L’union sous les Capétiens
En 1330, Jeanne II de France (1330-1347) comtesse de Bourgogne
et d'Artois, fille aînée de Philippe V et de Jeanne Ière de
Bourgogne, apporte en dot ses terres à son mari Eudes IV duc de Bourgogne
(1315-1349). Cette succession ne se fait sans heurts, car ses deux autres sœurs,
Marguerite de France et Isabelle de France, se sentent lésées et
s’insurgent. Elles trouvent du soutien dans la noblesse comtoise. Mais suite
à l’intervention médiatrice du roi Philippe VI, qui augmente l’apanage des
deux princesses, le calme revient. Les deux Bourgognes se trouvent réunies après
quatre cents ans de séparation.
Eudes fonde le Parlement de Dole le 09 février 1332, la plus
haute institution judiciaire du comté de Bourgogne.
Le gouvernement dur d'Eudes, sa volonté
de dominer le comté en imposant un bailli, en blessant dans leur orgueil les
nobles, dressent ces derniers contre le duc-comte. à
l’investigation de Jean II de Chalon-Arlay (1322-1362) à trois reprises
(1335-1337, 1342-1343 et 1346-1348) des soulèvements seigneuriaux rompent la
paix relative qui existe depuis le début du siècle et amènent le malheur.
En avril 1336, Jean II
de Chalon-Arlay, fort du soutien de Henri de Montbéliard, Thiébaud de Neufchâtel
et des Bisontins, déclare la guerre. Ses troupes brûlent Salins et Pontarlier.
Eudes IV rassemble les siennes et marche sur les ligueurs; la rencontre a lieu
entre Besançon et Avanne, où mille bisontins périssent. La médiation de
l’archevêque de Besançon, Hugues de Vienne arrête le conflit. Depuis ce
temps, le lieu-dit de cette bataille s’appelle la Malecombe pour rappeler ce
terrible événement.
Le conflit reprend à
l’hiver 1337, mais la médiation du roi de France met un terme au combat. Les
chefs des révoltés sont emprisonnés. Jean II est emmené en prison à Montréal
en Auxois, il y reste un an.
Le sceau d'Eudes IV
En 1337, c’est le début de la guerre de Cent Ans entre les Anglais et les Français.
Eudes rejoint le roi Philippe VI, il est chargé de défendre les environs de
Saint-Omer, il y bat les Anglais. Au début de la guerre de Cents Ans, les
Anglais ne parviennent pas à rallier la noblesse comtoise contre la France. Au
contraire, on voit certains nobles comtois combattrent sous la bannière
d'Eudes, les Anglais, en Flandre.
Le fils de Eudes IV et de Jeanne II, Philippe épouse en 1338
la comtesse de Boulogne et d'Auvergne Jeanne Ière, l’état
bourguignon s’amorce.
La guerre civile reprend en 1342, car Jean II humilié par son
emprisonnement, et refusant de détruire sa forteresse de Salins, et Eudes IV
n’oubliant pas l’incendie de Salins, les braises du conflit de 1336 ne sont
pas éteintes. Les hommes du duc-comte s’emparent du château de Châtelguyon,
appartenant au sire d'Arlay. Ce dernier se réfugie dans le Haut-Doubs pour
poursuivre la lutte. Eudes s’en prend à Thiébaud de Neufchâtel, qui vaincu,
implore la paix.
Par sa mère, Jean II de Chalon-Arlay, descend des Dauphins de
Viennois. Il décide en 1344 de passer un accord avec son cousin Humbert II, en
lui remettant les terres qu’il possède dans le Dauphiné, peut-être pour
payer ses efforts de guerre.
En 1346, la défaite des Français à Crécy en août, prive
Eudes du soutien du roi. Puis le malheur frappe la famille ducale, Philippe est
tué au siège d'Aiguillon, en septembre, où il combat dans l’armée française.
Jean II en profite pour former une nouvelle ligue. Il demande l’appui
financier des Anglais et l’obtient en octobre. Les escarmouches sont
nombreuses, mais aucune bataille n’est décisive. Eudes s’absente de la Comté
pour aller prêter main forte au roi au siège de Calais.
La guerre épuise matériellement les belligérants et sur
l’arbitrage du roi un traité de paix est signé à l’automne 1347. Eudes
doit restituer ses dernières conquêtes, Jean de Chalon rebâtit Châtelguyon,
il ressort comme vainqueur de ce conflit.
Mais un malheur ne venant jamais seul, la peste noire frappe
l’ensemble de la Bourgogne entre 1346 et 1349, des villages entiers sont dépeuplés,
des villes perdent les trois quarts de leurs populations.
La mort de Eudes en 1349, due à la peste noire, amène son
petit-fils Philippe de Rouvres (1349-1361) enfant maladif à la succession de
cet immense territoire. C’est sa mère Jeanne de Boulogne qui exerce la régence.
Cette même année, Humbert II ruiné, vend le Dauphiné au roi de France. Jean
de Chalon-Arlay se sent lésé et se considère l’héritier de cette
principauté. Toutefois il donne son accord et signe cette transaction en renonçant
à ses droits.
En 1350, Jeanne de Boulogne se remarie avec Jean, fils du roi
de France Philippe VI et de Jeanne de Bourgogne, la sœur de Eudes IV. Jean
prend le titre de régent de Bourgogne. La même année, Jean devient Jean II
roi de France, et gouverne le duché et le comté de Bourgogne. Jean prévoit
que Philippe de Rouvres mourra jeune et envisage de mettre la main sur ses
domaines.
Jean II de Chalon-Arlay combat les Anglais en Guyenne dans
l’année 1352.
En 1356, c’est la défaite de Poitiers contre les Anglais, le
roi Jean II est fait prisonnier et emmené en Angleterre. Jeanne de Boulogne
assure la régence du royaume.
En 1357, le mariage de Philippe de Rouvres avec sa cousine
Marguerite de Flandre, fille du comte de Flandre, de Nevers et de Rethel, Louis
II de Mâle (1346-1382) est conclut.
La bataille de Poitiers
En 1360, les troupes anglaises pénètrent dans la Bourgogne ducale et comtale.
Elles s’emparent d'Auxerre, Tonnerre et Châtillon sur Seine, elles pillent
Pontigny, Chablis, Flavigny et Saulieu. Vesoul est assiégée par les Anglais,
qui massacrent la population et ne laissent que des ruines. Il faut pour les éloigner
payer une rançon de 200 000 moutons d’or.
Le malheur survient à nouveau, Philippe meurt d’une chute de
cheval en 1361 dans la cour de son château de Rouvres, avec lui s’éteint la
dynastie des ducs de Bourgogne issus d’Hugues Capet.
La séparation temporaire
La disparition prématurée à l’âge de dix-sept ans de
Philippe de Rouvres, duc de Bourgogne, comte de Bourgogne, d’Artois,
d'Auvergne et de Boulogne, amène une séparation temporaire du duché et du
comté.
Le roi de France Jean II le Bon déclare que le duché lui
revient à titre héréditaire, les comtés de Bourgogne et d'Artois sont légués
à Marguerite de France (1361-1382), fille cadette de Philippe V et de Jeanne Ière
de Bourgogne, veuve du comte de Flandre, de Rethel et de Nevers Louis Ier.
Les comtés de Boulogne et d'Auvergne vont à Jean de Boulogne, oncle de la mère
de Philippe de Rouvres.
Le roi fait son entrée triomphale dans la capitale du duché
le 23 décembre 1361, et inaugure un cérémonial qui sera repris par la suite
en prêtant serment dans l’église Saint-Bénigne de maintenir les privilèges
de la ville et recevant en retour les serments de fidélité et de loyauté de
la commune. Quelques jours plus tard, il convoque les États de Bourgogne
auxquels il renouvelle les droits et privilèges.
Dans la comté, Marguerite se heurte à un prétendant au titre
de comte palatin, il s’agit de Jean de Chalon, sire de Montaigu. Il est par
son père l’arrière-petit-fils du comte Hugues de Chalon. Il s’empare d'Apremont,
de Gray et de Jussey, mais il est battu et doit renoncer à ses prétentions.
Jean II de Chalon-Arlay meurt en 1362 de la peste noire.
Marguerite hérite d’une province qui vient d’être frappée par la peste,
à ces difficultés s’ajoute la convoitise du roi Jean II.
En 1363, avant de retourner prisonnier en Angleterre, Jean II
concède en apanage le duché de Bourgogne à son quatrième fils, Philippe
(1363-1404), surnommé le Hardi depuis la bataille de Poitiers, avec le titre de
premier pair du royaume.
Philippe lorgne sur le comté, il a l’appui de quelques
nobles comtois, Henri et Jean de Vienne et Jean et Louis de Chalon-Auxerre. Il
enrôle « les Routiers », licenciés après le traité de Brétigny
en 1360, regroupés en grandes compagnies qui sévissent dans son duché et les
envoie ravager la Comté. La comtesse fait appel aux nobles comtois qui sous la
direction de Henri de Montfaucon, comte de Montbéliard, se liguent contre les
Routiers. Hugues et Louis de Chalon-Arlay, Etienne et Jean de Montfaucon,
Philippe de Vienne et Thiébaud VII de Neufchâtel apportent leur soutien au
comte de Montbéliard.
De fin décembre 1363 à février 1364, les combats sont
nombreux à la limite des deux provinces. Début mars 1364, le duc quitte la
Comté et emmène une grande partie des Routiers combattrent le roi de Navarre
qui s’est révolté contre le roi Charles V, frère de Philippe. Marguerite
tente une médiation avec le roi, mais insatisfaite des termes du contrat, elle
reprend le combat.
