc un
comté franc et libre ce qui lui aurait valu le nom de Franche-Comté.
Enfin dans une chartre de 1366 apparaît pour la première
fois dans un écrit le terme "Franche-Comté", mais en réalité sous
la forme "France-Comté". C'est la Comtesse Marguerite, petite fille
d'Othon IV, alors héritière du Comté de Bourgogne, qui paraît avoir
introduite cette expression dans les documents officiels. Marguerite était en
effet une princesse française, fille du Roi de France Philippe Le Long. Elle était
entourée de conseillers français et prenait conseil à la cour de France. Elle
semble avoir voulu affirmer par-là que, vis-à-vis de l'Empire qui la
convoitait, cette province était pour elle en fait et non en droit un comté
français. Le mot "France-Comté" aurait pris au XVème siècle la
forme "Franche-Comté" car à cette époque, la province était réunie
au Duché de Bourgogne et aux Flandres, dont la langue changeait les
"C" en "CH".
L’abbaye de Luxeuil
Cette abbaye est fondée en 590, par saint Colomban, sur une
terre donnée par le roi de Bourgogne Gontran. Colomban tire partie des ruines
romaines, et le monastère se développe. Les moines essaiment et partent évangéliser
en Europe de l’Ouest, et rapidement cinquante-cinq abbayes sont créées et dépendent
de Luxeuil.
Au départ de saint Colomban, le monastère de Luxeuil
continue sous la direction d'Eustache
(610-625) puis de Valbert (625-670).
Grâce aux dons du roi Dagobert, le monastère acquiert une
puissance temporelle et Luxeuil compte jusqu’à neuf cents moines. Les moines
recopient sur des parchemins les textes anciens et une école forment les fils
des Leudes. Les moines se singularisent par leur écriture dite «de Luxeuil»
qui serait la première écriture en minuscule d’un caractère calligraphique.
L'écriture de Luxeuil
Le monastère et les moines subissent les ravages des invasions, les Sarrasins
(731), les Normands (888) et les Hongrois (934). Le monastère renaît chaque
fois de ces cendres mais le nombre de moines diminuent.
Une bulle papale rattache directement le monastère au
Saint-Siège, le soustrayant à la juridiction des évêques, et dès le bas
Moyen Age, les terres passent sous la protection directe des souverains
germaniques. Ces derniers confèrent l’investiture des régales à chaque élection
de l’abbé et renouvellent régulièrement au monastère ses privilèges
d’exemption fiscale et d’immunité. L’abbé est qualifié de prince
d’empire et l’abbaye porte le titre de royale. Le monastère échappe aux
comtes de Bourgogne, c’est une principauté autonome.
Toutefois en 1228, Henri, roi de Germanie cède au comte
Othon II de Méranie, ses droits de garde vis à vis de l’abbaye. Celle-ci dépend
donc maintenant du comte de Bourgogne.
Mais au moment où Alix de Méranie accède à la
responsabilité du comté, en 1248, avec son mari Hugues de Chalon, l’abbaye
passe un accord de pariage, c’est à dire de garde avec le duc de Lorraine.
En 1258, c’est maintenant avec le comte de Champagne, que
l’abbaye passe un accord de garde.
Mais en 1271, sous la pression du comte Othon IV, les moines
se soumettent et passent sous protection du comte bourguignon. Cette situation
se maintient même pendant la période des ducs-comtes de Valois. Le comte de
Bourgogne est le gardien de l’abbaye et de ses terres, mais le monastère
reste exempté de toutes impositions.
Le cloître de l’abbaye de Luxeuil
L’abbé à l’identique des seigneurs laïcs accorde une
charte de franchise aux habitants de Luxeuil en 1291.
Après la mort de Charles le Téméraire, c'est Louis XI
qui reprend à son compte le rôle de gardien, et le devint en 1479.
Lors du traité de Senlis en 1493, Philippe le Beau, comte
de Bourgogne, est reconnu comme gardien du couvent.
Ce n’est qu’au traité de Madrid en 1534, que les terres
de Luxeuil cessent d’être une enclave et s’intègrent dans le comté.
L’abbaye de Saint-Claude
Ce lieu voit s’établir très tôt des moines, en tout
cas, le premier dans la Grande Bourgogne. Avant de porter ce nom, ce lieu
s’appelait Condat. Vers 425, le premier ermite qui s’installe à cet
endroit, est Romain (425-460), futur saint Romain, né à Isernore dans le
Bugey, qui arrive à l’âge de trente-cinq ans. Il est rejoint quelques temps
plus tard, par son frère Lupicin, puis d’autres ermites viennent les
rejoindre. L’ermitage se transforme en monastère.
Romain fonde vers 450, le monastère de Romainmôtier, dans
l’actuel canton de Vaud en Suisse.
Vers 450-460, le roi des Burgondes, Chilpéric Ier,
fait don à ceux qu’on appelle les Pères du Jura, de revenus annuels et de
terres.
Face à l’afflux des disciples, Lupicin (460-480) doit
essaimer à Lauconne (futur Saint-Lupicin), tandis que sa sœur Yole fonde le
monastère de La Balme.
À la mort de saint Lupicin, apparaît saint Oyend
(480-510), certainement arrivé très jeune à Condat. Il exerce la fonction
d’abbé jusqu’à sa mort. Il est à l'origine de l'école monastique de
l'abbaye. Son travail est clarifié par saint Vitendiole. On enseigne en latin
en respectant deux matières : le trivium : grammaire, lecture, rhétorique
(l'art du discours) et le quadrivium : arithmétique, géométrie, astronomie,
musique.