Henri de Montbéliard convoque à Arbois le 09 juin, une
assemblée des nobles qui décide de reprendre la lutte. L’invasion du duché
se prépare, mais l’autre côté de la Saône, le seigneur de Sombernon,
gouverneur de la Bourgogne, rassemble des hommes, bientôt rejoint par les
troupes venant de Champagne sur l’ordre du roi. Les armées ducales sont plus
nombreuses, Henri évite la bataille. Pendant ce temps, les négociations
continuent à la cour de France, et le 25 juillet le traité de paix est signé.
Il sera accepté par les barons comtois au mois d’août et septembre. La
guerre est terminée, Marguerite triomphe.
Le 6 novembre 1364, Philippe II fait son entrée solennelle à
Dijon, accompagné du duc d'Anjou son frère, de l’évêque d'Autun, et de
toute la noblesse bourguignonne.
En 1364, Hugues II de Chalon-Arlay (1362-1388) obtient de
l’empereur Germanique Charles IV, le titre de vicaire impérial et les droits
que l’empire possède sur Besançon. La puissance de la famille des Chalon est
au maximum.
En 1366, le mot de «Franche-Comté» apparaît pour la première
fois pour nommer le comté de Bourgogne.
La même année, l’amiral Jean de Vienne bat près de
Chambornay les Routiers qui ravagent la Franche-Comté et la Bourgogne. Tristan
de Chalon-Auxerre, sire de Châtelbelin et de Rochefort, combat les Routiers qui
se sont basés près de Chalon-sur-Saône. La victoire n’est pas décisive, il
faut de l’argent pour les obliger à quitter la province, c’est le connétable
Bertrand du Guesclin qui négocie à Chagny la somme de 200 000 livres avec les
mercenaires en les envoyant combattre en Espagne.
En 1369, Philippe le Hardi épouse Marguerite de Flandre, la
veuve de Philippe Ier de Rouvres, la fille de Louis de Mâle, ce
dernier est le fils de Marguerite de France. De longues négociations sont nécessaires
à la conclusion d’une telle alliance, car Marguerite de Flandre est l’héritière
par son père des comtés de Flandre, de Rethel et de Nevers et par sa grand-mère
paternelle, des comtés de Bourgogne et d'Artois. Le roi Charles V, frère de
Philippe, verse la somme de 200 000 livres tournois à Louis de Mâle en
compensation de cet accord de mariage.
Hugues II de Chalon-Arlay combat avec Du Guesclin les Anglais,
il participe au siège d’Arches en 1377.
En 1378, Philippe rétablit l’atelier monétaire d'Auxonne,
en terre d’empire, et frappe sa propre monnaie pour montrer son signe d’indépendance
vis à vis du royaume de France.
Philippe le Hardi
En 1382, Marguerite de France décède en laissant les comtés de Bourgogne et
d'Artois à son fils Louis de Mâle. Ce dernier retenu en Flandre, lutte avec
son gendre, Philippe le Hardi, et le roi de France Charles VI, contre un soulèvement
des bourgeois flamands aidés des Anglais. Sur cette guerre civile se greffe un
conflit religieux entre les Flamands et les Anglais qui soutiennent le pape
Urbain VI à Rome, et les Français et les Bourguignons qui soutiennent le pape
Clément VII à Avignon. Malgré deux victoires françaises en 1382, le conflit
se poursuit l’année suivante, les Anglais débarquent à Calais, le comte
Louis et ses alliés Bourguignons et Français repoussent les envahisseurs.
Louis ne viendra jamais en comté, il meurt en 1384, sa fille
Marguerite de Flandre hérite de ses terres. Philippe doit de nouveau engager la
lutte contre les Gantois qui sont toujours insoumis et une troisième
intervention en 1385, permet enfin de ratifier un traité de paix à Courtrai.
La guerre des Flandres est terminée.
L’union sous les Valois et l’expansion
Marguerite de Flandre (1384-1405) apporte à son mari Philippe
le Hardi, ces cinq comtés. Philippe devient ainsi le prince le plus puissant de
la chrétienté. Il attire en Bourgogne des artistes flamands et commence l’édification
de somptueux monuments. Cette même année, Philippe et Marguerite dotent leur
fils Jean du comté de Nevers et de la baronnie de Donzy.
En 1385, Philippe marie son fils Jean de Nevers à Marguerite
de Bavière; et sa fille Marguerite de Bourgogne à Guillaume de Bavière, les
deux enfants de Albert de Bavière. Ce dernier est comte de Hainaut, de Hollande
et de Zélande. Marguerite de Bavière apporte 200 000 écus en dot. Les noces
sont célébrées à Cambrai avec une magnificence jamais vue, tous les grands
de France, de Bourgogne, de Flandre, de Hainaut, de Hollande et du Brabant sont
présents. Philippe s’offre des perspectives d’expansion avec le mariage de
ses deux enfants avec ceux de la famille des Wittelsbach de Bavière. Cette même
année, le duc organise les institutions de ses principautés, il crée un
office de « chancelier de monsieur le duc », dont le titulaire
devient le garde des sceaux du duc et le chef de l’administration de
l’ensemble des états du prince.
En 1386, une Chambre du conseil et des comptes est instaurée
et réside à Lille. Philippe fixe le siège du Parlement comtois à Dole, qui
avec sa Chambre de justice, juge en appel, consacre le pouvoir de la bourgeoisie
toute dévouée au duc comte. Le duc met également en place une Chambre du
conseil et des comptes à Dijon pour la Bourgogne. Le duc-comte choisit l’église
de la chartreuse de Champmol, aux portes de Dijon, comme lieu de sépulture
familiale.
Marguerite de Flandre
Cette
année, le duc Philippe passe un traité de gardiennage avec la ville de Besançon;
ce traité annule les accords passés entre la ville et Hugues de Chalon en
1364.
En 1387, Philippe obtient du roi Charles VI la conservation des
châtellenies de Douai, Lilles et Orchies.
En 1390, Philippe achète le comté de Charolais pour 60 000 écus
d’or à Bernard VII d'Armagnac, avec l’argent de la dot de sa bru Marguerite
de Bavière, l’expansion bourguignonne continue. C’est le retour de ces
terres dans la Maison de Bourgogne, rappelons qu’elles faisaient parties du
comté de Chalon-sur-Saône depuis le Xème siècle, puis intégrées
dans le duché au XIIIème siècle.
Toujours en 1390, Jean III de Chalon-Arlay (1388-1418), abrite
dans son château de Jougne les assassins d’un sergent de Philippe le Hardi.
Ce dernier le fait citer devant le Parlement de Dole. Jean III s’enfuit à
Paris, il est arrêté en 1391, et conduit à Vantoux près de Dijon. Philippe
l’écrase de sa magnanimité en l’autorisant à rejoindre son château de
Chalamont, puis celui de Nozeroy en 1392. Puis l’année suivante le duc-comte
lui accorde la grâce.
En 1392, Philippe continue sa politique d’alliance
matrimoniale, en mariant sa fille Catherine avec le futur duc d’Autriche, Léopold
IV de Habsbourg.
La régence du royaume
En 1393, en raison de la folie du roi de France Charles VI,
Philippe a la charge de la politique générale du royaume; mais dans ses périodes
de lucidité, Charles VI s’appuie sur son frère le duc d'Orléans Louis. Les
deux princes s’affrontent, se haïssent et passent leur temps à mettre à néant
les décisions de l’autre.
En 1396, à l’appel du roi de Hongrie Sigismond, en lutte
contre les Turcs ottomans, les seigneurs français répondent présents. L’armée
française est dirigée par Jean, comte de Nevers. Les Français arrivent en
juillet en Hongrie où ils rejoignent les autres seigneurs Anglais et Hongrois.
Mais les chrétiens subissent une terrible défaite à la bataille de Nicopolis
le 25 septembre, contre les Turcs du sultan Bajazet. De nombreux nobles sont tués
dont l’amiral Jean de Vienne, Guillaume de Vergy, Jacques de Vergy, Guillaume
de la Trémoille, Jean de Chalon-Auxerre, sire de Châtelbelin, et le fils du
comte de Montbéliard Henri de Montfaucon.
La mort de l’héritier mâle du comté de Montbéliard, Henri
de Montfaucon, à Nicopolis, va conduire ce comté dans une famille germanique,
suite au mariage de Henriette l’héritière avec le comte Eberhard IV de
Wurtemberg, jusqu’à la Révolution Française.
Le comte de Nevers et vingt-deux autres seigneurs sont faits
prisonniers par les Turcs, et il faut une énorme rançon de 300 000 écus pour
les racheter. Ils prennent le chemin de retour par la mer, durant le trajet
meurt Guy de la Trémoille, grand chambellan de Bourgogne. Malgré cette défaite,
les survivants sont accueillis en héros, et Jean se voit surnommer « Jean
sans Peur ».
Pour payer son luxe exagéré et ses campagnes militaires,
Philippe écrase son peuple d’impôts, notamment en établissant la gabelle
dans ses États.
En 1398, l’empereur Germanique Wenceslas accorde des privilèges
aux Bisontins dans le domaine judiciaire. L’indépendance de la Commune de
Besançon n’a jamais été aussi grande.
Pour mieux manifester son attachement à son duché et son comté,
Philippe fait confectionner en 1398 un anneau que l’abbé de Saint-Bénigne de
Dijon doit passer au doigt de chaque nouveau duc. Philippe le Hardi a la cour la
plus fastueuse d'Europe, dont le luxe et les dépenses coûtèrent gros à la
Bourgogne.
En 1401, le duc poursuit sa politique matrimoniale, il marie sa
fille Marie de Bourgogne avec le comte de Savoie Amédée VIII. L’année
suivante, Philippe est en Flandre pour marier son fils Antoine, avec Jeanne de
Luxembourg, la fille et héritière du comte de Ligny et de Saint-Pol, Waleran
de Luxembourg. Le duc et la duchesse accordent le comté de Rethel à Antoine.
Le duc d'Orléans profite de l’absence du duc de Bourgogne,
pour se faire nommer président du conseil par le roi et s’empare du trésor
du royaume pour ses propres dépenses. Le duc de Bourgogne accourt à toute hâte,
et le roi lui attribue le gouvernement entier du royaume. Orléans incapable de
soutenir une guerre civile, se voit forcé de quitter les affaires, mais il
conserve le trésor volé.
En 1404, le duc de Bourgogne se rend en Flandre pour faire
reconnaître son fils Antoine, comme l’héritier par sa mère, des duchés de
Brabant et de Limbourg, au décès de la duchesse Jeanne de Brabant, tante de sa
mère. À Bruxelles, il attrape la peste, qui l’emporte en quelques jours. Il
meurt cribler de dettes. Sa veuve est obligée de renoncer à la communauté des
biens, pour sauver son douaire des créanciers, et selon le rituel en Bourgogne
elle dépose sur le cercueil, ses clefs, sa bourse et sa ceinture. Son corps est
transporté à la chartreuse de Champmol de Dijon, qu’il a fait construire, où
est édifié un superbe tombeau en marbre.
La succession de Philippe le Hardi
Les terres de Philippe sont réparties entre ses trois fils,
l’aîné Jean sans Peur (1404-1419), comte de Nevers depuis 1384, reçoit le
duché de Bourgogne et les comtés de Bourgogne, d'Artois et de Flandre, le
second Antoine (1404-1415) qui est comte de Rethel depuis 1402, héritera des
duchés de Limbourg et de Brabant en 1406, et le troisième Philippe (1404-1415)
hérite des comtés de Nevers et de Rethel et de la baronnie de Donzy, cédés
par ses deux frères.
Jean poursuit la lutte contre son cousin Louis d’Orléans.
Celui-ci s’est empressé de s’emparer du pouvoir. Comme il a dépensé tout
l’argent, il demande au conseil du roi de lever une taille sur tout le
royaume. Jean s’oppose à cette décision, mais comme il est en minorité au
conseil, il se retire dans ses terres.
En 1405, le roi Charles VI dans un moment de lucidité, réunit
le conseil pour trouver une solution sur la triste situation du royaume. Jean a
décidé de retrouver sa prééminence à la Cour par la force, il se présente
à Paris le 19 août, avec huit cents chevaliers, le duc d'Orléans s’enfuit
avec la reine et le dauphin. Jean rattrape le dauphin et le ramène à Paris.
Orléans réunit ses hommes et marche sur Paris, la guerre civile est imminente.
Le duc de Bourgogne s’allie aux Parisiens, mais sous la médiation de leur
oncle, le duc de Berry, les deux princes se réconcilient. Pendant ce temps, les
Anglais poursuivent l’occupation de la France, ils sont en Guyenne, en Artois
et en Picardie.
La lutte contre les Armagnacs
Le 4 novembre 1407, Jean fait assassiner son cousin Louis pour,
selon ses dires « soulager la France de ce tyran », mais va se réfugier
dans ses terres de Flandre, où il fait rédiger un texte justifiant son acte.
Jean vient présenter devant Charles VI l’argumentation de son geste, et en
mars 1408, par décision royale son crime est aboli.
En novembre 1408, il fait une entrée triomphante dans Paris
après sa victoire sur les bourgeois liégeois qui se sont soulevés contre son
beau-frère l’évêque de Liège Jean de Bavière. La reine et les princes
s’enfuient de la ville avec le roi.
Tout rentre dans l’ordre lors du traité de Chartres en 1409,
où le roi et les enfants de Louis d'Orléans accordent le pardon au duc de
Bourgogne, et celui-ci obtient le pouvoir total du gouvernement, mais le conflit
entre la famille de Bourgogne et celle d'Orléans reste latent.
Jean sans Peur
Dans la Franche-Comté, c’est une toute autre histoire dans laquelle le duc s’est
engagé. La Commune de Besançon souhaite devenir la capitale du comté et offre
au duc la régalie de la ville. Jean accepte cette proposition en octobre 1407
et la fait ratifier par l’empereur Wenceslas en février 1408, qui la confirme
en avril 1409. Mais l’archevêque de Besançon, Thiébaud de Rougemont
(1405-1430) ne l’entend pas ainsi, il ne se laisse pas déposséder de son
droit. Il en appelle au pape et jette l’interdit sur la ville. Jean ne désire
pas se heurter avec l’autorité ecclésiastique et en mai 1409 il revient en
partie sur sa promesse en transférant à Besançon uniquement la chambre des
comptes et du conseil, mais pas le Parlement et la chancellerie qui demeurent à
Dole. Un dernier accord entre le duc et l’archevêque conduit ce dernier à
lever l’interdit sur la ville en 1412.
En avril 1410, le fils de Louis d'Orléans, Charles, épouse
Bonne, la fille du comte d'Armagnac Bernard VII, et la lutte va s’engager
entre Bourguignons et Armagnacs. Le parti Armagnac composé des ducs d'Orléans,
de Berry, de Bourbon, de Bretagne et des comtes d'Armagnac, de Clermont et
d'Alençon, prend les armes dans l’été, mais une nouvelle fois, un accord
est trouvé et signé.
En janvier 1411, Jean s’empare du comté de Tonnerre,
possession de Louis de Chalon, qui s’est rallié aux Armagnacs. La guerre
civile éclate dans l’été. Jean fait appel aux Lorrains, aux Brabançons,
aux Allemands et aux Parisiens, et notamment à la corporation des Bouchers.
Rien de plus vain que cette guerre, rien de plus étrange, rien de plus tragique
aussi car on massacre, on pille, on brûle. La France est déchirée en deux.
Jean sans Peur oubliant qu’il est petit-fils d’un roi de France, sollicite même
l’appui des Anglais.
Les Anglais
Les Armagnacs sollicitent à leur tour l’aide des Anglais.
Jean sans Peur aidé des Anglais s’empare de Paris, mais la ville est reprise
en 1413 par le comte d’Armagnac.
Au printemps 1414, le roi et les Armagnacs, forts d’une armée
de deux cent-mille hommes, se mettent en route, et se lancent contre Jean, ce
dernier s’enferme dans Arras, secondé notamment par Jean de la Trémoille et
Jean de Neufchâtel. Ils soutiennent le siège. Après plus d’in mois de siège,
et grâce la médiation du duc de Brabant et du dauphin, un traité est signé,
qui interdit à Jean de revenir auprès du roi ou du dauphin sans leur accord
express.
En 1415, Henri V roi d'Angleterre réclame la couronne de
France, la guerre s’accentue entre les deux pays. Henri V débarque avec
vingt-six mille hommes. C’est la bataille d'Azincourt et la défaite des français
ou six mille barons, chevaliers, et l’élite de la chevalerie française périssent,
dont Antoine de Brabant, Philippe de Nevers, les deux frères de Jean sans Peur,
Jean IV de Chalon-Auxerre et Robert de Bonnay, bailli de Mâcon. Charles d'Orléans
est emmené comme prisonnier en Angleterre, il y restera vingt-cinq ans. Après
cette défaite, le comte d'Armagnac est nommé connétable du royaume, et fait régner
la tyrannie sur les Parisiens.
En 1416, le dauphin meurt, il est remplacé par son jeune frère
Charles. Le premier acte de ce dernier est de dépouiller sa mère Isabelle de
toute autorité et de l’envoyer en résidence surveillée à Tours.
En 1417, Jean III de Chalon-Arlay épouse Marie de Baux, l’héritière
de la principauté d’Orange. À compter de cette date, les sires d'Arlay
portent le titre de prince d’Orange.
En 1417, Jean sans Peur libère la reine Isabelle de sa résidence
de Tours et l’installe à Troyes. Pendant ce temps, un complot à Paris,
contre le connétable réussit avec le concours des partisans du duc de
Bourgogne. Les massacres d'Armagnacs sont nombreux, presque trois mille
personnes. Une épidémie survient et provoque la mort de cinquante mille
personnes, dont le prince d'Orange Jean III de Chalon-Arlay, qui a accompagné
en fidèle vassal le duc de Bourgogne. Jean et Isabelle font leur entrée dans
Paris et rétablissent le calme.
Pendant ce temps Henri V poursuit son avancée en France et en
1419, annexe la Normandie; il s’avance sur Paris. La Cour de France sous la
conduite du duc part pour Troyes. En récompense de ses services, Isabelle donne
la garde du Mâconnais au duc Jean. Jean nomme le bailli de Mâcon Girard de la
Guiche pour le représenter dans le Mâconnais.
Des rapprochements ont lieu entre le dauphin Charles, le futur
Charles VII, et Jean sans Peur, pour lutter contre les Anglais; mais
l’assassinat du duc lors de sa rencontre avec le dauphin, en septembre 1419,
sur le pont à Montereau sur Yonne fait échouer l’alliance
franco-bourguignonne. Ce crime est la vengeance de la mort du duc d'Orléans
intervenue douze ans plus tôt.