Tout est basé sur la mémoire et sur l'obéissance aux maîtres.
Saint Vitendiole introduit la morale et la tournerie. La qualité de
l'enseignement pratiqué dans l’abbaye explique sa renommée.
À la fin du VIème siècle, le monastère compte
entre 900 et 1500 moines, et prend le nom de Saint-Oyend.
Puis arrive Claude, né en 607 au château de Bracon près
de Salins. Avant d’arriver à Saint-Oyend, Claude va passer jusqu'à l'âge de
vingt ans, sa vie dans les armes, puis en 627, il entre à la cathédrale de
Besançon. Le saint archevêque Donat le reçut parmi ses chanoines. Claude
devient rapidement le modèle des autres clercs tant il étudie avec assiduité,
et tant son mode de vie impressionne, il prend un seul repas par jour et veille
tous les soirs pour la prière. Après dix ans à l’archevêché, il décide
de se retirer à Saint-Oyend.
Quand il arrive, l’abbé Injuriose est fort impressionné
par les qualités spirituelles de Claude, sept ans plus tard, Claude (644-699)
est choisi par les moines comme le chef spirituel de la communauté.
En 650, il va trouver Clovis II, roi de Neustrie et de
Bourgogne, pour lui demander de l’aide matérielle pour le monastère, le
souverain donne une suite favorable à ses demandes. Saint-Oyend prospère, les
églises sont embellies, ornées de vases précieux et de reliquaires nouveaux.
Il fait construire de nouveaux bâtiments et réparer ceux qui en ont besoin,
mais parallèlement à ce souci des choses matérielles, saint Claude est un père
spirituel pour lequel les âmes sont plus précieuses que toutes les possessions
du monde.
Si saint Claude accède à l'évêché de Besançon à la suite
du décès de saint Gervais, en 685, ce n'est pas de gaieté de cœur et sûrement
pas pour abandonner ses moines. Il reste abbé de Saint-Oyend et jamais il ne
cesse de diriger son monastère durant tout le temps de son épiscopat. Après
sept années d'épiscopat, quand il vit que les clercs de sa ville se laissent
aller au relâchement, il renonce à sa fonction épiscopale et retourne à
Saint-Oyend.
Au Xème siècle, l’abbaye et les terres de
Saint-Claude, à l’identique de celles de Luxeuil, bénéficient d’un statut
particulier, et ne font pas partie du comté de Bourgogne. L’abbaye dépend
directement du souverain germanique et relève de la juridiction de l’archevêque
de Lyon. Elle est donc indépendante du comte de Bourgogne. Les rois germaniques
renouvellent régulièrement les privilèges du couvent. L'abbé de Saint-Claude
a le droit de battre monnaie, rend la justice, gère les terres de l'abbaye et
impose le droit, c’est une principauté autonome.
À partir du XIème siècle, lorsque l'abbaye
s'enrichit de manière considérable, les règles sont de moins en moins respectées,
l’abbaye sombre dans la décadence. L'abbé considère les revenus de l'abbaye
comme les siens, cette charge est réservée à des nobles. Les moines
s'attribuent les revenus liés à leur charge, ils vivent dans des logements séparés.
Ils font appel à des frères laïcs, les convers, pour gérer le quotidien. Il
ne reste plus que trente-six moines à la fin du XIIème siècle.
Le tombeau de saint Claude est ouvert vers 1160, et on découvre
son corps entier. Ce prodige attire les fidèles pendant des siècles.
À partir du XIIIème siècle, l’abbaye contrôle
une trentaine de prieurés et domine politiquement toute la région.
L’abbé de Saint-Claude cède à Jean de Chalon, les Joux
de Noirmont et les immenses forêts qui s’étendent entre Jougnes et
Pontarlier en 1266.
En 1360, l’empereur Charles IV, renouvelle les droits de
l’abbaye et rappelle que ses terres sont un fief direct de l’Empire.
Pourtant à la fin du XIVème siècle, sous l’abbatiat
de Guillaume de Beauregard (1348-1380), le privilège de la frappe de la monnaie
à Moirans disparaît.
Puis en juin 1435, le duc-comte Philippe le Bon obtient du
Parlement de Dole que les terres de Saint-Oyend, Moirans et Grandvaux et leurs dépendances
passent sous souverainetés du comté de Bourgogne. La puissante abbaye perd son
statut de principauté.
L’abbaye de Saint-Claude
Louis XI vient faire un pèlerinage dans l’abbaye en 1482.
La décadence de l’abbaye s’accélère, au XVème
siècle, deux abbés élus en même temps dilapident les biens de l'abbaye.
Les successeurs aux ducs-comtes de Valois confirment les
droits de l’abbaye, en tenant compte des restrictions apportées par Philippe
le Bon, c’est le cas en 1494 par Philippe le Beau, et en 1513 par Marguerite
d’Autriche. Les diplômes stipulent tous que la terre de Saint-Oyend fait
partie du comté de Bourgogne.
Après deux incendies, la construction de la nouvelle abbaye
se réalise en 1580.
Vers 1610, Saint-Oyend devient officiellement Saint-Claude,
l'abbaye ne compte plus qu'une vingtaine de moines.
Ce n'est qu'en 1674 que l'abbaye de Saint-Claude fera partie
du territoire français, après la conquête de la Franche-Comté.
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L'histoire commune du Duché et du
Comté de Bourgogne :
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