L’alliance anglo-bourguignonne
Philippe III le Bon (1419-1467) succède à son père, et se
rapproche de Henri V d'Angleterre, tandis que le dauphin se retire au-delà de
la Loire.
Par le traité de Troyes en 1420, Henri V se fait reconnaître
l’héritier de Charles VI. Il fait son entrée dans Paris accompagné de
Philippe le Bon et de Charles VI. Cette même année, les Armagnacs venus du
Lyonnais reprennent le Mâconnais.
Le 14 juin 1421, Louis de Chalon-Arlay (1418-1463), prince
d'Orange, obtient de l’empereur le titre de vicaire impérial pour tout
l’ancien royaume de Bourgogne.
En octobre 1421, Philippe obtient du pape Martin V,
l’autorisation d’ouvrir une Université en Franche-Comté soit à Dole soit
à Gray.
Philippe Le Bon
En 1422, Henri V atteint de la dysenterie meurt à Vincennes, son fils
Henri n’a que huit mois et c’est l’oncle de ce dernier, le duc de Bedford
Jean, qui assure la tutelle en France. Charles VI meurt quelques semaines plus
tard d’une fièvre. Le duc de Bedford proclame son neveu Henri VI : roi de
France et d’Angleterre. Le dauphin Charles est lui aussi proclamé roi de
France par ses partisans à Poitiers, sous le nom de Charles VII.
La guerre est terrible entre les anglo-bourguignons et les fidèles
de Charles VII. Les défaites en 1423/1424 de Cravant et Verneuil laissent
Charles VII et ses armées au-delà de la Loire.
En Mâconnais, les Armagnacs occupent en 1423 la plupart des
places fortes. En septembre les troupes anglo-bourguignonnes lancent une
offensive et reprennent les forteresses.
En juillet 1424, l’Université des deux Bourgognes s’ouvre
à Dole. On y enseigne la théologie, les droits civil et canon, les arts et la
médecine.
L’héritage flamand
Entre 1421/1428, Philippe le Bon est occupé à lutter contre
sa cousine germaine, la comtesse de Hainaut, de Hollande, de Zélande et de
Frise, Jacqueline de Bavière. Cette femme cruelle qui a épousé contre son gré
son cousin, le duc de Brabant Jean, a fait assassiner les fidèles amis de son
mari; en représailles celui-ci bannit les dames d’honneur de son épouse.
Elle se réfugie en Angleterre, obtient le divorce et épouse le duc de
Gloucester Humphrey, frère du duc de Bedford. Le pape casse ce mariage. Elle
retourne dans ses terres, mais elle est faite prisonnière et remise aux mains
du duc de Bourgogne. Elle est obligée de reconnaître son cousin Philippe comme
l’héritier de ses quatre comtés.
En 1429, Philippe rachète pour 132 000 écus le comté de
Namur à son dernier seigneur.
1429, c’est l’arrivée de Jeanne d'Arc sur la scène de
l’Histoire de France. Le 8 mars, elle se présente à Charles VII à Chinon et
lui annonce qu’elle va lever le siège d'Orléans et le faire couronner à
Reims. Le 8 mai, après quatre jours de combats, les Anglais lèvent le siège
d'Orléans, battus par les troupes françaises conduites par Jeanne d’Arc. Le
17 juillet, Charles est couronné dans la cathédrale de Reims, après que
l’armée de Jeanne eue traversé les villes de Gien, d'Auxerre, de
Saint-Florentin et de Troyes sur son passage.
À la mort de ses deux cousins Jean (1427) et Philippe (1430),
les deux fils de son oncle Antoine, Philippe le Bon hérite des duchés de
Brabant et de Limbourg.
10 janvier 1430, Philippe épouse à Bruges en troisième noce
Isabelle, la fille du roi du Portugal Jean Ier. Il profite de cette cérémonie
pour créer l’ordre de la Toison d'Or qui sert au duc comte de montrer sa
puissance en récompensant ses fidèles serviteurs.
Le 23 mai, les troupes bourguignonnes capturent Jeanne d'Arc à
Compiègne et la livrent aux Anglais.
En mai, le duc de Bourgogne se décide à mener une guerre
totale contre le Dauphin. Il laisse son vassal, le prince d'Orange, Louis de
Chalon-Arlay se lancer à la conquête du Dauphiné. Louis est intéressé à
titre personnel, car il souhaite réunir ses terres de sa principauté avec ses
domaines dans le comté de Bourgogne. Le 11 juin, les troupes de Louis se
heurtent aux troupes dauphinoises à Anthon, ces dernières moins nombreuses,
mais plus motivées et connaissant parfaitement la région, mettent en pièce
leurs agresseurs. La conquête du Dauphiné est abandonnée.
Les Bourguignons sont plus chanceux dans le conflit qui les
opposent aux Lorrains. Philippe se mêle de la guerre de succession sur le duché
de Lorraine en choisissant le parti de Antoine de Vaudémont contre celui de René
d’Anjou.
Le 2 juillet 1431, les troupes bourguignonnes conduites par le
maréchal Jean de Vergy battent celles du duc René et capturent celui-ci ainsi
que de nombreux chevaliers. René est emmené en captivité à Dijon puis à
Salins et reste six ans dans les geôles bourguignonnes avant de retrouver la
liberté en contrepartie de la livraison de quatre châteaux à Philippe le Bon.
En représailles de cette captivité, les troupes du duc Louis III d'Anjou, frère
du duc René, envahissent la principauté d'Orange et restent en place jusqu’à
la libération du captif.
La rupture anglo-bourguignonne
À partir de 1431, Philippe commence de s’éloigner de plus
en plus des Anglais. La même année, Jeanne d'Arc est condamnée à mort et brûlée
vive.
En 1432, un complot contre le duc de Bourgogne est découvert,
parmi les conspirateurs Jean de la Trémoille, grand chambellan. Les traites se
réfugient à la cour de France, commanditaire de ces agissements.
La même année, Les Armagnacs s’emparent de nouveau de la
forteresse de Solutré qui garde Mâcon. Une bande favorable à Charles VII
s’empare d'Avallon en décembre.
En 1433, le duc de Bedford épouse la fille du Comte de
Saint-Pol, vassal de Philippe, sans lui demander son aval, cela provoque une
distension encore plus grande entre Bourguignons et Anglais. Philippe vient libérer
en octobre Avallon.
En 1434, le duc de Bourbon, allié du roi de France, envahit la
Bourgogne, Philippe se met en route avec son armée et attaque à son tour les
états du duc de Bourbon. La médiation du duc de Savoie arrête le conflit.
Dans l’acte signé par les deux parties, Philippe obtient la destruction
totale de la forteresse de la Roche de Solutré. Les Mâconnais éprouvent une
grande joie à cette nouvelle et participent au démantèlement.
Les grands-ducs d’Occident
En 1435, au congrès d'Arras, Philippe le Bon fait la paix avec
le roi de France Charles VII, il obtient les comtés de Mâcon, d'Auxerre et les
villes de la Somme, mais également l’exemption de toute vassalité sa vie
durant et se rend donc totalement indépendant du roi de France. Philippe III se
fait appeler grand-duc d’Occident.
En 1436, Philippe déclare la guerre à l’Angleterre :
la guerre civile est terminée.
Les soldats licenciés sur place après le congrès d'Arras, se
constituent en bandes, les «Écorcheurs». Ils pillent Dole en 1437, Montbéliard
en 1439. On voit même des seigneurs locaux se conduirent comme les dignes
rivaux de ces bandes et ravagent à leur tour la Bourgogne. Pendant ces deux années,
la Bourgogne ducale et comtale est touchée par la famine, ce qui accentue le
malheur des paysans.
En 1440, le duc de Bourgogne négocie avec les Anglais la libération
du duc d'Orléans prisonnier depuis vingt-cinq ans. Il verse la somme de 120 000
écus, et Charles Ier rejoint ses terres d’Orléans.
En octobre 1442, Philippe le Bon rencontre l’empereur Frédéric
III de Habsbourg à Besançon. Le duc, l’archevêque et la Commune en
profitent pour faire confirmer leurs droits respectifs mais sans aucun
changement sur leurs désaccords.
En 1443, la duchesse de Luxembourg Élisabeth de Gorlitz, la
tante de Philippe, puisqu’elle est la veuve de Antoine de Brabant, vient
trouver son neveu, car les troupes du duc de Saxe envahissent son duché.
Philippe accepte d’aider la duchesse et se fait remettre par un accord le duché,
et en deux mois ses troupes récupèrent les terres luxembourgeoises. L’empire
bourguignon s’étend tout à la fois au nord et au sud de ses limites, il
devient une menace pour la France.
En 1444, le reste des « Écorcheurs » revenant de
Suisse où ils avaient été emmenés par le dauphin Louis, à la demande de
l’empereur Frédéric III, ravagent Lure, Luxeuil, Faucogney, Faverney et la
campagne dijonnaise. Ils n’ont ni foi, ni loi, et leurs actions font de
nombreuses victimes. Les nobles comtois lèvent une armée qui sous le
commandement du maréchal de Bourgogne, Thiébaud de Neufchâtel, en extermine
une moitié à Altkirch en 1445. Mais ces bandits soutenus secrètement par le
roi de France continuent leurs terribles méfaits, en pillant, brûlant et tuant
tout sur leur passage. Une seconde armée et l’argent mirent fin à leur
existence.
En 1451, à la mort de Jean de la Trémoille, quittant ce
monde sans enfant, le duc prend sa revanche sur ce traite et confisque sa
seigneurie de Jonvelle et l’incorpore à ses terres.
En 1456, le dauphin Louis le futur Louis XI fâché avec son père
se réfugie chez le duc de Bourgogne qui l’installe dans le Brabant. Il reste
là-bas jusqu’à la mort de son père.
C’est Philippe qui couronne Louis XI à Reims en août 1461.
La reconnaissance est un sentiment inconnu à Louis, il oublie cette terre de
Bourgogne qui lui a été si hospitalière, et il cherche à affaiblir le duc de
Bourgogne. Il commence par brouiller le fils Charles, comte de Charolais avec
son père; Charles qui a été pendant cinq ans son ami et son compagnon de jeu.
À l’issue du
couronnement de Louis, Charles décide d’aller visiter ses terres
bourguignonnes, le 11 octobre, il entre dans Dijon, puis va en pèlerinage à
Saint-Claude, sur le trajet, il s’arrête au Mont Roland, près de Dole, puis
à Nozeroy chez le Prince d’Orange, Louis de Chalon. Charles gagne ensuite
Moulins pour rencontrer sa tante et belle-mère, la duchesse de Bourbon. On le
voit ensuite à Nevers auprès de son cousin Charles de Nevers. Le roi réclame
sa présence à Tours, et Charles s’y rend le 22 novembre. Puis il regagne ses
terres de Flandres, et retrouve son épouse et ses parents.
En 1463, Louis XI rachète à Philippe pour 400 000 écus les
villes de la Somme (Amiens, Abbeville et Saint-Quentin). Charles se sent spolié
et fait des reproches à son père.
En 1465, le comte de Charolais annonce qu’il prend la tête
de la ligue des princes français (les ducs de Berry, de Bourbon, de Bretagne,
de Calabre, de Nemours et les comtes d'Armagnac, de Dunois, de Saint-Pol) contre
le roi de France.
Le conflit entre Louis XI et Charles le Téméraire
Le 16 juillet 1465, les deux armées (celle du roi et celle des
ligueurs) se rencontrent à Montlhéry, le résultat reste incertain, même si
la victoire des ligueurs est pratiquement avérée. Le 19 août, les troupes de
Charles, des ducs de Bretagne, de Berry et de Calabre, du Maréchal de Bourgogne
viennent faire le siège de Paris. Mais la ville est trop grande, et le siège
n’en n’est pas un.
Le 26 septembre Isabelle de Bourbon seconde épouse de Charles
le Téméraire décède. Charles est très affecté, car il aimait beaucoup sa
femme.
Le 3 octobre, Charles de Nevers, allié du roi, est fait
prisonnier par les troupes de Charles, et enfermé à Béthune. Le même jour,
Charles rencontre une nouvelle fois le roi pour trouver une solution. Louis XI
change de politique et entame des négociations. Au traité de Conflans, les
chefs de la ligue sont récompensés. Louis inféode le duché de Normandie à
son frère le duc de Berry, restitue les villes de la Somme et le comté de
Boulogne au comte de Charolais, et Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, est
élevé à la dignité de connétable de France.
Philippe le Bon meurt à Bruges en 1467. Charles le Téméraire
(1467-1477) succède à son père et s’efforce d’agrandir son territoire.
Le 2 juillet 1468, Charles épouse en troisième noce,
Marguerite d'York, la sœur du roi d'Angleterre Édouard IV, à Bruges avec la
magnificence de la cour de Bourgogne. Les fêtes se prolongent pendant dix
jours.
Louis XI continue ses duperies et lance ses troupes le 15
juillet, contre le duc de Bretagne, l’allié du Téméraire. Ce dernier
n’ayant pas de troupes disponibles ne peut aider son ami. C’est seulement un
mois plus tard que les troupes royales et bourguignonnes se vont face sur la
frontière de la Somme. Charles s’installe à Péronne, et les négociations
commencent. Une trêve de six mois est signée.
Une rencontre est décidée entre Louis et Charles à Péronne,
le 5 octobre, le Téméraire établit une lettre de sauf-conduit pour le roi.
Mais dans le même temps, Louis demande au Liégeois de se révolter contre le
duc de Bourgogne. Charles apprend la nouvelle et furieux retient Louis
prisonnier et l’oblige à aller mettre le siège devant Liège. Quelle ne fut
pas la surprise des liégeois en voyant arriver en ennemi, l’allié à
l’origine de leur révolte? Les Liégeois attaquent les premiers, mais
l’assaut donné par les Bourguignons et les Français ne rencontre aucune résistance.
La ville est pillée et incendiée et la population périt presque entièrement.
Charles le Téméraire
Louis
XI pour retrouver sa liberté doit céder aux concessions du duc, il signe un
traité dans ces termes « si le roi à l’avenir viole les traités
d’Arras, de Conflans ou de Péronne, empêche leur application ou renie ses
promesses, alors il reconnaît le duc de Bourgogne, ses successeurs et tous ses
sujets; dans tous ses territoires au royaume, affranchis et indépendants de la
couronne°». Le roi est libéré le 2 novembre et quitte Péronne. Les
historiens se sont beaucoup penchés sur cet épisode, pourquoi, le duc qui
tenait le roi n’est-il pas allé plus loin ? La peur du régicide ?
L’inconvénient de traîner un prisonnier ? La parole donnée du
sauf-conduit ? Toutes ces questions restent sans réponse.
Le 9 mai 1469, l’archiduc d'Autriche Sigismond,
cousin-germain de l’empereur Frédéric III, vient solliciter Charles pour un
prêt, afin d’acheter la paix auprès des Suisses qui envahissent ses villes
du sud de l’Alsace ou Sundgau. En contrepartie de ce prêt, Sigismond engage
ses terres du comté de Ferrette, du landgraviat de Haute-alsace, du comté de
Hauenstein, et quelques villes rhénanes, à Charles, mais avec une clause de
rachat éventuel en une seule fois. Charles lui prête 80 000 florins et espère
que l’archiduc ne pourra pas accomplir cette dernière clause. Cet acte
n’est pas sans danger sur le plan diplomatique. En s’installant sur les deux
rives du Rhin, Charles bloque l’expansion vers le nord des Bernois, ses alliés,
mais ces derniers cherchent un appui du côté de Louis XI, mais ce dernier ne
donne pas suite.
Charles prend possession de ses terres « alsaciennes »
et nomme Pierre de Hagenbach, bailli de la Haute-alsace. Ce dernier n’est pas
un grand diplomate, il se brouille avec les villes de Mulhouse et de Berne et
dans l’été 1470, des incidents de frontière ont lieu entre Suisses et
Bourguignons. Les Suisses qui jusqu’à là étaient des alliés du Bourguignon
et ennemis des Habsbourg, changent de politique et se rapprochent de Sigismond
pour trouver un terrain d’entente. Charles continue d’offrir sa médiation
entre l’archiduc et les cantons, mais tout le monde joue un double jeu, et la
rupture entre les Suisses et la Bourgogne est proche de la consommation.
Pendant ce temps, Louis continue de manigancer contre Charles
et réussit à le faire condamner pour lèse-majesté par le Parlement de Paris,
en 1471, suite aux événements de Péronne. Il lance ses troupes sur la
Picardie, celle-ci se présentent devant Saint-Quentin et Amiens. Le connétable
de Saint-Pol s’installe dans Saint-Quentin, le duc comprend que le connétable
l’a trahis, et lui confisque ses terres. Puis les troupes royales sous les
ordres du comte de Dammartin s’emparent d’Amiens le 02 février. Charles réagit
et vient mettre le siège devant Amiens, mais le connétable entre dans la ville
le 17 mars, sans intervention des bourguignons. Une trêve est signée pour
trois mois, par l’entremise du comte de Saint-Pol.
Mais dans le même temps, Louis XI a lancé des troupes sur la
Bourgogne. Le 26 février, elles s’attaquent à Mâcon, sans succès, mais
deux jours plus tard, elles prennent Cluny et pillent la ville, puis
Saint-gengoux, mais échouent devant Tournus. Elles se replient sur le
Charolais, et prennent les villes de Charolles, et Paray le monial. Mais le roi
ne donne pas suite et met fin aux hostilités, par une trêve le 04 avril.
Le 10 juin, une trêve d’un an est reconduite, et le roi
restitue les villes bourguignonnes, mais conserve Amiens et Saint-Quentin.
Une nouvelle ligue est formée, en janvier 1472, elle est
composée des rois d'Angleterre, d'Aragon, des ducs de Guyenne et de Berry, de
Bourgogne, de Bretagne, d'Alençon et du comte d’Armagnac. Mai 1472, le destin
apporte son concours à Louis XI, son frère Charles duc de Guyenne et de Berry,
meurt subitement.
Juin 1472, Charles le Téméraire envahit la Picardie,
s’empare de Neyles et met le siège devant Beauvais. Mais la résistance des
habitants et notamment des femmes, conduite par une simple fille du peuple,
Jeanne Laine, surnommée Jeanne Hachette, oblige le duc de Bourgogne à lever le
siège. Charles se dirige vers la Normandie et se présente devant Rouen, mais
la ville est puissamment défendue, et Charles retourne en Picardie. Novembre
1472, une trêve de cinq mois est signée. Charles profite de cette trêve pour
acheter des capitaines « condottiere » italiens, notamment Colleone
et le comte de Campobasso.
Le 12 janvier 1473, il
réunit les États Généraux de ses principautés du nord à Bruges, pour leur
demander une importante aide financière, afin de continuer la lutte contre la
France. Il obtient 500 000 florins par an et pour six ans. Les principautés du
sud sont convoquées en octobre à Dijon, et acceptent de verser 100 000 livres
estevenantes par an et pour six ans au duc. La trêve avec le roi est reconduite
jusqu’en avril 1474.
En juillet 1473,
Charles annexe le duché de Gueldre après la mort du duc Arnould, celui-ci
ayant déshérité son fils Adolphe, au profit du duc de Bourgogne. Adolphe est
enfermé à Courtrai.
L’échec à l’empire et au royaume de Bourgogne
Dès la fin 1472,
Charles envoie des ambassades vers l’empereur Frédéric III, pour lui
proposer un marché : sa fille Marie épousera Maximilien, si l’empereur
lui attribue la couronne de roi des Romains, de son vivant, afin qu’il puisse
devenir empereur à la mort de Frédéric, et ensuite transmettre son titre à
son futur gendre.
Une rencontre
personnelle entre Charles et Frédéric III est prévue à Trèves le 30
septembre 1473. Charles donne à cette entrevue un faste énorme. Les deux
hommes s’invitent régulièrement sur tout le mois d’octobre dans leur
quartier, mais les bases du marché de Charles n’ont toujours pas d’écho
dans le parti adversaire.
La maison de Bourgogne au XVème siècle
Début novembre, l’empereur accepte qu’un royaume de Bourgogne, englobant les
terres d’empire en possession de Charles, soit créé, avec comme capitale
Besançon, si le duc promet une aide militaire contre les Turcs. Une cérémonie
de couronnement se prépare dans la cathédrale de Trèves, pour le 21 novembre.
L’empereur conçoit des défiances et déclare qu’il n’accorde rien avant
les termes du mariage, alors le 24 novembre, Frédéric quitte furtivement Trèves,
c’est la rupture.
L’alliance du Rhin contre la Bourgogne
Charles vient visiter les terres qu’il a en gage de
Sigismond, et parcourt l’Alsace qui est en état de subversion à cause du
gouverneur Pierre de Hagenbach, qui fait régner la violence. Du coup, les
villes d'Alsace, la Confédération Suisse et les villes du Rhin décident en
mars 1473, d’une alliance défensive contre le grand-duc d’Occident. Ce
dernier passe les fêtes de fin d’année en Alsace pour affirmer sa détermination
de conserver ses terres « alsaciennes ».
Ensuite, début janvier, le grand-duc Charles se rend dans son
duché et son comté de Bourgogne, c’est la première fois depuis sa prise de
pouvoir qu’il revient sur ses terres natales. Il passe par Belfort et Montbéliard,
le 14 janvier 1474 il est à Besançon, il y reste trois jours, puis fait une
entrée solennelle dans Dijon le 23. Une cérémonie dans l’abbatiale de
Saint-Bénigne permet au duc de prendre possession du duché de Bourgogne, en
passant à son doigt l’anneau traditionnel. Le 10 février, Charles dirige un
magnifique cortège qui transportent les corps de ses parents, Philippe le Bon
et d’Isabelle de Portugal, dans la chartreuse de Champmol. Puis le duc va
visiter son comté de Bourgogne. Le 21 février, il tient un Parlement à Dole,
puis visite les villes d’Arbois, de Salins, de Quingey, de Besançon, de
Vesoul et de Luxeuil.
Mais pendant ce temps, les villes alsaciennes, la confédération
suisse, et l’archiduc Sigismond passent des accords pour éliminer la présence
bourguignonne dans leur région, en permettant à l’archiduc de racheter son
prêt. Une ligue est formée, le 27 mars, on l’appelle la Basse-Union, elle
comprend les villes de Strasbourg, Bâle, Colmar et Sigismond. Le 4 avril
c’est l’alliance entre ces mêmes villes et les confédérés suisses, sous
l’appellation de ligue de Constance. Ces accords sont défensifs, sauf si
Charles refuse le rachat, dans ce cas, Sigismond lui déclarera la guerre.
Le 6 avril, Sigismond informe Charles qu’il est en mesure de
racheter sa dette; en conséquence il demande la remise de ses terres. Les
villes d'Alsace se soulèvent et Pierre de Hagenbach est arrêté. Il est jugé
et condamné à mort en mai 1474. Charles est furieux, il organise son armée
dans les Deux Bourgognes, mais n’intervient pas en Alsace.
Charles s’en prend au comte de Montbéliard, Henri de
Wurtemberg, en le faisant arrêter. Il réclame pour sa délivrance son comté.
La forteresse de Montbéliard lui apporterait une pièce essentielle dans sa
guerre contre les Suisses. À la nouvelle de cet enlèvement, les Bâlois se
dirigent vers la cité pour aider à sa défense. Les Bourguignons se présentent
au pied de la citadelle, le 2 juin, et menacent de tuer Henri, si elle ne se
rend pas. Le gouverneur de la ville ne cède pas. Au bout de quelques jours, les
Bourguignons lèvent le siège et libèrent Henri quelques mois plus tard. La
tentative de prise de possession du comté de Montbéliard a échoué.
Afin de se lancer dans la campagne de reconquête de l’Alsace,
Charles décide d’aller aider son allié, l’archevêque de Cologne, Robert
de Wittelsbach, en conflit avec certaines villes de sa principauté, et
notamment Cologne et Neuss. Le 21 juillet 1474, le grand-duc décide d’assiéger
Neuss, le siège commence. L’importance et la splendeur du camp bourguignon
frappe ses contemporains. Mais du côté des opérations militaires et malgré
l’aide de compagnies Anglaises et Italiennes, les troupes du duc ne
parviennent pas à prendre la ville. Le siège dure et le camp des assiégeants
devient la capitale des États Bourguignons. Le duc reçoit l’ensemble des
ambassadeurs d’Europe, avec faste. Mais pendant ce temps, ses ennemis dans
l’empire se préparent à l’attaquer, d’un côté l’empereur et les
princes allemands, de l’autre les ligueurs de Basse-Union et de Constance.
Le 29 octobre, le duc d'Autriche et les cantons suisses forts
du soutien du roi de France, déclarent la guerre à Charles. Dix-huit mille fédérés
(Autrichiens, Alsaciens, Suisses) entrent en Franche-Comté et se présentent
devant Héricourt, les troupes bourguignonnes sont battues le 13 novembre, et la
garnison se rend le 17.
En avril 1475, les bernois entrent dans la Comté, et prennent
Pontarlier, mais ils doivent abandonner la ville, suite à l’arrivée de
troupes bourguignonnes. Mais ils reviennent quelques jours plus tard et
reprennent la ville, mais ils doivent de nouveau l’abandonner suite à une
nouvelle riposte des bourguignons.
Puis les troupes bernoises se lancent dans la conquête du pays
de Vaud, terres savoisiennes, et allié du Bourguignon. Fin avril et début mai,
les villes de Grandson, d’Orbe et de Jougne tombent dans les mains des
suisses. Charles se doit de réagir, car ces villes appartenaient à ses
vassaux, Louis de Chalon et Huguenin de Chalon.
Pendant ce temps, le siège de Neuss dure et les alliances se
renforcent, le duc de Lorraine, René II, rejoint la ligue de Basse-Union et
l’empereur. De son côté Charles reçoit le soutien du roi de Naples. Le 23
mai, les troupes impériales sous la conduite de Frédéric III, arrivent aux
abords de Neuss. Le 16 juin, une escarmouche oppose des troupes impériales à
celles des bourguignons, ces derniers en sortent vainqueur. Fort de cette
victoire, Charles en profite pour lever le siège de cette ville, et s’en va
le 27 juin, après 11 mois d’un siège inutile.
Puis les français lancent des attaques sur le duché et le
comté de Bourgogne. Début mai, ils ravagent la Franche-Comté et s’emparent
de Jonvelle, de Jussey et de Champlitte, sous la conduite de Georges de la Trémoille,
sire de Craon, neveu de l’ancien chambellan, Jean de la Trémoille, celui qui
trahit le duc Philippe. Georges se comporte avec brutalité, partout la cruauté
est appliquée sur les villes qui capitulent. Le 20 juin, le maréchal de
Bourgogne, Antoine de Luxembourg, se fait prendre à Montreuillon, et livré à
Louis XI. En juillet se sont les coalisés autrichiens et alsaciens qui
attaquent à leur tour le comté de Bourgogne, ils prennent Pont de Roide, Isle
sur le Doubs et Blamont. Au mois d’août, les troupes du duc de Bourbon
envahissent le Mâconnais. Mais la jonction entre les troupes de Craon et celles
des coalisés ne s’effectue pas.
Une trêve de neuf ans est signée en septembre 1475 entre le
roi Louis et le grand-duc Charles, celle-ci exclut de cet accord, le duc de
Lorraine, les Alsaciens et la Basse-Union. Le bourguignon se lance alors à la
conquête du duché de Lorraine, et le 30 novembre 1475, il fait son entrée
triomphante dans Nancy et se fait reconnaître duc de Lorraine. L’ambition
du grand-duc ne peut se satisfaire de cette nouvelle conquête, son désir de
vengeance envers les Suisses est le plus fort, et il rêve toujours d’agrandir
encore plus ses terres.
La fin de la grande Bourgogne
Début de l’année 1476, il prépare ses troupes à Nancy,
passe par Besançon, et entre en Suisse. Le 23 février, il s’empare de Neuchâtel,
puis le 28, du château de Grandson, mais le 2 mars, ses troupes sont défaites
par les Suisses et les coalisés de la Basse-Union; au abord de Grandson, le
sire de Châtel-Guyon, Louis de Chalon-Arlay, y trouve la mort. Le duc doit
abandonner à ses vainqueurs une centaine de pièces d’artillerie et ses
richesses (argent, bijoux, tapisseries, vaisselles, vêtements). Il regagne la
Franche-Comté et s’installe à Nozeroy. Puis le 14 mars, il installe son camp
à Lausanne, et reconstitue ses forces.
Le duc rassemble une nouvelle armée et rencontre une nouvelle
fois les confédérés (Suisses, Autrichiens, Alsaciens et Lorrains) à Morat.
Charles subit une terrible défaite, le 22 juin 1476, où ses troupes sont
pratiquement exterminées. On évalue à plus de quinze mille le nombre de
soldats morts dans le camp bourguignon, sans parler de la perte de son
artillerie. Le duc se retire vers Gex, pour rencontrer Yolande, la duchesse de
Savoie, et la convaincre de l’aider. Mais il ne réussit pas dans sa
tentative. Il se retire à Salins, via Saint-Claude, Moirans, Poligny et Arbois.
Là il rejoint le reste de ses forces. En septembre, il va camper avec son armée,
à La Rivière, près de Pontarlier.
Le duc de Lorraine exploite la défaite des Bourguignons pour
reprendre Nancy en octobre. Charles se présente en décembre devant Nancy, qui
résiste pendant six semaines. Mais les renforts arrivent, et de nouveau les
coalisés (Suisses, Alsaciens, Autrichiens et Lorrains) défont les troupes
bourguignonnes. Charles trouve la mort, le 5 janvier 1477, à l’issue du
combat. Le lendemain on retrouve son corps, au bord de l’étang de la
Commanderie, transpercé de coup de lance, la tête fendue par une hallebarde
jusqu’aux dents, la moitié du visage mangée par les loups.
Ainsi périt le dernier duc de Bourgogne. Il laisse son héritage
à sa fille Marie qui n’a que vingt ans. Celle-ci apprend à Gand la mort de
son père. Les intrigues liées à cette immense succession vont saper la vie de
cette princesse. Le corps de Charles est enseveli dans l’église de
Saint-Georges de Nancy et fut transporté en 1550 par Charles Quint, son arrière-petit-fils,
à Bruges dans un magnifique tombeau.
L’annexion française
La mort de Charles le Téméraire devant Nancy qu’il assiégeait
le 5 janvier 1477, permet à Louis XI de revendiquer le duché et le comté de
Bourgogne, au nom de sa filleule Marie de Bourgogne. Il demande au prince
d'Orange Jean IV de Chalon-Arlay (1476-1502), d’assurer l’acceptation de
cette revendication, par les États des deux provinces, en échange de la
promesse du gouvernement des deux Bourgognes.
Les États du duché de Bourgogne ainsi que ceux du comté de
Bourgogne votent la réunion avec la France, dans l’espoir du mariage du
dauphin Charles avec Marie.
Une garnison française s’installe à Dole, à Gray, à
Marnay et à Salins. Marie qui réside à Gand, convoque les États de Flandre.
Ceux-ci établissent un conseil de régence « le Grand Privilège »
qui s’empare du gouvernement. Le conseil oblige Marie à envoyer une ambassade
au roi de France. Louis reçoit celle-ci et va utiliser toute sa perfidie. Il
fait croire aux Flamands, que Marie à un conseil secret composé d’anciens
amis de son père opposés aux libertés flamandes. Pour justifier ses dires, il
leur remet une lettre de Marie avec les noms des deux complices. Cette lettre
est un faux. De retour à Gand, le conseil de régence condamne à mort les deux
conseillers. Marie ne peut pas empêcher l’exécution, malgré son
intervention au pied de l’échafaud. Marie haït Louis XI et jure de ne point
tomber aux mains de ce roi, cause de tous ses malheurs. Louis qui a agit ainsi
pour diviser les Flamands, perd pour toujours la confiance de cette princesse.
Alors les États de Flandre cherchent un époux à Marie et reprennent les négociations
avec l’empereur Germanique commencées sous Charles le Téméraire.
Louis XI déclare le défunt duc comme félon et s’empare de
ses États. Après avoir conquis la Picardie, il s’empare de l’Artois. Louis
tente l’occupation du Hainaut, mais le peuple se révolte et chasse les Français,
la conquête est manquée.
Marie de Bourgogne
Louis XI ne tient pas sa promesse au prince d’Orange, il nomme Georges de la Trémoille,
sire de Craon, gouverneur des deux Bourgognes. Des troubles commencent par éclater
ici et là, aussi pour les calmer, Louis promet toujours le mariage de son fils
Charles, le dauphin, avec Marie.
La révolte
Dans la Comté, les villes se soulèvent en février 1477 et se
déclarent pour Marie. Georges de la Trémoille, sire de Craon, envahit le nord
de la Franche-Comté. Rappelons que Georges est ce triste personnage qui ravagea
la Franche-Comté en 1474.
Dans le duché et le comté de Bourgogne, le prince d’Orange
Jean de Chalon, a rejoint la révolte avec l’appui de trois mille Suisses. Au
cri de « Vive Mademoiselle », ils reprennent la totalité du comté,
sauf Gray, et occupent les villes de Beaune, de Semur en Auxois et de Verdun
dans le duché. D’autres villes se soulèvent pour les soutenir, et notamment
après l’appel émouvant de Marie aux Bourguignons « Maintenir la foi de
Bourgogne », notamment Dijon et Chalon-sur-Saône, ainsi que les nobles du
Charolais. Craon est battu partout par les insurgés. Louis XI le relève de son
commandement et nomme Charles d’Amboise (1477-1480), seigneur de Chaumont,
pour lui succéder. Ce dernier va se conduire avec férocité. Les Français
reprennent Chalon et saccagent complètement la ville, ensuite ils incendient
totalement la ville de Cuiseaux.
Le 18 août 1477, Marie de Bourgogne (1477-1482), la fille de
Charles le Téméraire, épouse l’archiduc d’Autriche Maximilien de
Habsbourg, le fils de l’empereur Germanique Frédéric III.
Avril 1478, une trêve d’une année est signée entre Louis
et Maximilien, par laquelle le roi renonce aux comtés de Hainaut et de
Bourgogne, mais conserve la Picardie et le duché de Bourgogne. Louis XI passe
un traité avec les Suisses et moyennant vingt mille francs, il obtient un corps
de six mille Suisses. Ces derniers changent de camp et abandonnent les partisans
de Marie, c’est aussi le cas de Hugues de Chalon, sire de Châtelguyon, qui
passe dans le camp français.
La lutte franco-allemande
1479, Charles d’Amboise entreprend la conquête de la
Franche-Comté, il prend Dole, le 25 mai, par traîtrise, et ses troupes
massacrent les habitants, la ville est complètement détruite sur ses ordres
par un incendie. La résistance héroïque de certains Dolois a donné lieu à
la célèbre réplique : « Comtois, rends-toi ! – Nenni, ma
foi ! ». Les Suisses et les Français se conduisent avec cruauté
partout où ils passent. Salins, Poligny, Arbois, Auxonne, Gray, Luxeuil,
Faucogney et Vesoul subissent le même sort que Dole. Amboise se dirige vers
Besançon ville d’empire, la ville cède et demande la reconnaissance de sa
neutralité; mais Amboise refuse et demande pour le roi, les mêmes droits que
le duc de Bourgogne possédait sur la ville. Ils sont accordés. Louis XI se
rend à Dijon en juillet 1479, du château de Talant, il voit brûler les villes
d’outre Saône. Amboise finit la conquête de la Comté, en s’emparant des
derniers lieux de résistance. Louis XI fait détruire la majeure partie des
forteresses de Franche-Comté, sauf Joux et Scey-en-Varais, qui sont achetées.
Les Deux Bourgognes sont aux mains des Français. Le bilan est désastreux pour
la Franche-Comté, Maximilien n’a rien fait pour la secourir.
Charles d’Amboise meurt en 1480, il est remplacé par Jean de
Baudricourt (1480-1483), qui administre les deux Bourgognes avec sagesse et
douceur.
Entre 1480/1481, la guerre se déroule maintenant dans les
Flandres entre Français et Allemands, toujours aussi cruelle, mais indécise
sur son vainqueur. En 1481, l’université de Franche-Comté est transférée
de Dole à Besançon.
Le 23 mars 1482, Marie meurt des suites d’une chute de
cheval, à l’âge de vingt-cinq ans. Maximilien mal aimé de ses sujets
Flamands, à cause de ses dépenses énormes et de son refus de faire la paix,
mais également parce qu’il est allemand et pas bourguignon, ne peut empêcher
les États de Flandre, de Brabant et de Hainaut, de lui soumettre les conditions
de la paix avec Louis XI.
Le traité d’Arras
Le 23 décembre 1482, c’est le traité d’Arras, Marguerite,
la fille de Marie et de Maximilien, doit épouser Charles, le fils de Louis XI,
et lui apporter en dot, les comtés d'Artois, de Bourgogne, de Mâcon,
d'Auxerre, de Charolais et la seigneurie de Salins. Le duché de Bourgogne et la
Picardie sont définitivement rattachés à la France. Philippe, le fils de
Marie et de Maximilien, hérite du comté de Flandre, fief de la couronne de
France, et des duchés de Brabant, de Luxembourg, et des comtés de Hainaut, de
Hollande, de Zélande, de Namur, de Frise, fiefs d’empire, et prend alors le
titre d’archiduc. Le traité prévoit que si le mariage ne se réalise pas,
(en effet, Marguerite a deux ans, et Charles a douze ans), la princesse conserve
sa dot. Si elle meurt sans enfant, c’est son frère Philippe qui hérite.
Louis XI meurt en août 1483, Charles devient Charles VIII,
c’est sa sœur Anne de Beaujeu qui assure la régence. Elle élève également
Marguerite qui est à la cour de France depuis le traité d’Arras.
En 1484, Dole reprend l’université de Franche-Comté.
En 1485, les hostilités éclatent de nouveau entre Français
et Allemands dans les Flandres. Les troupes françaises se renforcent dans la
Franche-Comté.
L’abandon de la Franche-Comté par la France
Fin 1490, un mariage par procuration unit Maximilien à la
duchesse Anne de Bretagne, Charles VIII ne trouve d’autre parade que d’épouser
cette dernière en 1491. La rupture du mariage bourguignon est consommée. Le
traité d’Arras est annulé.
En 1492, Maximilien lance une expédition militaire pour tenter
de reprendre la Franche-Comté aux Français.
Au mois de janvier 1493, les troupes comtoises battent les
troupes françaises à Dournon (proche de Salins). Les villes de Lure, Faucogney,
Jussey et Vesoul sont prises. Besançon est prise à son tour et retrouve son
rattachement à l’empire.
En mai 1493, Charles VIII tenté par d’autres aventures en
Italie, cède la Franche-Comté au traité de Senlis. Charles n’a fait aucun
effort pour retenir cette province. Les comtés de Bourgogne, de Charolais, et
d'Artois basculent sous l’autorité des Habsbourg, tandis que les comtés de Mâcon,
et d'Auxerre basculent sous l’autorité des rois de France. La Saône
redevient la frontière entre la France et l’Empire. Marguerite retourne vers
son frère Philippe à Gand. La même année, à la mort de son père,
Maximilien lui succède dans ses fonctions impériales, mais sans prendre le
titre d’empereur.
Le duché de Bourgogne
Le duché de Bourgogne perd son indépendance pour toujours,
incorporé dans le royaume de France en 1482. Cette perte du pouvoir politique
n’empêche pas les habitants de cette région de conserver fièrement leur
identité bourguignonne. À la tête du duché se trouve le gouverneur, choisi
parmi les fidèles du roi. En 1513, Louis XII confie cette charge à Louis de la
Trémoille. Dès sa nomination, il doit défendre le duché qui est envahit par
les Suisses, et rachète leur départ. Les Guise en seront les titulaires de
1543 à 1595, et la Bourgogne devient pour eux un des foyers des guerres de
religion. Pendant trente ans, la Bourgogne souffre et ce n’est qu’après la
bataille de Fontaine-Française en 1595 que la province est soumise. Les princes
de Condé assurent le gouvernement de la contrée de 1631 à 1789.
Le maintien d’un Parlement de Bourgogne à Dijon jusqu’à
la Révolution Française, permet de traiter les affaires de cette région. Ce
Parlement détient le rôle judiciaire et politique. À noter que le Parlement
de Dijon ne contrôle pas totalement le duché. Il reste des États Particuliers
à Auxerre, Mâcon, Auxonne et Charolles, qui votent les impôts pour
l’administration de leurs terres. Ils seront absorbés les uns après les
autres, ceux d'Auxonne en 1639,
Auxerre en 1668, Charolles en 1751, sauf ceux de Mâcon. Ces États seront
supprimés en juillet 1790, remplacés par les départements qui sont créés
par la Révolution Française.
Le Nivernais
Lors de son avènement au duché de Bourgogne en 1404, Jean
sans Peur cède le comté de Nevers à son frère Philippe. À la mort de ce
dernier en 1415, le comté passe aux mains de son fils aîné Charles. En 1464,
Jean II, frère cadet de Charles hérite du comté, mais il meurt sans héritier
mâle.
En 1455, Élisabeth, fille et héritière de Jean II, épouse
le duc de Clèves Jean Ier. Jean n’est pas étranger à la
Bourgogne, sa mère est Marie de Bourgogne, fille du duc Jean sans Peur.
Engilbert de Clèves, fils
d’Élisabeth et de Jean Ier, hérite du comté de son grand-père
maternel en 1491. En 1499, il est nommé gouverneur de la Bourgogne, fonction
qu’il exerce jusqu’à sa mort en 1506.
Charles de Clèves succède
à son père et épouse en 1504 Marie de Rethel, héritière du comté de
Rethel. On se rappelle que les deux comtés étaient déjà dans les mêmes
mains du XIIIème au XIVème siècle.
En 1538, le roi de France
François Ier, érige les comtés de Nevers et de Rethel en duchés-pairies
pour François de Clèves, fils de Charles et de Marie. François devient pair
de France.
Henriette de Clèves,
fille et héritière du duc François épouse Louis de Gonzague en 1565. Louis
est le fils cadet du duc Frédéric II de Mantoue. Le duché passe dans la
famille italienne des Gonzague.
Vers 1575, Louis de Gonzague introduit la faïence à Nevers.
Son fils Charles Ier lui succède en 1595.
Le palais des ducs de Nevers
En 1627 à sa mort, Vincent II, duc de Mantoue et marquis de Montferrat, laisse
en héritage le duché de Mantoue et le marquisat de Montferrat, deux fiefs
d'Empire en Italie, à son plus proche héritier son cousin français, Charles
de Gonzague, duc de Nevers.
Alors que Charles de Gonzague a pris le pouvoir à Mantoue sans
attendre l'investiture impériale dès mars 1628; l'empereur Ferdinand II, sur
les instances de la Savoie et de l'Espagne, prononce le séquestre de l'héritage.
Gonzague en appelle au roi de France. Richelieu persuade le roi Louis XIII de
lancer une intervention sur Mantoue.
De 1629 à 1630, la guerre éclate entre la France contre
l'Espagne, l'Empire et la Savoie. En octobre 1630, Mazarin obtient l'aval des
belligérants sur un accord réglant la succession de Mantoue.
En avril 1631, les droits du duc de Nevers sont reconnus sur
Mantoue et Montferrat par l’empereur. La même année Charles perd son second
fils Charles II, duc de Mayenne et de Rethel.
Charles III de Gonzague hérite des duchés de son grand-père
et de son père.
En 1659, Charles III de Gonzague vend ses duchés de Nevers et
de Rethel à Mazarin, Premier ministre du roi de France. Charles conserve ses
duchés de Mantoue et de Montferrat. Son fils Ferdinand-Charles lui succède sur
les deux duchés italiens, il meurt sans héritier et les duchés sont partagés
entre la Savoie et l’Autriche.
Mazarin donne le duché à son neveu Philippe Julien Mancini,
le fils de sa sœur Girolama.
Après la mort de Mazarin, Louis XIV annexe le duché en 1669.
Philippe Julien soutient et manifeste ses sympathies pour la littérature et
notamment Corneille et Fénelon, il meurt en 1707.
Son petit-fils Louis Jules Mancini porte le titre de duc de
Nivernais, jusqu’à la Révolution Française de 1789. Il mène une carrière
d’homme de lettre et de diplomate. Il est ambassadeur à Rome en 1748, à
Berlin en 1756 et à Londres en 1763. Il entre à l’Académie Française en
1742. Il est emprisonné sous la Terreur.
Le Tonnerrois
À la mort de Marguerite de Chalon-Auxerre, le comté passe aux
mains de son fils Jean de Husson (1463-1476). Ses descendants conservent le comté
jusqu’en 1537, ensuite il passe dans la famille des Clermont lors du mariage
d'Anne de Husson avec Bernard de Clermont. Leurs descendants conservent le titre
jusqu’en 1684, date à laquelle Joseph de Clermont-Tonnerre le vend à
Louvois, ministre de Louis XIV. Ce qui n’empêche cette famille de conserver
le patronymique de Tonnerre dans leur nom jusqu’à nos jours.
Le Charolais
Au traité de Senlis de 1493, le comté de Charolais est accordé
aux Habsbourg comme fief personnel, ceci sous le prétexte que le duc Philippe
le Hardi avait acquis cette terre avec la dot de sa belle-fille Marguerite de
Bavière.
Le titre de comte de Charolais est porté par les descendants
de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne, en même temps que le titre
de comte de Bourgogne.
Pendant les guerres du XVIème et XVIIème
entre la France et les Habsbourg, il est occupé tour à tour soit par les Français,
soit par les Impériaux, soit par les Espagnols.
Sur le plan administratif, il est soumis au régime français,
mais sur le plan judiciaire, il appartient au comte d’en assurer le
fonctionnement. Il en résulte de nombreuses oppositions sur la compétence des
uns et des autres.
Lors de la prise de la Franche-Comté par les Français, le
traité de Nimègue en 1678, maintient l’appartenance du comté aux Habsbourg
d’Espagne.
En 1684, Louis II, le prince de Condé, gouverneur de la
Bourgogne, le rachète à Charles II d’Espagne. Un Parlement assure alors le
fonctionnement du comté.
En 1751, le Parlement Particulier du Charolais est absorbé par
le Parlement de Bourgogne.
À la Révolution Française en 1790, le Charolais est incorporé
dans le département de la Saône-et-Loire, et Charolles devient une sous-préfecture.
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Suite de l'histoire de la
Franche-Comté :
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